mardi 27 octobre 2009

Critique 109 : LES JUSTICIERS DU FUTUR, de Dave Cockrum



Les Justiciers du Futur (The Futurians en vo) est une série originale produite en 1983 par Dave Cockrum, publiée à l'origine par Marvel Comics comme roman grraphique. En 2003, un ami de Cockrum, Clifford Meth, avait optionné le comic-book pour en tirer un film (d'animation probablement) produit par IDT Entertainment.
*
Dans un lointain futur, la Terre est déchirée par la guerre entre les belliqueux Héritiers et les habitants de la Cité-Etat de Terminus. Les Héritiers entreprennent de remonter le temps jusqu'à nos jours pour dominer le monde avant que ce conflit n'éclate. Ceux de Terminus répliquent en expédiant grâce un projecteur trans-temporel des bombes génétiques pour améliorer les capacités des humains du XXème siècle. Ils ont le soutien de la puissante Solara (Sunswift en vo) qui vit au coeur du soleil, alliée du savant-général Callistrax qui dirige les opérations et fait transférer son essence vitale à note époque.
Réincarné en clochard, Callistrax devient Vandervecken, un riche hommes d'affaires à la tête de la Future Dynamics corporation où sont invités sept individus sélectionnés pour devenir les adversaires des Héritiers : les Futurians.






- Andrew Pendragon/Avatar : il peut voler, est invulnérable, super-fort, dôté d'une connaissance millénaire qui en fait un stratège hors-pair - en vérité, c'est un immortel qui a déjà connu Solara (dont l'énergie a provoqué la transformation des cobayes de Vandervecken).
- Harry Robbins/Terrayne: ce géologiste est devenu un colosse qui peut manipuler la roche et la terre, mais sa transformation en a fait un monstre et Vandervecken le manipule grâce à ses dons hypnotiques.
- Tracy Winter/ Sirène (Silkie en vo) : cet biologiste marine est devenue une créature amphibie à la peau verte, capable de contrôler l'eau et de produire des décharges électriques (comme une anguille), et peut se transformer en une raie manta humanoïde sous la forme de laquelle elle peut voler ou nager à grande vitesse.
- Matthew Blackfeather/ Tetras (Werehawk en vo) : ce juriste d'origine indienne peut se transformer en une créature mi-homme, mi-rapace, et sous cette forme il devient un prédateur enragé.
- Jonathan Darknyte/Silver Shadow : cet ancien espion peut devenir une ombre vivante, ténébres au coeur desquelles il peut se déplacer d'un endroit à l'autre ou qu'il peut rendre vivantes.
- Dana Morgan/Moustique (Mosquito en vo) : cette acrobate et gymnaste peut désormais voler et générer des vibrations ultra-soniques. Elle porte également sur elle un pistolet tirant divers projectiles anesthésiants ou explosifs.
- Neith/Solara (Sunswift en vo) : c'est l'incarnation d'une entité élémentale de feu issue de la mythologie. Elle peut survivre dans l'espace, réside au coeur du soleil et produire des rafales energétiques mais aussi voler. Elle a été l'amante d'Andrew Pendragon dans le passé et la partenaire des habitants de Terminus dans le futur.
- Walter Bonner/Lion Noir (Blackmane en vo) : il a muté en un hybride proche du lion avec des griffes acérées aux mains et aux pieds et une agilité hors du commun.
Ces Justiciers du Futur vont devenir l'ultime rempart contre les ambitions de conquête des Héritiers...
*
Lors de sa parution, cette histoire aurait pu devenir un succès commercial pour peu que l'étoile de Dave Cockrum ait été aussi brillante que dans les années 60-70 : l'originalité des personnages et de l'intrigue en auraient fait un classique instantané... Mais à défaut de cela, Les Justiciers du Futur sont devenus les héros d'une mini-série culte.
Le récit est un spectaculaire suspense basé sur les thèmes du voyage dans le temps, des conflits entre extra-terrestres et humains et des super-héros génétiquement modifiés. Bien entendu, la référence avec les X-Men est transparente : c'est avec eux que Cockrum est devenu un artiste historique pour toute une génération de lecteurs - un personnage comme Lion Noir fait inévitablement penser à Wolverine. Mais Cockrum s'était déjà inspiré de héros refusés par DC Comics pour la Légion des Super-Héros (comme Storm/Tornade, initialement appelée Typhoon, ou Nightcrawler/Diablo) pour réinventer avec Len Wein et Chris Claremont la deuxième génération des mutants de Marvel.
Le début peut dérouter ou faire sourire, avec ses bombes génétiques ou le stratagème grossier de Vandervecken pour métamorphoser ses cobayes. Il est également frustrant de ne pas en savoir davantage sur les liens entre Solara et Pendragon ou comment Pendragon peut résister au pouvoir suggestif de Vandervecken. Mais une fois lancé, l'histoire est captivante, riche en sensations fortes, et aboutit à un dénouement impressionnant.
Cockrum excelle partiiculièrement dans sa description des rapports entre les personnages et leur caractérisation, conférant à chacun un fort caractère qui nourrit des scènes savoureuses - Avatar condescendant avec Sirène, Lion Noir et Terrayne ne cessant de s'asticoter, Tetras effrayant Moustique. Bien des scénaristes pourraient encore aujourd'hui s'inspirer de cette série pour apprendre à faire interagir leurs protagonistes tout en les plongeant dans le feu de l'action !
*
Graphiquement, Cockrum reste fameux pour son sens du design : il a su élaborer des looks qui ont influencé durablement quantité de dessinateurs, avec ses épaulettes pointues et ses bottes retournées.
Ses personnages masculins ont toujours une sorte d'élégance hautaine, ses femmes un mélange d'ingénuité et de séduction raffinée, et même quand ils ont une apparence monstrueuse, ses héros possèdent un charisme unique. Cet amalgame aboutit à une des équipes les plus attachantes et les plus mémorables qu'on puisse rencontrer dans un comic-book.
Il est bien triste que Cockrum n'ait pas vécu assez longtemps pour ranimer ses Futurians comme il en avait le projet ni même que Marvel n'ait eu l'idée de les ressuciter, alors que tant de super-teams actuelles n'ont pas autant de charme et de potentiel.
*
Qu'ajouter sinon que, si vous avez l'opportunité d'acquérir un exemplaire de ce "Récit Complet Marvel" édité en vf par Lug, vous ne devez pas hésiter à en faire l'achat : vous vous procurerez en même temps qu'un collector une oeuvre irrésistible !

Critique 108 : AVENGERS FOREVER, de Kurt Busiek, Roger Stern et Carlos Pacheco


Avengers Forever est une maxi-série en douze épisodes, publiée de Décembre 1998 à Novembre 1999 par Marvel Comics. Le scénario est écrit par Kurt Busiek (pour l'intrigue et son traitement) et Roger Stern (pour le script). Les dessins sont signés par Carlos Pacheco.
*
Le tout-puissant Immortus envoie son laquais, Tempus, tuer Rick Jones. Le jeune homme est gravement malade et transporté par les Vengeurs dans la zone bleue de la Lune pour que l'Intelligence Suprême des Krees essaie de le guérir.
Pourquoi Immortus veut-il supprimer Jones ? Parce qu'il est le détenteur de la "Force du Destin", une capacité grâce à laquelle il a mis fin à la guerre Kree-Skrull, et qui peut le conduire à terme à faire de la race humaine la force dominante de l'univers, avec les Vengeurs comme armée.
Rick, seul avec l'Intelligence Suprême, est sauvé mais Libra, le gardien de la Balance (une force qui veille sur le cours des choses et l'équilibre temporel), le pousse à utiliser à nouveau la "Destiny Force" pour contrecarrer les plans d'Immortus.
C'est ainsi que Rick réunit une nouvelle équipe de Vengeurs, dont les membres sont issus de diverses époques (passé, présent et futur). On y trouve Captain America, désabusé après qu'il ait découvert qu'un officiel du gouvernement était le leader de l'Empire Secret ; Pourpoint-Jaune mentalement perturbé au point d'ignorer qu'il est Hank Pym ; Oeil-de faucon juste après le dénouement de la guerre Kree-Skrull War et devenu membre d'un cirque dirigé par Hercule ; Giant-Man (alias Henry Pym) et la Guêpe du présent ; et enfin l'ex-criminelle Songbird et le Captain Marvel d'un futur alternatif.
Ces Vengeurs affrontent Immortus au coeur de diffèrentes époques.
Trois d'entre eux (Yellowjacket, Hawkeye, Songbird) sont expédiés dans l'Ouest Américain du XIXème siècle où ils croisent des héros de western comme the Two-Gun Kid, the Night Rider, the Ringo Kid, the Rawhide Kid, Kid Colt et les Gunhawks.
Captain America et Giant-Man partent dans le futur où la Terre a été dévastée par une invasion martienne et où résistent une poignée d'humains entraînés par quelques rares Vengeurs survivants, parmi lesquels la Panthère Noire, Jocaste, Thoundra, Killraven ou... La Dynamo Pourpre !
La Guêpe et Marvel sont envoyés dans une version alternative des années 50 où ils rencontrent un groupe de héros déjà baptisés les Vengeurs, incluant Marvel Boy, Venus, 3-D Man, Gorilla-Man, Human Robot et Jimmy Woo (soit les Agents d'Atlas), mais cette réalité est détruite par l'intervention d'Immortus en possession du Crystal de l'Eternité, un artefact qui peut affecter les univers parallèles.
Les Vengeurs découvrent qu'Immortus est en fait aux ordres des Gardiens du Temps, un trio d'individus venant de la fin des temps qui l'a chargé de procéder à de subtiles modifications dans l'Histoire de la Terre poour que Rick Jones et les Vengeurs ne deviennent les maîtres de l'univers. Si cela se produisait, ce serait au prix de plusieurs cultures extra-terrestres (dont celle des Gardiens du Temps) : c'est pour cela que la vie de Jones est menacée.
L'autre élément qu'ils leur faut contrôler est Kang le Conquérant, qui est en fait destiné à devenir Immortus. Cet ennemi de longue date des Vengeurs va devenir leur allié pour empêcher le plan des Gardiens du Temps de s'accomplir.
Kang tuera les Gardiens du Temps lors de leur affrontement final après qu'il ait tenté d'éliminer Immortus, qui n'a pu se débarrasser de Rick Jones. Captain Marvel fusionne avec Rick pour lui sauver la vie, avant que Libra ne renvoie à leurs époques respectives les sept Vengeurs, chacun ne conservant qu'un vague souvenir de cette aventure.
*
Avengers Forever a connu une étrange genèse puisque cette série devait initialement être un crossover intitulé Avengers: World in Chains, comme cela est révèlé par Kurt Busiek dans l'introduction du recueil. Busiek et Carlos Pacheco voulaient en effet collaborer sur un projet commun, et le scénariste conçut une première histoire. Avengers: World in Chains fut annoncé comme une nouvelle production en 12 chapitres, si bien que lorsque parut Avengers Forever, avec la même équipe artistique, le même nombre d'épisodes, tous les lecteurs présumèrent qu'il s'agissait de la même histoire avec un titre différent. Mais ce n'était pas le cas et Avengers: World in Chains reste en fait un récit inédit, encore aujourd'hui (et probablement pour toujours).
L'idée originale était fort simple : que se serait-il passé si Captain America n'avait jamais été redécouvert dans son bloc de glace et réanimé ? Ce point de départ aurait fourni la base à une trame se déroulant dans une réalité divergente. Planifiée pour 1999, Avengers : World in Chains n'a donc jamais vu le jour car une autre série Marvel, Mutant X, fut imaginée par Howard Mackie, exploitant une idée similaire mais utilisant les X-Men comme héros. Mutant X racontait l'histoire d'Alex Summers (alias Havok) captif d'une ligne temporelle parallèle avec d'autres X-Men (revus et corrigés comme une version vampire de Storm...). World in Chains fut considéré par l'éditeur comme trop semblable à Mutant X pour être publié au même moment.
Développant différemment leur arche narrative, Busiek et Pacheco proposèrent alors ce qui devint Avengers Forever, qui traite donc de l'histoire d'une formation inédite des Vengeurs, dont chaque membre provient d'une époque particulière, réunis pour s'interposer dans un conflit opposant Kang et Immortus.
Comme il le précise également dans la préface du recueil, Busiek n'a pas écrit seul Avengers Forever : il a imaginé l'arc narratif mais c'est à Roger Stern, un de ses illustres collègues, qu'est revenu la tâche délicate d'en tirer un script et d'en rédiger les dialogues (supervisés par le créateur d'Astro City).
L'intrigue est à la fois tortueuse, délirante, foisonnante, épique, et palpitante : les deux auteurs se sont visiblement amusés à visiter le Marvelverse, allant jusqu'à situer une partie de l'action dans les bandes dessinées western de l'éditeur ou en passant par les fifties, donc avant que Stan Lee, Jack Kirby ou Steve Ditko ne révolutionnent les comics avec les Fantastic Four, Spider-Man ou... Les Vengeurs !
Tout cela est à la fois amusant... Et, avouons-le, épuisant. Il y a dans ces douze épisodes plus de matière traitée que dans toute une ongoing-serie actuelle. C'est vertigineux, et pas seulement parce qu'on est bringueballer dans tous les sens, d'une époque à l'autre, d'un bout du cosmos à l'autre. La profusion de situations, de décors, de personnages, de péripéties donne le tournis : c'est aussi jubilatoire que désarmant. Avengers Forever est une BD à savourer pour bien en apprécier toutes les richesses : c'est un pur récit d'aventures, un manège qui ne s'arrête jamais et file à toute allure, brassant une somme astronomique d'évènements qui révèle la mythologie marvelienne. C'est un mille-feuilles qui procure un plaisir intense, mais qui nécessite un certain temps pour être digéré.
Malgré cette réserve, le sentiment qui se dégage de cette lecture reste quand même extrèmement positif, ne serait-ce que pour le génie avec lequel chaque personnage est caractérisé, l'histoire (pas seulement l'intrigue principale mais cette inspection savante de la mythologie marvelienne - tous les deux chapitres, on trouve d'abondantes notes qui viennent préciser l'origine de telle scène, procédé déjà utilisé par Busiek sur Marvels) et ses reboondissements sont exploités.
L'entreprise a quelque chose de fou mais aussi de jouissif et de communicatif : on a envie de se replonger dans toute la production Marvel pour en apprécier toute la subtilité et l'ampleur. C'est un comic-book fait par des fans et pour des fans.
Lorsque le récit se suspend, on reste saisi : les scénaristes accordent en effet un magnifique volet consacré exclusivement à Kang, son destin, ses mobiles, son évolution, qui légitiment son choix de s'allier aux Vengeurs contre son double futuriste, Immortus, et les Time-Keepers : le personnage acquiert alors une épaisseur, une dimension comme peu de vilains en bénéficient dans les comics traditionnels.
Il faut encore saluer le brio des dialogues, chaque protagoniste s'exprimant dans un vocabulaire qui lui est approprié : Captain America sans illusions qui se reprend progressivement, Yellowjacket à la fois horripilant et savoreux en obsédé sexuel narcissique, Hawkeye combatif, Marvel dubitatif, Songbird entre le repentir et la détermination, la Guêpe (si souvent mal servie) dôtée d'une poigne de fer, Giant-Man sage et résolu...
La qualité d'écriture de la série est en tous points remarquable de finesse et d'efficacité, d'une prodigieuse densité.
*
On ne saurait tresser une couronne de lauriers à cette oeuvre sans s'incliner enfin devant son impressionnant graphisme, dû à un des meilleurs tandems contemporains : les espagnols Carlos Pacheco (aux dessins) et Jesus Merino (à l'encrage) fournissent des planches effarantes, d'une richesse qui mérite qu'on s'y attarde de longues minutes.
Le soin apporté à la gestuelle, aux expressions, aux décors, au découpage participe également à la réussite d'Avengers Forever : on est souvent époustouflé par ce qu'ils nous donnent à voir, les deux artistes atteignent une sorte d'apogée visuelle qui laisse sans voix.
Franchement, il n'y a pas grand'chose de mieux que de lire une BD où les talents sont aussi bien employés, où chaque membre de l'équipe créative ne met aussi bien en valeur les efforts de l'autre. Et quand deux cadors comme Pacheco et Merino produisent des pages comme celles-ci, sans la moindre baisse de régime sur douze épisodes, les scénaristes ne peuvent que mesurer leur chance d'avoir des partenaires pareils !
*
Il y a quelque chose de roboratif dans cette série. Quelque chose aussi du domaine de l'accomplissement : on ouvre le livre avec l'espoir de découvrir un objet mémorable et on en achève la lecture, repu, comblé. Peu d'ouvrages finalement obtiennent cette alchimie, ce miraculeux concentré où rien n'est perdu entre l'ambition du départ et le résultat final. Ce n'est donc sans doute pas un hasard si, pour beaucoup, cette histoire est considérée comme la meilleure jamais écrite pour la longue série des Vengeurs...

Critique 107 : JLA - THE NAIL, d'Alan Davis

JLA: The Nail est une mini-série en trois épisodes publiée en 1998 par DC Comics. C'est un récit complet écrit et dessiné par Alan Davis qui se situe en dehors de la continuité.
*
Dans cette histoire, Martha et Jonathan Kent devant se rendre à Smallville découvrent qu'un pneu de leur pick-up est crevé par un clou. Ce détail apparemment insignifiant va pourtant conduire à un bouleversement de l'univers DC tel qu'on le connaît : les Kent ne découvriront pas la navette spatiale à bord de laquelle se trouvait Kal-El, le futur Superman, qui s'est crashée sur Terre après la destruction de Krypton. La question qui se pose alors est la suivante : que serait le monde sans l'Homme d'Acier ?
L'argument de ce comic-book est inspirée d'un poème de George Herbert : "Faute d'un clou l'on perdit le fer, Faute d'un fer l'on perdit la monture, Faute d'une monture l'on perdit le héros, Faute d'un héros l'on perdit la bataille. C'est ainsi que l'on perdit un royaume, A cause du royaume on perdit la vie. Faute d'un clou."

Dans le monde décrit ici, existe quand même la JLA, dont les membres sont Batman, Wonder Woman, Aquaman, Flash (Barry Allen), Hawkwoman, Atom (Ray Palmer), Martian Manhunter et Green Lantern (Hal Jordan). Mais elle agit dans un contexte de xénophobie envers les "métahumains" : Perry White mène cette campagne de dénigrement au nom de Lex Luthor, réélu maire de Metropolis, et Green Arrow, devenu paraplégique après un combat contre Amazo (au cours duquel a aussi péri Hawkman), accuse ses anciens partenaires masqués d'être des envahisseurs extraterrestres.
Les uns après les autres, les super-héros sont mystérieusement éliminés ou capturés, parmi lesquels la Doom Patrol et les Outsiders (dirigés par l'ex-compagne de Green Arrow, Black Canary).
Muni d'une arme dévastatrice, le Joker libère plusieurs détenus de l'asile d'Arkham. Batman se rend sur place avec Robin et Batgirl, qui sont atrocement tués par le dément. Mais Catwoman intervient et permet à Batman de s'échapper après que les caméras de télévision aient filmé la vengeance du Dark Knight contre le Joker. Le geste de Batman exacerbe la haine contre les métahumains et Bruce Wayne reste prostré dans sa Batcave, traumatisé par les morts de Robin et Batgirl.
Progressivement, la JLA découvre qu'un vaste complot est à l'oeuvre contre les super-héros. Lex Luthor prend des mesures radicales pour les arrêter en envoyant à leurs trousses une armée de robots capables de voler et dôtés d'une force incroyable, les Liberators. Seuls Batman, Flash, Atom et Catwoman leur échappent.
Lois Lane, qui soutient les héros, rencontre dans une base militaire, où sont détenus les métahumains, le Dr. Lana Lang, qui l'oriente discrètement vers Smallville, où les Kent
procurent un refuge pour les fugitifs. Lois décide ensuite de parler à Lex Luthor de ses découvertes pour les dénoncer publiquement mais elle est à son tour capturée par le véritable cerveau de cette conspiration : Jimmy Olsen. Celui-ci a subi plusieurs expériences génétiques qui en ont fait un surhomme mais ont également altéré sa raison. Après avoir découvert la navette spatiale de Kal-El et utilisé des échantillons de son ADN, il a créé des clones cachés sous le costume des Liberators (l'équivalent de Bizarro). Désormais, Jimmy Olsen projette de remplacer les humains par de nouveaux kryptoniens génétiquement modifiés comme lui.
L'emprisonnement d'autres métahumains était destiné à prélever leur ADN pour parachever ce plan. Batman, en compagnie de Batwoman (l'ex-Catwoman), Atom, et Flash libèrent leurs amis incarcérés et détruisent les Liberators. Mais face à Olsen et ses pouvoirs kryptoniens, ils sont dominés et la bataille se déplace jusqu'à un village Amish. Alors qu'Olsen va tuer Batman, il est stoppé par un des fermiers qui essaie de le raisonner, mais en vain.
Néanmoins ce fermier résiste aux rayons optiques d'Olsen qui tue ses parents adoptifs et contre-attaque. Il s'agit en vérité de Kal-El, devenu adulte. L'affrontement est terrible mais s'achève par la victoire du rescapé kryptonien alors qu'Olsen, consumé par son pouvoir, se désintégre littéralement.
La défaite d'Olsen et des Liberators permet à la JLA de regagner la confiance du public et l'équipe compte désormais un nouveau membre : Superman.
*
Cette BD fait l'effet d'un tourbillon : aux antipodes de la narration décompressée et des clichés des comics récents, c'est un concentré d'action, à l'intrigue solide et complexe et aux dessins virtuoses. Assurèment, on a là affaire à un des chefs-d'oeuvre d'Alan Davis, du même calibre que son FF : La Fin (qui se déroulait également en dehors de la continuité).
On comprend pourquoi l'auteur est si à l'aise dans ce genre d'entreprise : en se détachant de la mythologie classique, Alan Davis a toute lattitude pour réécrire les personnages et les évènements-clés. Cela aboutit à une vision décalée, décapante, des icônes et de leurs aventures.
Mais là où Kingdom Come procédait sur un mode futuriste, JLA : The Nail réinvente le passé. Paradoxalement, c'est en imaginant un monde privé de Superman qu'il redonne du relief au héros emblématique de DC : Lex Luthor en a profité pour devenir le maire de Metropolis, Jimmy Olsen s'est changé en monstre, Lois Lane en journaliste contestataire, Lana Lang en scientifique complice. Parce que cette ville n'a pas eu de super-héros, elle est devenue une cité intolérante, sous le joug d'un régime sécuritaire.
Davis semble nous suggérer que le monde privé de ses super-héros perd son équilibre. Ces extraordinaires créatures suscitent la méfiance, certes, mais sauvent aussi des vies : c'est en négligeant les "relations publiques" que les justiciers provoquent l'ire des humains ordinaires, comme le fait remarquer Lois Lane à Batman (qui juge plus important de faire régner l'ordre que d'apparaître sympathique).
Or, justement, la sympathie, c'est ce qu'inspire naturellement Superman, le bon samaritain par excellence, le brave parmi les braves, protégeant son monde adoptif sans rien attendre en retour. Sans Superman, sans cette figure éminemment aimable, les autres héros ressemblent à des monstres, des bêtes de foire, des huluberlus : l'Homme d'Acier, selon Davis, n'est pas seulement LE super-héros, c'est aussi un exemple, un guide.
Comme scénariste, Alan Davis aime les histoires complexes : l'identité du conspirateur est savamment entretenue pendant les trois-quarts du récit. Il sait accrocher le lecteur en mettant vraiment ses héros en danger : c'est palpitant, le rythme est échevelé, les dialogues ciselés, la caractérisation savoureuse - un vrai régal.
Il dispose même un subplot (en montrant le début d'une guerre cosmique entre les New Gods de New Genesis et Apokolips, impliquant l'intervention du Green Lantern Corps) - qui sera développé dans la suite JLA : Another Nail.
C'est un comic-book gourmand, parfois too much, mais où il est impossible de s'ennuyer, où on en prend plein la vue, un récit d'une densité fabuleuse.
*
Cette mini-série en met aussi plein les mirettes grâce à un dessin prodigieux, d'une énergie sans pareille : Alan Davis assure un découpage magistral, d'une fluidité exemplaire, qui rend la lecture extrèmement agréable.
Il nous gratifie également de pleines et doubles pages époustouflantes - un effet dont il sait ne pas abuser mais qui offre à chacun de ses héros son "morceau de bravoure", saisi en pleine action. La maîtrise qu'affiche cet immense artiste a quelque chose d'euphorisant et d'intimidant : on ne peut que déplorer qu'il se fasse si rare et surtout qu'il semble avoir perdu son enthousiasme.
Saluons également l'encrage de Mark Farmer, un des meilleurs à ce poste, dont la complicité avec Davis donne un résultat parfait : là encore, on comprend pourquoi l'artiste insiste autant sur la relation de confiance qui doit exister entre les membres de l'équipe artistique d'un comic-book pour aboutir à de vraies réussites.
*
JLA : The Nail est un livre jubilatoire, un objet proche de la quintessence du genre : à la fois un divertissement accompli et une oeuvre personnelle, exécutés avec maestria.

vendredi 16 octobre 2009

Critique 106 : AVENGERS - LIONHEART OF AVALON, de Chuck Austen, Olivier Coipel et Sean Chen








Avengers : Lionheart of Avalon rassemble les épisodes 77 à 81 du volume 3 des Vengeurs, publiés par Marvel Comics de Mars à Juin 2004. Le scénario est écrit par Chuck Austen et les dessins sont signés Olivier Coipel (sauf pour le 79 où Sean Chen assure l'intérim).
*
Kelsey Leigh est une mère célibataire qui vit avec ses deux jeunes enfants dans le Sud-Est de l'Angleterre, où elle enseigne la Littérature et l'Histoire. Lorsqu'elle était mariée, un malfrat s'est introduit chez elle et l'a agressée devant son mari : elle a gardé de cette tentative de viol une impressionnante cicatrice au visage et elle s'est séparée de Richard, son époux.
Le destin de Kelsey va à nouveau être bouleversé le jour où elle et ses enfants se trouvent au milieu d'un affrontement dévastateur entre les Vengeurs et le gang des Démolisseurs
. Thunderball neutralise Captain America et la jeune femme s'interpose entre le super-vilain et le héros inconscient, en se protégeant avec le bouclier de ce dernier. Les coups répétés du boulet de Thunderball la blesse gravement au point qu'elle succombe peu après son transport à l'unité médicale voisine de Tony Stark.
Kelsey revient pourtant à elle dans l'Autre-Monde, au centre d'un cercle de dolmens où elle rencontre l'esprit de Brian Braddock (alias Captain Britain)
et de sa compagne Meggan. Pour sauver l'Angleterre de la démoniaque Morgane, elle accepte de devenir la nouvelle incarnation de Captain Britain, ce qui la ressucite. Mais cette chance a un prix terrible : en choisissant l'épée du pouvoir plutôt que l'amulette du droit, Kelsey est condamnée à ne jamais dévoiler sa nouvelle condition à ses enfants sinon ils périront dans d'atroces souffrances !
La nouvelle Captain Britain revient sur Terre où elle aide les vengers à vaincre Morgan et ses acolytes - dont le Chevalier Noir, qui possédait Thunderball. Elle agit violemment, avec l'énerge du désespoir, en contradiction avec le principe des Vengeurs (qui exige de ne jamais tuer ses adversaires).
Ses enfants protégés désormais par les Vengeurs et sa mère, Kelsey accepte d'intégrer l'équipe mais en sachant qu'elle ne pourra plus jamais être la mère qu'elle fut.
*
Chuck Austen a mauvaise réputation parmi les fans de comics, mais ne connaissant pas sa production et attiré par le fait qu'il collaborait avec Olivier Coipel pour cet arc des Vengeurs (pré-Disassembled), je suis passé outre pour découvrir ce Coeur-de-Lion d'Avalon. Et je dois dire que j'ai beaucoup aimé cette histoire, à la fois simple, symbolique, et très efficace, riche en action et animé par des personnages que j'adore (comme Hawkeye).
Austen insuffle un rythme soutenu, effrenné même, à son récit et le croisement improbable entre le parcours de Kelsey Leigh et celui des Vengeurs sur la piste du gang des Démolisseurs en Grande-Bretagne, le tout avec Captain Britain en guest-star, est tout à fait convaincant.
En comparaison avec le traitement actuel des Vengeurs (Nouveaux, Puissants, Jeunes, de L'Initiative, Dark), la simplicité directe de l'intrigue, la prime à l'action, ont quelque chose de revigorant : en cinq épisodes, on en prend plein la vue, pied au plancher, et c'est un vrai bonheur.
Austen n'a peut-être pas la singularité d'un Bendis, le savoir-faire d'un Johns ou le brio d'un Busiek, mais il mène son affaire avec maîtrise. La caractérisation est également louable et réserve quelques scènes savoureuses : on y voit Clint Barton prodiguer des conseils de drague peu orthodoxes à Steve Rogers, la Guêpe en délicatesse avec ses nouveaux pouvoirs (elle peut alors réduire ou augmenter sa taille, ce qui provoque quelques effets secondaires...) et avec Hank Pym (l'évocation de sa brutalité conjugale resurgit)... Austen anime les personnages avec une sorte de décontraction qui est réjouissante.
*
Graphiquement, c'est un bonheur sans cesse renouvelé de lire des planches illustrées par Olivier Coipel (encore encrées par Andy Lanning, et Tim Simmons), qui, comme je l'ai déjà affirmé, est né poour dessiner les Vengeurs.
L'énergie de sa mise en page, la vigueur de ses images, l'expressivité de ses personnages : tout est parfait !

C'est à peine si on a le temps de déplorer son remplacement le temps d'un épisode par Sean Chen, dépourvu de toutes les qualités du français (trait raide au possible, découpage sommaire, inexpressivité totale...).
*
Sans prétendre qu'Austen ne mérite pas sa mauvaise presse, voilà une aventure des Vengeurs "classiques" à côté de laquelle il serait idiot de passer.

lundi 12 octobre 2009

Critique 105 : NEW AVENGERS 40 à 47 - THE EMPIRE, de Brian Michael Bendis, Jim Cheung et Billy Tan












New Avengers : Secret Invasion - The Empire est le 11ème story arc de la série, comprenant les épisodes 40 à 47, publiés de Juin 2008 à Janvier 2009 par Marvel Comics, écrits par Brian Michael Bendis et dessinés par Jim Cheung (40-42-45), Billy Tan (41-43-44-46 et une partie du 47) et Michael Gaydos (l'autre partie du 47).
Ces chapitres décrivent des évènements concordant avec le crossover Secret Invasion (également écrit par Bendis) en en dévoilant les origines et les coulisses et des actions parallèles. Dans le dernier épisode, on assiste à la première rencontre entre Luke Cage et Jessica Jones alors qu'au terme de Secret Invasion leur bébé est enlevé par le Skrull Jarvis.
Pour plus de lisibilité, j'ai divisé en deux le récit de ces épisodes, alternativement raconté du point de vue de la reine Veranke, des super-héros et des super-vilains.
*
Dans les épisodes 40-42-45 :

- Veranke est exilée après s'être opposé au souverain des Skrulls, Dorekk, suite à la capture des Illuminati (Iron Man, Mr Fantastic, Charles Xavier, Namor, Flêche Noire, Dr Strange). Dorekk commande à ses savants la création d'agents indétectables par les Terriens.
Galactus dévore le monde-trône des Skrulls et les survivants se retournent vers Veranke qui ordonne l'invasion de la Terre grâce aux agents indétectables mis au point par les savants de Dorekk. Elle-même usurpe l'identité de Spider-Woman tandis qu'Elektra a déjà été remplacée.
- Veranke devient à la fois l'agent de Nick Fury et de l'Hydra qui ignorent qu'elle s'est substituée à Jessica Drew. Puis elle commande à Electro l'attaque du Raft (épisodes 1-6, Breakout)et intègre les Nouveaux Vengeurs qui se forment à cette occasion. Alors que la reine Skrull peaufine l'invasion, notamment avec le Skrull Hank Pym, la Sorcière Ecarlate modifie la réalité...
- Lors des évènements d'House of M, Veranke et le faux Pym réfléchissent au sort des mutants qui, une fois la situation revenue à la normale, voient leur population décimée. C'est aussi le cas des Skrulls, victimes de la vague d'Annihilation à l'autre bout de l'Univers : l'invasion doit réussir car désormais les aliens n'ont plus de monde.

Dans les épisodes 41-43-44-46 et 47 :

- un vaisseau skrull crashé en terre-sauvage libèrent des clones de héros (morts, disparus ou vivants) face aux Nouveaux et Puissants Vengeurs. Un T-Rex disperse tout le monde et Spider-Man retrouve alors Ka-Zar, Shanna et les indigènes de la région qui lui confirment que des skrulls infiltrés parmi les agents du SHIELD ont exploité secrètement les gisements de vibranium des environs (comme l'avaient découvert les Nouveaux Vengeurs dans Breakout, épisodes 1-6).
- Sur ce surgit le skrull Pitto Nilli devenu mentalement et physiquement, grâce à un conditionnement poussé, le double de Captain America. Mais il est neutralisé par Ka-Zar.
- Précédemment, lors de leur capture, les Illuminati ont été manipulés par Dorekk et ses troupes de savants qui se sont servis des connaissances de Red Richards pour rendre leurs espions suur Terre indétectables.
- Les super-vilains, après que the Hood ait libéré Madame Masque des geôles du SHIELD et pris un skrull inflitré en otage pour le questionner, découvre l'ampleur de l'invasion. Parker Robbins s'isole pour réfléchir à une riposte en invoquant celui à qui il doit ses pouvoirs : Dormammu.
- Enfin, alors que leur bébé a été enlevé par le skrull-Jarvis pendant que les super-héros et vilains terrassaient les envahisseurs, Luke Cage et Jessica Jones se rappellent leur première rencontre quand le Vengeur avait demandé à la jeune femme de retrouver son père.
*
Examinons les + et les - de cet arc foisonnant et inégal, qui souffre des défauts inhérents aux séries liées à une saga globale, tout en soulignant les qualités d'écriture de leur auteur commun.
La faiblesse majeure de ces épisodes, c'est leur nombre : pour coller au rythme de parution de Secret Invasion, Bendis a délayé la sauce sur 8 volets, ce qui est trop. Le rythme, déjà marqué par la narration décompressée, devient pesant, d'autant plus que ce qu'on nous relate ici n'est pas toujours passionnant.
Si découvrir les coulisses de l'invasion est assez prenant et resitue dans une perspective troublante des évènements antérieurs qui ont bouleversé le Marvelverse ces dernières années (comme par exemple House of M), la rencontre Spidey-Ka-Zar est vraiment dispensable tout comme le flash-back sur le couple Cage-Jones.
En revanche, l'invasion vue du côté des criminels donne lieu à un épisode plus abouti, avec une atmosphère tendue bien exprimée... Mais s'achevant sur un cliffhanger toujours pas développé depuis !
Dans ces conditions, difficile d'être indulgent avec Bendis et de relever des qualités à cet arc auquel une narration parallèle ne rend guère service. Il faut mieux pour apprécier le contenu de ces chapitres relire le tout une fois le cycle Secret Invasion terminé car, mensuellement, c'est à la fois frustrant et fastidieux.
On peut saluer l'audace d'une telle construction sur une durée aussi conséquente mais sans doute était-ce trop périlleux pour tenir, et malgré tout son savoir-faire, Bendis ne peut pas tout (bien) faire.
La leçon de The Empire tient-elle sans doute en ces termes : l'auteur a un talent indiscutable mais il gagnerait à se consacrer à moins de projets simultanèment. Secret Invasion a été un crossover à moitié réussi, et ces épisodes des NA sont à moitié ratés.
*
Graphiquement, l'idée de confier à deux artistes, qui plus est aux styles très différents, le traitement des deux aspects du récit est ingénieux : chacun pourra y trouver son compte, qu'il soit fan de Cheung ou Tan (voire des deux).
Personnellement, je préfére Billy Tan (surtout quand il s'encre lui-même), mais le passage sur House of M par Jim Cheung est un des plus beaux que la série compte.
Par contre, je ne suis toujours pas convaincu par Michael Gaydos, dont le style ne convient pas à ce genre de titre qui plus est.
*
Les Skrulls ont échoué et nous voilà désormais au coeur du Dark Reign : les ennuis sont donc loin d'être terminés pour nos héros, une nouvelle époque commence et les Nouveaux Vengeurs sont promis à de nouvelles (r)évolutions...

lundi 5 octobre 2009

Critique 104 : AVENGERS - RED ZONE, de Geoff Johns et Olivier Coipel


Avengers : Red Zone rassemble les épisodes 65 à 70 du Volume 3 de la série, publiés de Mai à Octobre 2003 par Marvel Comics. Le scénario est écrit par Geoff Johns, les dessins sont signés par Olivier Coipel.
*
Un nuage rouge particulièrement virulent apparaît au Mont Rushmore et requiert l'intervention des Vengeurs (composés de Captain America, la Vision, L'homme-Fourmi, Miss Hulk, la Sorcière Ecarlate, Warbird et le Valet de Coeur). Parallèlement, Iron Man et la Panthère Noire procèdent à des recherches sur ce virus mortel, mais les Vengeurs dépendant désormais de l'O.N.U. voient leurs efforts contrariés par le gouvernement américain - le Secrétaire à la Défense, Dell Rusk, en particulier.
Bientôt les héros découvrent une base secrète de l'armée US où a été conçue ce gaz toxique et où se cachent des soldats de l'A.I.M. . Au même moment, Tony Stark et T'Challa sont arrêtés et emprisonnés par l'armée. Puis Henry Gyrich, l'agent de liaison des Vengeurs, tombe avec le Faucon dans un traquenard tendu par Rusk... Qui s'avère être le terrible Crâne Rouge (en vo, Dell Rusk est un anagramme de Red Skull).
Le plan du criminel nazi est simple : il veut faire accuser le Wakanda d'être l'auteur de cet attentat biologique pour déclencher une guerre raciale. Les Vengeurs réussiront-ils à l'en empêcher en l'arrêtant tout en stoppant le nuage rouge ?

*
Avant de devenir le scénariste-vedette de DC Comics, Geoff Johns avait signé cet arc des Vengeurs, précédant la révolution déclenchée par Brian Michael Bendis avec Avengers : disassembled (qui aboutira à la naissance des New Avengers).
Le récit est parfaitement accessible et très divertissant. Les Vengeurs doivent se prouver à eux-mêmes qu'ils forment une équipe capable de résoudre des problèmes concrets du monde dans lequel ils vivent : cette agression terroriste biologique est évidemment en prise directe avec les attentats du 11-Septembre et les héros sont confrontés à une menace plus insidieuse que leurs habituelles batailles.
Johns articule pourtant son récit autour d'un vilain classique, en l'occurrence Crâne Rouge, et l'aventure prend finalement une tournure "old school" qui comblera les nostalgiques de l'époque où les bons et les méchants s'opposaient, où l'intrigue s'achevait dans un duel "à l'ancienne" plein de violence et de panache (ici, la Panthère Noire, un héros noir africain, défie le fanatique nazi Red Skull). Entretemps, le scénariste nous a gratifié d'un palpitant double complot, avec d'un côté le groupe mené par Captain America dans les tréfonds d'une base aux mains de malfrats, et de l'autre une histoire d'espionnage politique avec Gyrich et le Faucon confondus par Dell Rusk.
L'interprétation que donne Johns de Crâne Rouge est judicieuse : c'est à la fois un manipulateur et un vrai lutteur, ce qui en fait un méchant vraiment menaçant, dangereux, un adversaire de taille. Crâne Rouge symbolise ainsi le système gouvernemental américain propice aux manoeuvres les plus louches en coulisses tout en (ab)usant de la force.
L'autre qualité de Johns (comme il le confirmera en écrivant la JSA) réside dans sa caractérisation des personnages héroïques auxquels il donne une vraie humanité, une singularité passionnante. "Son" Captain America est classique -un soldat valeureux, plus déçu de découvrir les éventuels secrets d'Etat qu'en colère contre les institutions, mais déterminé à "faire le ménage". En revanche, les joutes verbales entre Tony Stark et la Panthère Noire sont savoureuses : les deux hommes partagent un statut similaire (riches, très intelligents, proches des hautes sphères politiques) mais sont de fait en concurrence permanente - et T'Challa se révèle être un filou réjouissant, dôté d'un charisme qui fait regretter que ce personnage ne soit pas mieux exploité depuis (surtout qu'avec Civil War puis maintenant Dark Reign, ce fier monarque pourrait jouer un rôle décisif). Donner au Faucon un statut d' "insider" est aussi habile : le personnage apparaît par intermittences mais toujours à des moments-clés - c'est très malin et efficace.
Néanmoins, malgré tout son (immense) savoir-faire, Johns ne peut pas tout faire en 6 épisodes et c'est frustrant car on sent qu'il aurait des choses à dire et à faire avec le couple Scarlet Witch-Vision ou avec Warbird (en fait Ms Marvel, qui est nommée par George Bush Jr chef de la sécurité nationale à la fin de cet arc).
Johns parvient quand même à créer un suspense prenant, chaque fin de chapitre donnant une envie irrésistible d'avancer - ce qui n'est pas si courant.
*
En outre, vous serez bluffés par la partie graphique. En effet, elle est signée du français Olivier Coipel dont on peut dire qu'il est né pour dessiner les Vengeurs tellement son style sert à merveille ses personnages et ce genre d'aventure.
Coipel possède un don fabuleux pour l'anatomie, les expressions, et le découpage : son travail est exemplaire, la lecture est d'un dynamisme et d'une limpidité remarquables, et sous son crayon les Vengeurs possèdent une séduction, un charisme que peu d'artistes restituent avec autant de bonheur.
A cet égard, la grande scène du combat final est un modèle du genre, brillante, percutante, viscérale : on sent le plaisir qu'il a eu à la mettre en images et on en retire soi-même une jubilation intense.
*
Zone rouge : rouge de plaisir, vous serez ! Un authentique "must-have".

dimanche 4 octobre 2009

Critiques 103 : Revues VF Octobre 2009

ULTIMATE SPIDER-MAN 69 :

- Ultimate Spider-Man 130-131 : Suite des conséquences d'Ultimatum : Magneto provoque un raz-de-marée sur New York. Spider-Man aide comme il peut les civils lorsque surgit Hulk, tandis que Tante May, embarquée au poste de police (on l'accuse de protéger Spider-Man), découvre elle aussi l'ampleur du désastre...
Je ne suis pas Ultimatum (Loeb + Finch, c'est beaucoup trop pour ma faible constituion physique), mais il évident qu'on touche là au problème inhérent à ce genre d'event : les titres qui y sont subordonnés deviennent curieusement elliptiques et le lecteur devient lui frustré.Malgré tout, Bendis, qui n'est quand même pas un manchot réussit à nous agripper par le col pour ne jamais nous lâcher : l'improbable tandem Spidey-Hulk a quelque chose d'irrésistiblement comique, évoquant Laurel et Hardy (un gringalet très bavard et dépassé avec un colosse déphasé et imprévisible). Une réplique aussi bête que "Hulk mouillé" m'a fait rire, tout comme cette pensée du tisseur peu après : "un ami n'atomise pas son ami".
Et Immonen... Si Catherine Ringer kiffe Raymond (Domenech), je kiffe Stuart qui pourrait illustrer le bottin et rendre ça passionnant, palpitant, décapant, indispensable quoi !
C'est bientôt la fin : profitons-en - c'est pas souvent qu'une paire d'artistes comme ça procure autant de plaisir aux fans !
DARK REIGN 1 :

Panini lance sa nouvelle revue consacrée aux conséquences du crossover Secret Invasion avec cette accroche "découvrez le côté obscur de l'univers Marvel" (côté obscur quand même effectif depuis Civil War...). Et ce premier numéro a de quoi dérouter quand on détaille son sommaire : un one-shot de 30 pages, le premier épisode des Dark Avengers, et 4 (!) prologues de mini-séries (dont on ignore quand et où elles seront publiées - probablement dans des HS coûteux...).


*


- Dark Reign : Sinistre alliance. Ce one-shot, écrit par l'équipe qui a fait ses preuves sur Daredevil (avant Brubaker et Lark), soit Brian Michael Bendis et Alex Maleev, est déjà une curiosité.

Nous y assistons à la première réunion de "la Cabale", la version des Illuminati formée par Norman Osborn, devenu le nouveau super-flic des Etats-Unis, et composée d'une sacrée brochettes de vilains : Dr Fatalis, The Hood, Namor, Emma Frost et Loki. Rien que ça !
En échange de leur collaboration, Osborn promet de leur donner/restituer des privilèges divers, tout en les menaçant de les mettre au pas s'ils essaient de le doubler avec l'aide d'un mystérieux complice (dont on ne verra que la silhouette par une porte entrabâillée...).

L'identité de ce complice, suffisamment impressionnant pour clouer le bec à des cadors du crime, est d'ailleurs l'élément le plus excitant de ce très long chapitre, quoique fort bien dialogué, évoquant la réussite de New Avengers : Illuminati 1 - sans l'égaler. Qui Osborn a-t-il convaincu d'être à ses côtés pour raisonner un dieu comme Loki ? Et comment ? Voilà ce quoi alimenter quelques pronostics ? Méphisto ? Thanos ? Bendis se garde bien de répondre ou de suggérer un nom.


Graphiquement, la déception est énorme tant Maleev est méconnaissable : il suffit de comparer la manière dont il dessine Namor ici et dans NA : Illuminati 1 pour saisir l'écart entre les deux productions. Les couleurs de Dean White sont une horreur. Edifiant.

Un début moyen donc : certainement pas de quoi mériter 30 pages.

*


- Les Vengeurs Noirs 1 : Le règne du mal. Le niveau remonte sensiblement avec le premier chapitre de cette nouvelle série, pâtissant pourtant d'un titre français passablement ridicule (garder l'intitulé original aurait été plus judicieux, et aussi compréhensible).


Le pitch est classique mais c'est un exercice dans lequel excelle Bendis : on assiste au recrutement de l'équipe, celui de Vengeurs tel que voulu par Osborn. Une composition "hardcore", mélant anciens Thunderbolts (Bullseye, Moonstone, Venom), Puissants Vengeurs (Arès, Sentry) et électrons libres (Daken, le fils de Wolverine, Noh-Varr, le guerrier kree). La perversité du stratagème d'Osborn tient à leur faire endosser l'identité et le costume d'authentiques héros (Hawkeye, Ms Marvel, Spider-Man, Captain Marvel), lui-même devenant une synthèse de Captain America et Iron Man : Iron Patriot.

Mike Deodato illustre ça avec son style puissant, outrancier, sublimé par un usage de la lumière fantastique et la colo de Rain Breredo (son complice sur le run d'Ellis sur les Thunderbolts). C'est un régal et la série promet beaucoup.

*

- Suivent donc quatre prologues consacrés aux Secret Warriors (par Bendis, Jonathan Hickman et Stefano Caselli, assez quelconque pour l'instant), Agents d'Atlas (par Jeff Parker et Carlos Pagulayan - hélas ! toujours pas promis à l'édition par Panini), War Machine (qu'il faut mieux vite oublier tant c'est nullement écrit et dessiné) et Ronin et Mockingbird (New Avengers : the reunion, par Jim McCann et David Lopez, prévu pour un DR HS bientôt - excellente nouvelle, même s'il faudra débourser 5, 40 E pour la lire...).


Le mois prochain, les Secret Warriors et les Thunderbolts, par Andy Diggle et Roberto De La Torre, prendront leur quartier dans la revue. Quid du 4ème titre ? Certainement une suite de minis, mais jusqu'à quand ? Le procédé est curieux et, à mon avis, plutôt stupide, vu le nombre de productions Marvel pouvant être traduites (en premier lieu Agents of Atlas...).

*

Bref, un fourre-tout maladroit qui a de quoi surprendre pour inaugurer une nouvelle parution.

X-MEN 153 :



- X-Men 504-507 : Mal d'amour (1-4). Voilà un bail que je n'avais pas lu une revue estampillée "X", que ce soit X-Men (que j'ai abandonné après la - trop - longue saga Deadly genesis/Rise and fall of the Shi'ar empire) ou Astonishing X-Men (dont je me suis procuré les épisodes de Whedon-Cassaday en tpb). Mais en voyant que ce mois-ci était proposée une histoire complète, qui plus est illustrée par Terry Dodson, je me suis offert cet extra.

Mal d'amour (Lovelorn) est un story-arc en quatre parties, où sont développées deux intrigues parallèles.

- Dans la première, Colossus tente de surmonter sa dépression (consécutive aux disparitions de sa soeur et de Kitty Pryde) en affrontant un gangster russe croisé il y a fort longtemps.
- Dans la seconde, le Fauve recrute un groupe de scientifiques qu'il baptise le "X Club" pour tenter de sauver la race mutante.

Ces deux récits développent des idées intéressantes en se concentrant sur des personnages moins convenus que l'omniprésent Wolverine : il s'agit de poursuivre sur la lancée du dénouement et des conséquences du Jour-M (lorsque la Sorcière Ecarlate priva nombre de mutants de leurs pouvoirs et du fait que depuis seul un nourrison mutant soit né) et de se pencher sur le cas de Colossus, brisé sentimentalement depuis la fin des épisodes d'Astonishing X-men de Whedon (Kitty Pryde y était prisonnière d'un projectile géant à la dérive dans l'espace).

Bien qu'entraînante, l'histoire avec Colossus est plus faible : elle souffre d'avoir un méchant mal défini, exploitant mal le lien qui l'unit au passé de Piotr Raspoutine, et les faisant se rencontrer grâce une coïncidence trop énorme.
Mais, en même temps, dans cette partie de l'intrigue, on assiste à un segment subalterne plus amusant où Emma Frost (qui est un peu l'opposé de Colossus sur le plan moral : une ex(?)-garce repentie par rapport à un authentique "good guy) doit faire face à la défiance de Cyclope. Cela aboutit à une longue séquence, à la fois drôle et trooublante, où elle explore la psyché de son amant et croise toutes les femmes qu'il a pu connaître avant de découvrir sa "boîte noire" - le lieu secret de ses secrets les plus intimes. Un peu de psychanalyse dans un comic-book, c'est toujours distrayant quand c'est subtilement, comme ici, abordé...
Néanmoins, le parallèle entre le bon samaritain venu de la lointaine campagne russe et cette comploteuse sophistiquée est savoureux.

En revanche, l'histoire avec le X-Club est une vraie réussite. Deux des X-Men des origines, le Fauve et Angel, à la recherche de savants peu fiables pour réfléchir à la survie de l'espèce mutante, voilà qui ne manque pas de sel. D'autant qu'ils convainquent des personnages inatendus et peu usités : par exemple ce héros issu du "golden age", le Dr Nemesis, ou Madison Jeffries apparu dans La Division Alpha, ou Yuriko Takiguchi en provenance d'une obscure série des 70's (Godzilla).
Le périple pour composer cette unité conduit Hank McCoy et Warren Worthington en Amérique du Sud puis au Canada puis au large du Japon : au moins, c'est dépaysant !

J'avoue n'avoir jamais accordé beaucoup de crédit au scénariste de ce story-arc, Matt Fraction (en dehors de sa collaboration très aboutie avec Ed Brubaker sur Immortal Iron Fist) : je vais devoir reconsidérer son cas car il fournit un excellent boulot, d'une remarquable densité et d'une belle souplesse. Il parvient à mener ses intrigues sans perdre le lecteur en route, en ménageant des scènes d'action très efficaces et spectaculaires, avec des dialogues sobres mais parfaits. En quatre épisodes, il construit un récit prenant, sans temps mort, extrèmement agréable.

En prime, comme je le disais en ouverture, la chance a voulu que ces quatre épisodes soient illustrés par le trop rare Terry Dodson (au lieu de l'infâme Greg Land). Son trait rond et souple, à la fois voluptueux et élégant, merveilleusement encré par son épouse Rachel et mis en couleur par Justin Ponsor, est un régal pour les yeux. La fluidité de son découpage ajoute encore au plaisir de la lecture, à la limpidité de la narration.

Alors bien sûr, le prologue et l'épilogue (qui voit la réapparition d'un célèbre ennemi des mutants) sont frustrants pour celui qui, comme moi, ne poursuivra pas l'expérience, Dodson ne restant pas. Et si on veut pinailler, on sent bien que cette histoire a vraiment été conçue pour l'édition en recueil.
Mais on ne peut que remercier les auteurs d'avoir si bien fait leur job et Panini d'avoir eu la bonne idée de nous vendre ceci en une seule revue : ça m'a fait plaisir de retrouver ces chers mutants, par qui j'ai découvert et aimé les comics super-héroïques quand j'étais gamin...

MARVEL ICONS 54 :
- Les Nouveaux Vengeurs 48 : L'arrangement. Cet épisode se déroule immédiatement après la grande bataille qui a opposé les surhommes aux Skrulls à New York, donc il faut avoir lu Secret Invasion pour en comprendre le contexte.

Les Nouveaux Vengeurs se réunissent, à l'invitation de Bucky/Captain America, dans le QG de ce dernier : l'occasion pour Hawkeye de présenter Mockingbird à l'équipe et pour Wolverine d'inviter Spider-Woman à revenir parmi eux. Iron Fist annonce qu'il doit se retirer pour s'occuper de son entreprise, mise à mal par le conflit qui vient de se dérouler.
Sur ces entrefaîtes débarquent Ms Marvel, Jessica Jones et Luke Cage dont le bébé a disparu, enlevé par le Skrull Jarvis. Avec l'aide des FF, le groupe va traquer l'alien pour récupérer le bambin...

Brian Bendis écrit un très bon épisode, nerveux et poignant, où l'équipe, à peine remise des évènements récents, doit affronter un nouveau drame : on n'a aucun mal à éprouver la détresse de Cage et sa femme ni la motivation des troupes pour retrouver le bébé. C'est efficace, rythmé, et le dénouement laisse entrevoir de belles promesses.

Billy Tan signe des planches parfois un peu inabouties mais son découpage est entraînant : il fait le boulot, sans génie mais avec énergie. Dommage que l'encrage de Matt Banning (tendance Danny Miki) soit un peu chargé.

J'ai bien aimé.

*



- Iron Man 8 : Dans la ligne de mire (1) - Démolition. Là aussi, il est question des conséquences immédiates de Secret Invasion.

Matt Fraction met en scène le renvoi de Tony Stark du SHIELD, remplacé par Norman Osborn et le HAMMER. Tête de Fer s'en va, sans livrer ses secrets à son successeur...

Le scénario est plutôt plaisant, même si les scènes les plus intéressantes sont celles où Stark et Osborn puis Stark, Maria Hill et Pepper sont ensembles - ce qui fait peu quand même.

L'illustration est toujours d'une laideur absolue : Larroca s'amuse à calquer des expressions de l'acteur Josh Holloway (Lost) pour Stark - c'est vraiment pathétique.

- Captain America (vol. 5) 44 : La flêche du temps (2). Ed Brubaker continue d'explorer le tumultueux passé de Bucky Barnes en relation avec l'affaire qui le préoccupe aujourd'hui.

Que veut Batroc ? Et quels sont ses complices et commanditaire ? Tout cela remonterait à une mission en Chine à la fin des années 60 et tandis que Captain America bataille sec contre le mercenaire français, la Veuve Noire enquête de son côté...

Palpitant comme toujours, cet épisode prouve une fois de plus le brio magistral de son scénariste, capable de sonder la mythologie de son héros sans larguer le lecteur qui n'en saurait pas autant que lui : on est captivé, intrigué - une leçon d'écriture !

Luke Ross poursuit son interim avec talent : son style élégant et percutant à la fois convient parfaitement au titre, qui a toujours bénéficié de grands dessinateurs - un exemple de cohérence graphique !

Bravo !

- Fantastic Four 562 : Requiem. Mark Millar nous convie aux funérailles de la Femme Invisible - celle qui menait les New Defenders et qu'a sauvagement supprimé Fatalis.

Cet épisode ouvre de nouvelles pistes sans délaisser celles qui ont déjà été lancées : Ben Grimm fait sa demande en mariage, Red se pâme devant le génie de sa fille... Et Fatalis assure qu'il ne restera pas longtemps derrière les barreaux tandis que Nu-Earth est menacée.

Le scénariste écossais joue sa partition à la perfection, sur un faux rythme : en apparence, il ne se passe pas grand'chose, mais en vérité de nouveaux dangers s'annoncent. C'est un régal, dès la première réplique : "Merci d'être venus à mes funérailles".

Bryan Hitch, désormais encré par Cam Smith et Andrew Currie, signent des planches bluffantes, quoiqu'un peu gâchées par la colo inégale de Paul Mounts (peu inspiré depuis le début du run).

Glop, glop !

*


Bilan : un très bon numéro !


WOLVERINE 189 :

- Wolverine 72 : Old Man Logan (7). Avant-dernière étape de la saga... Et un nouveau sommet pour ce qui restera comme une des meilleures productions Marvel de ces dernières années.

Logan et Hawkeye avaient, dans l'épisode précédent, livré leur mystérieuse marchandise à leur client : il s'agissait de plusieurs échantillons du sérum du super-soldat remis à un agent du SHIELD... Désormais à la solde du président des Etats-Unis : Crâne Rouge !
Exécutés par leur commanditaire, nos deux héros sont conduits à la Maison-Blanche où le Red Skull admire ses trophées. Mais Logan a survécu et riposte violemment puis retourne chez lui pour payer la famille Hulk.
Là-bas, une terrible découverte l'attend, qui va marquer le retour de Wolverine...

Quelle claque encore ! Mark Millar réussit à nous livrer un nouveau chapitre ébouriffant, traversé d'images époustouflantes signées d'un Steve McNiven au sommet de son art (certes, il aura mis le temps mais bon sang, quelles pages !).
Relié à d'autres oeuvres du scénariste, comme Wanted, 1985 ou Ultimates, Old Man Logan souligne les obsessions de Millar : il est troublant de constater à quel point le thème du Mal triomphant, de la domination des super-vilains est récurrent.

Traîtée ici de manière plus décompressée et référencée au western et au récit d'aventures, l'histoire acquiert une ampleur d'une force accrue par le brio exceptionnel du dessin. Peu d'auteur finalement impose aussi franchement un univers tout en s'emparant des icônes d'une maison d'édition.

Hélas ! Le retard pris par la série va nous forcer à attendre Janvier pour lire en vf le dernier acte de cette épopée - mais ce sera un épisode plus long et qui s'annonce déjà comme apocalyptique.

*

- Wolverine : Origins 31 - Affaire de famille. Daniel Way poursuit, lui aussi, son bonhomme de chemin avec le périple du mutant griffu et de son fils aux trousses de leur vieil ennemi, Romulus.
Wolverine et Daken débarquent en Afrique au milieu d'une guerre ethnique et rencontrent le massif Cyber, également sur la piste de Romulus. Vont-ils s'allier ? Rien n'est moins sûr - mais l'épisode du mois s'achève sur un cliffhanger aussi saignant qu'intriguant...

Ce récit suggère des développements intéressants : le tandem père-fils Wolvie-Daken, uni pour faire la peau de l'individu qui les a manipulés depuis longtemps mais ne se faisant aucune confiance, donne un suspense assez habile. Le rythme est plutôt enlevé, la lecture agrèable - même si dénué de nuances.

Après le passage de Mike Deodato, c'est le canadien Yanick Paquette (Terra Obscura) qui illustre cet arc : son trait vif, proche de la caricature, convient bien au titre et à son héros. Le découpage très simple et direct participe beaucoup au plaisir de la lecture. J'ai apprécié de retrouver cet artiste que j'avais perdu de vue depuis sa collaboration avec Alan Moore, même si le résultat est plus impersonnel.

Suite au prochain numéro - quoique je ne sois pas sûr de racheter cette revue avant Janvier pour la conclusion d'Old Man Logan.