Toujours aussi étonnant d'ouvrir un comic book avec ce numéro impressionnant de 1002... Mais s'il en est un que cela n'arrête pas, c'est Brian Michael Bendis qui, dans cet épisode d'Action Comics, appuie encore davantage sur le fait que le titre met en avant davantage Clark Kent que Superman. Pas davantage paralysé, Patrick Gleason termine déjà sa contribution pour la série en beauté.
Robinson Goode prétend que plusieurs témoins ont vu Superman a tué le malfrat John "Yogurt" Bender en plein jour. Mais aucune photo ne permet de corroborer ses dires et Perry White, le rédacteur en chef du "Daily Planet", commande à Clark Kent de mener une contre-enquête.
Le super-héros, le Gardien, attaque le parrain de la pègre, Moxie, qu'il accuse d'être le responsable des incendies qui sévissent à Metropolis. Mais avant qu'il n'obtienne ses aveux, il est attaqué par Red Cloud, la véritable pyromane. Hospitalisé, le Gardien parvient à dénoncer à l'inspectrice des Crimes Spéciaux de Metropolis le nom de son agresseur.
Clark remet à Perry White son rapport : en traînant dans un bar mal famé où "Yogurt" avait ses habitudes, il a appris que ce dernier avait bien participé aux incendies. Le mobile : distraire Superman pendant que la pègre effectuait d'autres sales besognes.
Ancienne reporter du "Daily Planet" et amie de la commère du journal Trish Q., Cat Grant réapparaît et apprend à Clark qu'elle a lu des extraits du livre de Lois Lane. Cette nouvelle sidère Kent qui ignorait que sa femme était de retour à Metropolis et qu'elle avait rendu son manuscrit à son éditeur.
Robinson Goode retrouve Mr. Strong, le partenaire de Red Cloud, pour créer de nouveaux troubles impliquant Superman. Pour cela, elle demande un fragment de kryptonite. L'Homme d'Acier retrouve Lois Lane : une mise au point s'annonce...
La variant cover de David Mack.
Commençons par évacuer la déception inhérente à ce numéro : c'est le dernier que dessine Patrick Gleason, qui n'aura donc travaillé que deux épisodes sur la série. On peut cependant comprendre qu'il ait fait le tour de Superman puisqu'il a collaboré aux quarante-cinq chapitres du run de Peter J. Tomasi, précédant celui de Brian Michael Bendis... Toutefois, cela reste frustrant et j'aurai aimé qu'il réalise tout le premier arc. Il sera avantageusement remplacé par Yanick Paquette le mois prochain. Et surtout Bendis a d'ores et déjà annoncé qu'il retrouverait l'artiste pour un "major project" encore secret en 2019.
En attendant, Gleason produit encore de superbes planches dans ce numéro, quand bien même la présence de Superman y est réduite au minimum - au total deux pages avec le héros en costume, pour une scène où il décompresse en fracassant des météorites. En revanche, il nous régale quand il introduit le personnage du Gardien (autrefois connu comme Manhattan Guardian, une création de Jack Kirby, que Grant Morrison avait arrangé à sa sauce dans la maxi-série Seven Soldiers of Victory). Et Gleason met en scène avec brio Clark Kent et la ruche du "Daily Planet" en soignant particulièrement l'expressivité faciale et corporelle des personnages.
Bendis anime le récit par petits bonds en multipliant les apartés. Au début, Robinson Goode répand une "fake news" avérée sur Superman que Clark doit vérifier. On passe à la séquence avec le Gardien qui, molesté, dénonce Red Cloud comme la complice de la pègre locale. Retour à Clark qui a la confirmation que le milieu est impliqué dans les incendies de la ville. Puis Robinson Goode a rendez-vous avec Mr. Strong (qu'on avait rencontré dans le précédent épisode) pour compromettre Superman.
Le scénariste tisse une toile d'araignée bien tendue autour du héros en n'hésitant pas à confirmer la duplicité de Robinson Goode, la nouvelle reporter du "Planet", remplaçante de Lois Lane. Elle dispose d'alliés puissants, capables de lui fournir de la kryptonite par exemple, et visant à prendre le contrôle du journal tout en discréditant Superman. Les incendies révèlent leur mobile : il s'agit précisément de distraire l'Homme d'Acier à défaut de le compromettre.
Le dispositif est habile car il ne vise pas frontalement le héros mais voit plusieurs personnages malveillants chercher à l'accabler. Et ça marche puisqu'on le voit donc finir par s'envoler dans l'espace pour se défouler en fracassant des météorites.
Bendis est connu, pour le plaisir de certains et l'ire des autres, pour aimer prendre ses héros à la gorge. En plus du complot qui se trame contre Superman, Clark apprend accidentellement que Lois Lane est de retour sur Terre, à Metropolis, et que son livre va être bientôt en vente. On comprend qu'il l'ait mauvaise puisque la dernière fois qu'il a vue sa femme, elle prenait congé de lui avec leur fils pour explorer l'univers en compagnie de Jor-El. La voici qui revient sans même le prévenir. Pire : elle semble l'éviter en marchant en ville, affublée d'une perruque blonde.
On peut donc logiquement s'attendre à une explication musclée le mois prochain. Mais quand ça ne veut pas, rien ne va. Action Comics selon Bendis, c'est donc un mensuel qui met en avant Clark Kent plus que son alias et qui le voit affronter des complications mesquines presque plus agaçantes qu'un super vilain classique (même s'il y aura bien à un moment une bonne vieille baston avec Red Cloud et ses partenaires). C'est assez pervers mais aussi jubilatoire de voir le super-héros le plus puissant de DC en découdre difficilement avec les affres de la vie de couple et du métier de journaliste (alors que dans la série Superman, Bendis comble davantage le fan en attente de grand spectacle).
Qu'on apprécie ou pas le résultat, on ne pourra en tout cas pas nier à Bendis d'avoir donné une identité distincte et forte aux deux séries du Man of Steel. Pour l'heure, ce sont, pour ma part, deux lectures réjouissantes.
La variant cover de Francis Manapul.
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