Décidément, c'est une très bonne semaine pour les nouveautés chez Marvel : un bon relaunch de Daredevil, un bon lancement pour Avengers Inc., et pour couronner le tout, ce one-shot Werewolf by Night, excellent. On doit cette surprise au romancier Derek Landy et au dessinateur Fran Galan. Et on n'a qu'une seule envie après l'avoir lu : qu'il y ait une suite !
Jack Russell alias le Loup Garou de la Nuit, pénètre dans le château du Dr. Nekromantik pour libérer une jeune fille qu'il a enlevée pour lui faire subir des expériences comme celles pratiquées sur less monstres qui gardent sa demeure. Elsa Bloodstone, la chasseuse de monstres, a la même mission mais ignore que Jack est dans les murs...
Il y a un an, Disney + diffusait un unitaire Werewolf by Night réalisé par Michael Giacchino, une curiosité filmée en noir et blanc comme un hommage aux films de monstres du studio Universal. Et, contre toute attente, c'est sans doute, avec le recul, ce qu'a produit de meilleur la plateforme de streaming qui soit attaché au MCU dans la Phase IV.
Pourtant Marvel Comics n'avait rien produit en parallèle : la dernière fois que l'éditeur avait sorti un comic-book avec le personnage du Loup-Garou de la Nuit remonte à 2020, un projet co-scénarisé par Taboo, membre des Black-Eyed Peas.
Marvel n'a même pas attendu Halloween pour ressortir Jack Russell de son placard. Mais le résultat est franchement jubilatoire. C'est même certainement le meilleur one-shot publié par la "maison des idées" depuis un bail, certainement la meilleure parution de ce mois chez eux.
En vérité quand on se plonge dans ce fascicule d'une trentaine de pages, ce qu'il évoque, ce sont ces one-shots de Hellboy que Mike Mignola co-écrit régulièrement, en particulier au moment de Noël, avec un artiste de prestige (comme Adam Hughes). Et on se prend à rêver que Marvel fasse la même chose que la vedette de Dark Horse en sortant une aventure de Hulk en Afrique, de Morbius en Terre Sauvage ou quelque chose d'improbable dans ce genre.
Car il fut une période où Marvel gâtait les fans avec la Légion des Monstres, avec des récits consacrés à Man-Thing, Satana, la Momie, le monstre de Frankenstein, Dracula... Avec des auteurs et artistes de première classe (Archie Goodwin, Neal Adams, Dave Cockrum...)
L'histoire imaginée par Derek Landy est simple : un savant fou versé aussi dans l'occultisme enlève une jeune fille dans un village et la retient dans son château reconstitué tel qu'il était dans les Alpes bavaroises. Jack Russell part la délivrer à la nuit tombée quand il se transforme en loup-garou.
Au même moment, un jet privé survole les Rocheuses avec à son bord la chasseuse de monstres Elsa Bloodstone. La fille d'Ulysses philosophe, un verre à la main, sur son apparence : habillée d'orange, avec sa chevelure rousse, elle ne passe pas inaperçu, ce qui peut être un problème dans son job. Sauf si on veut que l'ennemi vous voit arriver de loin. Des ennemis, elle en a à bord puisque le jet appartient à des vampires qu'elle tue avant de sauter en parachute au-dessus du château. Car elle aussi est venue s'occuper de la jeune Charlotte.
Evidemment, Jack et Elsa se croisent rapidement et s'allient. Il est suggéré qu'ils ont eu une liaison autrefois - ce qui est peu commun pour une chasseuse de monstres et un type qui se transforme en loup-garou, mais qui dénote un humour jouissif de la part de Landy. Tout aussi vite ils surgissent dans la pièce où leur adversaire commun, le Dr. Nekromantik, s'apprête à sacrifier sa captive. Sauf qu'il ne les a pas attendus pour ça et que l'expérience entamée est destinée à une opération de plus grande ampleur...
Le rythme est soutenu, on ne s'ennuie pas une minute. La dynamique entre le Loup-Garou de la Nuit et Elsa Bloodstone est similaire à celle d'une screwball comedy, c'est l'union de deux individus que tout oppose mais qui, ensemble, pourtant, fonctionne parfaitement. Et le plus féroce n'est peut-être pas celui qu'on croit. Quant au grand méchant de l'épisode, son plan va connaître des complications dramatiques... Pour lui.
C'est déjà sympa comme ça. Mais en plus c'est divinement mis en images et sur ce point Marvel a eu du flair en recrutant l'artiste Fran Galan. Il a surtout travaillé en Europe, pour Glénat, mais c'est un sacré bon. Il réalise en effet ses planches en couleurs directes, ce qui requiert une technique solide. Mais attention, ce n'est pas Alex Ross : Galan a un style quasi-cartoony, très expressif et énergique.
A-t-il été inspiré par le film de Michael Giacchino l'an dernier ? En tout cas, il adopte une esthétique similaire. Le récit commence en noir et blanc avec des dégradés de gris, entièrement produits au lavis, et c'est juste sublime (comme vous pouvez le voir plus haut). Lorsque Elsa Bloodstone entre en scène, elle est représentée en couleurs, avec sa chevelure rousse flamboyante et son costume orange (tel que celui qu'elle portait dans Nextwave). Elle est la seule à bénéficier de ce traitement comme pour la distinguer encore plus dans cette ambiance nocturne et horrifique.
Toutefois, ça et là, Galan ajoute un peu de rouge pour les yeux des créatures de l'ombre qui garde le château de Nekromantik. Ces petites touches augmentent l'effet produit et contribuent à souligner le caractère inquiétant des monstres sur lesquels Nekromantik a pratiqués ses expériences.
Le découpage prouve la virtuosité de Galan pour orchestrer une histoire où l'action domine, dans des décors impressionnants et des tonalités intenses. L'humour est aussi présent dans le trait avec les expressions surjouées des personnages, à fond dans leurs rôles. Tout tend à cette caractérisation qui s'amuse des clichés des films de monstres, des récits d'épouvante, du look rétro. On mentionne les Avengers, Hulk, mais tout paraît détaché du reste de l'univers Marvel, et c'est aussi pour cela qu'on se dit que l'éditeur serait bien inspiré de développer une série Werewolf by Night par cette même équipe artistique pour explorer et exploiter ces recoins délaissés.
J'ignore si ce one-shot aura du succès, noyé dans la flot des sorties plus calibrées de la semaine. Mais ce dont je ne doute absolument pas, c'est qu'il séduise totalement ceux qui le liront et qui en voudront plus. Parce que c'est excellent, atypique, amené à devenir culte. La balle est dans le camp de Marvel.
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