Sorti depuis le 18 Juillet dernier, j'avais totalement oublié de vous parler du quatrième épisode de Skyward, cette série que j'aime pourtant beaucoup, avec son concept génial. On avait laissé Willa Fowler, son héroïne, inquiète, pensant que son père avait été enlevé par son rival. Joe Henderson et Lee Garbett n'ont pas fini de nous surprendre...
En rentrant chez son père, Willa découvre son appartement sans dessus-dessous et pense que son ancien associé, Roger Barrow, avec qui elle s'est battue, l'ait enlevé. Heureusement, Nathan va bien : agressé par des cambrioleurs, il les a maîtrisés.
Lorsqu'il apprend que sa fille a rencontré Barrow et que ce dernier cherche à l'éliminer (car Nathan aurait trouvé un moyen de rétablir la gravité sur Terre, ruinant le business de Barrow), Nathan explique à Willa qu'il leur faut gagner un endroit sûr. Un périple qu'il a en vérité préparé depuis vingt ans et pour lequel il a dessiné une carte.
Mais sa hantise de sortir de chez lui depuis le "G-Day" (le jour où la gravité terrestre a subitement disparu) et la culpabilité qu'il continue de ressentir pour avoir échoué à sauver sa femme prennent le dessus. Il préfère attendre Barrow pour l'affronter. Willa n'a plus le choix : elle assomme son père et le transporte dans un grand sac jusqu'à l'entrepôt où elle travaille avec son amie Shirley.
Une mauvaise nouvelle l'attend là-bas car Shirley lui révèle qu'Edison, leur patron et ami, a été enlevé et ses ravisseurs réclament le père de Willa en échange. Nathan se réveille, affolé, et ne risque pas de se calmer quand sa fille lui explique qu'elle a l'intention de sauver, seule, Edison.
Son plan est risqué car elle va devoir sortir alors qu'un orage s'approche de la ville. Son père la devance sans mesurer le danger : en effet, il n'a pas connu pareille condition climatique en vingt ans de réclusion chez lui et il en fait vite les frais...
Une série s'arrête à bout de souffle (Shade the Changing Woman) tandis qu'une autre continue, insolemment, de s'élever, porté par un concept brillant, superbement développé. Skyward reste l'un des mes coups de coeur chez Image, se distinguant par son intrigue qui s'affranchit de la violence souvent courante chez cet éditeur.
Joe Henderson a une manière de raconter son histoire très plaisante, littéralement aérienne : au premier regard, son projet ne paie pas de mine et semble se contenter de broder sur son idée initiale (une Terre privée de gravité, générant mille problèmes quotidiens), puis, au fur et à mesure, on découvre une série ingénieuse, qui exploite d'autres situations, soigne sa caractérisation, dévoile ses secrets.
Dans ce quatrième numéro, la culpabilité de Nathan Fowler occupe une large place : l'espace d'un bref flash-back sur le "G-Day", on découvre le traumatisme d'un homme qui a dû faire un choix terrible entre tenter de sauver sa femme et répondre aux pleurs de son enfant. Un dilemme insoluble qui l'a conduit à devenir un père possessif mais aussi un reclus, ne pouvant plus quitter son appartement depuis vingt ans, moins parce qu'il est agoraphobe que parce que l'extérieur le renvoie à cette scène cruelle où sa femme s'est littéralement envolée.
Héroïne grisée par la liberté du monde dans lequel elle a grandie, où on se déplace avec prudence mais légèreté, Willa s'adapte à cette crise existentielle consécutive à sa rencontre périlleuse avec Roger Barrow, l'ancien partenaire de son père, qui a prospéré en affaires en fournissant des équipements pour vivre dans un monde privé de gravité, et qui voit son commerce menacé par l'éventualité d'une réparation fournie par Nathan.
Désormais, donc, elle se doit d'avoir les pieds sur terre et d'agir en conséquence. Un nouveau péril survient (son patron a été enlevé), un autre arrive (son père la devance dans l'action)... La chute (si je puis dire) de l'épisode est fantastique.
Lee Garbett est un dessinateur qui a trouvé dans cette intrigue de quoi s'épanouir car son style spontané, au réalisme subtilement exagéré (les proportions, les expressions, sont un peu plus poussées), colle parfaitement au propos.
La preuve aussi que le projet est bien casté, c'est qu'il commence à trouver de l'écho parmi des auteurs reconnus du milieu. En couverture, Jock, dont l'univers est pourtant très éloigné, salue l'exécution du concept, notamment sur le plan graphique. Garbett revient pourtant de loin, lui qui, quand il travaillait pour Marvel, peinait à s'affranchir de l'influence de Coipel, et qui, chez DC, jusqu'à son run sur Lucifer (titre qui va revenir en Octobre, avec de nouveaux auteurs), ne s'imposait nulle part. Avec Skyward, on dirait bien qu'il s'est trouvé au bon endroit au bon moment - si bien qu'on n'imagine pas la série sans lui.
Voilà, simplement, comment on fait une série addictive pour ceux qui la soutiennent. Rejoignez le mouvement !
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