Il y a décidément quelque chose de spécial qui se passe quand Gerry Duggan écrit Uncanny Avengers : le scénariste y est à son meilleur et ce second épisode le prouve une fois encore avec un épisode riche, intelligent, captivant. Javier Garron dessine tout ça avec une excellence redoutable.
Captain America blessé par Captain Krakoa, les Uncanny Avengers ne peuvent pas arrêter le nouveau Front de Libération Mutant qui repart avec une tête nucléaire. De retour à leur QG, Malicia annonce qu'elle prend la direction de l'équipe. Steve Rogers rencontre Ben Urich qui pense qu'il y a eu des témoins humains ayant survécu au massacre du Hellfire Gala, ce qui accablerait Orchis...
Alors que cette semaine, en prévision de la New York Comic Con, Marvel a commencé à faire fuiter quelques teasers (comme The Resurrection of Magneto, Avengers Twilight ou le retour de Ultimate Spider-Man), on a surtout eu la confirmation de la fin de l'âge de Krakoa à l'issue de Fall of X.
A cette occasion, Kieron Gillen et Gerry Duggan écriront The Fall of the House of X/The Rise of Powers of X (qui aboutiront sans doute au lancement d'une nouvelle série New X-Men, déjà déclarée). On verra en 2024 si les mutants en ont fini avec Krakoa ou si c'est une autre étape de leur statut vis-à-vis de la Nation X bâtie sur l'île.
Mais ce qui semble certain, c'est que Gerry Duggan va continuer à jouer un rôle important pour le futur des mutants (ça, c'est la bonne nouvelle, car je suis moins heureux de savoir que Gillen sera encore de la partie).
Et si c'est le Duggan de Uncanny Avengers qui écrit New X-Men, alors ce sera très bien car ce deuxième épisode de la mini-série est tout à fait excellent. Le scénariste livre un numéro très dense, où il se passe beaucoup de choses, où il y a de quoi lire mais aussi réfléchir pour la suite.
Un motif se dessine dans cet épisode : celui de la perte de contrôle. Ainsi Captain America voit son leadership discuté par Malicia, Psylocke, Penance et Vif-Argent. Leur arguement se tient d'ailleurs : si d'aventure leur mission voyait un Avenger, qui plus est aussi emblématique que Captain America, mourir, alors les mutants en porteraient la responsabilité aux yeux de l'opinion publique, déjà bien manipulée par Orchis.
Certes, Marvel n'a pas fait dans la nuance avec les manoeuvres de propagande de Orchis puisqu'on a le sentiment que les humains détestent désormais sans exception les mutants depuis le Hellfire Gala. On peut avoir du mal à imaginer qu'une nation entière comme les Etats-Unis (et le monde par extension) abondent dans le sens d'Orchis alors même que des héros non-mutants aident ces derniers. Mais disons que c'est un parti-pris et qu'on va attendre de voir comment Fall of X va progresser : si effectivement, à la fin, les mutants redeviennent une espèce honnie de tous, ce défaut de nuance serait dommage.
Pour en revenir au contenu de l'épisode, ce twist dans l'équipe des Uncanny Avengers fournit une scène épatante pour Deadpool. Duggan a beaucoup écrit le personnage dans sa propre série et l'a incorporé à ses Uncanny Avengers la première fois qu'il animait la série. Jusqu'à présent, il l'a toujours utilisé dans sa fonction de bouffon, de mercenaire à grande gueule. Mais là, il lui donne un dialogue formidable de justesse quand il fait remarquer à Malicia et sa bande que ce sont des losers en repoussant Captain America, le type qui les a toujours soutenus, qui n'a jamais reculé devant l'obstacle, qui est un bien meilleur chef que tous les mutants (hormis sans doute Cyclope, stratège hors pair).
Surtout ce passage révèle à quel point Malicia méconnaît Captain America qui sait ce que c'est que de combattre le Mal incarné (hier les nazis, aujourd'hui Orchis), sa propagande, et qui n'hésitera pas à donner sa vie pour le vaincre.
La perte de contrôle est aussi du côté des méchants car on voit Stasis et M.O.D.O.K. s'interroger sur le plan de Captain Krakoa, leur créature, qui a volé une tête nucléaire sans leur dire pourquoi. Même si on ignore toujours qui a usurpé l'identité de Captain Krakoa, il semble qu'il trace sa propre route. Cela signifie-t-il que Stasis et MODOK ont mésestimé leur pantin ? Tout ça en tout cas ouvre une piste passionnante.
Enfin, quand Ben Urich suggère à Steve Rogers que des humains auraient survécu au massacre du Hellfire Gala, c'est encore une ligne narrative captivante qui pourrait mener à une crise pour Orchis. Duggan fait feu de tout bois et il le fait bien, disposant ses pions avec beaucoup de finesse, accrochant le lecteur. C'est vraiment très bon.
Et ça l'est encore plus grâce au dessin de Javier Garron : je veux vraiment attirer votre attention sur la qualité du travail de cet excellent artiste. La précision de son trait, son expressivité, la richesse de ses détails, contribuent à rendre la lecture encore plus dense. Voilà un gars qui ne s'économise pas et après un premier épisode déjà très fouillé, il prouve qu'il en a encore sous le crayon.
Les team books sont des exercices difficiles pour les dessinateurs qui doivent animer plusieurs personnages, veiller à les rendre tous distincts, composer des plans et des scènes plus complexes. Duggan a intégré, comme il l'avait suggéré, un dernier membre aux Uncanny Avengers avec Black Widow et Javier Garron ne faiblit pas. Ce casting abondant, la diversité des décors, des ambiances, rien ne lui fait peur. Si, après ça, Marvel ne le place pas sur une grosse série en 2024, c'est à n'y rien comprendre.
Bref, Uncanny Avengers, c'est de la balle, un gros kif. Et franchement ça pourrait facilement être prolongé après Fall of X puisque le principe même de cette équipe dépasse l'intrigue en cours.
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