Le scénariste, qui brillait depuis son retour chez DC, serait-il essoufflé ? C'est possible mais pas certain, d'autant que la prochaine aventure de Batman et Superman intrigue méchamment (on y retrouvera Boy Thunder et l'univers de Kingdom Come). Alors quoi ? Peut-être tout simplement que Waid en fait un peu trop.
Dans le cas précis de World's Finest, l'accord parfait entre Waid et Dan Mora aboutit au constat simple que quand l'artiste est absent, l'intérêt retombe. Et c'est comme si le scénariste était aussi moins inspiré. Ce récit en deux parties en témoigne : le postulat était prometteur, mais à l'arrivée on n'a droit à quelque chose sans intérêt, mou.
Jax-Ur souffre d'être un vilain trop méconnu et donc on se fiche un peu de savoir comment il va être vaincu. Son plan pour s'échapper de la Zone Négative est même éclipsé par la présence d'un complice qui, en vérité, servira dans une future intrigue pour... Action Comics de Philip Kennedy Johnson ! Que World's Finest serve de rampe de lancement à une intrigue pour une série qui n'est même pas écrite par Waid a quelque chose de perturbant, comme si le scénariste en était réduit à être la béquille d'un collègue.
Quant à la relation Batman - Superman, elle n'en ressort ni amoindri ni grandi : je me répète mais il n'y a rien eu dans ces deux épisodes qui a enrichi la mythologie du tandem, alors qu'on nous a vendu cet arc en prétendant que les deux héros ont failli ne jamais être amis. A tout prendre, je préférerai me passer de ces épisodes intermédiaires à l'avenir, mais évidemment DC ne se passera jamais du titre pendant un mois (ou deux) - alors que, à mon humble avis, le lecteur l'accepterait en sachant que seul Dan Mora la dessinerait.
Je ne veux pas donner l'impression de dire que je n'ai pas aimé le travail de Travis Moore sur ces deux numéros. C'est un artiste que j'apprécie et qui rend toujours une copie très soignée. Son trait est très élégant, c'est agréable à lire. Vraiment rien à jeter.
Par contre je me demande s'il est vraiment fait pour les comics d'action et même pour les super héros où il me semble emprunté, gauche, maladroit. En témoigne cet épisode où la bagarre entre Jax-Ur et Superman occupe un nombre élevé de planches et dont Moore échoue complètement à restituer l'intensité, la brutalité. Jax-Ur y malmène Superman et fait preuve d'une véritable malfaisance que le dessinateur a bien du mal à traduire visuellement.
En même temps, Moore s'évertue avec Tamra Bonvillain à imiter la patine des comics du golden age, notamment dans les angles de vue, la palette de couleurs, le découpage très sage. C'est raccord avec l'histoire, sa temporalité. Mais pas sûr que ça charme grand-monde.
Encore une fois ça n'ôte rien à la série et surtout pas à ce qui s'annonce dès le mois prochain. C'est sans conséquence et dispensable. Rendez-vous dans trente jours pour quelque chose de plus à la hauteur de ce à quoi World's Finest nous a habitués.
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