The Nice House on the Lake touche aussi à sa fin : le mois prochain verra la conclusion de cette mini-série à la publication (trop) erratique. C'est d'ailleurs le seul gros reproche qu'on adressa à l'histoire créée par James Tynion IV et Alvaro Martinez : difficile de rester accroché à un récit qui paraît de façon aussi décousue. Mais ne boudons pas notre plaisir...
Les manipulations de Ryan dans la salle de contrôle de Walter ont eu un effet désastreux : Naya est morte car sa faculté à se régénérer à cessé. Rick est effondré.
C'est justement quand les autres sont partis que Walter réapparaît aux côtés de Rick qui lui demande de ressuciter Naya. Walter en est incapable. Alors Rick exige de savoir qui est responsable de la mort de Naya.
Walter se déplace auprès de Ryan et lui explique ce qu'elle a provoqué. Elle a désormais entre les mains la solution : soit tuer ou effacer les souvenirs de tout le monde. Soit le tuer.
Tout est donc en place pour un dénouement prometteur. Et je ne doute pas que James Tynion IV a su garder le meilleur pour la fin. Cette fin qui s'est faite attendre, non pas parce que The Nice House on the Lake est trop longue mais parce qu'elle a été éditée un peu en dépit du bon sens.
Ce sera vraiment l'occasion de se rattraper quand l'intégralité sera disponible en recueil (et comme en vo, Urban Comics a décidé que cette histoire serait en deux tomes dans sa collection Indies, avec un format plus grand, mais un prix total de 35 Euros comme il l'avait initialement pensé pour un seul gros volume).
Avec ses multiples pauses, donc une de plusieurs mois, son casting fourni, son style graphique exigeant et son intrigue noueuse, The Nice House on the Lake se prête en vérité très mal à une lecture en floppies. A chaque fois que je découvre un nouvel épisode, c'est un effort pour me replonger dans ce récit noir, tortueux, à l'esthétique difficile.
Pourtant, et c'est ce qui m'a fait tenir, qui m'a empêché de dériver, ce que raconte Tynion IV reste relativement simple, et avec la perspective de la fin, cette direction se souligne. Dans le précédent épisode, Ryan s'introduisait, à l'insu (ou pas ?) de Walter dans l'étrange salle de contrôle où il manipulait les capacités physiques et mentales de ses invités. En se servant des commandes de façon hasardeuse, elle déclenchait une tragédie puisque, au même moment, le reste de la bande s'amusait à tester leur résistance à la mort en se tirant dessus.
Naya, poussée à participer à ce jeu macabre et dangereux par Rick, tombait sous les balles sans se relever... Car Ryan, sans le savoir, venait de la priver de sa capacité à ressuciter. L'épisode ce ce mois-ci s'ouvre donc sur la conséquence de ce drame avec Rick totalement dévasté tout comme le reste du groupe. Car le geste de Ryan a eu un autre effet, au moins aussi terrible : tous se souviennent de tout !
L'emprise de Walter sur la mémoire de la bande n'opère plus. Ils savent donc que leur hôte les a trahis, s'est joué d'eux, depuis toujours, qu'il les a piégés dans cette maison. Toutes les lignes narratives convergent tandis que Walter disparaît et reparaît opportunément. Reg entraîne ses amis jusqu'à la seconde maison pour une explication avec Walter qui lui se présente devant Rick pour lui avouer qu'il ne peut ramener à la vie Naya mais qu'il n'est pas non plus responsable de son décès.
Conclusion : d'un côté, la bande menée par Reg va chercher Walter pour exiger des comptes ; de l'autre, Rick va chercher Ryan pour la tuer. Et c'est sans compter avec Norah qui a poussé Walter à bout pour qu'il la libère de la seconde maison. Et Ryan donc à qui Walter donne un choix à faire : soit tuer tout le monde, soit effacer à nouveau leur mémoire, soit le tuer.
Tynion IV mène vraiment son affaire magistralement, il y a un crescendo intense dans cet épisode, tout est en place pour un final explosif. Et comme chaque épisode depuis le début nous a montrés chacun des invités dans un décor d'apocalypse, évoquant le meilleur et le pire de Walter, on est maintenant tout près de savoir ce qui a abouti à ces introductions post-apocalyptiques et à l'éparpillement de la bande.
Maintenant, abordons le dessin. Alvaro Martinez avec la coloriste Jordie Bellaire ont produit un travail sensationnel sur cette mini-série, la transformant en autre chose qu'une simple mini-série bien foutue. L'ambiance des planches, la puissance visuelle de l'histoire, leur doivent beaucoup et ont ajouté une forte plus-value au script de Tynion IV.
Cependant leurs parti-pris ont un revers : celui d'une lisibilité difficile. Car Martinez, qui a été cet artiste si élégamment encré par Raul Fernandez et colorisé par Brad Anderson (sur Detective Comics et Justice League Dark), s'est passé d'encreur pour assumer cette tâche et a conçu avec Bellaire un look très particulier pour The Nice House....
Du coup, en toute franchise, c'est aussi à cause de ça que découvrir chaque épisode de la série avait de quoi provoquer une certaine fébrilité. Car, honnêtement, même si je trouve le résultat saisissant, ce n'est pas toujours facile de lire The Nice House.... A la fin de ce numéro, on trouve ceci :
Un dessin représentant donc tous les personnages de l'histoire, avec leur identité, leur métier, le symbole auquel ils sont attachés (symboles qui resteront comme un des éléments les plus dispensables de la série). Ce document a sûrement été produit par Martinez seul, dessin et couleurs, et on reconnaît distinctement les protagonistes, avec un traitement graphique plus classique, contrasté. Lisible.
Il me semble, mais ça n'engage que moi, que The Nice House... aurait quand même gagné à être un peu plus sobre esthétiquement car entre le trait de Martinez, beaucoup plus expérimental que sur Detective Comics ou Justice League Dark, et la colorisation très poussée de Bellaire, il a souvent été compliqué de savoir qui était qui, à plus forte raison de s'en rappeler quand plusieurs mois s'étaient écoulés entre deux épisodes. On a quand même dix personnages principaux plus Walter (donc onze) plus Reg (donc douze), avec un dessin et des couleurs radicaux, dans une intrigue exigeante... C'est quand même hard.
Je crois qu'en ayant dessiné la série un chouia plus sobrement, au niveau du trait et des couleurs, on n'aurait pas beaucoup perdu ni en force ni en audace. Surtout, ça aurait été tellement plus simple pour identifier et se souvenir des personnages. Ce sont les gros bémols de ce projet pour moi : une esthétique plus simple, et une périodicité mieux contrôlée (par exemple, si, comme pour The Human Target de King/Smallwood, Tynion, Martinez et Bellaire avaient fait un gros break de six mois, ou un peu plus même, pour livrer d'un seul jet les six derniers épisodes, ça aurait parfait, bien mieux en tout cas que six premiers épisodes d'un jet et ensuite une publication aussi chaotique).
Je ne boude pas mon plaisir : j'ai lu cette histoire avec intérêt, je la trouve excellente, et j'ai confiance dans l'équipe pour un épilogue à la hauteur. Mais quand Urban va proposer la vf en deux tomes, je relirai ça à tête reposée pour vraiment mieux en profiter.
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