samedi 8 octobre 2022

X-MEN : RED #7, de Al Ewing et Madibek Musabekov - Tie-in A.X.E. : Judgment Day


X-Men : Red #7 est un chef d'oeuvre. C'est le meilleur comic-book que j'ai lu cette semaine et Al Ewing s'impose mois après mois comme l'auteur le plus captivant de la franchise X. Cette fois, en l'absence de Stefano Caselli, le titre est dessiné par Madibek Musabekov, un inconnui ne devrait pas le rester longtemps.


Au centre de la Terre, dans la Machine des Eternels. Magneto s'éteint dans les bras de Tornade en lui demandant de veiller sur Charles Xavier qui pourrait être amené à prendre des décisions terribles.


Arakko. Isca l'imbattable, prétendant remplacer Tornade, est défiée par le Roi Pêcheur qui lui fait prendre conscience qu'elle n'appartient plus à la communauté à force d'avoir toujours changé de camp.


Tornade, toutefois, a pris conscience de son échec et cède sa place à Lodus Logos pour siéger à la place de feu Magneto dans le Grand Cercle réformé.


Cependant, dans la station du Dongeon, Wiz-Kid accède au journal de bord d'Abigail Brand et découvre ses secrets. Qui motivent Cable à prendre des mesures radicales...

Cette semaine, par jeu, j'ai voulu passer en revue mes lectures par ordre alphabetique de leurs titres. Et le hasard a voulu qu'ayant commencé par Ant-Man écrit par Al Ewing, je termine par X-Men : Red également signé par ce scénariste. 

Si Ewing m'a déçu sur Ant-Man, il m'a une fois de plus impressionné sur X-Men : Red, qui confirme sa place de série la plus intéressante de la franchise mutante. Et ce septième épisode est rien moins qu'un chef d'oeuvre, un vrai tournant, un sommet.

L'épisode s'ouvre par la mort de Magneto. J'avoue que je ne croyais pas que cela arriverait, surtout à l'occasion d'un épisode attaché à l'event A.X.E. : Judgment Day, et plus généralement depuis que Jonathan Hickman depuis House of X/Powers of X a rendu toute disparition d'un mutant dépassée. 

Mais il semble bien que ce bon vieux Magneto ait connu sa dernière heure (même si je doute qu'il ne renaisse pas un jour). Ewing a voulu, c'est évident, mettre en scène cette mort dde telle manière que le lecteur n'ait aucun doute sur sa réalité, qu'il ne s'agit pas d'un coup dans l'eau, une simple péripétie. Et le scénariste avait d'ailleurs préparé son affaire puisque, précédemment, Magneto détruisait son module Cerebro miniature avec sa dernière mise à jour de son esprit, renonçant ainsi à sa résurrection par les Cinq de Krakoa pour se conformer à la tradition arakki où les guerriers acceeptent la possibilité de leur mort.

Cette scène est vraiment extraordinairement écrite et mise en images. Magneto acceepte son sort, non pour devenir un martyr, mais parce qu'il accepte sa fin. Il a une ultime requête adressée à Tornade à ses côtés à cet instant : prendre soin de/surveiller Charles Xavier, qui va désormais se trouver très isolé au sein du Conseil de Krakoa, après le départ d'Apocalypse, le revirement d'Emma Frost, l'arrivée de Destinée. Par ailleurs, la situation des mutants (aux prises avec les Eternels, Orchis, Feilong, etc) est préoccupante et Xavier pourrait avoir à faire de choix radicaux pour sauver Krakoa, entraînant la "mutanité" dans une direction potentiellement fatale.

On reconnaît un épisode extraordinaire, supérieur à la moyenne, à sa capacité à enchaîner les temps forts, à prendre le lecteur à la gorge. Et ce n'est effectivement pas fini car ce qui reste du Grand Cercle d'Arakko, décimé par l'assaut d'Uranos et de l'armée éternelle, est l'occasion pour Isca l'imbattable d'avancer ses pions.

Elle prétend diriger la plnaète en profitant de la faillite de Tornade et parce qu'elle ne perd, littéralement, jamais. L'argument est suffisamment imparable pour être pris au sérieux. Comment évincer quelqu'un qui, effectivement, invincible ? Physiquement, ce seriat signer son arrêt de mort. Alors Ewing dégaine une nouvelle scène renversante.

On a fait connaissance avec les membres des Sièges Nocturnes, sorte de cabinet secret longtemps dissous, petit comité d'éminences grises chez les Arakki, et reformés par Sunspot avec le Roi Pêcheur et Syzia des ombres. Le Roi Pêcheur se dresse devant Isca pour un match peu commun où il s'agit de se mesurer à l'aune de la notion de perte, de défaite.

Ewing a recours à une data page, un procédé qu'il a toujours employé avec sagesse et parcimonie. Mais là, c'est particulièrement pertinent et brillant car Isca se remémore les fois les plus marquantes où son pouvoir l'a conduit à changer de camp pour rester dans celui des vainqueurs, multipliant les opportunismes et les trahisons et aussi les sacrifices. L'occasion aussi de rappeler que Isca est originaire d'Amenth, ce pays de démons, et qu'aujourd'hui, finalement, elle n'est de nulle part, ni de Krakoa, ni d'Arakko, ni d'Amenth. Elle a voulu être partout, tout le temps à la bonne place, mais elle n'est plus d'ici ou d'ailleurs. Donc  elle comprend, défaite, qu'elle ne peut prétendre gouverner Arakko ni autre part.

Quelle sortie de scène ! Ewing est vraiment fort. Là encore, on peut douter que Isca ne reviendra pas (et on peut sans doute imaginer qu'Abigail Brand tentera de la recruter), mais tout de même, que c'est malin comme façon d'éjecter ce personnage. Et ce n'est toujours pas fini.

Avant de poursuivre, un mot quand même sur les dessins, tout aussi excellents que le script. A chaque fois que Stefano Caselli n'est pas là, il y a une appréhension car c'est un formidable artiste, qui complète à merveille Ewing. Il s'est absenté pour illustrer le retour de Hack/Slash dans l'anthologie Image !, sur des scénarios de Tim Seeley.

Marvel, plutôt que d'appeler un dessinateur de rechange en interne, donne sa chance à un inconnu : Madibek Musabekov. Renseignement pris, j'ai appris qu'il avait jusqu'à présent officié sur des licences chez Dynamite Comics (Red Sonja). Mais quelle bonne pioche !

Musabekov ne rate pas son entrée dans la cour des grands et produit de superbes planches, très complètes. Il soigne les décors, s'aproprie avec aisance les personnages et se révèle un narrateur très doué. Quand il doit mettre en scène la mort de Magneto, son découpage est d'une précision impeccable qui ajoute à l'emotion du moment. Le résultat esst intense, poignant.

La scène avec Isca est également un joyau, tout aussi électrique, et on appréciera l'expressivité du dessin, Musabekov dessinant parfaitement les émotions qui traversent les protagonistes, en particulier l'assurance et la hargne de Isca.

Ce qui suit et conclut l'épisode donne envie que ce dessinateur devienne sinon l'artiste titulaire de la série, en tout cas le remplaçant officiel de Caselli, qu'il suppléé avec un vrai bonheur. Car Ewing va en profiter pour reconfigurer l'avenir du gouvernement d'Arakko dans la foulée. Tornade reconnaissant qu'elle s'est trop dispersée entre Krakoa et Arakko pour empêcher la catastrophe actuelle, renonce à sièger à la présidence du Grand Cercle. Elle préfère s'installer à la place de Magneto, à la fois pour lui rendre hommage mais aussi aprce que c'est la place de la perte, du deuil. Lodus Logos, l'artiste devient le nouveau gouverneur d'Arakko et ce choix est inspiré, le personnage incarnant un avenir plus serein et mesuré, insensible à la corruption ou à l'éparpillement, un vrai sage. Le Grand Cercle, ayant perdu pour toujours trois des siens, se résoud à n''en avoir plus que six - Sunspot, le Roi Pêcheur et Syzya des ombres déclinant l'offre de remplacer les disparus.

Madibek Musabekov nous gratifie d'une image sublime (voir ci-dessus) lorsque Tornade s'installe à la place de Magneto avec en arrière-plan un nuage qui prend la forme du casque du mutant tombé contre Uranos.

La conclusion de l'épisode est un tremplin prometteur pour la suite, qui ne dépendra plus de l'agenda de A.X.E. : Judgment Day, avec Wiz-Kid et Cable, ce dernier prêt à en découdre avec Brand dont il découvre les secrets.

Autant dire que X-Men : Red va encore nous régaler dans les mois qui viennent.

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