vendredi 28 octobre 2022

FIRE POWER #24, de Robert Kirkman et Chris Samnee


C'est donc le dernier épisode de Fire Power que je critiquerai. J'espérai que ce n°24 me donnerait quelques regrets quant à ma décision d'arrêter de suivre cette série, mais le miracle n'a pas eu lieu. Pire : c'est soulagé que je stoppe après avoir lu cet épisode médiocre.


Chen Zul évacue ses soldats par hélicoptère tandis que la bataille fait rage entre Owen et Shaw dont il a terrassé le dragon. Mais Wei Lun refuse de partir sans son élève.


Le duel qui oppose Owen à Shaw est disputé et Owen prend l'avantage contre toute attente. Wei Lun assiste à la défaite de Shaw, étonné et ravi même si Owen est à bout de force.


Mais c'est alors que le dragon se réveille et menace à nouveau. Wei Lun tente de raisonner Owen alors que ce derneir veut en finir. Il se résoud, à contrecoeur, à battre en retraite.


L'éhlicoptère de Chen Zul décolle. Owen sait qu'il en faudrait plusieurs comme lui pour vaincre Shaw et son dragon. Si seulement ses parents n'avaient pas été tués par Chou Feng. Et justement, à ce sujet, Wei Lun a un aveu à faire...

A la fin de cet épisode, avant le courrier des lecteurs, Amanda LaFranco, l'editor de Fire Power, après quelques mots flatteurs sur ce qu'on vient de lire, prévient que la série va faire un break jusqu'en 2023, mais sans préciser la date exacte de son retour. Elle explique que Chris Samnee est épuisé, mais aussi que le prochain épisode correspondra au n°25 et qu'il comptera le double de pages.

On aura remarqué que, déjà, ce #24 est sorti deux mois après le 23, et on peut comprendre que Samnee soit sur les rotules, lui qui dessine deux séries mensuelles (son creator-owned Jonna and the Unpossible Monsters connaîtra sa conclusion en Décembre) et pendant tout le mois d'Octobre il produit chaque jour un dessin original pour le #Batober #Inktober comme chaque année qu'il poste sur Twitter (j'y consacrerai une entrée quand le 31ème dessin aura été publié).

Hier, en parlant de A.X.E. : Judgment Day, déjà je mettai en garde contre la charge de travail que les scénaristes infligent aux dessinateurs. Mais Kieron Gillen, s'il a beaucoup demandé à Valerio Schiti, n'a pas démérité et surtout un event ne dure que quelques mois. Dans le cas de Fire Power, j'ai eu le sentiment depuis longtemps que Samnee portait à bout de bras la série que Robert Kirkman écrivait paresseusement.

Fire Power #24 est l'archétype de ce mode de fonctionnement et je serai très curieux de voir à quoi ressemble le script de Kirkman quand on constate l'indigence du peu de texte qui en reste alors que Samnee assume un travail écrasant à grands coups de scènes spectaculaires et énergivores.

La question qui me taraude surtout, c'est quel plaisir tire Samnee à dessiner une série aussi médiocre. Car Fire Power est mal écrite, mal foutue, et repose principalement sur son dessin. Ce n'est pas non plus l'originalité du sujet qui peut le motiver à ce point puisqu'on a là rien d'autre qu'un ersatz de Iron Fist, avec des seconds rôles grossièrement caractérisés et un héros qui échoue lamentablement à s'imposer dans les moments critiques, le tout ponctué de coups de théâtre téléphonés (dont celui de cet épisode tellement cliché qu'il vous fait soupirer d'affliction).

Qu'est-ce qu'on lit au juste ici ? Une interminable baston avec des boules de feu où quand le méchant est à terre, son dragon reprend du poil de la bête opportunément, et où les héros sont obligés de battre piteusement en retraite. Les fameux autres maîtres appelés en renfort ont fait long feu (c'est le cas de le dire) face au surpuissant Maître Shaw et sa bestiole qu'on croyait pour de bon neutralisé après que Owen lui ait grillé la gueule se réveille pour remettre une pièce dans la machine, un prétexte grossier pour rallonger la sauce, ajouter un arc (au moins) à la série.

J'ai plus que donné sa chance à Fire Power et si j'ai persisté aussi longtemps, c'était uniquement pour Chris Samnee. J'ai de la peine pour lui, et ça me manquera sûrement de ne plus lire une série régulière qu'il dessinera. Mais les comics sont ainsi : vous pouvez adorer un artiste, il arrive un moment où vous ne pouvez plus le suivre parce qu'il s'est associé à un scénariste calamiteux ou qu'il s'est embarqué dans un projet qui ne vous passionne pas. Je ne suis pas un complétiste maladif qui veut tout avoir d'un auteur, c'est une défaite critique de procéder ainsi. Mais la déception est à la hauteur de l'affection et l'admiration que j'ai pour Samnee car j'espérai vraiment que, depuis son départ de Marvel, il se serait investi dans un projet de meilleure facture.

J'aurai, c'est vrai, préféré qu'il signe chez DC, comme il l'a longtemps fait croire, ou du moins qu'il ne se commette pas avec Kirkman en qui j'avais peu confiance (n'étant tombé sous le charme ni de The Walking Dead ni d'Invincible) et qui, de ce point de vue, ne m'a pas déçu. J'ai toujours défendu le fait que les comics n'existaient que par l'alliance d'un scénariste et d'un dessinateur, mais quand je vois comment procède Kirkman avec Samnee, c'est clairement de l'arnaque car il ne travaille pas avec et pour lui, il l'exploite en lui infligeant des épisodes affligeants et trop exigeants. Mais bon, si Samnee y trouve son compte, tant mieux pour lui...

Actuellement, quand je découvre chaque jour le dessin que Samnee produit pour son #Batober #Inktober, c'est terrible de voir à quel point il est bon pour s'emparer de l'univers de Batman et si DC lui confiait une mini-série sur son Black Label (il avait pitché un projet auquel l'éditeur n'a pas donné suite), ce serait tellement mieux. Mais ça n'arrivera sans doute jamais. Avec Fire Power, Samnee est co-propriétaire des personnages et la série a sans doute assez de succès pour lui assurer de meilleures rentrées d'argent que s'il rempilait pour une major pour du work-for-hire, même dans une collection prestigieuse où il aurait carte blanche.

Cette semaine, coïncidence totale mais révélatrice, je dis adieu à plusieurs titres, soit parce qu'ils touchent naturellement à leur fin, soit parce que, comme ici, je les abandonne. C'est la vie d'un lecteur de comics et il ne faut jamais se forcer à lire quelque chose. Mais si on m'avait dit que je ne lirai plus de Samnee un jour, j'aurai bien ri. Ce jour est pourtant venu.

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