Ce troisième épisode de The Variants montre bien à quel point cette min-série devient difficle à résumer : comme toutes les histoires avec des doubles, des sosies, des jumeaux, il n'est pas évident de communiquer au lecteur les subtilités de l'action. Gail Simone, qui plus est, n'avance pas vite et multiplie les mystères. Heureusement que les dessins, très clairs eux, de Phil Noto sont là.
L'arrivée de Jewel, une troisième version d'elle-même, plonge Jessica Jones dans une crise existentielle. A chaque fois, elle s'effraie un peu plus et sa mémoire se trouble.
Avec She-Hulk à ses côtés, Jessica joint Daredevil puis Iron Fist pour qu'ils retrouvent ses deux premières variantes et leur donnent rendez-vous pour une réunion.
Autour d'un café, les quatre Jessica Jones comprennent ce qu'elles partagent de traumatisant et se promettent de se neutraliser au cas où elles déraperaient.
Cependant, Misty Knight et Colleen Wing gardant sa fille Dani, Luke Cage sort prendre l'air lorsqu'il est agressé. Jessica, elle, reçoit un message lui conseillant de se méfier de ses doubles...
Bon, récapitulons, ça ne fera pas de mal : Jessica Jones a depuis quelque temps des malaises qu'elle finit par relier à Zebediah Kilgrave:l'Homme Pourpre. Elle le comprend quand elle fait la connaissance d'une cliente de Matt Murdock qui a été sous l'emprise de Kilgrave et qui lui a affirmé qu'il la contrôlerait toujours. Peu après, cette femme se suicide. La crise de confiance de Jessica s'aggrave quand elle découvre une autre version d'elle-même, portant le bouclier de Captain America, dans son appartement. Puis une autre qui lui ressemble comme sa jumelle.
Terrorisée à l'idée que Kilgrave puisse à nouveau la contraindre à commettre le pire, elle éloigne Luke Cage, son mari, et Dani, leur fille. C'est alors que surgit une troisième version d'elle-même, vêtue comme à l'époque où elle était la super-héroïne Jewel.
Donc : quatre Jessica. Jessica Jones (celle qu'on connaît). "Captain Jessica" (qui a le bouclier de Captain America). Oméga Jessica (qui a le même look que Jessica Jones). Jewel (qui est habillée comme Jessica lorsqu'elle était super-héroïne).
Ce qu'on sait : ces Jessica viennetn de Terres parallèles, du Multivers. Elles ignorent comme Jessica Jones pourquoi et comment elles sont sur notre Terre. Elles ont toutes vécu des traumatismes en rapport avec l'homme qu'elles aimaient. Et quelqu'un a prévenu discrètement Jessica qu'elle devait se méfier de ses "variantes". Qui ? Pourquoi ?
Ce qu'on ignore : est-ce que l'Homme Pourpre a encore le contrôle sur Jessica (et d'autres femmes) comme l'a affirmé Sarah Snyder, ce qui feraient de ses victimes des bombes à retardement, capables de commettre le pire, y compris contre ceux qu'eles aiment ?
Il faut bien avoir tout ça en tête pour suivre l'intrigue mise en place par Gail Simone. Et on sait, en se fiant à la couverture du premier épisode, qu'il reste une dernière version de Jessica à découvrir (vêtue d'un masque et d'un costume rouge).
La scénariste avance à pas comptés. Elle ne fournit au lecteur que des informations au compte-gouttes, ce qui le déstabilise autant que Jessica. De ce point de vue, c'est très bien fichu, on ignore où on va, quelle machination secrète est derrière l'apparition de ces "variants", etc.
Mais c'est également très frustrant et ça peut donner une impression de surplace un peu désagréable car à force de retenir des infos et avec seulement deux épisodes avant la conclusion de cette mini-série, est-ce que ça ne fait pas trop de mystères ? D'un côté, on savoure l'écriture de Gail Simone qui réussit parfaitement à caractériser Jesscia, ses doubles, et les seconds rôles. De l'autre, on ne sait plus trop ce qui relève de la maîtrise d'une intrigue retorse ou d'un pitch peut-être trop ambitieux pour tenir dans cinq épisodes (et ce n'est pas avec cet inconnu qui inflige une raclée à Luke Cage avant de, littéralement, de se consumer, qu'on est plus avancé).
Face à des interrogations, il faut pouvoir s'appuyer sur un dessinateur particulièrement solide et qui n'éprouve pas le besoin d'en rajouter. De ce point de vue, c'est une bénédiction que ce soit à Phil Noto que Marvel ait confié la partie graphique.
Certes, dès qu'il y a de la baston, Noto n'est pas un champion : ses compositions manquent d'espace et de punch pour convaincre de l'âpreté d'un combat. Mais en revanche, pour tout le reste, qui constitue l'essentiel du récit, il est irréprochable.
Noto, avec un découpage très simple, illustre les dialogues, nombreux, du script sans jamais lasser le lecteur. Ses personnages sont expressifs juste ce qu'il faut, la valeur des plans est toujours impeccable, on est toujours à la bonne distance. La complicité entre l'artiste et la scénariste est indiscutable. Comme Noto assume aussi la colorisation, il a la maîtrise totale de ses images et ne sombre jamais dans des effets visuels inutiles.
Le boulot de Noto est superbe car c'est vraiment lui qui permet à The Variants de ne pas perdre le lecteur par sa narration sobre. Il faut croiser les doigts pour que Simone ait aussi bien en main ce qu'elle a entrepris de raconter. Je n'ai guère de crainte car elle a de l'expérience. Même s'il faut s'accrocher un peu.
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