Pendant que Goeff Johns et Joshua Williamson sont occupés à reconfigurer une énième fois le DCU (avec Flashpoint Beyond pour le premier et Dark Crisis pour le second), Mark Waid lance son propre event avec cette mini-série Batman vs. Robin, en quatre épisodes king-size (45 pages). Pour l'occasion, il collabore avec Mahmud Asrar, en congés chez Marvel. Et ça démarre pied au plancher !
Héritier de la dynastie maudite des Al Ghul, fils de Batman, Damian Wayne ne va pas bien depuis la mort d'Alfred Pennyworth. Rejeté des autres héros pour son attitude violente, il cherche sa voie.
Un soir qu'il est au manoir Wayne, Bruce voit débarquer Alfred. Il le mitraille de questions pour s'assurer que c'est bien lui puis ils descendent à la Batcave où ils sont attendus.
Damian, avec l'aide Tim Hunter et Jakeem Thunder, attaque Batman qui doit battre en retraite dans une galerie de la grotte. Mais Damian les rattrape et abat froidement son père avec un pistolet.
Batman réussit à s'en tirer avec Alfred et gagne Gotham. Il se sert d'une clé que lui a remis Zatanna pour aller la consulter et découvre qu'elle et la Justice League Dark sont hors jeu.
Zatanna indique à Batman un endroit où trouver des réponses et des solutions, à ses risques et périls. Au même moment, Damian rejoint un complice à la Tour du Dr. Fate...
Annoncé à la fin de Batman-Superman : World's Finest #5, Batman vs. Robin est une mini-série de prestige plus qu'un event, comme l'indique le format de ses quatre épisodes de 45 épisodes. Par ailleurs il n'y est fait aucune mention de Flashpoint Beyond ou de Dark Crisis, les deux sagas actuellement publiées par DC et qui vont reconfigurer l'univers de l'éditeur pour la énième fois. Même si Mark Waid ne manque pas non plus d'ambitions ici...
Le scénariste a en effet situé son récit au croisement de sa propre série (World's Finest), de celle consacrée à Robin (Damian Wayne) et du crossover Shadow War (paru il y a quelques mois). Pourtant, rassurez-vous, pas la peine d'avoir lu tout ça pour comprendre ce qui se joue ici (la preuve, je n'ai pas suivi ni Robin ni Shadow War et je n'ai pas été perdu).
Avec la classe qui le caractérise, Mark Waid a fait les choses proprement et rapidement : en une double page au début de cet épisode, l'essentiel nous est rappelé : Damian Wayne est l'enfant de deux mondes opposés, avec d'un côté les Al Ghul, dynastie criminelle, et de l'autre les Wayne, dont son père, Batman, est le champion de Gotham. Déjà tiraillé entre ces deux héritages, Damian a complètement perdu le Nord en assistant, impuissant à la mort d'Alfred Pennyworth, le majordome des Wayne, le seul homme à lui avoir témoigné de l'affection sans tenir compte de son pédigrée.
Waid fait référence à l'arc City of Bane du run de Tom King sur Batman quand Bane tua Alfred devant les yeux de Damian. A l'époque, cette scène avait été un électrochoc et King l'avait justifié en expliquant qu'il était temps pour Batman d'exister sans la béquille qu'incarnait son majordome. Un parti-pris mal accepté par les fans, naturellement attaché au personnage, même si ensuite on a bien vu que Batman faisait son deuil (alors que, concernant l'autre idée majeure de King, à savoir la romance entre Batman et Catwoman, tout le monde s'est empressé de l'enterrer, car Batman comme Spider-Man ne peut apparemment pas vivre heureux et encore moins durablement en couple).
Dans la série Robin lancée en 2021 par Joshua Williamson, on suivait Damian Wayne, alors rejeté de la communauté super-héroïque à cause de son comportement de plus en plus incontrôlable et violent, dans un tournoi à l'autre bout du monde pour succéder à sa mère à la tête de l'empire Al Ghul face aux représentants d'autres tribus criminelles. Quand Damian recroisa la route de son père lors du crossover Shadow War (toujours écrit par Williamson), les relations étaient toujours aussi tendues.
Aussi n'est-on qu'à moitié surpris de le retrouver résolu à tuer, littéralement le père dans ce premier épisode. Robin semble avoir basculé du côté obscur, mais il est soutenu par deux puissants alliés, Tim Hunter (le futur plus grand magicien du DCU) et Jakeem Thunder (ami du génie Thunderbolt, membre de la Justice Society). Deux gamins certes mais que rien ne prédisposait à tuer Batman. Ce qui signifie, bien entendu, que Robin a un autre complice qui a le pouvoir de tourner la tête à Hunter et Thunder. Et surtout que Robin a payé pour cela.
Je ne spoilerai pas l'identité de ce complice puissant et redoutable mais si vous lisez World's Finest, vous le devinerez facilement. Vous serez également choqué par ce que Robin a consenti à donner pour avoir la peau de son daron. Mais peut-être encore plus par les dégats qu'ils ont déjà causés ensemble avec la Justice League Dark sur le carreau (rien que ça) - et c'est là qu'on mesure l'ambition de cette mini-série, qui ne va pas se cantonner à une longue traque/baston entre Batman et Robin.
Depuis son retour chez DC, Waid pète le feu et l'éditeur le lui rend bien en lui donnant des dessinateurs de première classe. Après Dan Mora, c'est au tour de Mahmud Asrar d'entamer une collaboration inédite avec le scénariste - Asrar qui n'a pas tourné le dos à Marvel mais qui n'est pas sous contrat exclusif et peut donc aller s'amuser chez la Distinguée Concurrence.
Asrar sur du Batman, il faut bien le dire, ça donne envie et on n'est pad déçu. Il s'approprie le dark knight avec une facilité déconcertante, tout comme Robin. Il lui revient aussi d'animer Alfred et même si j'avais accepté le choix de King, je suis content de retrouver le majordome bien vivant. Reste à savoir comment il est revenu d'entre les morts (car non, ce n'est pas une initiative de Robin).
L'épisode, riche en action et en grand spectacle, permet à Asrar de déployer son formidable talent dans ce registre et il nous gratifie de scènes intenses et explosives. Quand Jakeem anime le T-rex dans la Batcave, ou que Tim Hunter fait sauter la grotte, que le Bat-boat sort à toute allure, quand on découvre Zatanna pendue (mais pas morte, calmez-vous), ce sont autant de moments mémorables immédiatement et qui confirme la complicité entre l'artiste et l'auteur. Ces deux-là parlent la même langue, car Waid a toujours su donner du biscuit à des dessinateurs comme Samnee, Wieringo, Kubert, Garney et aujourd'hui Asrar, des artistes qui savent tirer le meilleur d'un script et s'investissent complètement dans la narration graphique.
Si j'ai pu être un peu démotivé ces derniers temps avec certains titres et en faire des critiques moins enthousiastes, ce Batman vs. Robin est de ces comics qui vous filent un coup de boost.
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