Invincible Iron Man #10 dévoile la suite de ce qu'on lisait à la fin de X-Men #26. Comme Gerry Duggan écrit les deux séries, c'est donc une liaison organique même si on peut apprécier le premier sans lire le second et vice-versa. En revanche, au niveau visuel, le travail de Juan Frigeri laisse franchement à désirer...
Feilong surprend Tony Stark en train de demander sa main à son assistante Hazel Kendall, dont il ignore qu'il s'agit d'Emma Frost qui était sur le point de le tuer. Les noces se déroulent sans l'intimité à Las Vegas toujours en présence du cadre d'Orchis. Mais Tony et Emma en profitent pour sonder l'esprit de leur ennemi commun...
C'est donc le premier (et sûrement le dernier) épisode de Invincible Iron Man que j'acquiers et si je l'ai fait, c'était sur la promesse de Marvel que ce dixième épisode était la suite de X-Men #26. En vérité, c'est un peu plus délicat que ça.
Car la liaison entre les deux séries et les deux épisodes ne concernent que la toute fin de X-Men 26 et les deux derniers tiers de Invincible Iron Man 10. Contrairement à ce que les couvertures prétendaient, si on assiste bien au mariage de Tony Stark avec Emma Frost, vous ne verrez aucun X-Men dans l'assistance (puisqu'ils doivent se cacher d'Orchis actuellement) ni Avengers d'ailleurs.
Quant aux noces proprement dites, elles ne sont ni consommées et l'union entre la mutante et le playboy futuriste est plus une comédie qu'autre chose pour duper un ennemi commun et accéder à des informations vitales dans la guerre que mènent Iron Man et les X-Men contre Feilong et Orchis.
Résumons un peu ce qui s'est passé dans les pages de Invincible Iron Man depuis que Gerry Duggan l'écrit. Feilong, membre de Orchis, complote et fait accuser Rhodey de meurtre, il est incarcéré en attendant son procès dans une prison très dure. Puis Feilong rachète Stark Industries pour s'emparer de la technologie de Tony afin de concevoir de nouvelles Sentinelles pour le compte d'Orchis.
Ruiné, son meilleur ami en détention, Tony s'allie avec la résistance mutante pour recréer le Club des Damnés où il occupe la place du Roi Noir aux côtés d'Emma Frost, la Reine Blanche, et Wilson Fisk, le Roi Blanc. Fisk protège Rhodey de ceux qui pourraient vouloir du mal en prison en échange de l'aide de Stark pour aider à retrouver Typhoid Mary (sa femme, disparue lors du Hellfire Gala, et qui se trouve en fait dans le royaume de Vanaheim avec Magik, Dani Moonstar, Dust et Marrow- cf. la mini Realm of X) et abattre Orchis.
Feilong fréquente ce nouveau Club des Damnés et quand elle l'y voit, Emma, sous le déguisement de Hazel Kendall, est prête à le tuer. Tony l'en empêche in extremis et Feilong les surprend dans une position compromettante : Stark à genoux devant elle comme s'il allait la demander en mariage...
L'épisode démarre par plusieurs pages consacrées au sort du pauvre Rhodey et l'intervention de Fisk pour assurer ses arrières (il a recruté le Laser Vivant et l'Homme-Sable pour le protéger de tueurs payés par Feilong). C'est un peu long, mais je suppose que pour le lecteur de Invincible Iron Man, ces pages permettent de savoir où en est le personnage de Rhodey.
Puis Gerry Duggan montre à nouveau la scène qui concluait X-Men 26 quand Feilong surprend Tony et Hazel/Emma. Quel que soit l'angle sous lequel on la décrit, ça ressemble toujours, volontairement, à une scène de vaudeville, mais elle a pour but de duper Feilong et ça fonctionne. On part donc ensuite pour Las Vegas officialiser cette union à laquelle personne n'est convié mais où Feilong se présente. Et encore une fois, c'est la comédie du mensonge que le scénariste met en scène puisque, à cette occasion, Sark et Frost vont piéger leur ennemi commun.
Si tout cela est tout de même un peu laborieux, l'épisode n'est pas dénué d'intérêt. On y apprend (attention ! SPOILERS !) que Feilong avait des parents mutants mais que, ayant grandi sans développer de pouvoirs, il a cultivé non pas vraiment de la haine pour les mutants mais plutôt une forme de jalousie et a ensuite, récemment, tout fait pour être doté de capacités extraordinaires. Entrepreneur, il considère Stark comme un rival mais surtout il est obsédé par Howard Stark qui avait découvert, il y a longtemps, l'existence du Mysterium, ce fameux métal récupéré par l'équipe du S.W.O.R.D. (dans la série éponyme de Al Ewing) et dont les mutants font le commerce.
Pour Tony, c'est la clé à son problème : s'il parvient à concevoir une nouvelle armure à base de Mysterium, il sera à nouveau invincible. Pour Emma, c'est une nouvelle mission de guide car le Mysterium est difficile à récupérer mais en aidant Iron Man, elle aidera aussi tous les mutants. On appréciera la manière, efficace, avec laquelle Duggan lie tous ces éléments et justifie l'alliance entre Iron Man et les mutants, de manière pragmatique. A ma connaissance, c'est la première fois que Iron Man est aussi impliqué auprès des mutants (et cela compense largement ses désastreuses erreurs de calcul de l'époque Avengers vs. X-Men).
Surtout Duggan une fois encore s'impose comme un auteur qui, à la tête de trois séries simultanées (X-Men, Invincible Iron Man, Uncanny Avengers), peut vraiment diriger Fall of X à sa guise et non pas en devant suivre les idées d'un editor-in-chief comme Jordan White ou d'un architecte comme Jonathan Hickman, ou même d'un confrère comme Kieron Gillen (qui s'occupe d'une toute autre partie des mutants dans Immortal X-Men).
En revanche, il fut bien dire que visuellement ça suit moins. Juan Frigeri est le dessinateur régulier de Invincible Iron Man et on peut s'étonner qu'un artiste aussi médiocre soit en charge d'une série aussi exposée.
Entre les plans composés de façon très fade, des personnages peu expressifs, la mise en scène d'actions très pauvre, un encrage épouvantable, on a droit à la totale. C'est simplement mauvais. Tony Stark n'a aucun charme, Emma Frost ne ressemble à rien, et leur look en civil est nul (la robe d'Emma/Hazel lors du mariage est vraiment affreuse). Mais bon Iron Man n'a pas été particulièrement gâté ces dernières années (en dehors de Valerio Schiti et David Marquez avec respectivement Slott et Bendis, sans compter Alex Maleev-Stefnao Caselli lors de la période Infamous Iron Man-Ironheart toujours durant l'ère Bendis). Là, on replonge au fond, comme quand Salvador Larroca faisait équipe avec Matt Fraction.
Ce bémol graphique mis à part (même si c'est difficile de le négliger), et sans que ce soit vraiment indispensable pour les fans de X-Men, cet épisode permet surtout à Gerry Duggan de tisser sa toile, de développer ses intrigues, de relier Iron Man et X-Men. On appréciera donc la cohérence de l'ensemble à défaut de la nécessité de tout lire.
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