vendredi 11 novembre 2022

DO A POWERBOMB ! #6, de Daniel Warren Johnson


Do A Powerbomb ! s'achèvera le mois prochain et avant même sa conclusion, il est certain que cette nouvelle mini-série de Daniel Warren Johnson laissera un goût mitigé à ses fans. L'auteur a écrit et dessiné une histoire très inégale, alternant sommets et chutes, et ce pénultième épisode ne déroge pas à la règle, avec son cliffhanger franchement WTF.


Cobrasun se rémemore sa première rencontre avec Yoa Steelrose alors qu'il combattait dans des matchs en dehors des tournois, où son audace et son puch le firent remarquer.


Aujourd'hui, il veille sur sa fille Lona, blessée lors de leur affrontement contre les FYSO, et qui le remercie d'être à ses côtés. Willard Necroton rappelle le duo sur le ring.


Les FYSO s'étant entretués, Lona et son père sont déclarés vainqueurs du tournoi. Necroton va donc pouvoir ressuciter Yoa. Sauf qu'il n'est plus assez puissant pour cela. Cobrasun s'énerve.


Il se rappelle la naissance de Lona alors qu'il revenait d'un match. Necroton les conduit, lui et sa fille, auprès de celui qui pourra exaucer leur voeu, au prix d'un dernier effort...

La fin du précédent épisode paraissait sceller le destin de Lona Steelrose et Cobrasun après que la première ait découvert que sous le masque du second se cachait son père. Mais le tournoi organisé par Willard Necroton sacrait les FYSo comme vainqueurs... Sauf que les deux partenaires se mettaient à s'entretuer pour recevoir la récompense !

Comment rebondir après ça ? Comment remettre Lona et Cobrasun dans la course ? C'est à ce défi que Daniel Warren Johnson était confronté pour le pénultième numéro de Do a Powerbomb !. Reconnaissons à ce diable d'artiste qu'il sait nous étonner et relancer ses intrigues de la manière la plus inattendue.

Mais voilà, sa mini-série applique ce procédé de manière trop mécanique pour convaincre. On a l'impression que, depuis quasiment le début, Do a Powerbomb ! fonctionne sur une espèce de surenchère permanente. Et ce qui est au début amusant et audacieux devient sur la fin un peu trop systématique et laborieux pour emporter l'adhésion.

Alors Johnson se fait un peu plus introspectif et revient à la base de son histoire. La grande absente et pour cause puisqu'elle est morte est Yoa Steelrose. Trop absente pour avoir vraiment hanté ce récit. Donc consacrons-lui quelques planches en flashback pour raconter qui elle était, comment elle a rencontré Cobrasun, comment ils ont engendré Lona.

Ces moments, calmes, reposants surtout dans cette lessiveuse qu'est une BD par Daniel Warren Johnson, sont les plus beaux de ce récit. Ils dépeignent une femme qui a repéré un champion avant d'en faire son amant et un père. Sous le déguisement de la catcheuse se cachait une femme tendre, aimante, maternelle. Mais hélas ! tout cela arrive bien, bien trop tard dans le scénario. 

On touche ainsi au vrai souci de Do a Powerbomb ! : le manque d'incarnation de ses personnages. Dans Murder Falcon, tout était bien mieux installé, plus vivant, plus poignant. Ici, curieusement, on a l'impression que le scénariste Johnson a un peu oublié ses personnages pour davantage faire plaisir au dessinateur Johnson. Ce dernier a beau être prodigieux, ça ne suffit pas à faire de sa mini-série une aussi bonne BD que Murder Falcon, son chef d'oeuvre, où sa loufoquerie et son sens de l'émotion se mariaient si bien.

Preuve, s'il en fallait encore, du déséquilibre de Do a Powerbomb ! et sa tendance fâcheuse à préférer le délire au sentiment : le cliffhanger de l'épisode, qui embarque les deux héros dans un ultime combat contre le seul être en mesure de leur rendre Yoa Steelrose. Une idée tellement portnawak qu'on ne sait pas trop comment l'apprécier : énorme blague potache de plus ? Ou audace suprême ? Je suis très perplexe devant cet énième rebondissement qui plombe plus l'histoire qu'elle ne la redresse.

Visuellement, Johnson est un artiste exceptionnel, une sorte de phénomène comme peut l'être Sean Gordon Murphy avec lequel il partage une puissance graphique incomparable ou James Harren. Sa narration est époustouflante et les scènes de combat sont toujours aussi ébouriffantes. Il s'amuse beaucoup à chorégraphier les prises les plus acrobatiques, à nous faire ressentir les impacts les plus retentissants, avec des effets copieux. 

La colorisation de Mike Spicer souligne juste ce qu'il faut tout ça, sachant qu'en réalité ce type de dessin n'a guère besoin d'être renforcé. Mais disons que ça aide souvent à la lisibilité quand on compare ce que Johnson dessine en art séquentiel et ses commissions qu'il faut quelquefois déchiffrer.

Pour ceux qui aiment les comics qui en emttent plein la vue, Johnson est un dessinateur imparable. J'admire la tonicité de son art, il est irréprochable là-dessus. Mais pour Do a Powerbomb !, il s'amuse plus que nous, il a écrit une histoire pour s'éclater en oubliant un peu l'histoire et ses personnages en chemin. Dommage.

Reste que c'est toujours quelque chose d'unique, mais trop inégal. On verra comment il boucle tout ça, mais je ne crois pas à un sursaut miraculeux.

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