Ce quatrième numéro de A.X.E. : Judgment Day marque la fin du deuxième acte de l'histoire écrite par Kieron Gillen et dessinée par Valerio Schiti. Dans cette partie du récit, le Progéniteur a jugé digne ou pas plusieurs héros et humains tandis que, pour tenter de renverser la situation, les Eternels ont libéré Eros/Starfox. Cela sera-t-il suffisant ?
Eros/Starfox peut manipuler les émotions, mais le frère de Thanos refuse de mentir au Progéniteur. Il s'emploie donc à convaincre les dirigeant siégeant à l'O.N.U. de faire cause commune.
Ce mouvement n'échappe pas à Druig qui décide d'en finir avec les mutants de Krakoa en invoquant une nouvelle fois le Grand Esprit. Mais Sersi permet aux mutants télépathes de l'infiltrer.
Résultat : le Grand Esprit déstitue Druig de son poste de Prime Eternel. En réponse à cet affront, il relâche Uranos. Mais Magneto et Tornade arrivent pour tuer le massacreur d'Arakko.
Eros/Starfox s'adresse alors au Progéniteur au nom des terrierns et des Eternels pour le convaincre qu'ils vont bâtir un monde meilleur ensemble. Le Céleste rend son jugement dernier...
C'est vraiment cette construction en trois actes qui aura (jusqu'à présent) fait la différence (avec la complémentarité entre l'intrigue principale et ses tie-in) dans l'event écrit par Kieron Gillen. En découpant son récit en trois fois deux épisodes, le scénariste a imprimé un tempo strict mais aussi permis au lecteur d'attendre à chaque fois un climax.
Après donc un premier temps consacré à l'offensive menée par Druig contre les mutants, ce deuxième temps a été celui marqué par les jugements rendus par le Progéniteur réveillé par Ajak, Makkari, Iron Man et Mr. Sinistre. Encore une fois, sur plusieurs pages en "gaufriers" de quatre cases, on assiste au verdict prononcé en faveur ou en défaveur de plusieurs personnages, super-héros ou simples humains. Et à la fin, c'est la Terre, dans sa globalité, qui est sur la sellette.
Je ne vous dévoilerai pas ce jugement dernier, mais en même temps le suspense sera de courte durée puisque le prochain épisode de A.X.E. : Judgment Day paraîtra dès la semaine prochaine (tandis que le grand final sortira la première quinzaine d'Octobre avant un n° Omega qui conclura l'ensemble - certainement en établissant un nouveau statu quo pour les Eternels).
Parfois on est franchement étonné par les avis rendus par le Céleste. Ainsi Thor est épargné car il est digne de brandir Mjolnir, ce qui revient à dire qu'il doit son salut à son arme qui a été celle de son père. En revanche, concernant Daredevil, Gillen s'aligne sur ce qu'écrit actuellement Chip Zdarsky dans la série consacrée à l'homme sans peur, engagé dans une croisade dépassant les limites morales. Plus convenus, les cas de Miles Morales ou Ms. Marvel assurent à la nouvelle génération un sauf-conduit. Quant aux fameux six individus à travers le monde et désignés par l'éditeur comme les six personnages les plus importants du moment (sans qu'on sache encore pourquoi), ils sont condamnés ou sauvés de manière aléatoire.
Mais Kieron Gillen s'attache surtout au premier plan de Eros/Starfox. La dernière fois que l'ex-Avenger et Eternel avait fait parler de lui remonte au run de Donny Cates sur Guardians of the Galaxy quand Hela tenta de transférer la conscience de Thanos (le frère de Eros) dans le corps de Starfox. L'expérience tourna court grâce à l'intervention de Gamora et ses acolytes. Et on a découvert dans le précédent numéro de Judgment Day que Eros était depuis détenu dans l'Exclusion, la prison des Eternels (sans doute pour s'assurer que rien de la conscience de Thanos ne l'avait infecté maus aussi pour se protéger de ses propres pouvoirs).
Et justement, il est temps de rappeler que Starfox, en plus de voler et d'être super fort, manipule les émotions. C'est un hédoniste qui influence les individus sur les notions de plaisir personnel et de plaisir qu'ils peuvent prodiguer aux autres. Sersi comptait là-dessus pour que les humains deviennent plus aimables et convainquent le Progéniteur de les épargner. Sauf que Eros sait que le Céleste ne tomberait pas dans ce panneau...
On le voit alors rencontrer et parlementer avec d'éminents gouvernants dans le monde entier puis s'adresser aux représentants siègeant à l'ONU. IL réussit, grâce à ses efforts diplomatiques, à réaliser une sorte d'union sacrée pour que tous bâtissent un monde meilleur, susceptible de convaincre le Progéniteur de leur bonne volonté.
Tout n'est pas réglé pour autant car Druig observe ces manoeuvres et riposte. Gillen orchestre alors une série de péripéties visuellement impressionnantes que Valerio Schiti convertit en planches somptueuses. L'artiste italien subjugue en plusieurs occasions et pas seulement pour son relooking très David Bowie période glam-rock de Starfox mais par le dynamisme de son découpage, de ses compositions et son esthétisme appuyé par les couleurs magnifiques de Marte Gracia.
La nouvelle forme adoptée par le Grand Esprit, l'infiltration opérée par Sersi pour que les mutants renversent Druig, donnent à admirer des images fortes, intenses, spectaculaires. Mais Schiti les représente d'une manière toujours très évocatrice et pas pour le simple plaisir d'en mettre plein la vue. Ce n'est pas que l'illustration brillante du script, c'est une réinterprétation qui habille les mots de Gillen et les transforme en scènes mémorables.
Le scénario ne flêchit pas, le rythme est vif, avec une alternance de plans très variés dans leurs dimensions, leur valeur. Lorsque Uranos est lâché, sa puissance effrayante rencontre celle, toute aussi saisissante, du duo Magneto-Tornade. C'est aussi à ce moment précis qu'on comprend pourquoi il faut avoir lu impérativement X-Men : Red #6 avant Judgment Day #4 car Magneto rencontre littéralement son destin.
Schiti s'est inspiré d'un tableau classique (Ivan le Terrible et son fils, le 16 Novembre 1581, par Ilva Repine) pour l'image iconique de Tornade entourant de ses bras la dépouille de Magneto et c'est assez fort et subtil à la fois de caser une telle référence dans un blockbuster Marvel où les dessinateurs ont souvent trop fort à faire avec un casting fourni et des morceaux de bravoure visuels pour en plus glisser des hommages artistiques.
Le cliffhanger est réellement terrifiant et avec encore deux épisodes à venir, on se demande vraiment, pour la première fois depuis un bail, comment ça va finir. Mais on en saura plus la semaine prochaine dans cet event écrit de main de maître et dessiné avec virtuosité. Ce serait terriblement décevant que le dénouement ne soit pas à la hauteur après que les deux premiers tiers de cette saga aient été si bien conduits....
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