Le mois dernier, j'écrivais que Do A Powerbomb ! me décevait, surtout en comparaison avec Murder Falcon, la précédente mini-série en creator-owned de Daniel Warren Johnson. Hé bien, ce antépunultième épisode m'a complètement retourné ! Non seulement, c'est de l'action quasi-non-stop, fabuleusement mise en scène, mais surtout Johnson cueille le lecteur avec des rebondissements imprévisibles. Assez pour tout reconsidérer !
Un an avant le tournoi organisé par Willard Necroton, le tandeme des FYSO fait connaissance. Chacun a perdu un enfant et il compte remporter la récompense promise par l'organisateur de les ressuciter.
Aujourd'hui. Blessé par les FYSO, l'oncle Blood est mourant. Pour le venger, Cobrasun et LOna défie leurs futurs adversaires dans un combat no-limit, avec armes. Necroton accepte cette requête.
Le match démarre et cette fois les participants peuvent se battre ensemble sur le ring. Les opposants ne s'épargnent rien, la partie est spectaculaire et très violente.
Les FYSO prennent pourtant l'avantage et le vis-à-vis de Cobrasun s'acharne à lui arracher son masque. Lona est sidérée en découvrant que son partenaire est son père. Une distraction au pire moment...
C'est sans doute quand une histoire est mal embarquée ou, du moins, semble condamnée à décevoir, qu'on mesure à quel point un auteur a de la ressource, voire du génie. J'écrivais le mois dernier, et je ne retire rien, que Do a Powerbomb ! ne me semblait pas à la hauteur de Murder Falcon, le chef d'oeuvre (à mes yeux) de Daniel Warren Johnson. Et paf ! Ce cinquième épisode remet tout en question.
Si j'étais si sévère avec cette mini-série, c'est aprce que, en vérité, depuis le début, j'étais étonné des parti-pris de l'histoire. Daniel Warren Johnson paraissait griller des cartouches importantes très tôt, notamment en révélant qui se cachait sous le masque de Cobrasun, et je me demandais comment il allait rivaliser avec Murder Falcon pour aboutir à un dénouement aussi fort.
Pourtant, ce récit situé dans le milieu du catch mixé avec des éléments fantastiques était très accrocheur et efficace. Johnson est un scénariste qui a un sens du rythme exceptionnel et un artiste avec une énergie sans égale. Ce type vous embarque dans des intrigues loufoques, violentes et émouvantes, tout à la fois, et vous oubliez très vite à quel point les ingrédients qu'il utilise sont incongrus.
Les thèmes abordés sont vastes : le deuil d'une mère, le fait de grandir dans son ombre (c'était une championne de catch), la relation brisée avec le père, l'opportunité de retoruver un être aimé, des combats insensés comme autant d'étapes dans un récit initatique... Johnson n'a peur de rien et on adhère à ses délires, emporté par son dynamisme, sa sincérité, son talent dingue.
Mais quand on compare avec Murder Falcon, sommet de toutes ses obsessions, Do a Powerbomb ! paraissait moins bien équilibré, plus rentre-dedans, moins fouillé. C'est déjà pas mal, me direz-vous, et vous aurez raison. Mais on attend toujours beaucoup d'auteurs qui nous ont épatés.
Dans deux mois, en même temps que 2022 touchera à son terme, s'achèvera cette mini-série et il faut quand même un sacré dulot, une incroyable confiance en soi, pour livrer un épisode comme celui-ci. D'abord, pour la première fois véritablement, on fait connaissance avec les adversaires de héros et Johnson les décrit dans une situation tragique : les FYSO (abréviation pour Fuck Your Stupid Opinions) sont un couple mixte mais formé pour participer au tournoi de Willard Necroton.
Ils s'allient parce que la récompense promise est la résurrection de l'être le plus cher qu'ils ont perdu. Sauf que les FYSO ont tous deux deux connus une perte identique et terrible : la mort d'un enfant en bas âge. De quoi motiver deux lutteurs mais aussi les déchirer. Mais j'y reviendrai. En tout cas, ce ne sont pas seulement des gros bras dans un tournoi, mais deux individus animés par une mission.
Les FYSO nous émeuvent pour ça. Mais on les déteste aussi pour ce qu'ils ont commis à la fin du précédent épisode quand ils ont mortellement blessé l'oncle de Lona Steelrose, Blood. Celui-ci était aussi le meilleur ami de Cobrasun, dont Lona ignore toujours qu'il est son père. Cobrasun obtient de Necroton un match no-limit, avec des armes, et tous les coups permis.
Le combat tient toutes ses promesses et même davantage. Johnson se surpasse pour le dessiner, multipliant les angles de vue les plus spectaculaires, les prises les plus acrobatiques, les coups les plus violents, les moments les plus incertains. Combien de fois croit-on que les FYSO sont finis et qu'ils se relèvent ? Idem pour Lona et Cobrasun. C'est une vraie leçon de storytelling en matière de baston.
Et, alors que le combat semble plié, et que nos héros vont gagner le tournoi, Johnson nous retourne complètement, nosu cueille totalement avec deux twists et un cliffhanger dignues. Je vous en spoile un : Lona découvre l'identité de Cobrasun. Mais cela a des conséquences immédiates et renversantes. On ne voit rien venir et on est K.O. debout.
Et si on est dans cet état, c'est aussi aprce qu'il reste deux épisodes. Que va raconter Johnson après ça ? Normalement, à ce stade, on aurait tout à craindre : deux épisodes de remplissage, deux épisodes de trop... Et puis on se dit que, hé, c'est le gars de Murder Falcon aux commandes, alors ça ne va pas être aussi simple, ça va être barré, bouleversant, épique - Daniel Warren Johnson quoi !
C'est donc justement parce que c'est impossible que les deux prochains épisodes de Do a Powerbomb ! vont être tout ou rien, soit l'exacte définition d'un comic-book par Daniel Warren Johnson, l'homme qui ose tout. Et voilà comment toute la série est relancée ! Ce qu'on appelle un tour de force.
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