A.X.E. : Judgment Day terminé, Kieron Gillen revient aux affaires courantes avec ce huitième numéro de Immortal X-Men. Vraiment ? Pas tout à fait, mais j'y reviendrai. En tout cas, la série renoue avec son niveau précédent l'event, c'est-à-dire moyen (pour ne pas être méchant). Lucas Werneck au repos, Michele Bandini revient officier au dessin, sans que ça change vraiment grand-chose.
1943. Alamogordo, Nouveau Mexique. Mystique pénètre dans cette base de l'armée américaine où Destrinée travaille mais surtout surveille Nathaniel Essex/Mr. Sinistre et ses expériences.
1895. Londres. Mystique/Sherlock Holmes et Irene Adler/Destinée enquêtent sur l'agression dont a été victime Nathaniel Essex, un savant qu'elles visitent et qui est visibkement mentalement instable.
Attirant son agresseur dans un piège, Mystique le poursuit jusqu'au domicile de Essex où attend déjà Destinée qui a découvert que les deux individus étaient un seul et même homme.
Se prétant à des expériences malsaines, elles livrent Essex aux autorités. Il meurt peu après dans un asile. Mais Destinée découvre ses recherches et leur objectif...
Y a-t-il un personnage sur Krakoa qui intéresse davantage Kieron Gillen que Mr. Siinstre ? La question n'appelle pas de réponse tant celle-ci est évidente. Le scénariste se débrouille pour glisser Nathaniel Essex partout, jusque dans son event A.X.E. : Judgment Day où je me demande toujours quelle était son utilité (si vous avez une réponse, n'hésitez pas à me la transmettre en commentaire).
Déjà quand il écrivait Uncanny X-Men il y a de cela une dizaine d'années, il avait consacré une partie de son run à une histoire impliquant Mr. Sinistre. C'est dire si le bonhomme l'obsède. Maintenant que le personnage siège au Conseil de Krakoa, que son destin funeste a été évoqué dans Powers of X, Gillen peut à nouveau alimenter ses récits avec Nathaniel Essex comme bon lui semble et il ne s'en prive pas.
Mieux (ou pire, c'est selon) : dès Janvier 2023, ceux qui le voudront seront gavés de Sinistre puisque Kieron Gillen orchestrera le nouvel event "X" Sins Of Sinister qui montrera une réalité entièrement façonnée à l'image du personnage. Si Spurrier et Al Ewing reconfigureront leurs séries à cette occasion avec de nouveaux titres (outre Immoral X-Men qui prendra la place de Immortal X-Men, on aura donc droit à Nightcrawlers à la place de Legion of X et Storm and the Brootherhood of Mutants à la place de X-Men : Red).
Ne vous méprenez donc pas : la couverture de Immortal X-Men #8 a beau mettre en scène Destinée et Mystique, c'est bien encore et toujours de Mr. Sinistre dont il est question. Et devinez qui fait face à Kitty Pryde sur la couverture du n°9 le mois prochain ?
Aussi, outre que cet épisode n'est pas passionnant à lire, malgré quelques blagues faciles comme Mystique qui aurait personnifié Sherlock Holmes en 1895 à Londres pour une enquête leur révélant à elle et Irene Adler (hé oui, ça tombe bien, Destinée a le même nom que la seule femme ayant intimidé Sherlock !) que Nathaniel Essex est Mr. Sinistre. L'ouverture se situe dans la base d'Alamogordo où se sont croisés plusieurs mutants en 1943, mais où Irene travaillait aux côtés, pour mieux le surveiller, Essex, alors en pleine tambouille eugéniste.
Gillen se montre d'ailleurs assez adroit pour relier les deux époques : à Londres au XIXème siècle, Essex est encore ce savant relativement inoffensif qui raconte comment "l'Egyptien" (En Sabah Nur/Apocalypse) l'a profondément changé. Il est quand même bien à l'Ouest, pensent Mystique et Destinée, quand il se met à évoquer une guerre entre Essex-Men (Esse-X-Men, jeu de mots...) et humains auxquels viendraient s'ajouter les machines. On reconnaît sans mal la trame tissée par Hickman avec Orchis et Nimrod. Et ce que découvre Destinée à la toute fin de l'épisode dans le domicile de Essex renvoie à ses travaux sur le clonage, le rêve de l'immortalité, l'obsession d'influer sur le cours de l'Histoire en survivant à tout.
Mais à part ça, bon sang, que c'est lourd ! Je n'ai pas encore décidé si je suivrai Sins Of Sinister (qui m'amuse surtout pour ce qu'en fera Al Ewing), mais je ne suis pas motivé, honnêtement, car j'en ai jusque-là de Sinistre et de cette lubie de Gillen pour lui. A vrai dire, ça n'a jamais été n personnage que j'ai apprécié, qui m'a intéressé. La façon dont Hickman l'a introduit dans House of X était pertinente même si son caractère de bouffon vicieux n'en faisait pas le membre le plus passionnant du Conseil de Krakoa (et quand je vois l'importance qu'il prend à cause de Gillen alors qu'on n'a plus de nouvelles d'Apocalypse depuis X of Swords, je suis bien dégoûté).
Même si cet épisode était excellent (ce qu'il est loin d'être), j'en aurai quand même marre. A nouveau je me demande si j'irai jusqu'au douzième numéro de Immortal X-Men (c'est-à-dire une fois que Gillen aura consacré un épisode à chacun des membres du Conseil). Mais si j'y arrive, je n'irai pas au-délà, c'est certain, quoi qu'il puisse arriver d'ici là.
Pour ne rien arranger, Immortal X-Men est une série qui, visuellement, n'est pas bonne. Qu'il s'agisse de Lucas Werneck (dont je me demande comment Marvel peut le considérer comme un de ses artistes les plus prometteurs) ou Michele Bandini, qui revient ce mois-ci, c'est trop faible.
Bandini a pour lui d'être meilleur narrativement, il a quelques idées de mise en scène (comme l'escalier en colimaçon de la base d'Alamogordo qui figure le mouvement même de l'aventure qui aura mené Mystique de Londres au Nouveau Mexique, comme une spirale infernale). Mais bon, pas de quoi se relever la nuit.
La plupart du temps, Bandini oublie purement et simplement les décors, ce qui donne à ses planches un aspect vide, désincarné. On ne sait jamais trop bien où on est puisque tout se ressemble, les intérieurs ne disent rien des personnages qui y vivent. Quand il s'agit de représenter des ruelles mal famées de Londres pour pièger un tueur, le rendu est beaucoup trop propre, informatisé, pour que l'ambiance suscite une quelconque menace, une menace, un danger.
Les personnages eux-mêmes sont peu expressifs et leurs vêtements sont peur détaillés, comme si Bandini s'en fichait, ou ne s'était pas documenté (c'est même embarrassant quand on voit, en comparaison la peintiure superbe signée Mark Brooks pour la couverture). C'est fait par-dessus la jambe, par un type qui a été appelé pour remplacer l'artiste habituel et qui a décidé de ne pas se forcer (alors qu'en s'appliquant, il avait tout à gagner pour que l'editor le considère mieux que comme un banal fill-in).
Immortal X-Men est proche de la trappe. C'est un gâchis car une telle série a un potentiel énorme (si tant est qu'elle s'intéresse aux X-Men et pas à un seul d'entre eux), surtout après des épisodes tie-in plutôt convaincants. Rendez-vous le mois prochain. Ou pas.
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