On dirait que ça va devenir une habitude, mais quel plaisir de lire Tony Stark : Iron Man ! En trois mois, elle est devenue la série Marvel classique la plus fun à suivre - un sentiment que je n'avais plus eu avec ce personnage depuis des lustres. C'est écrit avec un pep's incroyable et dessiné avec brio. Et chaque épisode peut s'apprécier comme une unité auto-suffisante !
Tony Stark a créé une interface informatique qui lui permet de communiquer avec des intelligences artificielles. Mais pour la tester, il a besoin de volontaires et il demande à Jocaste, Andy Bhang, sa mère Amanda Armstrong et "Rhodey" leur aide - seul "Rhodey" se désiste car il n'y a pas de partie militaire dans les animations.
Pourtant, lorsqu'il apprend ce projet, Aaron Stack alias Machine Man, le compagnon de Jocaste, réagit avec virulence contre Tony qu'il accuse d'instrumentaliser sans respect les robots. Jocaste intervient et éloigne Aaron. L'essai peut commencer pour l'e-Scape ("La Grande Evasion").
L'interface propose plusieurs niveaux et situations dans des cadres variés, parfois inspirés de séries télé (comme "Westworld") ou des aventures d'Iron Man. Mais un joueur clandestin s'invite dans la partie. Comment a-t-il réussi à se procurer le matériel de connexion ? Grâce à Bethany Cabe la veille, toujours sous l'emprise mentale du Controller.
Et cet intrus n'est autre que Machine Man évidemment ! Pour le stopper, Tony reprend les commandes du jeu et réussit à le neutraliser avec l'aide de Jocaste. Cette dernière rompt ensuite avec Aaron Stack alors qu'Andy et Amanda en ont profiter pour se rapprocher.
Pour Tony, cet essai a été doublement concluant : il ordonne la commercialisation de l'e-Scape et est rassuré sur son état mental après sa résurrection.
Ce qui séduit une fois encore dans cet épisode, comme lors des précédents, c'est l'énergie qui s'en dégage. Tout va très vite et en même temps tout est fluide, compréhensible. Cette synthèse a quelque chose de grisant, comme si toutes les pièces de la série étaient bien en places, que les rouages fonctionnaient parfaitement. Il n'y a qu'à se laisser aller et profiter du divertissement.
Dan Slott s'amuse comme un fou, c'est évident : il a trouvé en Tony Stark, qui est vraiment la vedette de la série, plus qu'Iron Man - ce qui justifie le titre - , un personnage idéal pour ce qu'il veut raconter. Cette osmose entre l'auteur et sa créature suppose qu'il existe un prolongement entre eux, et il n'est pas insensé de penser que Slott, scénariste facétieux à qui on peut reprocher parfois son goût de la provocation et des contradictions, considère Stark comme un double fantasmé, un sale gosse dont la richesse lui autorise tous les caprices.
Mais pour faire apprécier un personnage a priori aussi imbuvable, il faut savoir l'entourer et c'est là qu'intervient la maestria de Slott pour exploiter un riche supporting cast. Mine de rien, on voit autour du héros, Jocaste, Bethany Cabe, James Rhodes, Andy Bhang et Amanda Armstrong. Il ne s'agit pas simplement de faire-valoir, tous ont des personnalités affirmés, des objectifs, des rêves, une utilité : ils renvoient Stark à une partie de lui-même et évoluent avec lui comme il évolue avec eux.
Ce mois-ci, le personnage de Jocaste est au centre de l'intrigue : elle se propose timidement comme volontaire pour tester l'interface comme si elle craignait que sa nature d'androïde ne le lui interdise (ou sa fonction de responsable de l'éthique au sein de Stark Unlimited). Puis intervient Aaron Stack, son compagnon, plus connu sous le pseudo de Machine Man, qui reproche à Stark sa condescendance envers les robots qu'il emploie uniquement à des fins récréatives. Slott écrit Machine Man comme Warren Ellis dans Nextwave, prétentieux, fort en gueule, méprisant envers les "tas de chair" (les humains, expression créée par Ellis). C'est savoureux, ça rappelle d'excellent souvenirs. Enfin, c'est toujours Jocaste qui permet de stopper l'intrusion de Machine Man dans l'interface, et elle en profite pour le larguer. Puis rassure Tony sur son état mental (qui l'inquiétait dans le précédent épisode).
Il se passe beaucoup de petites choses autour de l'axe dramatique central, comme lorsque Andy et Amanda sont ensemble dans la même zone de l'interface, inspirée de la scène musicale (et donc du passé d'Amanda, qui a été chanteuse de punk-rock). Soudain, la partie se transforme en rendez-vous galant, Andy avouant son béguin pour la mère de son patron. Slott glisse des clins d'yeux à Dazzler au passage (la mutante chanteuse qui change le son en lumière).
Un bref flash-back explique comment Aaron Stack s'est procuré un module d'accès à l'interface et alimente le subplot (l'intrigue secondaire) avec Bethany Cabe et le Controller. Comme je le disais plus haut, tout est bien en place et bien géré.
Quand un script est aussi bien bâti, on prie pour que le dessin suive, mais de ce côté-ci, aucun souci à avoir puisque Valerio Schiti enchaîne. L'italien est dans une forme olympique depuis le début et ne lève pas le pied. Lui aussi communique son plaisir évident à dessiner cette série et il a visiblement de l'espace pour s'exprimer.
Pour en témoigner, il suffit de remarquer l'abondance de scènes en "caméra subjective" qui immerge le lecteur dans l'action comme le testeur Beta sollicité par Stark. Le procédé est fantastiquement efficace et illustré. Schiti le fait de manière à la fois simple (un"gaufrier" de quatre cases sur les deux premières pages) ou spectaculaire (une double page pour boucler le prologue, plusieurs cases ensuite occupant toute la largeur de la bande afin de simuler un écran panoramique, une vision totale des choses).
Les plans sont fournis, abondant en détails, et quand on sait que Schiti assume dessin et encrage, même s'il travaille sur tablette, on est admiratif du travail abattu. La colorisation tonique d'Edgar Delgado souligne les effets sans les noyer, respectant le trait.
C'est de l'excellent entertainment. Sans doute ce que Marvel propose de meilleur depuis son "Fresh Start" en ce qui concerne un de ses héros phares.
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