samedi 25 août 2018

OLD MAN HAWKEYE #8, de Ethan Sacks et Marco Checchetto


Nous entrons avec ce huitième épisode de Old Man Hawkeye dans le dernier quart de cette maxi-série. Bonne nouvelle : Marco Checchetto est de retour au dessin. Et Ethan Sacks s'est ressaisi après son flash-back raté sur la mort des super-héros. Back to the basics donc pour un chapitre fort en émotions.


Mordo, Sud-Dakota. Clint Barton et Kate Bishop s'arrêtent dans ce trou perdu pour s'approvisionner en carburant auprès de Nobili. Mais celui-ci leur réserve un comité d'accueil peu avenant avec cinq mercenaires armés car la tête de Clint est mise à prix.


Toutefois, cette adversité n'impressionne pas les deux archers qui viennent facilement à bout de ces hommes de main. Plutôt que de voler l'essence à la canaille qui voulait les voir morts, Kate paie Nobili et enjoint Clint de déguerpir rapidement avant l'arrivée de renforts.
  

Rock Springs, Wyoming. L'unité scientifique dépêchée sur place par Crâne Rouge pour neutraliser Bullseye lâche le Soldat de l'Hiver sur sa piste. L'ex-marshall lui tend un piège au terme d'un combat disputé car Bucky Barnes est puissamment dopé. Bullseye le décapite avec le trident de Namor puis ordonne aux scientifiques de lui retirer la puce qu'il a dans le crâne et qui permet de le tracer.


Le Sanctuaire de la Sororité du Silence. Clint laisse Kate l'attendre dehors pendant qu'il fait ce pour quoi il est venu. Elle en profite pour tenter de joindre par téléphone son Fort et prendre des nouvelles des orphelins sous sa garde mais la communication est mauvaise.


Les nonnes indiquent à Clint que Melissa Gold alias Songbird, une ancienne membre des Thunderbolts, se recueille dans leur chapelle. Elle l'attend avec des excuses écrites sur une feuille. A l'extérieur, Bullseye pénètre dans le Sanctuaire incognito...

La force de Old Man Hawkeye est dans sa simplicité brute : c'est une histoire de fin du monde et de vengeance, un dernier baroud d'honneur pour un héros qui a tout perdu et veut châtier ceux qui lui ont pris ses proches. Cette urgence est dictée par la cécité qui le menace.

Ethan Sacks a commis une erreur de débutant en croyant utile dans le précédent épisode de revenir sur les événements tragiques qui, quarante-cinq ans plus tard, motivent Clint Barton à agir comme il le fait. Cette reconstitution manquait de tout : de souffle, d'émotion, et de nécessité. Inutile de souligner l'évidence. La trahison suffit à être suggérée.

En revenant aux références western post-apocalyptique de son projet, Sacks rectifie le tir aussitôt et son loupé est vite oublié, dès la scène d'ouverture, dynamique et sarcastique - voir l'affiche "Wanted Hawkeye dead... Or desintegraded" tendue par Nobili. Une touche d'humour bien noir pour remettre sur les rails ce récit désespéré.

Cela ne signifie pas que Sacks se contente de suivre un itinéraire tout tracé, sans surprise. La preuve en est que le coeur de l'épisode n'implique pas tant Hawkeye (ou les Hawkeyes, puisque désormais Kate Bishop accompagne Clint dans son expédition) que Bullseye. Ce dernier a rompu avec Crâne Rouge pour assouvir son envie d'en finir avec Barton et il est désormais lui aussi l'homme à abattre.

On a découvert que Crâne Rouge avait gardé en vie Bucky Barnes pour en faire son assassin majeur, sa wildcard. Le scénariste a eu une idée brillante et cruelle car il revient sur la longue période où Barnes a été manipulé par les russes pour devenir le Soldat de l'Hiver, telle qu'inventée par Ed Brubaker lors de son run sur Captain America. Et désormais le voilà tueur pour le pire ennemi de Steve Rogers.

L'affrontement tant attendu entre Bullseye et le Winter Soldier tient toutes ses promesses. Il est âpre, brutal, et surtout déchirant quand on comprend, vite, qui en sera le vainqueur, mais plus encore par la manière dont il est gagné, dans quelles circonstances, avec quelle finalité. Lorsque Bucky est à terre, il remercie son bourreau de l'achever et, par ces mots, on ressent la délivrance d'un héros qui a été si souvent le jouet des pires individus.

Puis, enfin, dans le dernières pages, Clint retrouve Melissa Gold/Songbird. Elle est devenue nonne dans un monastère prônant le silence - là encore une belle idée par rapport au pouvoir de l'ex-héroïne. L'épisode s'achève sur un geste en suspens : Barton va-t-il la tuer comme ses autres partenaires des T-Bolts ? Avec l'arrivée discrète de Bullseye, toutes les options sont possibles (sacrifice de Songbird pour sauver Clint et se racheter ?).

Nul doute en tout cas que Marco Checchetto saura donner à ce prochain chapitre toute l'intensité requise comme il le fait ici en enchaînant des pages éblouissantes, depuis la bagarre dans le repaire de Nobili puis le duel Bullseye-Bucky. 

L'artiste italien est au sommet de son art et, avec son coloriste Andres Mossa, il confère à cette série une puissance visuelle rarement atteinte. La liberté que lui octroie le cadre du récit, dans un futur alternatif, avec le suspense que génère la situation (où tout le monde peut être tué), et les décors désolés dans lesquels il s'inscrit autorisent Checchetto à se lâcher complètement tout en démontrant l'étendue de sa palette. La valeur des plans, le flux de lecture, les compositions sont fabuleux, d'une fluidité et d'une force peu communes.

Aussi bien graphiquement que narrativement, Old Man Hawkeye n'a plus besoin d'être comparé à Old Man Logan : cette production quatre étoiles a prouvé qu'elle établissait ses propres standards et l'exigence de son scénariste et de son dessinateur placent la barre très haut.

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