mercredi 30 mai 2012

Critique 328 : WHO IS JAKE ELLIS ? de Nathan Edmondson et Tonci Zonjic

Who Is Jake Ellis ? est une mini-série en 5 épisodes, écrite par Nathan Edmondson et dessinée par Tonci Zonjic, publiée en 2011 par Image Comics.
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Jon Moore était analyste pour la CIA avant de servir de cobaye (involontaire) à un mystérieux laboratoire dont il s'est échappé il y a quatre ans. Depuis, il est en cavale et vit d'escroqueries diverses. Lorsqu'il est dans de sales draps, il peut compter sur Jake Ellis. Mais qui est Jake Ellis ? Un fantôme ? Un ange gardien ? Une voix dans la tête de Jon Moore ? Jon Moore est-il donc fou ? Ou Jake Ellis est-il un être à part entière que seul lui peut voir et entendre ?
Lorsque de curieux poursuivants le traquent pour le ramener à ce laboratoire, Jon Moore est convaincu par Jake Ellis de cesser de fuir et de chercher à connaître enfin la vérité sur ceux qui ont pratiqué des expériences sur lui et leurs objectifs.
Ce périple va le mener d'Europe en Afrique du Nord, jusqu'à une vérité dérangeante et totalement inattendue...
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Le titre ne ment pas et constitue effectivement le programme de cette intrigue : qui est vraiment Jake Ellis et pourquoi n'apparaît-il qu'à Jon Moore ? La réponse qu'apporte le scénario est si surprenante et efficacement amenée que ce serait un crime de la dévoiler ici, mais c'est incontestablement une des meilleures histoires conspirationnistes que la bande dessinée américaine a offerte récemment.
Tous les ingrédients sont là pour accrocher le lecteur et ne plus le lâcher, autant de clichés subtilement employés et aboutissant à un dénouement renversant : comment Jon Moore, fonctionnaire ordinaire de la CIA, est devenu un mercenaire de haut vol et quelle est la nature de sa relation avec Jake Ellis, qui semble tout connaître des méthodes de ceux qui sont à leurs trousses, quelle sombre organisation para-gouvernementale se cache derrière cette traque, quelle issue aura cette course-poursuite, tout cela est redoutablement prenant.
La sensation oppressante du fugitif qu'est devenu Jon Moore est parfaitement retranscrite : il doit à la fois résoudre l'énigme à l'origine de son "partenariat" avec Jake Ellis et survivre à plusieurs porte-flingues en traversant la France, l'Espagne, le Maroc, sans savoir si on veut l'abattre ou l'attraper vivant.
Le lecteur n'a pas plus le temps de souffler que le héros : Who is Jake Ellis? se déroule comme un film d'action non-stop sur un tempo infernal que Nathan Edmondson (retenez bien son nom, cet auteur est désormais à suivre de très près, une future vedette ou alors je n'y comprends plus rien) imprime à ces cinq épisodes construits sans aucune faille. Ses dialogues sont concis, sans fioritures, il soigne ses ambiances, ses personnages possèdent une force d'attraction peu commune.
Si vous êtes attentifs, vous remarquerez même qu'Edmondson adresse quelques clins d'oeil à plusieurs scénaristes à la fin du chapitre 4 (et même avant puisqu'en appelant ses héros Moore et Ellis, ça rappelle forcèment quelques illustres auteurs...).
Un sans-faute remarquable.
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Mais si j'ai adoré Who is Jake Ellis? pour sa manière de me manipuler si intelligemment et l'expertise avec laquelle il mêle le récit d'espionnage et le fantastique, l'autre élément qui m'a conquis réside dans sa partie graphique assurée par le croate Tonci Zonjic.
Et là, je dis : "Respect." Je dis : "Chapeau l'artiste".
La preuve par l'image avec ce qui est une des meilleures séquences d'ouverture que j'ai lue : les six premières pages du premier épisode.





Non seulement, c'est brillamment découpé (l'enchaînement des plans, l'angle des prises de vue, la composition des images, le jeu sur les lumières : tout y est), mais surtout c'est réalisé avec intelligence, avec justesse. Jon Moore est en fâcheuse posture suite à un deal foireux et réussit à échapper à ses clients mécontents. Mais on a deviné que ses réflexes dissimulaient quelque chose d'extraordinaire. Alors Edmondson a cette idée ingénieuse mais terriblement casse-gueule pour l'artiste d'effectuer un "rewind", un retour en arrière de quelques secondes où il nous révèle l'atout secret de son héros, la présence spectrale et les conseils avisés de Jake Ellis. Zonjic arrive à "rejouer" la scène en en gardant les motifs essentiels mais surtout en modifiant légèrement quelques plans de manière à ne pas grossièrement user d'un effet "copier-coller" sur lequel il aurait ajouté Jake Ellis et des phylactères supplémentaires. Résultat : la séquence entière parvient à donner l'impression d'être similaire sans être identique et à fournir au lecteur juste les pièces qui manquaient à sa compréhension tout en posant rapidement le statut spécial du héros.
Formidable !
Pour fréquenter régulièrement le site de Tonci Zonjic, j'ai pu apprécier l'étendue de son art, et reconnaître ses influences, dont la plus évidente est celle d'Alex Toth (le lien vers http://www.tothfans.com/ est d'ailleurs visible sur sa page). Et il a incontestablement bien étudié le maître avec qui il partage un trait à la fois précis et économe. Son sens du storytelling et de l'animation des personnages est épatant. Auparavant, Zonjic s'était fait remarquer comme fill-in artist sur Immortal Iron Fist ou grâce à des mini-séries comme Marvel Divas ou Heralds, des histoires avec des super-héros mis en scène dans des activités banales. Mais avec Who is Jake Ellis ?, il a trouvé un matériau où ses qualités sont bien mieux exploités.
Un autre exemple ? Voyez cette page au cadrage simple mais étonnamment percutant : 

Zonjic est vraiment à son meilleur lorsqu'il dessine des gens réels (il est par ailleurs un portraitiste talentueux, au style beaucoup plus réaliste pour des journaux de presse quotidienne) dans des situations où ils sont confrontés à des dangers réels.
Son autre particularité tient à sa polyvalence puisqu'il s'occupe réellement de toute la partie visuelle de la série, du dessin à l'encrage jusqu'au lettrage et à la colorisation. Sur ce dernier point, il soigne avec une palette réduite des atmosphères fortes, n'hésitant pas à aligner quelques planches avec des à-plats vifs pour une séquence tout aussi saisissante :
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La fin du livre laisse un double sentiment : elle offre une conclusion qui suggère que l'histoire est vraiment terminée, mais en même temps tout reste ouvert et l'indication qu'il s'agit d'un "volume 1" peut signifier qu'une suite est envisageable (même si le scénariste n'a rien précisé à ce sujet).
Quoiqu'il en soit, Who is Jake Ellis ? est une oeuvre parfaitement aboutie, excellemment écrite et superbement illustrée, à la fois divertissante et troublante : un vrai coup de coeur.

dimanche 27 mai 2012

LUMIERE SUR... GERALD PAREL


Gérald Parel
Black Widow

Black Bolt

Abbey Chase (Danger Girl)

Babydoll (Sucker Punch)

Sydney Savage (Danger Girl)

Death kisses Power Girl

Dr Strange

Flash

Comtessa Valentina Allegra di Fontaine
& Nick Fury

Nick Fury

Ramona Flowers (Scott Pilgrim)

Spider-Man & Black Cat lovers in Paris

Storm

Thor

Valkyrie

Wonder Woman

Zatanna
Captain America 605

Captain America 619 
(70 th anniversary variant cover "I am Captain America")

Iron Man 24

Marvel Illustrated : The Last of The Mohicans

Marvel Illustrated : The Portrait of Dorian Gray

Naissance en 1975 à Paris, France.
Dessinateur, cover-artist, peintre.
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Le site de l'artiste : http://www.geraldparel.com/

samedi 26 mai 2012

Critiques 327 : REVUES VF JUIN 2012

Urban Comics lance ses nouvelles revues en cette fin Mai. Cependant, il me paraît plus logique de les compter pour le mois de Juin en raison de leur date de sortie tardive et pour les distinguer des précédentes publications de leur éditeur.

DC Saga 1 :

D'abord, un petit rappel des faits. En Septembre 2011, DC lance 52 titres au #1 à la suite de la saga Flashpoint. Les origines de certains personnages sont reformulées, la compositions des équipes redéfinies mais tous les titres ne sont pas également affectés dans ce reboot/relaunch décidé d'abord pour à la fois attirer de nouveaux lecteurs et réveiller les habitués. L'opération est un globalement un succès, DC dépassant les ventes de Marvel.
Depuis, le vent a un peu tourné : plusieurs séries ont été annulées, faute de résultats probants ; d'autres les ont remplacées (jusqu'à quand ?) - pour maintenir le nombre de 52 titres (en référence à la maxi-série hebdomadaire qui fut saluée par la critique et le public après la saga Infinite Crisis).
Artistiquement, cette révolution a aussi été l'occasion d'installer des scénaristes et dessinateurs différents sur plusieurs projets, tout en confiant les "locomotives" à des équipes créatives aguerries.
Depuis Janvier, c'est Dargaud qui possède les droits de DC pour la France et qui a créé pour la peine le label Urban Comics. En cette fin Mai, l'éditeur propose trois revues et une douzaine de séries en kiosque ("DC Saga", "Batman Saga" et "Green Lantern Saga"), tout en continuant la diffusion de plusieurs albums en librairie (des rééditions mais aussi des recueils de séries emblématiques, y compris provenant du catalogue Vertigo, la collection "adulte" de DC).
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- Justice League (# 1 : Première partie) n'avait rien pour me plaire (un dessin dont le style me séduit peu, un scénariste qui a perdu ma confiance)... Et pourtant, c'est agrèable à lire.
La narration est paradoxale : à la fois décompressée mais en même temps énergique, grâce à des scènes spectaculaires. La caractérisation est sommaire (Green Lantern tête à claques, Batman plus ombrageux que jamais) mais l'ensemble est plaisant - souhaitons tout de même que cela s'affine progressivement. Les dialogues sont assez enlevés mais il manque toujours à Geoff Johns ce je-ne-sais-quoi qui rendrait ses échanges mémorables.


Au dessin, Jim Lee découpe tout ça sans aucune subtilité, les personnages ont une expressivité et des physionomies extrèmement limitées, mais le bonhomme fait le boulot. Il est évident que son sens du spectacle, de l'image-choc, sert le projet (offrir une version immédiatement attrayante de la Justice League). On ne peut s'empêcher d'imaginer ce qu'un vrai bon dessinateur pourrait tirer d'un tel matériau.

Pas très fin donc, mais tonique.
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- Superman (#1 : Le prix à payer) est un lamentable échec. Le scénario de George Pérez ambitionne de communiquer un maximum d'informations sur les personnages, leurs relations, leurs situations, tout en procurant sa dose d'action au lecteur. ce n'est hélas ! pas abouti, faute de rythme. Oui, tout ça manque d'entrain, de "sense of wonder". Les dialogues sont plats. C'est misérable, comme l'ennemi qu'affronte le héros.

Les dessins sont au diapason : les styles de Pérez et Jesus Merino se marient affreusement mal, les personnages sont laids (mention spéciale à Clark Kent et ses grotesques lunettes rondes trop grandes), peu expressifs, leur gestuelle est empruntée. Les couleurs sont également peu avenantes.

Un échec.
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- Flash (#1 : Flash du passé) est par contre une vraie perle : Francis Manapul va vite, sait nous intriguer, il y a quelque chose d'irrésistiblement rafraîchissant là-dedans. Le cliffhanger offre un rebondissement vraiment surprenant. Cette série possède du pep's.

Les dessins de Manapul confirment que, selon une formule convenue, ce type est né pour animer ce personnage. La mise en couleurs de Brian Buccellato valorise parfaitement son trait vif, flirtant avec le "cartoony", avec de belles trouvailles dans le découpage (superbe splash-page de l'appartement de Barry en plongée, avec des zooms sur quelques éléments-clés).

Sans l'égaler, on est proche du charme qu'offre le Daredevil de Waid et Rivera/Martin.
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- Supergirl (#1 : La dernière fille de Krypton) était la série dont j'attendais le moins, mais j'ai été conquis par ce premier chapitre. Certes le script de Michael Green et Mike Johnson est minimal, on comprend qu'il s'agit juste d'une introduction, et la prime à l'action empêche de développer la psychologie. Mais c'est prometteur.

Mahmud Asrar produit des planches enthousiasmantes, où je n'ai pu m'empêcher de voir une influence "Immonen-ienne" : il y a du punch dans ces images, de beaux enchaînements, des compositions assurées. On voit là un artiste qui sait raconter (le peu) qu'il a avec une belle adresse.

Une (petite) révèlation.
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La revue aurait gagné à avoir une vraie galerie de couvertures et un prix moindre. Mais ça donne envie de continuer.
 Batman Saga 1 :

- Batman (#1: D'une cible à l'autre) : l'ambiance est très sombre d'entrée de jeu. Visiblement, cette série s'inscrit dans un présent proche puisqu'on voit que Batman collabore étroitement avec la police (Jim Gordon et Harvey Bullock) - alors que dans Justice League, il est hors-la-loi. Scott Snyder imprime un ryhtme soutenu à l'épisode, avec une ouverture mémorable dans l'asile d'Arkham et une belle baston. Les dialogues sont vifs. C'est captivant.

Greg Capullo m'évoque un peu Chris Bachalo, mais avec un trait plus maîtrisé, des compositions moins baroques. Son style est proche du cartoon, ce qui est étonnant, mais un cartoon glauque, et avec un découpage très dynamique.

La série-phare de la revue tient son rang.
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- Detective Comics (#1 : Le taxidermiste) replace le personnage dans le passé, puisque sa situation avec les autorités correspond à celle entrevue dans Justice League. J'aurai apprécié que Tony Daniel et DC fassent un effort pour situer plus clairement la chronologie des séries, mais ce n'est pas insurmontable... Le Joker est dans les parages, on pourrait croire à du classique... Jusqu'à cette ultime page, vraiment glaçante.

Au dessin, le même Daniel produit des planches très accrocheuses, malheureusement un peu gâchées par une colorisation indigne.

Ce n'est pas renversant, mais tout de même assez prenant.
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- Batman & Robin (#1 : Né pour tuer) est ma série préférée de la revue, celle qui est vraiment la plus aboutie à tous les niveaux. Peter Tomasi ne perd pas de temps pour planter la situation (qu'il s'agisse de la relation père-fils, Batman-Robin, de leur mission, de l'ennemi qui se prépare à les défier), les dialogues sont énergiques, et en même temps il réussit à placer une scène étonnamment calme et habile pour expliquer la nouvelle philosophie de Batman vis-à-vis de la mort de ses parents. C'est très fort.

Patrick Gleason est également bluffant pour les dessins : l'encrage de Mick Gray est fantastique et valorise chaque plan, composé avec une minutie et un sens de la composition épatants.

Un régal.
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- Batgirl (#1 : Fracassé) est la déception de la revue. Je n'aimais déjà pas l'idée de redonner à Barbara Gordon sa mobilité et sa double identité de Batgirl (situation établie depuis le chef-d'oeuvre d'Alan Moore et Brian Bolland, The Killing Joke), mais Gail Simone échoue totalement à rendre ce retour attrayant, intriguant. L'histoire elle-même n'a rien d'intéressant avec son tueur de malfrats, et certaines scènes sont simplement ridicules (la moto dans l'hosto). Il aurait été de bon ton d'aller dans une direction peut-être plus légère, à la fois pour l'originalité du projet et pour la diversité de la gamme des "bat-titles".

Ardian Syaf ne sauve pas les meubles avec des dessins surchargés, à l'encrage lourd. Par ailleurs, le costume redesigné de Batgirl est un des plus moches qui soit.
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2 pépites (Batman et Batman & Robin), 1 ratage (Batgirl), et un titre efficace (Detective comics) : ça fait un bon bilan.
 Avengers 6 :

Thor (#7 : Fear Itself, au commencement...) ouvre le programme avec un épisode qui est un cas typique de "retcon" (continuite rétroactive) : Matt Fraction a dû se rendre compte qu'il fallit quand bien expliquer d'où sortait le Serpent, le grand méchant de Fear Itself, et se fend donc d'une explication sur le contentieux entre lui et Odin, remontant à la mort de leur père, Bor. On apprend aussi comment Odin a perdu son oeil droit... La boucle est bouclée, assez habilement il faut le reconnaître, et désormais la chronologie de la série est raccord avec la fin de l'event (les six épisodes précédents se déroulant avant Fear Itself).

Au dessin, Pasqual Ferry remplace Olivier Coipel et livre de superbes planches, que ne viennent pas gâcher la colorisation pourtant assez chargée de Frank D'Armata. L'espagnol devait remplacer le français pour l'arc suivant, mais ne vous enthousiasmez pas trop vite car il n'a (encore une fois) pas tenu les délais (c'est son compatriote Pepe Larraz qui le supplée).

La série, quant à elle, va quitter cette revue pour rejoindre celle de la revue "Thor" en Juillet (avec Loki, Avengers Academy et Defenders). Mais je m'en tiendrai là pour ma part.
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Captain America (#5 : Rêveurs américains) arrive à la conclusion de son premier arc : le dénouement est plutôt convenu dans cet affrontement entre Bravo et le Captain dans le monde de Nulle Part de Jimmy Jupiter. Ed Brubaker a, apparemment, surtout pris soin d'installer ce nouvel ennemi avec un plan à long terme puisque le Baron Zemo et l'Hydra sont désormais alliés et Steve Rogers en proie à de troublants cauchemars. C'est intriguant : on verra si le scénariste continue à exploiter ce nouveau registre, davantage orienté vers l'action et le fantastique...

Steve McNiven, qui a accumulé un retard considérable, ne signe que 15 planches de cette épisode (les 6 autres étant dûes à Guiseppe Camuncoli : le contraste est violent, l'italien étant particulièrement médiocre) : c'est assez décevant mais récurrent avec cet artiste qui, visiblement, ne peut pas tenir une cadence mensuel.
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Enfin, Panini a choisi d'augmenter légèrement sa pagination pour ce numéro en proposant les trois derniers épisodes de la mini-série Les Jeunes Vengeurs (#7-8-9 : La croisade des enfants), qui vient tout juste de temriner sa publication Outre-Atlantique. Pour moi, c'est surtout la fin d'une (trop) longue saga très ennuyeuse.

Ce dénouement ne fait que confirmer tout le mal que je pense du travail d'Allan Heinberg qui a laborieusement et éhontèment détricoté une large part de ce qu'a écrit Brian Bendis entre Avengers Disassembled et House of M. Le résultat est un salmigondis d'une mièvrerie ahurissante, abusant de grosses ficelles mélodramatiques, surpeuplé de personnages réduits à l'état de figurants ou de parfaits crétins - le pire étant les Jeunes Vengeurs eux-mêmes ! Et le sort réservé au Dr Fatalis, passant du Deus Ex Machina au dindon de la farce (à quand Marvel cessera-t-il de maltraiter ce méchant historique ?), est pathétique. Quelle purge !

Jim Cheung a mis six mois pour dessiner ces trois derniers chapitres sans qu'on voit jamais ce qui a pu lui prendre autant de temps : les personnages se ressemblent tous, sont inexpressifs et rigides au possible, le découpage est paresseux... Un artiste complètement surcôté.
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Bon, tout ça n'est pas terrible : voilà une revue qui gagnera immanquablement à être reprogrammée (avec au sommaire : Avengers, Captain America, Captain America & Hawkeye, Avengers Assemble - en Septembre pour cette dernière) et relaunchée... 

 Marvel Heroes 17 :

Ce dernier numéro (avant le relaunch et le déménagement des Vengeurs dans la revue "Avengers") est un excellent cru.

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Avengers (#19 : Nouvelle donne) d'abord réserve d'excellents moments : Captain America compose une nouvelle équipe et il y a quelques surprises intéressantes. D'une façon amusante (soulignée par des dialogues toujours aussi jubilatoires), on a l'impression de revivre la formation d'un gouvernement, avec des consultations, des nominations inattendues, les médias en ébullition... Brian Bendis est en grande forme.

Et les planches de Daniel Acuña sont un vrai bonheur : ses personnages, en particulier, ont une expressivité très juste, il tient bien ce casting et son découpage propose des effets intéressants (comme lors de la séquence avec Black Panther par exemple).

La chute annonce une suite prometteuse - c'est vraiment dommage que Panini n'ait pas réuni les Vengeurs et les Nouveaux Vengeurs dans la même future revue ("Avengers"), car leus intrigues actuelles sont intimement liées...
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L'Académie des Vengeurs propose en fait les cinq mini-chapitres de la série Avengers solo, soit 25 pages non pas écrites par Christos Gage mais par l'excellent Jim McCann (Hawkeye & Mockingbird) qui entraîne Pym, Finesse et Foudre dans une histoire qui ne révèle sa vraie nature qu'à la toute fin... En fait, McCann est bien meilleur que Gage : le ton est plus naturel, l'action mieux traîtée...

C'est le très bon Clayton Henry qui dessine tout ça (à l'exception des 5 dernières pages qui, contrairement à ce qu'indiquent les crédits du sommaire de Panini, sont l'oeuvre de Tom Grummett - et non Karl Kesel !).
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Enfin, on a droit à deux épisodes de Loki (Journey into mystery #631-632 : Le regard d'une mère - Les chiots de l'enfer) : le premier fait le point sur l'après-"Fear Itself". C'est instructif sans être passionnant. Mais pénible à lire à cause des dessins affreux de Whilce Portacio.
Mais la suite est bien meilleur : c'est Noël à Asgard et Loki reçoit un encombrant cadeau envoyé par Hela depuis l'Enfer... Kieron Gillen raconte ça avec beaucoup d'humour. Et Mitch Breitweiser illustre ça divinement.
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Très bon numéro. Je vais suivre Les Vengeurs dans leur nouvelle revue, en regrettant un peu Loki quand même.
Marvel Icons 17 :

Pour ce dernier numéro avant le relaunch de Panini en Juillet et la publication de la revue "Iron Man" qui en reprendra le sommaire, nous avons donc droit à une triple ration des Nouveaux Vengeurs (#18-20 : Vengeurs Noirs - La Renaissance).
Dans cet arc, commencé avec l'épisode 16.1 et l'évasion de Norman Osborn de la prison du Raft, Brian Bendis organise le retour des Vengeurs Noirs, mais dans une formule largement remaniée (puisqu'il ne reste plus grand'monde de la première version). De plus Osborn s'est allié avec les puissantes organisations criminelles que sont l'Hydra, l'AIM et la Main, pour riposter contre le nouveau système mis en place par Steve Rogers (il est donc utile de lire la série Avengers pour bien apprécier l'ampleur de cette intrigue... Et l'on déplorera que Panini ne réunisse pas les deux séries dans le revue "Avengers").

Le scénariste a concocté un nouveau groupe encore plus radical et étrange que les premiers Dark Avengers, et la narration du premier épisode (le #18) est toute entière consacrée à sa composition. Puis il devient évident qu'un traître se trouve dans les rangs des New Avengers (est-ce vraiment Victoria Hands comme tout semble l'indiquer ? Ou va-t-on avoir droit à une surprise ?). Le 3ème chapitre voit la confrontation entre les deux équipes commencer et le cliffhanger promet beaucoup.
Bref, on ne s'ennuie pas et sachant qu'il reste encore trois épisodes avant la conclusion, cela risque d'être mouvementé.

Au dessin, Mike Deodato livre des planches magnifiques, où il retrouve sa pleine (dé)mesure, comme aux plus belles heures de ses Thunderbolts. Qu'il s'agisse de scènes d'exposition ou de bataille, on en prend plein la vue, avec en prime une colorisation superbe de Rain Breredo. En prime, avec ces épisodes, Deodato devient l'artiste ayant aligné le plus d'épisodes sur le titre (depuis Leinil Yu à l'époque du vol. 1 et des arcs Revolution-The Trust).
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La revue boucle son programme avec un nouveau volet de La Fondation du Futur, mais j'ai renoncé à le lire car ça fait bien longtemps que Jonathan Hickman m'a perdu. C'est, par ailleurs, dessiné, toujours aussi pauvrement, par Barry Kitson, donc, non, merci.
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"Marvel Icons" a vécu : je déplore la décision de Panini de retitrer ses revues au nom des héros du film Avengers, sans compter que pour cette publication la vedette sera Iron Man. Mais, de toute manière, une fois cet arc des New Avengers terminé (en Août ou Septembre), j'arrêterai les frais.

 Fear Itself Hors Série 2 :

C'est un curieux hors-série que publie Panini avec ce numéro découpé en deux parties distinctes.
Dans la première, trois épisodes relatent les conséquences directes de Fear Itself pour la "trinité" Marvel : Captain America, Thor et Iron Man.
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Ed Brubaker ouvre le bal en revenant sur la mort de Bucky (survenue dans Fear Itself #3) : on découvre qu'il n'a pas succombé à ses blessures et que Nick Fury, avec la complicité de la Veuve Noire, a maquillé sa mort pour qu'il ne soit plus poursuivi par les autorités russes (rappelons que Bucky s'était échappé d'un goulag avant d'affronter Sin/Skaadi). Le héros doit sa survie à la formule d'Infinité, qui a permis à Fury d'être toujours en vie depuis les années 40 mais a aussi sauvé récemment Mockingbird (dans New Avengers). Finalement, Steve Rogers est mis dans la confidence...

Il y a un plaisir certain à savoir que Bucky n'a pas péri et va poursuivre ses aventures en reprenant son alias de Soldat de l'Hiver, dans des missions secrètes et une future série (qui paraîtra dans la revue "Marvel Knights" à partir de Septembre en vf). Comme Brubaker s'était concerté avec Fraction, tout cela passe bien et depuis No Escape jusqu'à Prisoner of War en passant par Fear Itself, on a tout compte fait une belle séquence redonnant au personnage sa chance.

Butch Guice s'occupe des dessins avec un brio imparable, dans un registre qui évoque John Buscema, et avec une superbe colorisation de Bettie Breitweiser.
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Les deux épisodes suivants ne sont pas du tout du même calibre : Matt Fraction reprend les commandes puisqu'il s'agit de raconter ce qui arrive à deux héros dont il écrit les aventures. 

Dans un premier temps, nous assistons aux funérailles de Thor. C'est très bavard, avec une voix-off pompeuse au possible (Fraction veut visiblement imiter JMS mais sans y parvenir), et ce n'est pas la surprise qu'il a en réserve (l'apparition d'un nouveau dieu du tonnerre et le fait que tout le monde, sauf Loki, ait subitement oublié l'existence de Thor) qui sauve les meubles.

Par ailleurs, les dessins d'Adam Kubert, qui lui cherche à évoquer Walt Simonson, sont bâclés.

Le pire est à venir avec le segment consacré à Iron Man rendant visite à la Gargouille Grise (qui fut un des Dignes du Serpent), enfermé dans une prison spéciale. Encore plus verbeux, le sort de Paris, ravagé durant l'event, réglé par Odin, est un coup de gomme particulièrement grossier, qui vient appuyer le fait que le scénariste semble avoir conçu Fear Itself comme une entreprise révèlant les ficelles des events.

Bien entendu, c'est Salvador Larroca qui se colle au dessin : sa prestation est égale à celles qu'il commet d'habitude, médiocre.
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Puis la seconde partie de ce HS est une sorte de gigantesque teaser dont le fil rouge est l'intrusion de mystérieux voleurs d'archives dans le sanctuaire lunaire du Gardien Uatu. Cette partie est écrite, de façon inattendue, par Ed Brubaker et dessiné par Javier Pulido (invité à "faire du Ditko" selon la formule de l'auteur, mais il le fait fort bien).

On a donc droit à divers aperçus concernant Nova (par Jeph Loeb et Ed McGuiness, pour un prologue évident au futur event Avengers vs X-Men), L'Ere d'Apocalypse (pour une mini-série de David Lapham et Roberto De La Torre), Lune Froide et Feu du Dragon (deux nouveaux personnages par Fred Van Lente et Salvador Larroca), Dr Strange (annonçant la série Defenders de Fraction et Terry Dodson) et L'Ere d'Ultron (qui devrait être la dernière histoire de Brian Bendis pour la franchise "Avengers", avec Bryan Hitch - de très loin, le plus accrocheur des projets).
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Bref, rien d'indispensable pour le passé récent ni le futur proche de Marvel, mais les perspectives d'AvX, L'Ere d'Ultron et la série Winter Soldier sont alléchantes.
X-Men Classic 2 :

Pour ce 2ème numéro du trimestriel "X-Men Classic", Panini fait effectivement un beau cadeau aux lecteurs : les plus vieux retrouveront une série-culte, les plus jeunes vont découvrir une pépite signée d'un des meilleurs duos artistiques. Il s'agit en effet de la réédition d'Excalibur par Chris Claremont et Alan Davis.

Lancée dans la foulée du crossover Mutant Massacre, où les X-Men étaient décimés (Kitty Pryde et Diablo soignant leurs blessures en Angleterre, chez le Dr Moira McTaggert), cette série une création de Chris Claremont, le scénariste emblématique des mutants, et Alan Davis, dessinateur britannique comme lui.

En Avril 1988, Marvel offre à ce tandem un format prestige et "king-size" pour inaugurer ce titre : le premier épisode de 50 pages, imprimé sur du beau papier, était aussi une sorte de réponse à la Justice League International de DC Comics, sortie un an auparavant (avec le trio Keith Giffen, J.M. DeMatteis et Kevin Maguire aux commandes). Le ton y est plus fantaisiste, voire humoristique, une surprise dans les comics mélodramatiques et fondés sur l'action.

L'épée levée nous entraîne effectivement dans une aventure qui scelle la réunion de Kitty Pryde (qui est constamment intangible), de Diablo (qui ne peut plus se téléporter aussi facilement qu'avant), de Rachel Summers (traquée par Mojo qui en a fait sa favorite dans son monde parallèle), de Captain Britain (pleurant la mort - du moins le croit-il comme ses amis - de sa soeur Psylocke et sombrant dans l'alcoolisme) et de Meggan (la petite amie métamorphe du Captain).
Les ennemis de cette équipe ainsi réunie et dysfonctionnelle sont les Lycaons, de drôles de loups argentés qui peuvent absorber l'énergie vitale des humains et revêtir ensuite leur enveloppe charnelle), déterminés à capturer Rachel. Mais Excalibur doit aussi composer avec Gate-Crasher, missionnée par la majestrix de l'omnivers, Opal Luna Saturnyne, qui en veut aussi à la nouvelle hôtesse du Phénix...
Enfin, dans le troisième épisode, les cinq héros interviennent lors d'une évasion de prisonniers à Wormwood Scrubs, parmi lesquels se trouve le Fléau.

Plusieurs choses sont frappantes près de 25 ans après avec Excalibur : la première, c'est l'énergie qui émane de l'histoire, une bonne humeur, qui est souvent absente des comics de super-héros actuels. Claremont, en feuilletonniste aguerri, ne perd pas son temps pour jeter le lecteur dans ce flot de péripéties tout en proposant des séquences farfelues, avec une galerie de personnages étranges, inquiétants ou décalés, sinistres ou drôles. Il y a une vie, un dynamisme irrésistible dans le scénario, les protagonistes, l'ambiance, qui procurent un intense et revigorant plaisir.
Ensuite, il y a cette touche typiquement "british", une espèce de distance avec le folklore des super-héros, les conventions du genre : Excalibur est un petit groupe (juste cinq membres) qui apprend à agir ensemble sur le tas, qui se réunit par nécessité (pour se consoler de pertes dans leur entourage, pour trouver un nouveau sens à leur vie, pour perpétuer l'héritage du Pr Xavier...), mais qui, fatalement, commet des bourdes, se marche sur les pieds, cohabite tant bien que mal, improvise en permanence face à l'adversité. Tout cela est encore très rafraîchissant dans un univers où les équipes de héros sont des soldats ou des justiciers plus sérieux, névrosés, se battant avec gravité (même s'il y a des exceptions).
Enfin, la complicité des auteurs est réjouissante et produit un résultat d'une qualité éblouissante : Claremont a ce génie pour animer un collectif de personnages, dôtés de tempéraments bien affirmés, interagissant de manière efficace et offrant de multiples pistes, avec des dialogues enlevés. 
Et Alan Davis est un dessinateur prodigieux, motivé comme jamais quand il a à sa disposition des personnages qu'il maîtrise bien. Son trait souple et rond, d'une expressivité épatante, son découpage alors plus classique mais déjà nerveux, font merveille : admirez les finitions qu'il porte à ses plans, ses enchaînements (avec le concours de Paul Neary pour le 1er chapitre puis Mark Farmer, à l'encrage). Ses planches ne sont pas seulement bondissantes, elles sont belles, presqu'aussi mobiles qu'un cartoon.
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Ne cherchez plus : la revue du mois, c'est celle-là ! Espérons que Panini aura la bonne idée de publier la suite (le run de Claremont-Davis compte 24 épisodes - en alternance avec les Nouveaux Mutants, qui seront à l'honneur du prochain n° ?). 

mercredi 23 mai 2012

Critique 326 : MARVEL KNIGHTS SPIDER MAN, de Mark Millar, Terry Dodson et Frank Cho


Marvel Knights : Spider-Man est un récit complet en 12 épisodes écrit par Mark Millar et dessiné par Terry Dodson et Frank Cho, publié en 2004-2005 par Marvel Comics.
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Au terme d'un énième combat, Spider-Man réussit à neutraliser le Bouffon Vert : Norman Osborn, qui connaît la double identité du Tisseur, est enfermé dans la prison de Ryker's Island.
Alors que Mary-Jane Watson et Peter Parker aident la tante de ce dernier, May, à déménager, la vieille dame est peu après enlevée. C'est le début d'un long calvaire pour le super-héros dont le ravisseur connaît également son vrai nom. 

Ni les Vengeurs ni les X-Men ne sont d'un grand secours pour le Tisseur, qui doit se tourner vers le Hibou (devenu le nouveau chef de la pègre après la chute du Caïd) pour obtenir des informations sur le kidnappeur. Mais le malfrat manipule le héros pour qu'il s'en prenne à Electro et au Vautour, qui lui ont volé une importante somme d'argent.
Après un terrible combat, Spider-Man échoue à l'hôpital où un membre du personnel le prend en photo quasiment démasqué et vend le cliché au Daily Bugle, dont le rédacteur-en-chef J. Jonah Jameson offre une récompense à qui découvrira qui est le héros.
Veillé par Mary-Jane et la Chatte Noire, qui l'aide sans ses investigations, Spider-Man doit composer avec le retour d'Eddie Brock/Venom, la police qui veut l'arrêter pour toucher la récompense, un projet d'assassinat contre Osborn, et la coalition de ses pires ennemis (comme l'Homme-Sable, Hydro-Man, le Lézard, le Shocker, Boomerang...) sans savoir si sa tante est encore vivante et, si oui, où elle est retenue...
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Cette vaste saga, publiée de Juin 2004 à Mai 2005, en trois actes et 12 épisodes, est un projet qui porte la marque de son scénariste, Mark Millar : une histoire totale où le héros traverse un tourbillon d'épreuves pour ré-examiner ce que cela signifie pour Peter Parker d'être Spider-Man. L'intrigue convoque, de manière fugace, son lot de guest-stars comme les Vengeurs (dans leur formation pré-"Disassembled") et les X-Men, et, de façon plus conséquente, une sorte de best-of des ennemis du Tisseur (rebaptisés les "Sinister Twelve"), avec Venom, Electro, le Vautour, Hydro-Man, etc.
Ce casting abondant et ces péripéties multiples fournissent à Millar l'opportunité de jouer avec le concept des super-vilains comme contrepoints des super-héros, des individus conçus par l'industrie militaire pour opérer une balance avec les justiciers apparus durant les années 40 (combattant aussi bien le crime organisé que les nazis). Cette perspective donne une profondeur étonnante non seulement à l'univers de Spider-Man mais plus largement à celui des héros Marvel, même si (à ma connaissance, du moins) cet aspect n'a pas été repris depuis (dommage, il y avait là un espace intéressant à explorer...).
"Techniquement", Mark Millar, réputé pour ses récits provocateurs à la narration directe (UltimatesCivil War) emploie la voix-off, procédé qui rompt avec ses habitudes mais qui est courant avec le personnage de Spider-Man, qui est un héros bavard, aussi bien pour distraire ses adversaires que pour analyser ce qui lui arrive.
Millar, plus fidèle à lui-même, en profite pour parsemer son histoire de dialogues mordants, dans lesquels il se moque des conventions du genre super-héroïque (les masques, les capes, les identités secrètes) : cela atténue peut-être la force de son entreprise, cette distanciation nous empêchant de vraiment trembler pour le héros. En cela, il s'inscrit dans la veine de Warren Ellis pour qui les apparats des justiciers sont autant d'éléments ridicules... Mais Millar mène quand même son affaire avec un sens redoutable du rythme (les 300 pages de l'ouvrage se dévorent, on ne s'ennuie jamais) et c'est un conteur redoutable qui sait doser ses effets, en alternant séquences d'action spectaculaires et plages plus calmes.

Surtout, Millar connaît bien le personnage et il sait comment nous bousculer en le malmenant. Il invoque à la fois les grandes tragédies intimes du héros comme les morts de l'oncle Ben et Gwen Stacy et rafraîchit l'ensemble avec des idées comme la conspiration des militaires et des super-vilains pour broder une toile de fond plus vaste.
Est-ce que cela fait de ce Dernier Combat (en vf) une grande histoire, un classique instantané ? Non. Mais c'est un divertissement percutant, échevelé, une sorte de tour dans le "Grand Huit" diablement entraînant. 
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La majorité de dessins est produite par Terry Dodson (10 épisodes sur 12), encré par sa femme Rachel ; le reste étant assuré par Frank Cho. Bien que les deux artistes aient des styles sensiblement différents, leurs efforts sont complémentaires et procurent à l'histoire une excellente facture graphique.

Planche dessinée par Terry Dodson

Terry Dodson, dessinateur irrégulier, livre ici parmi ses meilleures pages, comme électrisé par le script découpé à la manière d'un storyboard de Millar (avec profusion de cases horizontales évoquant les dimensions d'une image de film). Ses scènes de bagarre ou de poursuite sont d'un dynamisme épatant.
Et les amateurs de belles filles plantureuses seront à la fête avec Dodson et Cho, qui s'en donnent à coeur joie grâce à Mary Jane et la Chatte Noire, voluptueuses à souhait.

Planche dessinée par Frank Cho

Cependant, la galerie de vilains n'est pas moins bien traîtée, avec mentions spéciales à Venom et au Bouffon Vert. Les décors sont correctement détaillés, le trait clair et le découpage simple mais précis.
Là aussi, rien de renversant, mais du très bon boulot de la part de deux dessinateurs à l'aise avec ce qu'ils ont à raconter.
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Ce bon gros bouquin est agrémenté de sympathiques bonus (croquis de personnages, designs de costumes, couvertures originales non lettrées), sans oublier une préface de Stan Lee (conquis par le résultat des efforts de Millar) et une postface de Robert Millar (le frère de l'auteur, également ravi).
Une belle et conséquente aventure, qui vient d'être réédité en vf par Paninicomics dans la collection "Marvel Select" pour un prix attractif (moins de 20 E).
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Merci à http://www.symbiote.fr/ pour les scans.

lundi 14 mai 2012

LUMIERE SUR... JOHN BYRNE

John Byrne

Créateur et créatures.

Marvels

X-Men universe

Alpha Flight

Captain America

Avengers (commission art).

Fantastic Four universe

DC Legends (poster promotionnel)

Next Men (dessin promotionnel)

Naissance en 1950 en Angleterre.
Scénariste, dessinateur, encreur.
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Le site de l'artiste : http://www.byrnerobotics.com/