mardi 1 mai 2012

Critiques 323 : REVUES VF MAI 2012

"Le changement, c'est maintenant"...
(Et donc, je change un peu la rédaction des critiques de revues VF à partir de ce mois-ci.)
Batman Showcase 2 :

Cela faisait bien longtemps que je n'avais plus acheté de revues DC (la faute à la politique éditoriale de Panini, mais aussi à un certain désintérêt pour ces héros). Depuis Janvier 2012 cependant, les droits de DC en France ont changé de mains et appartiennent maintenant à Dargaud qui a créé le label Urban Comics pour proposer une offre conséquente en librairie et kiosque. J'ai donc essayé ce "Batman Showcase 2", contenant une saga complète, et qui sera remplacé dès la fin Mai par "Batman Saga" (mais j'y reviendrai en temps voulu).
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Une histoire complète de la série Batman & Robin, en trois épisodes (#20-22 : L'arbre de sang, chevalier noir contre chevalier blanc), occupe donc l'essentiel du sommaire : bien que Bruce Wayne soit revenu parmi les vivants, c'est encore Dick Grayson qui veille sur Gotham, avec Damian Wayne dans le costume de Robin. Ils ont affaire à un mystérieux tueur qui pousse au suicide des parents proches de criminels enfermés à l'asile d'Arkham.
Peter Tomasi est aux commandes du scénario et délivre un récit très efficace, qui ne perd pas son temps tout en posant clairement son intrigue puis en la dénouant sans l'expédier : les deux attractions principales sont le tueur dont l'apparence, les méthodes et les origines, sont bien imaginées ; et le tandem formé par Dick et Damian, qui renverse les statuts habituels de Batman (devenu plus modéré) et de Robin (véritable petit psychopathe) - une des meilleures trouvailles de Grant Morrison (quand il a relancé la série).
Au dessin, Patrick Gleason, qui a longtemps officié sur Green Lantern Corps, est une vraie révèlation : magnifiquement encré par Mick Gray, son trait est fouillé, ses ambiances fortes, ses personnages expressifs, son découpage percutant. On pense parfois à John Cassaday, ce qui est un grand compliment.
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Pour complèter le programme, on a droit à un autre épisode de Batman & Robin (#26 : Plaisirs terrestres, scènes d'un work-in-progress) : c'est une curiosité qui en désarçonnera plus d'un. Le dynamic duo prête main forte au Parkoureur, le Batman français, face à un quatuor de malfrats vraiment surréaliste.
David Hine s'en donne à coeur joie dans le délire, au point qu'il est difficile d'y adhérer vraiment. On n'est pas aidé, qui plus est, par la prestation des deux dessinateurs : Greg Tocchini bâcle ses planches, avant d'être curieusement remplacé sur les dernières pages par Andrei Bressan, dont le style est plus abordable sans être épatant.
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Un dernier mot sur l'éditorial car sur ce point Urban peut donner des leçons à Panini : avant chaque épisode, on a droit à une biographie très référencée sur chaque Robin, puis à la fin à deux hommages (l'un pour Jerry Robinson, qui a créé Robin mais aussi le Joker, et Sheldon Moldoff, un des artistes de Batman durant les années 50-60, tous deux disparus cette année), et enfin les couvertures originales et "variant" (non lettrées).
La revue est cependant un peu chère (5,60 E pour 96 pages) : Urban serait bien inspiré d'augmenter la pagination dans l'avenir car le prix n'est pas fait pour inciter les lecteurs à (re)venir. "Showcase" sera finalement remplacé dès fin Mai par "Batman Saga", qui contiendra les séries Batman (par Scott Snyder et Greg Capullo), Batman & Robin (par Tomasi et Gleason), Detective Comis (par Tony Daniel) et Batgirl (par Gail Simone et Ardian Syaf), toutes trois rebootées dans le cadre du New DC 52 (en vf DC Renaissance). A surveiller donc.  
Avengers 5 :

Commençons par une fin, celle du premier arc de Thor (#6 : Le germe cosmique) où la situation est mal engagée pour les asgardiens (encore à Broxton, puisque l'histoire se déroule avant Fear Itself) : Odin est au tapis et Galactus est prêt à tout pour récupérer le germe cosmique... Sauf que Loki l'a bien caché et que le Destructeur barre la route au dévoreur de mondes.
Matt Fraction conclut son récit de manière habile, en modifiant sensiblement la situation du Surfeur d'Argent (en prévision de son rôle dans la série Defenders...). En revanche, le choix du nouveau héraut du géant cosmique laissera perplexe, ainsi que le traitement de la fameuse blessure de Thor (qui n'est ni résolue ici ni dans Fear Itself, pourtant écrit par le même scénariste)... Fraction ne se débrouille pas mal avec tout ça, mais pas sûr néanmoins qu'il soit le bon auteur : ce qui manque en fait, c'est un point de vue original sur les asgardiens (à part pour Loki), ce qui fut la force du run de JMS.
Le bilan est également mitigé pour Olivier Coipel : ces planches sont belles, pleines de fougue, son travail ne manque pas d'allure. Mais, en chemin, il néglige de plus en plus les "détails" qui faisaient de lui un artiste exceptionnel : décors suggérés, expressivité parfois défaillante. A-t-il voulu expérimenté pour gagner du temps ? S'il a profondèment marqué Thor, son retour sur la série est quand même moins éclatant que son premier run.
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Captain America (#4 : Rêveurs américains) est bien plus détonant : Ed Brubaker continue de surprendre avec cette histoire très fantastique de monde parallèle, inspiré par Little Nemo, en mettant son héros (et ses complices) dans une situation vraiment compromise et complexe. Il faut reconnaître qu'on n'attendait pas le scénariste sur ce terrain et, jusqu'à présent, c'est enthousiasmant.
Steve McNiven livre de très belles planches, où son trait précis magnifie un découpage simple et des images mémorables, avec une atmosphère soignée.
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Enfin, nous avons encore droit à une double dose des Jeunes Vengeurs (#5-6 : La croisade des enfants) et, croyez-le ou non, mais Allan Heinberg a - enfin ! - décidé d'accélèrer la manoeuvre : Wanda Maximoff échappe à Fatalis (et aux Vengeurs et Wolverine à ses trousses), recouvre la mémoire... Cette situation va la conduire à prendre conscience des évènements qu'elle a déclenchés avant la séparation des Vengeurs, lors de House of M et de la décimation des mutants. Pour une fois, il semble qu'effectivement des choses importantes vont être modifiés après cette saga.
Jim Cheung, lui, reste égal : des personnages peu expressifs et à la gestuelle rigide occupent des cases aux décors minimaux (avec son lot de splash-pages et doubles pages confuses), privant cette histoire d'un graphisme un tant soit peu dynamique. Ce n'est pas vilain, même parfois très beau (en particulier les personnages féminins - Wanda est superbe) mais trop figé !
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Le bilan est positif : visuellement, c'est la plus belle revue Marvel, sans discuter. Scénaristiquement, c'est plus inégal. Mais la refonte prévue pour Juillet va bouleverser le programme tout en le rendant plus cohérent : la revue garde son titre, gardera Captain America, accueillera les Vengeurs de Bendis puis successivement une mini-série Iron Man, Captain America and... et enfin Avengers assemble! de Bendis et Bagley.   
Marvel Heroes 16 :

La publication en vf de Fear Itself se terminant ce mois-ci, les séries annexées par la saga se dénouent également, même si certaines sont légèrement en avance.
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Ainsi, dans ce numéro de "Heroes", on a droit à deux épisodes et demi de Loki (la suite de Journey into mystery # 628 et les #629-630) qui sont directement liés à l'event. Kieron Gillen continue à écrire les manoeuvres de son héros en marge du dernieer épisode de la saga : tout cela reste intéressant, avec notamment une voix-off très soignée, mais en même temps, il était temps que ça se termine - ne serait-ce que pour ne plus avoir à supporter les dessins mochissimes de Whilce Portacio.
Gillen clôt l'aventure par un épilogue dont Volstagg (le volumineux guerrier asgardien) est le héros : il y est montré sous un jour plus attachant qu'à l'accoutumée, quoique toujours truculent, en évoquant le destin de Thor devant femme et enfants. Et cette fois, pas de faux pas visuel car Richard Elson illustre ce chapitre avec expressivité (son trait frôlant même la caricature avec talent parfois).
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De l'autre côté, Les Vengeurs (Avengers #18 : La collectionneuse) aborde déjà l'après-Fear Itself, mais d'une manière originale. Brian Bendis articule l'épisode autour d'une médecin-légiste présente sur les champs de bataille qui ont ponctué la vie des héros ces dernières années (converties en mois dans la temporalité des comics) : c'est l'occasion de revenir sur les évènements de Civil War, la mort de Captain America, Secret Invasion et donc Fear Itself. On découvre à la dernière page pourquoi et pour qui elle collecte des échantillons : c'est l'amorce d'un story-arc prometteur, qui devrait d'ailleurs impacter aussi New Avengers, avec le retour de Norman Osborn et une coalition de criminels (comme on l'a découvert le mois dernier dans l'épisode ".1" des Nouveaux Vengeurs).
Un intermède, situé au manoir des Vengeurs, montre que Captain America veut réorganiser les équipes de héros de manière plus efficace (de manière plus pro-active, plus agressive ?).
Au dessin, Daniel Acuña arrive sur la série et montre déjà de belles choses (quand bien même il a quelquefois la main un peu lourde sur la colorisation), mais son style tranche après les prestations de Romita Jr et de Bachalo.
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J'ai zappé L'Académie des Vengeurs, série que je n'apprécie pas et sur laquelle je suis de toute façon trop largué pour en saisir les enjeux.
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Le bilan est positif, même si c'est la fin d'une époque qui se profile pour la revue puisqu'en Juillet Panini déplace Les Vengeurs dans la revue "Avengers" et que "Marvel Heroes" s'appellera "Thor" (puisqu'elle accueillera les aventures du dieu du tonnerre à la place). 
Marvel Icons 16 :

Cette fois, "Icons" et moi, c'est bien fini : à partir de Juillet, la revue va être débaptisée en "Iron Man" (c'est la nouvelle trouvaille de Panini : renommer leurs publications à partir des héros adaptés au cinéma et pour surfer sur le succès du film Avengers...), mais ça, ce n'est qu'un détail. La vérité, c'est que je n'achète plus désormais cette revue que pour suivre New Avengers : 4, 60 E (bientôt 4,80 car la pagination des mensuels va passer à 112 pages) pour un titre, même avec des doubles épisodes occasionnels, c'est trop cher.
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Bon, je zappe tout se suite Iron Man (#509 : Fear Itself), dernier épisode attaché à la saga de son scénariste, Matt Fraction. A elle seule, le désastre qu'est devenue cette série (scénario chiant, dessin moche) résume la faillite de la revue dont le sommaire est devenue n'importe quoi depuis l'opération "flashforward" (accélèration des traductions pour coller à Fear Itself et donc déplacement de séries, multiplication de doubles épisodes...).
Je ne peux m'empêcher de rigoler quand des spectateurs d'Avengers auront la curiosité d'acheter "Icons" en espérant y lire les aventures d'un Iron Man aussi savoureux que son incarnation par Robert Downey Jr et qu'ils découvriront la version de Fraction et Larroca : pas sûr qu'ils y trouvent leur compte (à supposer, d'ailleurs, que les films attirent de nouveaux lecteurs...).
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J'en ai marre aussi de cette manie de proposer des épisodes tronquées comme les deux parts et demie de La Fondation du Futur de ce mois-ci : déjà que les scénarios de Jonathan Hickman ne sont pas simples à suivre, si en plus Panini les coupent pour tenir leurs 96 pages, ça devient insupportable.
Cependant, deux chapitres sont illustrés par Steve Epting : ce sont les meilleurs depuis longtemps, avec de l'action (si, si, Hickman en est capable). Mais ensuite Barry Kitson revient et avec lui, les pires défauts de l'auteur : Jane Richards fait du jardinage pendant que Red et son père complotent de plus belle, quand à la Chose, hé bien, on ne la voit pas - énième preuve supplémentaire qu'Hickman ne sait pas écrire une série de groupe (même depuis que les 4F sont devenus une Fondation).
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Les Nouveaux Vengeurs sont engagés dans une nouvelle intrigue directement connectée à celle que son scénariste développe aussi dans Les Vengeurs (dans la revue "Heroes"), avec Osborn qui collecte des échantillons de héros pour préparer sa vengeance avec la complicité de l'Hydra et l'AIM.
Néanmoins, Brian Bendis est moins inspiré que sur Avengers, s'appuyant sur une baston prétexte et concluant l'épisode sur un cliffhanger convenu.
Mike Deodato et Will Conrad se partagent le dessin (une dizaine de planches chacun, successivement) : la copie est efficace, mais Conrad a acquis un trait plus affirmé qui le différencie désormais nettement de Deodato donc la transition est un peu bizarre.
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Le bilan est donc décevant, et cette fois, c'est certain, j'arrête les frais à la fin de cet arc de New Avengers.  
Marvel Stars 16 :

Parlons peu, parlons bien : j'ai surtout acheté ce numéro pour lire la suite et fin du dernier arc de Rulk dessiné par Gabriel Hardman, et ce sera, selon toute évidence, la dernière fois que j'achèterai cette revue (qui sera rebaptisée "Hulk" en Juillet, avec un sommaire inchangé).
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Rulk a donc droit à un épisode et demi (#40-41 : Omegex - puisque le mois dernier, Panini avait coupé le #40 en deux) et reprend donc au coeur de la bataille opposant le général Ross à Omegex, le tueur cosmique que le Gardien Uatu a lancé à ses trousses (pour se venger d'une mémorable claque reçue par le colosse écarlate - c'était à l'époque où la série était pilotée par Jeph Loeb et Ed McGuiness), mais aussi au général Fortean (l'ex-adjoint de Ross, qui croit que Rulk a tué ce dernier), tout cela sous le regard d'Annie (l'androïde qui suit Rulk partout), d'Uravo (la Gardienne) et de Zero/One (l'entité créée accidentellement lors de la première intervention de Rulk sur ordre de Steve Rogers).
Jeff Parker concentre dans ces deux volets tout ce qu'il a si bien réussi à installer sur la série, un mix détonant d'action et de réflexion : loin des pitreries pathétiques de Loeb, Ross est décrit comme un individu rongé par ses échecs, et jusqu'aux dernières pages, l'issue de ce combat est incertaine. Le dénouement est très habile et la situation du personnage redéfinie. Le scénariste livre finalement une production plus profonde qu'il n'y paraît, sans sacrifier au spectacle - est-ce pour cela que la série n'a plus la même popularité ?
Gabriel Hardman achève donc son passage sur le titre comme il l'a commencé, avec des planches au découpage percutant et inventif, donnant au colosse une expression mélancolique troublante.
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L'épisode des Vengeurs Secrets (#18 : La zone du néant) est le troisième écrit par Warren Ellis, ici en compagnie au dessin de David Aja : j'en ai déjà parlé dans ma critique du recueil (Secret Avengers : Run the mission. Don't get seen. Save the world), c'est un fabuleux numéro, extraordinairement illustré et conçu comme un jeu vidéo à la fois vertigineux et violent. 
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Jeff Parker revient pour un épisode des Thunderbolts (# 163 : La grande évasion) dont la transition avec l'épilogue du mois dernier est plutôt abrupte. L'équipe est désormais coupée en deux, une partie des ses membres ayant décidé de s'échapper dans la confusion des évènements liés à Fear Itself. Ce qu'ils n'avaient pas prévu, c'est qu'en se déplaçant dans l'espace il se déplacerait aussi dans le temps...
Tout ça est plutôt amusant, mais pas aussi réussi que Rulk du même scénariste : ce délire verse dans la surenchère, sans qu'on saisisse où il veut nous conduire. C'est comme si la série avançait sans direction claire, avec une multitude de personnages réduits à des caricatures... Bon, ce n'est pas ma tasse de thé, même si ça se laisse lire.
Kev Walker est revenu au dessin... Hélas !
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Enfin, l'attraction du mois, qui nous vaut cette couverture horrible, c'est le 3ème volume de Hulk (# 1 : La séparation) par le scénariste Jason Aaron (la nouvelle coqueluche de certains fans) et Marc Silvestri (devenu l'ombre de l'artiste qu'il était à la fin des 80's-début des 90's).
Je n'ai pas pu aller jusqu'au bout de cette infâme bouillie, affreusement dessinée (Silvestri étant déjà secondé par sa clique de clones : Michael Broussard, Rick Basaldua...), et dont l'argument tient au fait que désormais Hulk et Bruce Banner sont physiquement séparés et que le plus fou des deux n'est pas celui qu'on croit. Passionnant...
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Le bilan est donc divisé : Rulk par Gabriel Hardman s'offre un final épatant, Les Vengeurs Secrets un épisode jubilatoire. Les T-Bolts sombrent dans le grand n'importe quoi. Et l'énième retour de Hulk fait mal aux yeux. Adios "Marvel Stars" ! 

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Avengers 5 est déjà mien. Juste la fin de l'arc pour la série Thor et deux épisodes de Children's cruasade !!!
Ultimate m'attend :P