Ce troisième volume de The Magic Order est décidément bien décousu. Ce qui ne signifie pas qu'il est mauvais, mais disons difficile à décrypter tant Mark Millar semble ne pas suivre un mais plusieurs fils narratifs sans lien apparent. Gigi Cavenago, lui, éblouit encore une fois, notamment lors de quatre pages imitant à la perfection les épisodes de Creepy par Alex Toth.
Dans le château Moonstone, l'oncle Edgar massacre le plus vieux membre de la famille qui était sur le point de réintégrer le monde réel. Il laisse les fées sonner l'alarme.
Cependant, Sacha Sanchez entraîne Rosie Moonstone dans son repaire. Grâce à un vieux comic-book, ils accèdent à une dimension parallèle où il pourra former la fillette.
Cordelia Moonstone arrive au château où Edgar a trouvé dans la bibliothèque un ouvrage en relation avec son passé et lui rappelant qui il est vraiment...
Je peux me tromper, et il reste à Mark Millar deux épisodes dans ce troisième volume de The Magic Order pour le corriger le cas échéant, mais j'ai quand même l'impression que toutes les intrigues ouvertes depuis quatre mois ne seront pas résolues et vont plutôt, pour certaines, alimenter la prochaine mini-série de ce titre.
En effet, ce chapitre s'ouvre sur une découverte : le plus vieux membre de la famille Moonstone vivait encore dans le château, convalescent depuis 500 ans (!) mais désormais sur le point de réintégrer le monde normal. On n'avait jamais entendu parler de lui auparavant et cela donne donc l'impression que Millar le sort de son chapeau pour créér une scène choc puisque l'oncle Edgar, lui-même enfermé dans le château Moonstone, va le tuer d'une manière particluièrement atroce et semble-t-il gratuite. Le vieil homme a-t-il perdu la tête ? On le saura à la fin de l'épisode.
Mais, avant cela, ce qu'on vient de lire souligne à quel point ce troisième arc de la série a de quoi déconcerter. On a commencé par nous présenter Sammy Liu, un milliardaire japonais et membre de l'Ordre Magique, sans qu'il soit fait grand-chose de lui par la suite (en dehors du fait, non négligeable, que Cordelia Moonstone le soupçonne, à raison, d'avoir utilisé ses pouvoirs pour fire fortune). Puis on a retrouvé Leonard Moonstone qui, lui-même, retrouvait sa femme Salomé à qui il apprenait la mort de leur fils Gabriel, avant de mentionner leur premier fils, Perditus, échangé contre un sorcier chef de guerre lors d'un conflit passé.
Sur ce dernier point, Millar opère une connection à la fin du présent épisode et je pense raisonnablement que cela va alimenter la fin de ce volume 3 de The Magic Order. Le scénariste enrichit la mythologie de la série d'un côté tout en ayant l'air d'en dévoiler des pans inédits un peu trop opportunément. On aimerait croire que tout a été prévu ainsi dès le départ, mais on en doute un peu.
Plus sûrement, le coeur de cet épisode et l'autre ligne narrative essentielle de cet arc suit Rosie, la fille de feu Gabriel Moonstone. La petite, on s'en doutait après le volume 2, est elle-même une magicienne, aussi sinon plus puissante que son père. Sacha Sanchez, ce tueur à gages de l'Ordre Magique, a deviné son potentiel et lui a proposée de l'entraîner. Hélas ! pour la fillette, les intentions de l'homme sont toutes autres.
Tandis qu'on les suit dans une dimension parallèle, Gigi Cavenaggo entre en scène et tire une fois encore la série vers des sommets graphiques. En effet, pendant quatre pages où Rosie et le lecteur lisent un comic-book horrifique dans la veine des EC Comics,, l'artiste italien imite avec une perfection saisissante le style d'Alex Toth quand il produisait des histoires pour le titre Creepy (un recueil est disponible chez Dark Horse). Le récit raconte comment un pilote de course, à la suite d'un accident, perd ses deux mains. On lui greffe celles d'un pianiste prodige et il devient à son tour un musicien accompli, changeant de carrière pour se produire su scène. Mais partout où il joue, des crimes affreux ont lieu et bientôt il acquiert la certitude que le pianiste était aussi un tueur. Il assassine sa femme puis se suicide.
Cet interlude est génial, même s'il est totalement gratuit. Cavenago est tellement bon dans cet exercice qu'on croit réellement avoir affaire à des planches originales de Toth et Millar a concocté cette nouvelle avec un mimétisme sidérant par rapport à ce qu'on trouvait dans ces comcis des années 50. Rien que pour ça, The Magic Order 3 #4 est indispensable !
Mais le cliffhanger qui clôt l'épisode est aussi insensé quand on découvre qui est vraiment l'oncle Edgar, ce qui explique son crime sauvage. La confusion qui s'emparaît de nous au début se transforme en un tour de passe-passe virtuose qui prouvera aux sceptiques que Millar a encore un formidable talent de conteur, capable de nous cueillir complètement sans qu'on ait rien vu venir.
Et finalement, c'est ce Millar qu'on préfère, celui qui invente des twists aussi tordus qu'efficaces, qui sert du caviar à ses artistes qui le lui rendent bien en produisant des planches hallucinates. Cavenago donne vie aux idées de Millar avec une maestria qui dépasse celles de Coipel et Immonen, car elle est plus baroque, plus folle, plus stylisée.
Qu'importe alors si c'est décousu et que sans doute le volume 4 poursuivra et conclura certains subplots : peut-être cela veut-il seulement dire que la série se mue en feuilleton et formera une grande fresque au-delà de son propre cadre (puisque Big Game, le crossover que prépare actuellement Millar avec Pepe Larraz impliquera The Magic Order, Night Club, Nemesis et un quatrième titre, dessiné apr Frank Quitely).
Vous avez dit alléchant ?
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