Le moins que l'on puisse dire, c'est que She-Hulk : Avocate laissera de nombreux regrets. Cette nouvelle série promettait beaucoup sur le papier mais sa créatrice, Jessica Gao, semble souvent s'être fixée comme objectif de rater copieusement ce qu'elle avait annoncé. Longue de neuf épisodes d'une trentaine de minutes, le projet a souvent sombré dans l'anecdote, le comique gênant, sans parler de ses effets spéciaux bâclés. Avant de se resaissir miraculeusement à deux longueurs de sa fin...
Avant d'aller plaider, Jennifer Walters s'adresse au spectateur pour lui raconter comment elle est devenue She-Hulk. Quelque mois auparavant, elle a eu un accident de la route avec son cousin, Brice Banner/Hulk. Blessés, leurs sangs se sont mélangés et elle a acquis les mêmes pouvoirs que Bruce. Après s'être entraîné à ses côtés, elle refuse cependant de devenir une super-héroïne et rentre retrouver son travail. Alors qu'elle défend un client, elle est interrompue par Titania et doit se transformer pour la stopper.
Cet outing lui vaut le surnom de She-Hulk dans les médias, mais aussi son renvoi du cabinet pour lequel elle travaillait. Heureusement, elle reçoit dans la foulée une offre de recrutement de GLK & H (Goodman, Lieber, Kutzberg & Holliway). Elle est embauchée à la condition de se présenter devant les tribunaux comme She-Hulk. Et son premier dossier consiste à représenter Emil Blonsky/l'Abomination, un ancien ennemi de Hulk.
Apprenant que durant sa détention, Blonsky a participé, grâce au sorcier suprême, à des combats clandestins, Jen contacte Wong, qui lui confirme cela. Il témoigne en faveur de Blonsky qui est libéré sur parole mais avec un bracelet inhibiteur à la cheville. On lui confie ensuite la défense d'un ancien collègue, Dennis Bukowski, souhaitant poursuivre Runa, une elfe métamorphe asgardienne qui l''a séduite en se faisant passer pour la rappeuse Megan Thee Stallion. De retour chez elle, Jen est agressée par la bande des Démolisseurs qui essaient de lui préveler du sang, mais elle leur inflige une raclée.
Wong fait appel à She-Hulk pour attaquer en justice Donny Blaze, un de ses anciens élèves à Kamar-Taj, pour usage dangereux de la magie. Se sentant seulle, Jen s'inscrit sur une application de rencontres et créé aussi un profil pour son alter ego. Elle s'aperçoit, dépitée, que She-Hulk a plus de succès qu'elle. Pour ne rien arranger, elle apprend que Titania a déposé le nom de She-Hulk pour un produit cosmétiques qu'elle vend et la poursuit pour fraude.
Chez GLK & H, on refuse que Jen se défende seule et Mallory Book est donc chargée de plaider la cause de She-Hulk. Jen suit son assistante Nikki chez Luke Jacobson, styliste des super-héros, afin qu'il lui confectionne une tenue plus appropriée de super-héroïne. Mallory réussit à gagner l'affaire contre Titania qui promet de ne pas en rester là.
Jen est invitée au mariage d'une amie mais débarque en She-Hulk. Titania est également présente et la défie en combat singulier. Elle se fait corriger mais cette bagarre attire davantage l'attention des invités sur She-Hulk que sur la mariée. De leur côté, Mallory aidée de Nikki défend Mr. Immortal qui a simulé sa mort plusieurs fois pour se marier avec différentes femmes. Aux noces, Jen fait la connaissance du séduisant Josh Miller avec qui elle finit la nuit chez elle.
Les jours suivants cette aventure, Jen est sans nouvelles de Josh. Elle rend visite à Emil Blonsky dans la retraite où il accueille des super-héros et vilains en thérapie. D'abord réticente, She-Hulk accepte d'y participer et se confie sur ses difficultés à mener une double vie et ses déboires amoureux. Josh, de son côté, remet à l'Intelligencia un échantillon sanguin de Jen et la copie du contenu de son téléphone.
Jen défend Leapfrog, un justicier masqué, contre Luke Jacobson qu'il accuse de lui avoir fourni un costume défectueux. Mais le styliste est représenté par Matt Murdock qui démonte les arguments de la partie adverse facilement. Leapfrog rappelle plus tard Jen en lui expliquant être poursuivi par le diable. Elle le rejoint et affronte Daredevil qu'elle démasque, découvrant qu'il est Murdock. Ce dernier lui révèle qu'il poursuivait Leapfrog car il a enlevé Jacobson. Ils sauvent le styliste et remettent Leapforg à la police. Matt et Jen finissent la nuit ensemble. Le lendemain, Jen assiste à une remise de récompenses mais quand elle reçoit son trophée, des images intimes d'elle sont diffusées par l'Intelligencia. Elle rentre dans une rage incontrôlée et se fait arrêter par Damage Control.
Enfermée dans l'ancienne cellule d'Emil Blonsky, Jen en sort rapidement grâce à Mallory Book et la pose d'un bracelet inhibiteur. Avec Nikki, elle remonte la piste de l'Intelligencia et se rend à leur repaire. Emil Blonsky est leur invité d'honneur avec Titania. Hulk surgit. Jen franchit el quatrième mur pour rejoindre la salle d'écriture des scénaristes de sa série puis l'antre du producteur K.E.V.I.N., une intelligence artificielle dont elle obtient qu'il modifie cette fin grotesque. Jen peut célébrer sa réhabilitation avec sa famille et Matt Murdock puis son cousin. Elle reprend son travail en tant que She-Hulk.
Adapter She-Hulk en déclarant d'entrée de jeu que la série allait s'inspirer des runs de John Byrne et Dan Slott représentait sans doute un défi impossible à relever. Mais Jessica Gao, la showrunner de She-Hulk : Attorney at Law (en vo) s'en est moquée et a eu le feu vert de Kevin Feige pour produire les neuf épisodes de cette saison.
Bon, ça partait bizarrement avec un premier épisode en forme d'origin story notoirement modifiée par rapport aux comics, mais passons. Jennifer Walters devenait She-Hulk en moins de trente minutes, s'entraînait avec son cousin, refusait de devenir une super-héroïne, et s'adressait directement au spectateur par moments, comme le personnage le faisait chez Byrne et Slott. Un début encourageant à défaut d'être parfait. Agrémenté d'une scène post-générique où on blaguait sur la virginité de Captain America.
L'intention était claire : on n'allait pas avoir droit à une série d'action mais plutôt à une comédie sentimentale et juridique dans la veine d'Ally McBeal, référence assurmée et affichée par les auteurs. Pourquoi pas ? Même si Ally McBeal date quand même d'il y a 25 ans et que ça ne parlera certainement pas à tout le monde.
Le souci cependant, au-delà de cette référence, c'est qu'il fallait être à la hauteur du modèle. Et on comprend vite que ça ne sera pas le cas, loin s'en faut. La comédie dans She-Hulk : Avocate aboutit à des résultats plus embarrassants qu'autre chose, avec des gags pas drôles tout simplement, mais surtout un manque terrible de ryhtme - un comble pour des épisodes qui durent à peine trente minutes.
En vérité, tout cela manque affreusement de consistance pendant une bonne partie de la saison. Les affaires défendues par Jen sont insignifiantes, et il faut quand même patienter jusqu'au septième épisode pour avoir un début de subplot qui se révélera dans le final. Les dossiers de Mr. Immortal, Dennis Bukowski sont aussi grotesques que gênants : on finit chaque épisode affligé.
Par ailleurs, il faut souligner que Marvel a communiqué sur l'apparition de Matt Murdock/Daredevil, sa deuxième après celle dans Spider-Man : No Way Home, et ce fut une terrible erreur. Car, alors, les fans de l'homme sans peur, plus nombreux et bruyants (sur les réseaux sociaux) que ceux de She-Hulk, se sont mis à ronger leur frein sans voir le bout des cornes du diable de Hell's Kitchen. Le sommet de cette frustration a été atteint à la fin de l'épisode 5 quand on aperçu un carton à chapeau chez le styliste Luke Jacobson contenant le amsque de DD. Finalement, il faudra attendre l'épisode 8 pour voir débarquer le héros !
Car, visiblement certains de leur coup, les auteurs de la série ont glissé à de multiples reprises des attaques en règle contre les trolls qui, sur les réseaux sociaux, attaquent régulièrement l'introduction de super-héroïnes ou de représentants de minorités visibles dans les comics et les films. Le problème n'est pas tant de se moquer de ces parasites qui n'ont de fans que le nom, c'est surtout l'insistance lourdingue avec laquelle cela est fait. A tel point qu'on a l'impression de lire une sorte de tract récurrent néo-feministe et raillant tous les fans, avec leur passion parfois excessive. Ce n'est jamais drôle, jamais piquant, juste indigeste (même si, au début, ça fait mouche).
Au passage aussi la série gâche complètement (lors de l'épisode 3) l'apparition des Démolisseurs, une bande de super-vilains outillés par Loki dans les comics et ici réduits à une bande de pieds nickelés soris de nulle part et y retournant aussitôt (sauf pour l'un d'eux qu'on revoit dans l'épisode 7). A force de tout vouloir tourner en dérision, She-Hulk ruine des opportunités dans son propre show, compme lui donner un adversaire physiquement à sa hauteur : Titania a droit à un traitement abominable et une interprétation calamiteuse (de Jameela Jamil), dont on se serait bien passé.
Quand arrive enfin l'avant-dernier épisode et donc Matt Murdock/Daredevil, on considère le gâchis de la série, qui, pour la première fois, nous gratifie d'un épisode bien plein, vraiment drôle, audacieux, rythmé, avec deux acteurs dont l'alchimie est miraculeuse. De plus le cliffhanger final est parfait, relançant la machine de manière formidable.
Mais là encore, que de de regrets puisqu'il ne reste qu'un épisode. Pourtant, contre toute attente, comme s'ils écrivaient enfin un script en se lâchant franchement, tel qu'ils auraient dû le faire depuis le début, les auteurs osent enfin vraiment briser le quatrième mur, comme chez Byrne, et pas seulement pour un aparté minusucule de Jen. Celle-ci se fraie un chemin jusqu'à la salle d'écriture en passant par la page d'accueil de Disney +, puis poursuit jusqu'à rencontrer le producteur tout-puissant du MCU : K.E.V.I.N..
Le clin d'oeil à Kevin Feige est hilarant puisqu'il apparaît comme une Intelligence Artificielle intraîtable et infaillible, négociant pied à pied avec She-Hulk, les dialogues sont brillants avec des allusions savoureuses aux effets spéciaux cheap de la série (l'épisode s'ouvre d'ailleurs comme une parodie de la série Hulk de 1977) et d'autres productions récentes du MCU, des questions sur l'arrivée des X-Men, pour se finir sur une modification de la fin de l'épisode. Tout ce qu'aurait pu/dû être She-Huk : Avocate tient dans cet ultime chapitre.
Alors, bien entendu, la réussite de ce dénouement a déjà conduit pas mal de détracteurs du show à retourner leur veste pour encenser la totalité de la saison. Mais c'est hypocrite et malhonnête car, non, deux épisodes (les deux derniers) ne sauvent pas une série qui, avant ça, a accumulé les erreurs, a réussi à livrer des épisodes qui passaient trop vite sans rien raconter d'intéressant, souvent mal réalisé et moyennement inteprété.
Car, outre les effets spéciaux dégueulasses auxquels on a eu droit, le casting est franchement limite. Ginger Gonzaga (Nikki) est horripilante, Mark Ruffalo fantômatique, Tim Roth fait de la peine, et Benedict Wong lasse même carrément. Seul Charlie Cox s'en sort parfaitement, avec un charme indéniable et pour le plaisir de le revoir tout simplement.
Les producteurs ont beau dire qu'ils ne voulaient que Tatiana Maslany depuis le début, il faut se rappeler que l'actrice, révélée par la série Orphan Black, a beaucoup hésité à s'engager, et qu'en l'attendant, le nom d'Alison Brie avait circulé pour le rôle-titre. Elle aurait largement ma préférence. Maslany n'est pas mauvaise en soi, mais elle est beaucoup trop empruntée la plupart du temps et a vraiment du mal dans les scènes de comédie pure. Alors, non, je ne fais définitivement pas partie de ceux qui souhaitent la revoir ni supporter une sauson 2.
Décidément, le séries Marvel, ça fonctionne un coup sur deux : après le calamiteux Moon Knight, Ms. Marvel m'avait réjoui (grâce à Iman Vellani), puis patatras ! She-Hulk : Avocate s'étale lamentablement. C'est quoi la prochaine série ? Secret Invasion, si je m'abuse. Croisons les doigts !
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