samedi 1 octobre 2022

EMILY IN PARIS (Saison 1) (Netflix)


Le succès d'une série (ou d'un film) suscite toujours la curiosité, surtout quand on esstime ne pas en être la cible. Pourquoi ça marche en somme ? Qu'est-ce qui plait tant ? Le cas d'Emily in Paris est intéressant car la dernière création de Darren Star a provoqué bien des commentaires moqueurs. De quoi me donner envie de vérifier s'ils sont fondées, ou du moins si je les partage.


Emily Cooper est l'assitante d'une publiciste de Chicago qui doit renoncer à aller à Paris après avoir découvert qu'elle est enceinte. C'est ainsi qu'elle débarque à l'agence Savoir, sans parler un mot de français et avec des méthodes de travail qui rencontrent l'hostilité des employés et de leur directrice, Sylvie Grateau. Emily change le nom de son compte Instagram en @emilyinparis en espérant séduire de nouveaux followers. Logée dans une chambre de bonne, elle fait la connaissance de son séduisant voisin, Gabriel, chef cuisinier.
 

Après s'être attirée les foudres de Sylvie parce qu'Antoine Lambert, un parfurmeur, et amant de sa patronne a tenté de la séduire, Emily rencontre Mindy Chen, la nounou de deux enfants, avec laquelle elle noue une amitié immédiate et durable. Pour se venger, Sylvie confie à Emily le marketing d'un lubrifiant pour femmes ménopausées. Mais elle réussit à changer l'image du produit avec un slogant accrocheur, qui est même félicitée par la première dame, Brigitte Macron. 


Le fiancé d'Emily, resté à Chicago, l'appelle pour la prévenir qu'il annule sa visite à Paris et lui demande de rentrer en Amérique. Ne voulant pas quitter son job et Paris, Emily préfère rompre. Elle se rend ensuite sur le tournage de la pub pour le nouveau parfum d'Antoine mais lui reproche le sexisme du scénario. Antoine accepte la suggestion d'Emily qui veut interroger ses followers à ce sujet, et, finalement, il se range à leur avis.


Emily fait connaissance avec Camille, une jeune galériste, qui l'invite à un vernissage. Sur place, elle découvre que Gabriel est le fiancé de Camille. Pour fêter le succès de la publicité de son nouveau parfum, Antoine veut inviter l'équipe de Savoir au restaurant et Emily a l'idée de les emmener dans l'établissement de Gabriel. Les convives sont comblés et, pour remercier le chef, Emily l'embrasse sur la bouche maladroitement.


Forte de ses 20 000 followers, Emily est invitée avec d'autres influenceuses chez Durée Cosmétiques. Elle tente de convaincre Olivia Thompson, la patronne, d'être représentée par Savoir mais apprend qu'elle et Sylvie se détestent. Camille invite Emily à sortir avec elle et Gabriel, ce qui les embarrasse à cause du baiser qu'ils ont échangé. Sylvie apprend que Emily a parlé à Olivia et exige qu'elle ferme son compte Instagram. Mais elle se ravise quand elle se rend compte qu'elle est encore plus suivie depuis qu'elle a été vue chez Durée Cosmétiques et que cela profite à Savoir.


Sylvie se rend avec Emily chez le grand couturier Pierre Cadault que Savoir représente. Au Céfé de Flore, Emily est abordée apr Thomas, un jeune professeur de philosophie avec lequel elle entame une liaison passionnée. Mais lorsqu'elle le présente à Camille et Gabriel, elle se rend compte qu'il est affreusement snob et condescendant et préfère rompre. Elle en profite pour retrouver Pierre Cadault et lui soumettre une idée afin de rajeunir l'image de sa marque.


Camille invite Emily chez ses parents, producteurs de champagne à la recherche d'un publiciste. Durant le week-end, Emily évite Gabriel et tombe dans les bras du frère cadet de Camille, Thimothée, qui lui fait croire qu'il so'ccupe de la gestion du domaine. Le malentendu éclate au grand jour le lendemain matin, après qu'ils ont passé la nuit ensemble, où Emily est présentée au frère aîné de Camille, le vrai commercial de la famille. Toutefois, elle réussit à persuader la mère de son amie qu'elle parlera du domaine à Savoir.
 

Peu intéressée par la publicité du champagne, Sylvie charge, en son absence, Emily de chaperonner Brooklyn, une actrice américaine égérie de la marque Foutier. Pierre Cadault accepte d'habiller la starlette et un joaillier de lui prêter une montre de luxe pour laquelle Emily se porte garante auprès des assureurs. Mais Brooklyn s'échappe de la soirée de Foutier pour aller en boîte. Gabriel aide Emily à la retrouver et à récupérer la montre et la robe qu'on lui a prêtées. Ce scandale évité de justesse attire l'attention de nouveaux followers sur le compte Instagram d'Emily et les créations couture de Cadault.


Emily est approchée par Judith Robertson, une compatriote, présidente d'honneur des Amis du Louvre, qui veut lever des fonds pour de bonnes causes et souhaiterait que Pierre Cadault accepte de mettre une de ses robes aux enchères. Réticent, le couturier cède quand son fils, Matthieu, commercial de sa marque, plaide en faveur d'Emily pour mieux la charmer. Mais lors de la vente, des créateurs situationnistes vandalisent la robe pour créer le buzz. Les Cadault sont effondrés mais Emily leur donne une idée pour se venger en organisant leur défilé là où Grey Space, les vandales, font le leur. C'est un triomphe.
 

Emily passe la journée suivante avec Matthieu et tombe sous le charme. En revanche, entre Camille et Gabriel, rien ne va plus : voulant ouvrir son propre restaurant sans demander d'argent aux parents de sa fiancée, le jeune chef décide de rentrer en Normandie où il a une opportunité. Emily passe la soirée et la nuit avec Gabriel avec lequel elle couche et tous deux conviennent que leur histoire est sans avenir. Mais le lendemain, surprise : Gabriel annonce à Emily qu'il reste à Paris car Antoine Lambert va l'aider financièrement. Au même moment, Camille envoie un texto à Emily pour qu'elles se voient afin de parler du changement décidé par Gabriel...

A quel point accorder du crédit à un succès populaire ? Ou, autrement dit, quand quelque chose (un livre, un disque, un film) marche commercialement mais qu'on n'a pas l'impression d'être le public visé, risque-t-on de louper une production qui vaut le coup ? Je ne sais pas pour vous, mais ces questions me travaillent souvent quand j'observe ce phénomène.

Deux possibilités se présentent alors : soit ignorer l'oeuvre, soit prendre le temps de la découvrir et de vérifier si, oui ou non, ça mérite l'attention. C'est ce qui m'est arrivé avec Emily in Paris, un succès sur Netflix, mais aussi l'objet de railleries critiques, principalement à cause de clichés véhiculés sur la France par cette série et son ton fleur bleue.

Il n'y a pas grand-chose à perdre à regarder les dix épisodes de la saison 1 de Emily in Paris qui dure chacun une demi-heure. Si c'est vraiment mauvais, vous pouvez vous arrêter rapidement ou aller jusqu'au bout sans soupirer. En revanche, si c'est bon, alors c'est une heureuse surprise.

Il se trouve que j'ai regardé ces dix premiers épisodes (puisqu'une saison 2 est aussi disponible et que la 3 arrivera en Décembre prochain) en attendant la mise en ligne de Blonde, le film d'Andrew Dominik adapté du roman de Joyce Carol Oates, sur Marilyn Monroe. Comme je savais que ce serait une expérience spéciale, j'avais envie d'un truc léger avant de me plonger dans les 2h 47 du faux biopic tant attendu.

Et en fait, c'est exactement ce fournit Emily in Paris : de la légéreté, un divertissement pétillant, et qui ne me semble mériter toutes les moqueries que cette série a essuyées. Car, en vérité, lui reprocher d'être fleur bleue et pas réaliste, c'est comme se plaindre qu'une comédie musicale est chantée, colorée et fantaisiste. Là n'est pas le propos, ni même l'intention.

Evidemment que rien, dans Emily in Paris, n'est réaliste. Effectivement que c'est bourré de clichés, de facilités. Mais ce n'est pas méchant, jamais condescendant. On y voit des français(es), parisiens de surcroît, habillé(e)s comme des gravures de mode, beaux/belles comme des mannequins, dans une métropole comme doit en rêver la maire de la Capitale, propre (à quelques exceptions près, car une scène montre Emily marchant dans une déjection caninie). Les employés de l'agence Savoir commencent leur journée de travail à 10h 30 et sont plus souvent occupés à flâner dans les rues de la cité en dégustant des crêpes ou à visiter de riches clients tout aussi oisifs, quand ils ne fréquentent pas des soirées chics dans des appartements avec vue imprenable sur les monuments emblématiquess de la ville-lumière.

C'est un Paris idéalisé, irréaliste au possible, mais pas davantage que celle qu'on voit dans Un Américain à Paris (Vincente Minelli, 1951), Drôle de frimousse (Stanley Donen, 1957) ou Ariane (Billy Wilder, 1957). D'ailleurs, Emily ressemble à une actrice américaine des 50's, comme Leslie Caron ou Audrey Hepburn, avec sa silhouette fine, son joli minois et son élégance impeccable. Elle est healthy en diable car elle fait son jogging sur les quais de Seine et ne se laisse jamais abattre, malgré une patronne qui lui en fait voir de toutes les couleurs, un fiancé qui la quitte prématurèment, des collègues couards ou grossiers, des clients trop entreprenants, etc.

Au fond, il est difficle, et même impossible de ne pas éprouver de la sympathie pour Emily, dont la bonne humeur, l'opiniâtreté et la malice sont irrésistibles. Elle n'arrive pas, loin s'en faut, en terrain conquis, elle ne parle pas français, elle tombe amoureuse du seul garçon qui n'est pas libre, doit composer avec des individus peu aimables, mais ne renonce jamais. Elle apprend, compose, s'arrange, et cette détermination force le respect. Sa bienveillance n'a rien de fleur bleue, elle est exemplaire.

Et, au fil de ses aventures, parfois cocasses, parfois superficielles, on la voit apprécier la ville, ses nouvelles habitudes, s'ouvrir à une autre culture. Mieux : d'abord vue comme une "plouc" "ringarde" trop prude et trop work alcoholic, elle devient un peu plus trouble et troublante. Ce n'est pas une oie blanche. Elle aime se donner, quitte à se tromper, à s'emballer. On en vient à se demander si derrière son grand dourire désarmant et bien blanc, Emily n'aime pas Paris surtout pour les occasions, les opportunités sentimentales et sexuelles qu'elle lui offre, alors qu'à Chicago, elle était programmée pour être une sage assistante marié à un ambitieux macho.

La série doit beaucoup à son casting, dominé par Philippine Leroy-Beaulieu, impériale en patronne insupportable, cassante. Camille Razat et Lucas Bravo mais aussi Ashley Park forment le cercle amical d'Emily avec du charme à revendre. Dans des seconds rôles Samuel Arnold, Bruno Gouery, William Labadie, et surtout Jean-Christophe Bouvet (dans le rôle de Pierre Cadault) cabotinent à loisir.

Et bien entendu, il y a Lily Collins. La fille de Phil Collins a 29 ans mais en paraît dix de moins et a une vraie grace. C'est une jeune première à l'ancienne, avec un charme fou, qui fait qu'on n'imagine personne d'autre qu'elle dans le rôle. Elle a un vrai talent comique et une présence indéniable en plus d'une élégance impeccable. Autant d'atouts qui suffisent à ne pas la limiter à une simple potiche.

J'ai donc du coup bien l'intention de continuer à suivre Emily in Paris : c'est sucré, certes, mais on ne dit pas non à une si bonne friandise. Et tant pis pour les railleurs et les cyniques.

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