Après deux précédents épisodes plutôt réussis (consacrés à Exodus et Emma Frost), Immortal X-Men pique à nouveau un peu du nez. Toujours en liaison avec l'event Judgment Day (l'action se situe après le 3ème numéro), ce chapitre se penche sur le cas de Sebastian Shaw. Kieron Gillen perd beaucoup de temps avant d'en arriver au coeur du sujet. Et Lucas Werneck, de retour, livre une copie moyenne.
Le Conseil de Krakoa est réuni. Plusieurs de ses membres ont été jugés par le Progéniteur, mais tous ne sont pas disposés à révéler s'ils ont passé le test avec succès ou pas. Sebastian Shaw prend la parole.
Shaw part pour New York avec l'objectif de protéger son business et de sauver sa peau à tout prix. C'est alors qu'il est jugé par le Progéniteur se manifestant sous la forme d'Emma Frost. Il échoue au test.
Reconnu pour ses talents de négociateur, le Roi Noir du Club des Damnés part pour New York afin de négocier avec un représentant des Eternels, Eros/Starfox, récemment sorti de sa prison.
En attendant de savoir ce que leurs communautés pensent de leurs palabres, Shaw se rend dans la cave du Club des Damnés de New York et y invoque une puissante alliée...
Pour Kieron Gillen, Immortal X-Men à l'heure de Judgment Day représente une occasion d'ausculter le Conseil de Krakoa en temps de crise. C'était déjà le cas avant cet event, me direz-vous et vous n'aurez pas tort, mais désormais le gouvernement mutant est sur les charbons ardents et cela permet de révéler le caractère profonde de chacun. Pour un peu, on souhaiterait que cette situation perdure afin que l'intensité de la série soit conservée.
C'est pourquoi je me demande si, une fois tous les membres du Conseil examinés par la série, Immortal X-Men aura encore une raison d'exister. Il restera bien encore des intrigues de palais à inventer pour le scénariste, c'est certain, mais la formule qui veut qu'à chaque épisode il se penche sur un personnage différent risque quand même d'être difficile à tenir sur le long terme. Et c'est pour cela que je pense m'arrêter au n°12 quand l'intégralité de la table aura été examinée.
Pour l'heure, ce n°6 est consacré à Sebastian Shaw. Dans son run sur Marauders, Gerry Duggan en avait fait un personnage plus tordu et détestable que jamais, mais qui essuya des revers cinglants après avoir tenté de tuer Kitty Pryde et de doubler Emma Frost.
Gillen suit en cela Duggan : Shaw est donc le personnage qu'on adore détester par excellence. Mais Gillen veut tout de même essayer de nuancer cela en sondant le passé de Shaw au moment où les mutants sont jugés par le Céleste. Et disons que ça fonctionne moyennement.
Souvent, cela revient à chercher sinon des excuses du moins une justification au comportement d'un salaud. Ici, en deux flashbacks lourdingues, on apprend que Sebastian était méprisé déjà enfant par son père, un affairiste en difficulté, et que, devenu adulte et richissime, Sebastian s'était recueilli sur la tombe paternelle en montrant avec orgueil qu'il avait réussi contre toute attente et ne s'arrêterait pas là.
Bon, était-ce bien nécessaire ? A mon avis, non. C'est grossier, manichéen au possible, on s'en fiche complètement. Quand Gillen est le plus juste, c'est précisèment quand il ne cherche pas à expliquer Shaw autrement que ce qu'il a toujours profondément été : un businessman et un négociateur. Pour le pouvoir et l'argent, il est prêt à tout car il sait que cela assurera sa survie, même si la Terre est détruite par un Céleste. Shaw veut récupérer son trône, être le Roi Noir du Club des Damnés, quelqu'un qui compte au sein du Conseil de Krakoa, ou sinon il est prêt à s'allier avec quiconque lui permettra de s'en tirer (Orchis ou la mystérieuse entité qu'il convoque à la fin de l'épisode).
Plutôt que nous infliger un trop long début d'épisode avec Destinée ou les débats du Conseil de Krakoa et les cachotteries de ceux qui ont déjà passé le test du Céleste, Gillen aurait gagné à aller droit au but et à développer le dialogue, ici à peine effleuré, entre Shaw et Eros par exemple.
Lucas Wernneck revient donc dessiner la série. Entretemps, le jeune artiste brésilien vient d'être inclus par Marvel dans la promotion 2023 des "stormbreakers", ces talents sur lesquels l'éditeur mise pour l'avenir (il est entouré ce Martin Coccolo, Elena Casagrande, Nic Klein, Jan Bazaldua, C.F. Villa, Chris Allen et Federico Vicentini).
Malgré tout, je continue de trouver Werneck très moyen. Il ne sait pas composer une image correctement, ses enchaînements sont maladroits, il ne varie quasiment ses angles de vue, son découpage est mou.
Qu'il s'agisse d'animer une scène d'action (le jugement d'Exodus) ou un dialogue avec une tablée de personnages, on a l'impression dérangeante qu'il pose d'abord les personnages puis qu'il cadre ensuite au petit bonheur la chance en espérant que cela formera une page correcte. Sauf que c'est tout le contraire : on a plutôt le sentiment de voir des acteurs surjouer dans un théâtre, impression renforcée par la voix-off qui commente l'action et en souligne le peu d'impact dramatique.
Werneck préfère ostensiblement dessiner de jolies femmes, mais narrativement c'est d'une pauvreté accablante. Et si c'est sur des dessinateurs comme lui (ou Bazaldua) que mise Marvel, ça ne sent pas bon (même si Klein Coccolo, Casagrande sont bien supérieurs).
Le mois prochain, j'espère que l'épisode consacré à Diablo ( Nightcrawler) fera honneur à l'elfe (même si je ne me fais pas trop d'illusions, étant donné que personne - excepté Rainbow Rowell dans She-Hulk - ne semble se souvenir du personnage tel que l'avait créé Dave Cockrum).
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