Comme c'est indiqué de façon bien voyante sur la couverture, Ms. Marvel : The New Mutant marque les premiers pas de scénariste de comics de l'actrice Iman Vellani, qui a incarné le personnage dans la série sur Disney +. Pour coller à la nature du personnage, l'héroïne est effectivement devenue une mutante et dans les cinq numéros à paraître, on va la suivre après le massacre commis par Orchis.
Tourmentée par un cauchemar récurrent depuis sa résurrection, Kamala Kahn a néanmoins accepté de suivre un programme d'été dans une université sponsorisée par Orchis. Elle doit jouer les espionnes pour la résistance mutante...
Par où commencer ? Sans doute par ce qui fâche le plus. Il ne s'agit pas du changement de condition de Ms. Marvel devenue une mutante récemment. Laissons du temps au temps pour déterminer si Marvel a eu raison de faire d'une Inhumaine une mutante. En revanche, la manière a suscité la controverse, à raison.
En effet, ce n'est ni dans sa série (elle n'en a plus), ni dans les pages de Champions (titre aussi annulé), ni dans Avengers (elle ne figure plus dans l'équipe depuis belle lurette), mais dans Amazing Spider-Man que Kamala Kahn a trouvé la mort, d'une façon stupide, affreusement mal écrite, et desservie par une communication désastreuse de Marvel.
L'éditeur avait, semble-t-il, décidé de tuer Kamala Kahn pour que son statut dans les comics soit identique à celui de sa série sur Disney +. En soi, rien qui me choque : aujourd'hui, films et BD interagissent et ce n'est pas la première fois qu'on nous fait le coup (souvenez-vous quand dans Uncanny Avengers vol. 2, de Rick Remende et Daniel Acuna, on nous a expliqué que Scarlet Witch et Quicksilver n'avaient jamais été des mutants ni les enfants de Magneto parce qu'à l'époque Marvel studios ne disposaient pas des droits d'exploitation cinéma des mutants mais avaient utilisé les jumeaux Wanda et Pietro Maximoff dans Avengers : l'ère d'Ultron).
Mais là se débarrasser de Ms. Marvel de manière aussi bâclée (il est vrai sous la plume d'un scénariste aussi médiocre que Zeb Wells), c'était comme cracher à la figure de G. Wollow Wilson et Adrian Alphona, les créateurs de l'héroïne.
Quoi qu'il en soit, désormais, Ms. Marvel est une mutante. Quoique... C'est encore une Inhumaine (c'est pour cela qu'elle échappe aux moyens de détection traditionnels des chasseurs de mutants). Bref, c'est compliqué. Mais on va faire avec. Et c'est ce que Ms. Marvel : The New Mutant se propose d'établir.
Ensuite, cette mini-série est écrite, pour moitié, par Iman Vellani, l'actrice qui a incarné Kamala dans la série Ms. Marvel sur Disney +. On peut toujours été dubitatif quand un acteur prétend s'investir dans les comics, surtout qu'on lui adjoint un partenaire d'écriture. Sauf que Vellani est une vrai nerd, passionnée par les comics et son personnage en particulier. Donc on aurait plutôt envie de croire sinon à son talent d'auteur su moins à son engagement dans ce projet. Et puis son co-scénariste, Sabir Pedaza, n'est pas très connu, donc ce n'est pas tout à fait un cas de figure comme celui de la série BRZKR chez Boom ! Studios initiée par Keanu Reeves mais écrite par Matt Kindt (un nom bien connu des fans, à la bibliographie abondante).
Enfin, il faut juger le livre sur son contenu. Et c'est très honnête. Pas exceptionnel, ça n'a d'ailleurs pas la prétention de l'être, mais divertissant et rondement mené. Ce premier épisode s'ouvre par une scène onirique de 12 pages, quelque chose de conséquent donc, et de déroutant, où Kamala Kahn revit sa résurrection tout en étant au centre d'attentions multiples en lien avec son parcours de super-héroïne. On retrouve là tout l'enthousiasme de Iman Vellani mais aussi une véritable singularité dans la façon d'articuler cette introduction, très métaphorique.
La suite est plus convenue mais efficace. Kamala intègre une programme étudiant dans un campus financé par Orchis. Elle est là pour espionner l'endroit incognito et fait son rapport à la résistance mutante qui s'est réfugiée dans les égouts des Morlocks - là où se retrouvent Talon (Laura Kinney), Synch, Rasputin IV et Shadowkat (Kitty Pryde). Lorsqu'un individu menace des étudiants à l'extérieur, Ms. Marvel se découvre et les sauve mais elle est vilipendée par la foule qui la tient pour responsable de l'attentat. Bienvenue chez les X-Men, espérons que tu survives à l'expérience !
Vellani et Pedaza s'attachent à garder les fondamentaux qui ont fait la popularité de Ms. Marvel avant : on la voit en compagnie de ses parents mais surtout de son meilleur ami Bruno, qui s'est également inscrit à ce programme. Elle en profite d'ailleurs pour lui révéler la vérité sur ce qu'elle vient de traverser récemment (même si Emma Frost le lui avait déconseillée). Et bien entendu, à la fin de l'épisode, Orchis sait que Ms. Marvel est sur la campus et que derrière le masque se cache une des étudiantes.
La scène d'ouverture est illustrée par Adam Gorham (The Blue Flame). Il semble bien que ce sera sa son seul rôle sur cette série, ce qui est évidemment frustrant quand on connaît le talent de cet artiste. Mais c'est mieux que rien et il s'en sort bien.
Le reste, qui constitue la majorité de l'épisode, est dessiné par Carlos Gomez, que j'aime beaucoup même si, lui aussi, semble cantonné par Marvel à des mini-séries. Après avoir brillé sur America Chavez, X-Terminators et Rogue & Gambit, soit une belle collection de jolies plantes à fort caractère, il doit ici animer une jeune fille au charme différent.
Sa narration est fluide et tonique et il y a toujours ce côté clair et sympathique dans le trait. Il ne transforme pas Kamala en bombasse mais fait quand même avec un costume redesigné affreux (pourtant l'oeuvre de Jamie McKelvie, qu'on a connu plus inspiré).
Où Marvel veut mener Kamala Kahn ? Rien n'est très précis à ce sujet. Possible qu'elle devienne la nouvelle Kitty Pryde, égérie des futurs New X-Men teasés pour 2024, après la période Fall of X. Possible aussi que cela débouche sur une nouvelle série régulière consacrée à cette héroïne attachante, une des créations les plus rafraîchissantes de l'éditeur ces dernières années. A moins qu'elle ne soit intégrée à un relaunch de New Mutants... On verra. Mais cette mini-série s'avance avec des arguments convaincants : ce n'est pas écrit n'importe comment ni dessiné par n'importe qui, et ça, c'est l'indéniable signe que Marvel n'a pas transformé Ms. Marvel juste par caprice.
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