vendredi 14 octobre 2022

NAMOR THE SUB-MARINER #1, de Christopher Cantwell et Pasqual Ferry


La publication d'une nouvelle mini-série consacrée à Namor the Sub-Mariner ne doit rien au hasard puisque le personnage sera à l'affiche de Black Panther 2 : Wakanda Forever (dont on ignore toujours s'il sortira en France). C'est Christopher Cantwell qui a la lourde tâche de raconter une histoire originale avec cet anti-héros fascinant et souvent mal écrit, et ce avec la complicité du trop rare Pasqual Ferry au dessin. Un début prometteur.


Cent ans dans le futur. La Terre, suite à une attaque des Kree, a vu sa population décimée et ses héros défaits, en fuite. Submergé par la fonte des glaces, la planète est plus que jamais le royaume de Namor.


Celui-ci a laissé sa couronne à son jeune cousin et Namorita fait le lien entre l'ex-prince des mers et Atlantis tandis qu'à surface, les rescapés survivent dans des conditions terribles.


Namor retrouve son vieil ami Captain America et apprend que, pour la première fois depuis longtemps, une femme va donner naissance alors qu'elles sont toutes devenues stériles à cause des Kree.
 

Mais quand Luke Cage, à la tête des rescapés, voit arriver Namor, un affrontement éclate entre les deux hommes et les atlantes se défendent. C'est alors qu'une silhouette familière apparaît dans le ciel...

Namor n'est pas un personnage facile à manier. Le plus souvent, les scénaristes le représentent comme un vrai tête de noeuds, antipathique, animé par un seul objectif (éliminer les humains à la surface de la Terre). Actuellement, Jason Aaron l'a intégré à l'équipe des Avengers, manière de rappeler que, malgré son mauvais caractère, le prince des mers fut un héros durant la seconde guerre mondiale au sein des Invaders. Il a aussi été désigné comme mutant, même s'il a refusé de se joindre à Charles Xavier pour la fondation de Krakoa comme Etat-nation.

Christopher Cantwell, lui, explique dans la postface de ce premier épisode que cette mini-série Namor the Sub-Mariner dort dans ses cartons depuis plusieurs années, c'est même le premier pitch qu'il a soumis à Marvel. Le scénariste a découvert le personnage dans Marvels de Kurt Busiek et Alex Ross et a été fasciné au point ensuite de lire tout ce qu'il pouvait à son sujet. Ce projet, c'est sa lettre d'amour à Namor, au passé de Marvel quand la maison d'édition s'appelait encore Timely Comics, mais aussi au futur, puisqu'il situe son intrigue dans cent ans.

Cantwell nous explique rapidement que les Kree attaquèrent notre planète, que les super-héros périrent ou fuirent et que els humains furent décimés en majorité - les femmes souffrant ensuite de stérilité. Cette guerre a également provoqué a submersion de la quasi-totalité des terres. 

Namor, tel qu'il apparaît désormais, a les tempes blanchies et ne régit plus Atlantis, ayant passé le flambeau à son plus jeune cousin. Namorita, sa cousine, lui sert de relais entre son royaume sous l'eau tandis qu'il voyage fréquemment à la surface, veillant à ce que les survivants humains ne souillent pas les océans. Puis il rend visite à Captain America qui lui apprend une nouvelle surprenante, avant de se bastonner avec un Luke Cage très remonté contre les atlantes. Jusqu'à ce qu'un personnage du passé ne se pointe...

C'est donc un épisode d'exposition, mais qui laisse quelques zones d'ombre pour la suite. C'est assez alléchant pour donner envie de lire ce que Cantwell a prévu, d'autant qu'en situant son récit dans un siècle, le scénariste ne sera pas embêté par ce qui se passe dans des séries actuelles. On entrevoît de cette manière ce à quoi ressemblerait un Marvel Black Label si l'éditeur se décidait à le développer (comme il l'avait fait avec la gamme Marvel Knights ou la collection Icon).

Cantwell, en tout cas, assure pour écrire Namor avec nuance : il lui conserve cette arrogance mais en le montrant assagi, vieilli, détaché de ses obligations royales, on apprécie aussi son humanisme, sa compassion. En tout cas, ce n'est plus l'abominable connard auquel on l'a trop souvent réduit. A voir si l'histoire évoquera sa mutanité (qui fut, en son temps, un sujet de débat parmi les puristes - personnellement, je n'ai jamais compris le bénéfice qu'en aurait tiré le personnage, au contraire Namor est un outsider absolu donc le rattacher à cette communauté me semble un contresens).

Que ce soit dans les projets en creator-owned ou mainstream, j'ai toujours vu Cantwell bien accompagné. Et cette fois, encore, il bénéficie d'un dessinateur d'exception avec le trop rare Pasqual Ferry, qui se montre actuellement très actif (il a également participé à des tie-in pour A.X.E. : Judgment Day).

Si Ferry a été plus discret, c'est parce qu'il a ces dernières années consacré beaucoup de temps et d'energie à un projet personnel, une adaptation futuristes de Alice au pays des merveilles intitulé AL1C3, édité avec un financement participatif. Mais ce fut un échec et j'ignore même si l'oeuvre a été achevée, sera complétée si elle n'est pas terminée, ou a été abandonnée définitivement. Dommage parce que, pour ce que j'en ai vu, c'était superbe.

Il n'empêche, quel plaisir de relire du Pasqual Ferry, lui qui a un style à la fois reconnaissable entre mille et si beau. L'artiste nous gratifie très vite de splash (c'est le cas de le dire...) et de doubles pages somptueuses, avec notamment les scènes se passant à Atlantis. On peut rester de longues minutes à apprécier l'architecture magnifique qu'il donne à la cité sous-marine, avec les couleurs fabuleuses de Matt Hollingsworth.

Mais le script de Cantwell est aussi assez strict pour que, dans la seconde moitié de l'épisode, Ferry prouve qu'il est un narrateur aguerri, capable de faire autre chose que de belles images. Le dialogue entre Namor et Captain America donne toute la mesure du respect que se vouent les deux hommes, tandis que l'altercation avec Luke Cage a une vraie intensité, avec un découpage plus hâché, reflétant la confusion de la bagarre.

Bref, j'ai beaucoup aimé ce bon début, très accrocheur et maîtrisé. Cantwell est un auteur à suivre, et Ferry nous fait plaisir. What else ?

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