jeudi 1 septembre 2022

X-MEN #14, de Gerry Duggan et C.F. Villa - A.X.E. : JUDGMENT DAY TIE-IN


Deuxième épisode d'affilée à être lié à l'event Judgment Day, X-Men 14 s'en détache pourtant assez nettement puisqu'il faut attendre les ultimes pages pour avoir une scène en rapport avec la saga de Kieron Gillen. Gerry Duggan s'attache surtout à deux mutants qu'il aime visiblement beaucoup, aidé par le dessinateur C.F. Villa, mais le résultat est très contrasté.


Des extraterrerstes pensant toujours que la Terre est mise à prix par Cordyceps Jones tentent de la détruire en provoquant une éruption solaire. Prévenue par Cyclope, Jean Grey organise la riposte.


Iceberg créé en orbite un bouclier de glace pour intercepter les jaillessement solaires en s'alignant sur les trajectoires prévues par Forge. L'impact est amorti mais tout n'est pas réglé.


Firestar doit ensuite faire fondre les blocs de glace qui menacent de s'effondrer sur des zones habitées. Revenu sur la terre ferme, Iceberg en profite pour passer un message grâce à une journaliste.


Cyclope se rend au Pôle Nord pour défier le Progéniteur et lui dire qu'il n'accepte d'être jugé que par une personne : Jean Grey. Troublé, le Céleste déclare Scott Summers digne de vivre.

A lui seul; cet épisode pourrait facilement résumer tout ce qu'on aime chez Gerry Duggan en pointant aussi ses maladresses, notamment dans la manière d'écrire les X-Men. Mais avant d'en arriver là, un mot sur le lien de X-Men #14 avec A.X.E. : Judgment Day.

Pour être tout à fait honnête, en dehors du fait qu'on voit les X-Men défendre Krakoa contre les Hex (et ce bien que l'Ancêtre leur ait ordonné de se retirer de l'île dans Judgment Day #3), et des trois dernières pages, on a le sentiment très net que Gerry Duggan a fait le mnimum syndical pour rappeler que sa série est impactée par la saga actuelle.

En effet, que lit-on ? Une histoire auto-contenue sur des pirates de l'espace qui croit toujours que la destruction de la Terre est l'objet de paris sur Gameworld et qui, pour empocher le jackpot, provoque une éruption solaire supposée détruire notre planète. Sans qu'on sache comment, Cyclope et Magik sont au courant et déboulent dans le vaisseau de ces gredins pour les neutraliser, mais pas assez vite car ils ont déjà largué une bombe dans l'étoile.

Jean Grey est avertie par Cyclope de la situation et organise une parade à cette catastrophe. C'est alors l'occasion pour Duggan de mettre sur le devant de la scène un de ses mutants favoris, nouvellement intégré aux X-Men, Iceberg. Enfin... "Nouvellement", c'est une façon de parler puisque Bobby Drake a été un des cinq membres originaux de la formation. Mais disons que depuis le dernier Hellfire Gala, il fait à nouveau partie de l'équipe vedette.

Malgré son ancienneté et sa puissance (c'est un mutant oméga), Iceberg n'a que rarement été exploité à sa juste mesure. Il a fallu que Brian Michael Bendis en fasse un mutant gay pour qu'à nouveau il soit au centre des discussions. Un choix discutable (et discuté) depuis All-New X-Men puisque, à la même époque, dans Wolverine & the X-Men (de Jason Aaron), Bobby embrassait goûlument Kitty Pryde et était courtisé par la Shi'ar Warbird sans compter qu'il sympathisait sans ambiguïté avec Firestar.

Perso, ça ne me gêne absolument pas que Iceberg soit gay, mais encore faut-il que ça soit logiquement expliqué - ce qui n'est pas le cas chez Bendis qui semble avoir décidé cela dans son coin et pour des raisons d'inclusivité. Toutefois est-il que les auteurs depuis, sans doute sur ordre de l'éditeur, ont confirmé ce choix et cela aboutit parfois à des moments particulièrement lourdingues.

C'est le cas ici. Si Duggan met en scène de manière vraiment formidable Iceberg dans toute sa puissance avec des scènes spectaculaires, quand il s'agit de faire passer un message sur l'homosexualité du personnage et le fait qu'être mutant et gay, c'est une sorte de double peine, à l'arrivée, c'est grotesque. On a droit à une data page reproduisant la déclaration que Bobby Drake fait à une journaliste dans laquelle il dit les difficultés qu'il a eu à assumer sa "mutanité" et son homosexulaité, mais qu'il est maintenant en paix avec ça et veut devenir un exemple aussi bien pour les mutants que pour que les homos.

Avait-on vraiment besoin de ça ? Encore une fois, que Iceberg soit gay m'indiffère (même si je trouverai toujours ça artificiellement imposé au personnage). Mais cette insistance à l'écrire comme le mutant gay qui se pose en défenseur LGBTQ+ et qui dresse un parallèle entre être mutant et être homo, je trouve ça d'une lourdeur, d'une maladresse effarantes. C'est aussi peu subtil que lorsque les acteurs de cinéma ou de télé faisaient la folle pour camper un gay. Tous les homos ne se baladent pas avec un drapeau arc-en-ciel sur les épaules, ils s'en fichent, ils veulent juste ne pas être insultés, réprimés, respectés. Il me semble que c'est là une façon de s'exprimer très américaine en soulignant le genre, l'orientation sexuelle, la race : tu n'es plus noir, tu est afro-américain, tu n'es pas homo, tu es LGBTQ+, tu n'es pas gros, tu as une surcharge pondérable. Comme disait Desproges (ou Coluche ?), tu n'es pas con, tu es non-comprenant.   

C'est dommage parce qu'à la fin de l'épisode, Duggan fait tout le contraire et réussit une scène simple, intense, puissante, et là tout à fait connectée à Judgment Day avec Cyclope et le Progéniteur. Un vrai truc qui claque, qui est parfaitement juste, désarmant, d'une adresse formidable. Une de ces scènes qui rendent Cyke vraiment cool. Sans avoir besoin d'écrire ça en caractères gras.

Visuellement, C.F. Villa achève son intérim sur la série en beauté. Naturellement doué pour l'action, le dessinateur s'éclate avec un épisode qui, comme le précédent, multiplie les scènes décapantes, avec un rythme soutenu.

Villa n'est pas l'artiste du siècle, et on peut comprendre que Marvel préfère miser sur un de leurs "stormbreakers", Joshua Cassara, pour illustrer X-Men. Pourtant, Villa ne démérite pas, il a eu deux épisodes et il a envoyé du bois, on sent qu'il a pris du plaisir et la lecture a été jubilatoire. Il mérite vraiment sa chance sur un titre sur lequel il resterait plus longtemps (mais, qui sait, il reviendra peut-être vite car Cassara ne me paraît pas capable d'enchaîner beaucoup d'épisodes).

Voilà pour ce tie-in bancal, parfois ballot, parfois brillant, dessiné avec panache. Le prochain numéro renouera avec les aventures des X-Men hors Judgement Day et le retour des Enfants de la Voûte...

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