Dernière nouveauté de la semaine avec le troisième chapitre de Prodigy : The Icarus Society. Et Mark Millar est décidément en verve puisque, une semaine après son excellent The Magic Order 3 #2, le voilà qui nous livre un autre formidable épisode. Edison Crane semble plongé dans une affaire qui le dépasse. Et Matteo Buffagni se charge de la mettre en image avec une classe sensationnelle.
Reçu par Felix Koffka, Edison Crane découvre que Lucius Tong est pris à son propre jeu : Prisha Patel est en vérité la complice de Koffka et elle abat froidement Tong.
Crane tente alors de s'évader du repaire de Koffka mais celui-ci gère la situation avec un flegme sidérant et stoppe le fugitif promptement.
Crane reprend connaissance à bord du jet de Koffka en présence de Prisha et après avoir eu une vision de la submersion de l'Atlantide. Il sait parfaitement pourquoi on l'a gardé en vie.
Le jet de Koffka se crashe subitement mais le milliardaire et sa complice surivent. Crane aussi, qui sauve au passage une des hôtesses de l'appareil, avant de découvrir la suite du voyage...
Ce nouveau volume de Prodigy est tellement meilleur en seulement trois épisodes que le premier qu'on a presque du mal à croire que c'est le même Mark Millar qui les a écrits. A ce stade, la première mini-série s'embourbait déjà dans une intrigue qui fonçait dans une impasse avec beaucoup d'arrogance, quand cette fois les rebondissements captivent et mettent vraiment Edison Crane en difficulté.
Oh bien sûr, il y a un loup, un de ces twists dont raffole le scénariste et qui va sûrement survenir à la fin du prochain numéro (qui sera déjà l'avant-dernier de ce second volume), mais pour l'heure on se régale et je pense que Millar évitera cette fois un dénouement foireux.
Pourquoi ai-je confiance ? Tout simplement parce que cette fois l'histoire est mieux articulée. Millar a précipité Edison Crane dans les griffes d'ennemis coriaces, des génies fortunés comme lui mais évidemment plus pervers, retors et maléfiques. On croyait que Lucius Tong serait le vrai grand méchant, il n'en est rien puisqu'il est liquidé sans cérémonie au début de cet épisode.
La caractérisation de Felix Koffka est sommaire, Millar ne force pas son talent pour imaginer des vilains originaux, ça n'a d'ailleurs jamais été son point fort. Il préfère souligner l'excentricité morbide du personnage, collectionneur de reliques de personnalités mortes tragiquement comme le tête de Jayne Mansfield ou la voiture à bord de laquelle JFK a été assassinée. Il lui ajoute une autre bizarrerie, gratuite, en le faisant dessiner les yeux bandés - et quand Koffka daigne expliquer pourquoi il s'inflige cette cécité, il avoue que c'est juste pour le show. Du pur Millar !
Mais revenons au récit : il est question depuis le début d'artefacts en relation avec l'Atlantide. Mais ce n'est qu'une déviation narrative. Les fameuses tablettes équatoriennes acquises par Tong n'indiquent pas une fois traduites la position de cette civilsation mythique, elles permettent de localiser Shangri-La dans l'Himalaya, autre endroit fantasmatique que veut atteindre Koffka ave l'espoir d'y acquérir l'immortalité comme l'aurait gagnée une femme pirate.
Le rôle d'Edison Crane dans tout ça : traduire les tablettes, guider cette expédition. On peut se douter, comme je l'écrivais plus haut, que le docteur ne va pas rester passif dans cette quête, d'ailleurs on le voit réagir avec force quand Koffka estime qu'il lui appartient désormais - une chosification que n'apprécie pas le héros. Mais surtout on peut se poser la question, au-delà de la bonté d'âme, de pourquoi a-t-il risqué sa vie pour sauver une hôtesse du jet de Koffka après son crash en mer ? Je me demande si la demoiselle ne serait pas Candice, l'assistante de Crane déguisée...
Prodigy : The Icarus Society n'est pas seulement meilleure narrativement que Prodigy, elle est aussi tout simplement plus classe. Et cela, elle le doit à Matteo Buffagni. Dans sa dernière newsletter, à l'occasion de la sortie de cet épisode, Millar loue son partenaire en notant qu'il travaille actuellement avec deux italiens (Buffagni et Gigi Cavenago). Il est ébloui par leur talent et prédit que les Big Two vont aller recruter massivement en Italie (et c'est déjà le cas quand on considère les carrières de Valerio Schitk, Stefano Caselli, etc.).
Mais effectivement, Buffagni sort des épisodes affolants et Millar dit aussi qu'il prépare déjà un nouveau projet pour lui. Le dessinateur fait un usage très intelligent et raffiné de l'infographie mais son trait n'est jamais aseptisé par la technique numérique. C'est d'abord un excellent storyteller.
Buffagni sait planter un décor et l'exploiter, puis oser des ruptures de tons avec des cadrages verticaux par exemple très dynamiques (toute la séquence dans le repaire de Koffka avec la tentative d'évasion de Crane). Lorsqu'il doit composer des images pour le crash du jet, il a recours, plus classiquement à des cases occupant la largeur de la bande, mais avec des angles de vue et des valeurs de plans qui donnent un rythme très efficace à l'ensemble.
Curieusement, Laura Martin ne colorise pas cet épisode (a-t-elle quitté le navire ? Ou n'est-ce que ponctuel). Remplacé apr l'excellent David Curiel, on ne perd pas au change et l'esthétisme de l'épisode n'est pas bouleversé, avec toujours une dominante de couleurs chaudes, qui participe elles aussi à cette ambiance élégante.
Je me régale, et si je me répéte, tant pis : Prodigy : The Icarus Society mérite qu'on en dise du bien, c'est un très bon divertissement.
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