Deux mois après son troisième épisode et deux mois avant son dernier, ce quatrième numéro de The Variants marque une nette accélération dans le déroulement de l'intrigue. Il y a un charme étrange dans ce projet mené par Gail Simone car tout y est imprévisible, foutraque. Phil Noto apporte un peu de sagesse dans tout ça et signe comme toujours de superbes pages.
Jessica Jones fait la connaissance de son quatrième variant, Knightress, qui l'a mise en garde contre les trois autres. Elle lui souffle aussi un plan pour se débarrasser de l'Homme Pourpre.
Mais Xavier comprend surtout que pour que Jessica soit délivrée de l'emprise de l'Homme Pourpre, il faut qu'elle consente à lui pardonner. Ce qu'elle refuse.
Revenant à elle, Jessica a surtout compris que l'un de ses variants tire les ficelles et la désigne aux autres. Mais la traîtresse a encore une carte à jouer...
The Variants n'a pas que des qualités, c'est certain, et on peut déplorer que Gail Simone ait cédé à des facilités en n'osant pas s'en détacher. La plus flagrante, c'est d'avoir une énième fois raconté une histoire de Jessica Jones en relation avec l'Homme Pourpre, comme si l'héroïne est définitivement condamnée à n'être cernée que par ce traumatisme.
Mais en dehors de ça, Simone a franchement surpris, voire dérouté, et sans doute perdu des fans du personnage, cantonné au registre du street-level hero ou de femme de Luke Cage. En imaginant cette histoire de Variants, la scénariste a entraîné Jessica Jones dans une aventure fantastique et même fantasque très rafraîchissante.
Alors, c'est vrai, ça sort un peu de nulle part et avec un seul épisode restant pour tout résoudre, peu de chance que ça révolutionne le destin de Jessica Jones ni même du reste du Marvel Universe, quand bien même on cite le Multivers, la rengaine du moment. Mais ce scénario est suffisamment imprévisible et bizarre pour maintenir notre attention.
Jessica fait donc la connaissance d'un dernier double d'elle-même, Knightress. C'est elle qui, dans le précédent épisode, lui a fait passer un message la mettant en garde contre la Captain Jessica, la Jessica Oméga et Jewel, mais sans préciser laquelle de ces trois-là présentait un danger. C'est aussi elle qui va proposer un plan pour se débarrasser de la menace de l'Homme Pourpre qui aurait implanté dans l'esprit de Jessica Jones une sorte de bombe à retardement psychique qui la pousserait à tuer Luke Cage et leur fille.
Gail Simone écrit sans complexes : il semble que pour elle la fin justifie les moyens et c'est donc sans gêne qu'elle convoque Charles Xavier dans son histoire alors qu'on ignorait que le chef des mutants de Krakoa était ami avec Jessica Jones jusqu'à présent. En fait, la scénariste a besoin d'un télépathe surpuissant et elle emploie donc le plus charismatique d'entre eux pour règler son compte à Zebediah Kilgrave.
Toutefois, la scène, de manière inattendue, fait sens car elle révèle que pour se détacher de son tortionnaire Jessica doit lui pardonner. Elle ne s'y résoud évidemment pas, elle a trop souffert à cause de lui pour ça. C'est là où Simone manque une occasion supplémentaire de faire évoluer le personnage en lui donnant une certaine noblesse et en laissant à de futurs auteurs la possibilité encore d'exploiter le fantôme de Kilgrave dans une prochaine aventure de Jessica Jones. Dommage.
In fine, pourtant, cette exploration express dans la psyché de Jessica permet de démasquer quel variant la menace vraiment et sur ce point, Simone désigne le plus surprenant. Avant de conclure l'épisode sur un cliffhanger spectaculaire, prélude à un dernier épisode qui opposera les bons Variants aux mauvais Variants. Plus classique mais efficace.
Phil Noto apporte une forme de classicisme dans l'écriture un peu foutraque de Simone. Son trait clair, ses couleurs délicates, son découpage sobre, tout concourt à ramener le lecteur sur terre. Noto connaît son métier et il l'exerce avec une humilité exemplaire, il n'est pas là pour se faire mousser mais pour servir le script.
On peut s'étonner que l'artiste n'embrasse pas la folie douce de cette intrigue, mais Noto sait aussi qu'en rajouter dans le délire ne reviendrait qu'à charger un projet déjà bien peuplé. Il réussit surtout parfaitement à représenter cinq femmes qui se ressemblent absolument sur le plan physique, à quelques détails près, et à contribuer à la confusion du lecteur qui cherche qui est le traître dans cette bande de variants.
La scène centrale avec Xavier est très réussie et j'aimerai vraiment que Noto revienne sur un titre mutant, lui qui n'a jamais déçu.
Comme pratiquement toutes les mini-séries Marvel, on sent bien les limites de l'exercice, qui confine au bouche-trou plus qu'à un véritable essai pour préparer le retour au premier plan d'un personnage avec une série régulière. Néanmoins, Gail Simone et Phil Noto y mettent suffisamment de coeur pour qu'on ne leur reproche pas de faire ça par-dessus la jambe. Rendez-vous en Décembre pour connaître le dénouement de The Variants.
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