dimanche 31 mars 2019

ISOLA #7, de Brenden Fletcher, Karl Kerschl et Msassyk


Malgré un rythme de parution bimestriel, qui est frustrant, retrouver Isola et son univers demeure une expérience ensorcelante. La série de Brenden Fletcher, Karl Kerschl et Msassyk est un objet à part dans la production actuelle. Pour cela, on lui pardonne tout.


Grâce à la carte dérobée dans le camp de l'armée royale, Rook peut désormais plus facilement se repérer et éviter les endroits dangereux pour la reine Olwyn, toujours prisonnière de sa forme animale. Ainsi elles restent à l'écart des positions du prince Bastian de Palagrine Rock.


Après avoir descendu une falaise, la capitaine et sa reine se receuillent devant un autel dressé à la gloire de la déesse Kaji dont le visage est sculpté à flanc de roche. Olwyn fait accidentellement tomber une jarre, un cri de femme retentit.


Plusieurs autres arrivent et accompagnent Rook et la tigresse jusqu'à leur village troglodyte. Tous les enfants ont mystérieusement disparu, par la faute du shaman Moro semble-t-il. Une des femmes soupçonne Rook de mentir sur la vraie nature de Olwyn.


Un enfant est capturé, à moitié animal. Une cérémonie est organisée à la nuit tombée pour tenter de conjurer sa transformation. Rook et Olwyn assistent à l'étrange rituel qui se solde par un échec.


Olwyn semble vouloir que Rook libère le garçon mais la capitaine ne préfère pas s'attirer d'ennuis. Elles rentrent au village, sans remarquer qu'une silhouette étrange ne les suit du regard.

Il est de plus en plus évident que Isola s'adresse uniquement à des convertis quand on considère la narration de cet épisode. Pas plus aujourd'hui qu'hier, les auteurs ne donnent en effet beaucoup d'informations sur l'endroit précis où on se trouve, ni même de noms aux personnages que croisent Rook et Olwyn, l'action est minimaliste, souvent cryptique...

Un certain hermétisme domine donc. Ceux qui n'ont pas tenté l'aventure ou n'ont pas été séduits jusqu'à présent resteront à quai avec ce septième chapitre. L'ambiance est à la fois toujours plus envoûtante et toujours plus nébuleuse.

Par ailleurs, il ne se passe pas vraiment grand-chose. Rook et Olwyn parcourt des contrées bizarres, souvent inquiétantes, mais pourtant le fracas de la guerre qui les oblige à prendre des détours, à faire profil bas, reste hors champ. Jamais on ne s'éloigne de la capitaine de la garde et de sa reine transformée en tigresse bleutée.

C'est donc avant tout une question de goût pour ces parti-pris très prononcés qui soude le fan à Isola. Je peux comprendre que certains n'y soient pas sensibles ou soient tentés d'établir des comparaisons avec certains récits de fantasy plus épiques, plus mouvementés, plus denses. Ici, on est clairement aux antipodes de la geste façon Tolkien par exemple avec ses fresques : l'intimiste prévaut et le non-dit s'impose.

Il serait cependant faux de croire que, parce qu'il se passe pas grand-chose, il ne se passe rien. En définitive, c'est une somme de petits rien, de micro-événements qui constitue la trame de l'histoire : descendre une falaise, louer les faveurs d'une déesse devant un auteul de misère, être reçu dans un village troglodyte, assister à une séance de désenvoûtement (qui n'aboutit pas)... Ce n'est pas trépidant et pourtant c'est captivant dans ce que ça ne montre pas directement : des enfants changés en demi-loups, des superstitions, des terres désolées et des habitants primitifs, des silhouettes bizarres aux yeux rougeoyants, etc.

Tout cela forme aussi un univers mais dont les scénaristes effaceraient les origines, nous priveraient d'explications. Il s'agit pas de paresse mais d'une volonté affirmée, confirmée, de laisser au lecteur le soin de meubler, d'imaginer le monde de la série sans lui imposer quoi que ce soit. Si on a envie que cela reste imprécis, flou, pourquoi pas ? Si on pense que cela est comme ça à cause de la magie ou que sais-je encore, pourquoi pas ? Peut-être, au bout du voyage, aura-t-on droit à des révélations. Ou pas.

En tout cas, si on a le sentiment que les auteurs enlèvent le superflu, jusqu'à l'épure, les artistes, eux, éblouissent par la beauté formelle de l'ouvrage. On peut également reprocher à Isola d'être trop un livre d'images, mais ça me semble toujours un curieux reproche à adresser à une bande dessinée, qui est par excellence un média visuel, où l'image constitue une part de la narration (je sais que des fans relativisent cela, mais sous-estimer le dessin, c'est simplement amputer une partie de l'identité, de l'ADN, des comics).

Alors que le premier arc de la série était sorti en cinq mois, celui-ci sera accompli à la fin de l'année. C'est un rythme plus européen qu'américain (à moins que le troisième acte revienne à une parution plus soutenue) tout en ayant une pagnination conséquente (peu de BD européenne font finalement cent pages par an). Mais tant que Isola pourvoiera à des chapitres aussi mémorables, je m'abstiendrai d'être impatient pour à chaque numéro savourer cette série magique.

samedi 30 mars 2019

SKYWARD #11, de Joe Henderson et Lee Garbett


Et c'est parti pour le troisième et dernier arc de Skyward : intitulé Fix the World, il s'annonce riche en suspense et en révélations étant donné la situation posée dans le dernier épisode en date. Joe Henderson et Lee Garbett ont, semble-t-il, travaillé étroitement pour conclure en beauté leur série.


Willa Fowler est en route pour Kansas City où elle doit rattraper Roger Barrow tout en trouvant le moyen imaginé par son père pour rétablir la gravité sur Terre. Pour cela, elle ne dispose que d'un vague plan trouvé dans les notes de Nathan.


Tandis qu'à Chicago, Edison Davies doit préparer la ville à l'attaque imminente des fermiers et des insectes géants, avec l'aide de son amie Joan et de sa compagne, une policière, Willa rallie Kansas City, escortée par des vautours.


Ces oiseaux peu sympathiques vont pourtant lui être d'un grand secours car en s'accrochant à l'un d'eux, elle prend de la hauteur et découvre où son père a pu cacher son invention.


Mais Roger Barrow l'a suivie et tente de l'empêcher d'accéder à une machine vraisemblablement construite pour rétablir la gravité. Ils s'affrontent, elle pour réparer le monde, lui pour le garder en l'état afin de préserver son business.


Leur querelle est interrompue par un individu cagoulé qui leur explique que la solution ne se trouve pas là. Willa et Barrow le suivent sous terre où se trouve une ville reconstituée et peuplée, le vrai remède de Nathan. Mais qui est leur guide ?

Comme d'habitude, avec une générosité rare, Joe Henderson a complété l'épisode avec des bonus, dont un post-scriptum où il revient sur l'écriture de la série. On comprend que le scénariste (dont c'est, rappelons-le, le premier comic-book) est parti avec une histoire bien établie mais permettant quelques corrections en chemin.

Ainsi, explique-t-il, le premier arc (les cinq premiers épisodes) racontait comment Willa allait poursuivre l'oeuvre de son père. Le deuxième arc (épisodes 6 à 10), comment elle entrait dans l'âge adulte. Ce troisième arc révélerait le destin de sa mère, morte le "G-day", et si le monde pouvait redevenir normal.

La narration se déploie en parallèle : d'un côté, on suit Edison Davies qui rentre à Chicago pour préparer la population au raid des fermiers et de leurs insectes géants. Henderson n'y consacre que peu de pages mais suggère clairement que l'opération est cruciale et imposera à Edison des sacrifices.

De l'autre, et c'est l'essentiel de l'épisode, Willa rallie Kansas City, investie d'un double objectif. Elle doit trouver le moyen que son père avait mis au point pour rétablir la gravité tout en y arrivant avant Roger Barrow qui a fait fortune sur l'absence de pesanteur et donc a tout intérêt à ce que rien ne change.

Henderson ne lésine pas sur les péripéties et emballe l'épisode sur un rythme trépidant. C'est d'une efficacité imparable, ponctué de moments mémorables (Kansas City transformée en ville fantôme depuis la première attaque des fermiers et des insectes, la bagarre entre Willa et Barrow, la découverte de la ville souterraine, la révélation de l'identité du guide).

Ce qui est jubilatoire avec une série comme Skyward, c'est que ses auteurs ne se reposent pas sur un concept astucieux et ses possibilités narratives et visuelles (même si elles sont particulièrement bien valorisées). On a droit à un récit d'aventures, initiatique, plein de surprises.

Le dessin de Lee Garbett traduit parfaitement tout le script peut exprimer. La sensation de voler est singulièrement bien mise en scène, à la fois grisante et dangereuse, acrobatique et fascinante. 

Les plans sont superbement composés pour que le lecteur ressente au maximum ce qu'éprouve l'héroïne, très expressive, résolue malgré l'adversité. On s'attache à Willa parce qu'elle s'improvise héroïne sans jamais être certaine d'atteindre son but. Cela suscite notre sympathie et évite au scénariste comme à l'artiste d'en rajouter.

C'est bien pour cela, avec toutes ces qualités, que l'échec commercial de Skyward demeurera une énigme. Série extrêmement plaisante, doté d'un pitch original, avec une intrigue excellemment construite, et des héros très bien campés, pourquoi ce projet n'a pas rencontré un plus large public ? Marché saturé, concurrence exacerbée, etc. Cest tout de même dur, injuste. Mais au moins Lee Garbett et Joe Henderson n'ont pas baissé les bras et continuent, vaille que vaille, à régaler leurs fans. 

AQUAMAN #46, de Kelly Sue DeConnick et Robson Rocha


Après la déconvenue de l'épisode précédent, c'était un vrai quitte ou double pour Aquaman ce mois-ci. Heureusement, Kelly Sue DeConnick a su se reprendre et propose un chapitre épique. Elle est toujours bien aidée par les dessins fantastiques de Robson Rocha avant le final de ce premier arc narratif.


Sur l'île, les anciens dieux - Tang, Atabey, Loc, Mac, Repu et Ku - se réunissent. Le remords les ronge car ils pensent avoir envoyé Caille et Andy à une mort certaine sur l'île voisine où demeure Namma.


Effectivement, la déesse bannie ne réserve pas un accueil bienvenu à ses visiteurs, transformant sa fille, pour laquelle elle n'a aucun amour, en une créature monstrueuse destinée à assouvir sa vengeance.


Andy/Aquaman intrigue la déesse car il ne souvient pas qui il est mais n'est pas un terrien. Elle se moque de ses suppliques et ne gagne que la colère du héros. Caille s'éloigne et l'emprise de sa mère s'atténue, la jeune femme achève sa mue.


Andy/Aquaman réduit Namma en poussière de sel mais sait que le combat n'est pas terminé. La déesse se recompose sous la forme d'un dragon et plonge dans l'océan pour le stériliser. Andy/Aquaman chevauche la bête pour l'en empêcher.

Sous l'eau, les pouvoirs d'Aquaman se réveillent et il lance un appel télépathique à tout le peuple des sept mers. Mera, à Atlantis, l'entend, tout comme les anciens dieux de l'île qui y répondent en allant l'aider.

Bon, je ne dirai pas que cet épisode est extraordinaire et que la prestation de Kelly Sue DeConnick rassure totalement, mais il y a une nette amélioration depuis le mois dernier.

Comme elle l'a expliqué en interview, la scénariste s'est trouvée avec Aquaman un héros et une série dont les motifs sont en fait l'inverse de Captain Marvel : celle-ci était une femme déterminée et dont la devise ("Higher. Faster. Further.") pointait les cimes. Aquaman est au contraire un homme qui ne sait plus qui il est et évolue dans les profondeurs marines.

Fallait-il cependant alourdir sa première histoire avec toute une mythologie sur des divinités fondatrices alors que la base (une vengeance ourdie par une déesse bannie par ses pairs) suffisait amplement ? L'épisode précédent m'avait totalement perdu et fait craindre le pire pour la suite.

Peut-être était-ce un mal nécessaire pour donner de l'envergure au récit, mais sans doute DeConnick aurait-elle été plus inspirée en racontant le passé de l'île et de ses dieux au fur et à mesure et non pas en y  consacrant un épisode entier, ce qui a cassé le rythme de l'ensemble et nui à l'efficacité générale.

On le voit bien ce mois-ci avec une narration plus directe où, enfin, Aquaman affronte la méchante de l'intrigue. L'action domine et la lecture est bien plus agréable. On pardonne alors les tours que l'auteur sort de son chapeau pour rendre cela plus spectaculaire, comme la transformation de Caille ou celle de Namma. La conclusion de l'épisode promet beaucoup puisque les anciens dieux vont participer au règlement de comptes qui bouclera ce premier arc et que Mera sait qu'Aquaman est toujours en vie.

Si la série est attractive, c'est aussi par que Robson Rocha la dessine avec puissance. Sevré depuis le début, l'artiste s'en donne à coeur joie pour illustrer la bataille d'Aquaman et Namma. Son découpage, nerveux, insuffle une sorte de rage au face-à-face. Namma, en particulier, dévoile son visage authentiquement maléfique, indigne, tandis que Andy/Aquaman, toujours paumé, compense son désarroi par un engagement total.

Bien entendu, le clou de l'épisode est la métamorphose de Namma en dragon : Rocha réserve à ce moment, impressionnant, une double-page superbe presque aussitôt suivie d'une pleine page où Aquaman chevauche la bête. Le design de la créature est saisissant, riche en détails, que l'encrage de Daniel Henriques ne manque pas de mettre en valeur.

Nul doute que la cinquième et dernière partie de cette histoire sera épique. Et il faudra le savourer puisqu'il semble que Rocha laissera sa place pour l'arc suivant (avant de revenir pour le troisième ?) à Viktor Bogdanovic. Peu épargnée par les fans d'un Aquaman plus classique, la série et sa scénariste supporteront-elles la perte de leur artiste régulier ? 

vendredi 29 mars 2019

DIAL H FOR HERO #1, de Sam Humphries et Joe Quinones


Dernier titre issu du label "Wonder Comics" de Brian Michael Bendis, Dial H for Hero est à nouveau une relecture d'un vieux concept (1966) de DC Comics. Mais le concept est si bon, si riche que ça aurait été dommage de s'en priver. Surtout que Sam Humphries, en grande forme, et Joe Quinones, déchaîné, sont aux commandes.


Enfant, Miguel a fait une mauvaise chute en plongeant dans une piscine publique. Heureusement, Superman passait par là et l'a conduit à l'hôpital après s'être assuré que sa blessure était bénigne.


Depuis, Miguel n'a eu de cesse de revivre ce frisson, multipliant les activités périlleuses. Ado, il doit pourtant se contenter de vendre des plats à emporter dans le food truck de son oncle Brant. C'est ainsi qu'il fait la connaissance de Summer, une jeune délinquante.


Peu après, en s'amusant avec des copains, il tombe du haut d'une falaise. Un appareil téléphonique lui apparaît et une voix lui commande de composer un numéro sur le cadran pour survivre. Il obéit, trop heureux de cette opportunité.


Le voilà transformé en super-héros : Monster Truck combat prestement des machines diaboliques, en causant un maximum de dégâts matériels collatéraux. Sa mission accomplie, il cède la place à Miguel.


Mais la police débarque. Miguel s'enfuit et Summer, la jeune délinquante, qui a volé le food truck de son oncle, permet au garçon d'échapper aux flics. Le téléphone sonne, il décroche, l'Opérateur le prévient que le dangereux Thunderbolt Club convoîte l'appareil.

La variant cover (extraordinaire) de Nick Derington.

Je place la variant cover de Nick Derington tout de suite parce qu'elle est d'abord fabuleuse mais surtout meilleure que la regular de Joe Quinones, résumant parfaitement le potentiel fou de Dial H for Hero.

A priori le pitch paraît désuet : un vieux téléphone magique qui quand on décroche le combiné et compose un numéro donne à son détenteur des super-pouvoirs, rien de bien folichon... Et pourtant, comme le montre l'image de Derington, c'est une véritable mine, un réservoir de personnages, de situations inépuisables.

Apparu pour la première fois dans la série House of Mystery, le fameux dispositif est réapparu depuis à plusieurs reprises, source d'inspiration pour des auteurs nostalgiques sans doute mais pourtant pas enfermés dans l'année 1966 de ses origines. Avec son apparence de relique d'un autre âge, le téléphone magique a acquis une patine vintage à nouveau tendance.

Cela, Sam Humphries l'a bien compris et l'exploite de manière géniale. Il respecte pourtant à la lettre le dispositif originel du titre : son héros reste un ado en quête d'adrénaline mais complétement et immédiatement dépassé par ce qui lui arrive. Miguel, ici, court après une sensation fondatrice, quand il fut sauvé par Superman (le lien de toutes les séries "Wonder Comics" dirigées par Bendis : l'homme de fer était sollicité par les soldats du Gemworld dans Young Justice, connaît les Wonder Twins, a provoqué les recherches de Naomi sur son adoption, et donc influé le destin de Miguel dans Dial H for Hero), ce shoot d'adrénaline, ce flirt avec le danger.

Passée l'introduction, fulgurante, le scénario fait soudainement baisser la température en présentant le garçon à l'adolescence, dans un petit boulot ingrat. Sa rencontre avec une jeune fille n'a rien d'affriolant, d'ailleurs Humphries se garde soigneusement d'en dire trop à son sujet (elle n'a même pas encore de prénom), mais ensuite elle apparaît comme un signe du destin, celle par qui tout s'accélère.

L'autre apparition est plus purement fantastique avec le téléphone du Heroverse et la voix de l'Opérateur puis la transformation en Monster Truck. Mais alors le récit s'emballe, le rythme devient effréné : comme Miguel, le lecteur est happé dans une aventure insensée.

On mesure alors le choix judicieux d'avoir confié les dessins à Joe Quinones. Cet artiste n'est pas un artiste très productif, sans doute parce que les éditeurs ne savent pas toujours comment employer un style comme le sien. Très expressif, à la limite du cartoon caricatural, et pourtant très élégant et inventif.

Quinones se fiche apparemment de faire beau, pourtant ses planches sont superbes, avec des découpages dynamiques, ludiques. Tout respire la fantaisie dans ses images et il croque à merveille les moues dépitées, excitées ou sidérées de son héros. Il est complètement à l'aise pour représenter un ado sans produire un personnage cliché. Miguel ressemble à un garçon crédible de nos jours et pourtant intemporel. 

Tout le reste est à l'avenant. L'action pourrait se passer aujourd'hui comme autrefois sans problème. Qu'importe, on se régale, c'est superbe, tonique, et même franchement hilarant quand Quinones délire pour figurer Monster Truck, tout droit sorti d'un comic-book de Rob Liefeld.

Il semble que Dial H for Hero ne soit pour l'instant programmé que comme mini-série. Il fau espérer que le titre rencontre le succès et convainque l'éditeur et ses auteurs d'aller plus loin, quitte à, comme pour Naomi, à être développé en "saisons", avec une pause à la fin de chaque arc narratif. Le plaisir pris avec ce premier épisode donne trop envie que Humphries et Quinones nous régalent encore longtemps avec ce concept magique.  

jeudi 28 mars 2019

ACTION COMICS #1009, de Brian Michael Bendis et Steve Epting


Alors que cette semaine paraît le millième numéro de Detective Comics (je vous en parlerai bientôt), Action Comics poursuit sa marche vers la saga Leviathan, qui débutera en Juin. Brian Michael Bendis a préparé son coup depuis sa reprise en main du titre historique des aventures de Superman et le programme s'annonce très prometteur. Surtout qu'il bénéficie de la contribution inspirée de Steve Epting, comme un poisson dans l'eau dans ce genre de récit.


La Forteresse de Solitude de Superman est devenue la cellule de crise du moment : plusieurs organisations, gouvernementales et terroristes, ont subi des attentats commis par Leviathan, la société secrète de Talia Al Ghul.


Superman a conduit Lois Lane, Amanda Waller et Jimmy Olsen dans son repaire pour faire le point. Waller a survécu à la dernière attaque en compagnie du père de Lois, mais sans pouvoir identifier l'auteur.


Avant d'avertir la journaliste et Clark Kent (dont elle connaît la double identité), elle a fait hospitaliser le père de Lois. Superman part s'assurer qu'il va bien et s'occuper de quelques autres choses en route.


Dans la chambre de Sam Lane, il trouve la Question, également en train d'investiguer sur Leviathan. Il est troublé par le fait que dans tous les immeubles détruits on ne trouve aucun cadavre. Superman lui demande de veiller sur son beau-père.


Puis Superman se rend au Japon : la base de Talia Al Ghul est déserte mais elle lui a laissé un mot, expliquant qu'elle veut la même chose que lui. Après un crochet par la Bat-cave pour remettre un indice à Alfred Pennyworth et sur les ruines de la DEO où le directeur Bones se désole, il retrouve Lois qui le convainc d'enquêter en se faisant passer pour des espions de Spyral - la seule agence d'espions encore intouchée...

Action Comics par Brian Michael Bendis est devenue une série épatante. Non seulement le transfuge historique de Marvel a modifié la direction du titre, lui évitant d'être un doublon de Superman, mais surtout il l'a modelé de manière à en faire la rampe de lancement d'une saga globale à partir de Juin prochain.

Le premier arc expliquait comment à Metropolis des gangsters étaient assez ingénieux pour rester invisibles à Superman. Ce deuxième arc prolonge cela tout en élargissant la voilure et en inversant le procédé. Un ennemi puissant élimine des organisations, criminelles ou gouvernementales, au su et au vu de Superman, mais sans toutefois être identifié. Bien entendu, la "mafia invisible" de Metropolis ne tardera pas à être impactée, mais surtout l'homme d'acier semble condamné à changer ses méthodes pour contrarier l'adversaire.

Cela passe, comme on le voit ce mois-ci, à suivre l'idée de Lois Lane, soit travailler incognito. Mais, avant cela, à compter ses alliés pour une manoeuvre aussi délicate. On retrouve donc la Question (et, sans spoiler, la saga Leviathan va réintroduire Green Arrow dans le grand concert du DCU). Voir Superman jouer à l'espion et donc abandonner le rapport de force directe, induit par sa seule présence (avec son costume voyant, ses pouvoirs), entraîne toute la série vers quelque chose de différent (qu'on aurait trouvé plus conventionnel avec Batman - qui sera toutefois un acteur majeur de Leviathan).

Par conséquent, l'épisode de ce mois-ci est plus avare en action que les précédents : pas de nouvel immeuble détruit, tout juste l'apparition spectrale du vilain dans un flash-back, au profit de scènes dialoguées, avec une tension palpable (le face-à-face Amanda Waller-Lois Lane est musclé).

Pour illustrer cela, on ne pouvait guère espérer mieux que Steve Epting auquel cette ambiance clair-obscur, entre chien et loup, convient parfaitement. Plus à l'aise pour représenter Superman, il est surtout dans son élément grâce justement aux échanges très intenses entre les protagonistes.

Au coeur de l'épisode, une scène superbe a lieu entre Superman et la Question dans la chambre d'hôpital de Sam Lane. Epting joue en virtuose du peu de lumière de l'endroit, des volutes de fumée autour de Vic Sage (volutes en forme de point d'interrogation - l'effet est magique), et du contraste entre la silhouette puissante et colorée de Superman et celle, ramassée dans un fauteuil, du détective à chapeau mou de la Question.

Bien entendu, on est dans une sorte de prologue qui ne dit pas son nom à une histoire plus vaste, mais il serait erroné de croire que ce numéro n'est que ça. La chute de l'épisode (avec un aspect des pouvoirs étonnant de Superman) prouve que Action Comics en tant que tel n'est pas que le véhicule d'un event mais bien celui d'un super-héros ravigoté par une intrigue inattendue pour lui - et le lecteur.  

La (dernière) variant cover de Francis Manapul

HEROES IN CRISIS #7, de Tom King, Clay Mann, Travis Moore et Jorges Fornes


L'antépénultième épisode de Heroes in Crisis est un curieux objet - même sa couverture a été modifiée (car celle initialement dessinée par Clay Mann a été censurée). L'intrigue de Tom King est plus imprévisible que jamais et visuellement, il a fallu trois artistes pour boucler ce chapitre. Pourtant, malgré ces péripéties, le mystère (et son charme) reste(ent) entier(s).


Débusqués par Batgirl, Blue Beetle et surtout Booster Gold doivent affronter Harley Quinn, qui reproche toujours à ce dernier (et réciproquement) les meurtres commis au Sanctuaire.


Blue Beetle explique à Batgirl qu'il a rétabli le champ de force de Booster Gold en en ayant le contrôle. Elle l'assomme donc tandis que Harley Quinn est sur le point de tuer Booster Gold.


Auparavant. Wally West se confie dans la cabine prévue à cet effet au Sanctuaire. Durant les trois semaines où il y a été admis, il résume ses progrès, évoquant la perte de sa famille, la succession écrasante de Barry Allen, et la prise de conscience de son mal-être.


Harley Quinn épargne finalement Booster Gold et avec lui, Blue Beetle rétabi et Batgirl, elle réfléchit au moyen de confondre l'assassin du Sanctuaire. Leurs soupçons se portent sur Wally West qui aurait médusé tout le monde. Mais il va falloir agir discrètement.


Car, depuis sa Bat-cave, Batman surveille toutes les installations de Ted Kord (Blue Beetle), Flash ayant échoué à retrouver la trace des fugitifs en parcourant le monde. Toutes les alarmes se déclenchent alors.

Depuis le début de la saga, Tom King a suggéré qu'il fallait se méfier des apparences. De fait, après sept mois de conjectures, on n'est toujours pas plus avancé pour désigner le coupable. L'enquête a d'ailleurs été présentée de manière désinvolte, le scénario privilégiant l'analyse pyschologique aux investigations criminelles.

Ce septième épisode de Heroes in Crisis est donc à prendre avec des pincettes car il semble montrer trop franchement un suspect sérieux, sans pour autant dévoiler son mobile. Le massacre commis au Sanctuaire doit s'expliquer autant par qui l'a fait ("whodunnit") que pourquoi il a été fait ("whydunnit") - ces deux points sont d'ailleurs sondés également dans Action Comics # 1009 sorti hier (mais pour une autre histoire).

Wally West serait-il le tueur ? Pourtant on l'a vu violemment attaqué par Harley Quinn après qu'il ait découvert le corps sans vie de Roy Harper/Arsenal, qui, lui, paraissait avoir été abattu par Booster Gold. Mais, et si les actes apparemment perpétrés par ces deux-là avaient été provoqués par l'Intelligence Artificielle du Sanctuaire ? S'ils avaient voulu se défendre ou s'ils avaient répondu à une simulation, devenant ainsi la couverture pour le vrai meurtrier des patients ?

Le récit pousse le lecteur à envisager, extrapoler, phosphorer avec intensité. C'est un des plaisirs subtils de la saga, laisser au fan le loisir d'écrire son propre script, tandis que Tom King cache son jeu jusqu'au prochain tour (l'identité du tueur serait révélé le mois prochain, et le dernier épisode explorerait les conséquences de l'échec du Sanctuaire).

Ce qui paraît certain, même si ça ne prouve pas la culpabilité de Wally West, c'est que celui-ci allait vraiment très mal et en avait pris conscience au bout de trois semaines de présence dans le Sanctuaire. Il avait ses raisons : le deuil de sa famille, le poids écrasant d'un jeune héros qui avait remplacé son oncle et représentait l'espoir pour la communauté super-héroïque... Une sévère dépression accablait Wally West, qui aurait pu le faire craquer. Au point qu'il se soit suicidé ? En ayant anticipé sa propre mort (dont il aurait fait de Poison Ivy le témoin) ? Une scène étrange et étonnamment belle va dans ce sens.

King oppose aussi les enquêteurs en situation : Batman guette le moindre mouvement suspect depuis sa Bat-cave, Flash court le monde sans succès, et surtout le quatuor avec Batgirl et Blue Beetle d'une part et Harley Quinn et Booster Gold d'autre part produit un mix détonant où les fous et les imbéciles cogitent avec plus d'acuité que les sages et les savants. Ce qui est certain, apparemment là encore (toujours rester prudent), c'est que ce beau monde converge dans une même direction : Batman et Flash suivent Harley Quinn et Booster Gold sans savoir qu'ils sont accompagnés de Batgirl et Blue Beetle. Jusqu'à Wally West, encore vivant ? Ou le vrai tueur, non identifié ?

Ce passionnant jeu de pistes où le temps semble se figer tout en montrant des éléments passés troublants fait passer un graphisme instable. Il a en effet fallu trois artistes pour boucler ce chapitre.

J'ignore pourquoi (même après l'épisode précédent entièrement réalisé par Mitch Gerads, qui signe ici la couverture régulière) Clay Mann n'a pas été capable de prendre le relais seul. On ne lui reprochera pas d'avoir livré en tout cas des planches baclées, au contraire. Il signe les pages 1 à 6, 11, 17 à 19 et 23 à 24, et parmi tout ça, il y a vraiment des merveilles - en particulier la double page montrant Wally au milieu d'un champ de fleurs (qui par la magie des couleurs de Tomeu Morey trace le titre de la série).

Travis Moore, lui, s'est occupé des pages 8 à 10, 13 à 16 et 20-21. Si Mann tire un peu la langue, pourquoi DC ne fait-il pas confiance à Moore pour le suppléer sur un épisode entier ? Son style est similaire, le résultat très soigné.

Enfin, récent collaborateur de King sur Batman, Jorge Fornes a eu à s'occuper justement des scènes dans la Bat-cave (pages 7, 12, 22). C'est sobre, et finalement judicieux car ces moments-là se détachent narrativement et graphiquement du reste.

Heroes in Crisis #7 est donc un peu hétéroclite formellement, mais l'un dans l'autre, cela colle avec le développement de l'histoire. On est proche de la résolution, et le récit conserve intact son mystère. En soi, c'est un tour de force. Plus généralement, cette saga confirme qu'elle ne fait vraiment rien comme les autres et demeurera sans doute un prototype.
La variant cover de Ryan Sook.

mercredi 27 mars 2019

MCU (MARVEL CINEMATIC UNIVERSE) TIMELINE

Et si on révisait un peu notre MCU un mois avant
la sortie en salles de Avengers : Endgame ?


Naissance des Pierres d'Infinité à la suite d'irrégularités cosmiques
prééexistantes à notre univers.


Le Collectionneur et le Grand Maître prennent vie
en même temps que la planète pensante Ego.


Chute d'une météorite de Vibranium sur Terre, 
qui deviendra la ressource du Wakanda.


- 2988 :
Odin empêche la destruction des Neuf Royaumes par
Malekith et les Elfes Noirs. Il emprisonne sa fille Héla qui
s'était retournée contre lui.
- 965 :
- Après une bataille contre les Géants des Glaces, il adopte Loki.


1940 :
Johan Schmidt devient Crâne Rouge à cause d'un sérum
du Super-Soldat défaillant.


1942 :
Crâne Rouge trouve le Tesseract en Norvège.


1943 :
Steve Rogers devient Captain America.


1945 :
Capture de Arnim Zola.
"Mort" de Bucky Barnes.
Captain America affronte Crâne Rouge qui se téléporte
sur Vormir grâce au Tesseract.


1949 :
Bucky Barnes, récupéré par les Russes, devient le Soldat de l'Hiver.


1978 :
Ego prend forme humaine et rencontre Meredith Quill sur Terre.
Elle donnera naissance à Peter Quill/Star-Lord.


1984 :
Hank Pym met au point la combinaison de Ant-Man.


1987 :
Thanos adopte Gamora et Nebula dont il a tué les parents.
Janet Van Dyne est piégée dans le Monde Quantique.


1988 :
Mort de Meredith Quill.
Peter Quill est recuelli par Yondu Udonta.


1989 :
Démission de Hank Pym du S.H.I.E.L.D. à qui il refuse
de livrer le secret de ses particules rétrécissantes.
Assassinat de Howard et Maria Stark par le Soldat de l'Hiver.


1995 :
Retour sur Terre de Carol Danvers en tant que Captain Marvel.
Rencontre avec Nick Fury.
Découverte de la présence de Skrulls infiltrés.


2005 :
Exposition aux rayons Gamma de Bruce Banner qui devient Hulk.


2010 :
Prise d'otage de Tony Stark en Afghanistan. 
Création de la première armure de Iron Man.


2011 :
Affrontement Thor-Loki.
Tony Stark devient consultant pour le SHIELD.
dans le cadre de l'Initiative "Avengers".


2012 :
Bataille de New York entre les Avengers et Loki allié aux Chitauri.


2013 :
Retour de Malekith pour la conquête de l'Ether.


2014 :
Affrontement entre Captain America et le Soldat de l'Hiver.
Nick Fury et Black Widow découvrent que le SHIELD est infiltré par l'HYDRA.


2015 :
Les Gardiens de la Galaxie affrontent successivement
Ronan l'Accusateur puis Ego.
Captain America et le Faucon capturent le Soldat de l'Hiver.


2015 :
Création de Ultron par Tony Stark et Bruce Banner.
Ultron est vaincu par Vision, né de la fusion 
de la Pierre de l'Esprit et de l'Intelligence Artificielle
J.A.R.V.I.S..


2016 :
Vote de la loi de recensement de super-héros.
Schisme au sein des Avengers.
Stephen Strange part au Népal apprendre la magie auprès de l'Ancien.


2017 :
Le Dr. Strange piège Dormammu dans une boucle temporelle et sauve la Terre.
Hank Pym avec l'aide de Scott Lang et Hope Van Dyne ramène Janet Van Dyne 
du Monde Quantique.


2017 :
T'Challa devient Black Panther et roi du Wakanda.
Son cousin Killmonger lui dispute le trône.


2017 :
Mort d'Odin. 
Hela affronte Thor, Loki, Hulk et Vakyrie.
Destruction d'Asgard.


2018 :
Thanos rassemble les Pierres d'Infinité.
Extermination de la moitié de la population de l'univers pour rétablir l'équilibre.
Nick Fury envoie un S.O.S. à Captain Marvel.
Ant-Man est coincé dans le Monde Quantique.


2019 :
"Avenge the Fallen."