Tout d'abord, ce recueil des cinq premiers épisodes de la série actuelle consacrée à She-Hulk ne sortira que le 22 Septembre prochain chez Panini Comics (avant le TPB US !), mais comme j'ai pu lire ces numéros en single issues ces derniers mois, je profite de leur réédition en album pour vous en livrer la critique - et ce alors que Disney+ diffuse actuellement une série sur la cousine de Bruce Banner. Toutefois, le travail de Rainbow Rowell et de ses deux dessinateurs mérite qu'on s'y arête.
Jennifer Walters vient de quitter les Avengers et a recouvré tous ses moyens en tant que She-Hulk. Elle se rend à un entretien d'embauche chez Mallory Book quand elle croise Titania. Elles s'affrontent brièvement avant de passer un marché pour s'entraîner ensemble. Après avoir été engagée, Jen s'installe dans l'appartement que lui loue Janet Van Dyne et se délasse dans un bon bain chaud. Jusqu'à ce qu'elle soit surprise par une visite inattendue...
Le Valet de Coeur, considéré comme mort depuis des années, resurgit donc dans la vie de She-Hulk. Il se souvient avoir capturé et soumis à des expériences avant de pouvoir s'évader et de penser à se rendre chez Jen. Toutefois, il refuse qu'elle prévienne les Avengers par peur qu'il ne l'enferme à nouveau.
Au cabinet de Mallory Book, Jen retrouve Andy, ex-créature du Penseur Fou devenu réceptionniste et secrétaire. Elle a interdiction de représenter des super-héros. De retour chez elle, She-Hulk discute avec le Valet de Coeur qui a constaté une diminution considérable de ses pouvoirs. Jen téléphone à Patsy Walker pour consulter le dossier de leur ami sans lui dire qu'il est chez elle.
She-Hulk, comme convenu, s'entraîne avec Titania, en compagnie de Volcana. Ben Grimm requiert ses services d'avocate en échange de quoi il la conseillera auprès d'autres héros cherchant une aide juridique. Reed Richards donne un un radiamètre mais elle l'utilise ensuite sur le Valet de Coeur. Alors qu'ils tentent d'identifier qui l'a enlevé, ils sont importunés par un inconnu agressif.
Une bagarre oppose She-Hulk à Mark, qui veut s'en prendre au Valet de Coeur. Ce colosse donne du fil à retordre à Jen jusqu'à ce que April, sa fiancée, ne s'interpose et le calme tout en reprochant son attitude à She-Hulk. En dînant au restaurant, le Valet de Coeur évoque le projet d'aller se retirer dans le Connecticut. Quelques jours plus tard, Jen observe April et Mark dans un square et apprend qu'ils sont mariés...
Lancée en Mars dernier, cette nouvelle série consacrée à She-Hulk bénéficie aujourd'hui de la publicité faite autour de la production diffusée sur Disney+. Mais ces dernières années, le personnage a surtout été monopolisé par Jason Aaron qui en avait fait un membre des Avengers, et avant cela, lors de Civil War II, Brian Michael Bendis avait notablement altéré ses pouvoirs.
En vérité il faut remonter aux runs de Charles Soule et avant lui de Dan Slott pour que Jennifer Walters ait eu les honneurs d'un titre dédié. Mais Miss Hulk, comme on l'appelle en France, doit l'essentiel de sa popularité à la série écrite et dessinée par John Byrne en 1989 (et dont Marvel et Panini viennent de reproduire les épisodes dans un omnibus récemment).
Rainbow Rowell hérite donc d'une héroïne qui a subi les pires outrages par des auteurs peu inspirés ces derniers temps. Mais Elle la récupère en ordre de marche : ses pouvoirs sont revenus à la normale, son aspect est moins mastoc, et elle pratique à nouveau comme avocate.
Dans le premier épisode, la scénariste des Runaways s'emploie à resituer Jen/She-Hulk : elle passe un marché avec Titania (au lieu de s'affronter pour rien, elles vont s'entraîner ensemble), elle est embauchée par Mallory Book (une juriste rivale de Jen créée par Dan Slott) qui lui interdit de représenter des super-héros, elle récupère son appartement. Mais ce répit est de courte durée puisqu'un collègue des Vengeurs resurgit.
Rainbow Rowell va alors développer son arc autour du mystère entourant ce retour. Le Valet de Coeur est mort durant le run de Geoff Johns sur la série Avengers en explosant littéralement dans l'espace, incapable de contenir sa puissance, malgré les efforts de Tony Stark. On renoue donc avec ce héros quasiment oublié, toujours vêtu de son costume insensé, mais quasi-amnésique. Il ne se rappelle que d'avoir été détenu et d'avoir subi des expériences, mais sans savoir où et par qui. En tout cas, cela a considérablement réduit ses pouvoirs et donc sa dangerosité, il ne veut pas que les Avengers soient mis au courant de son retour car il craint leur réaction et finit même par envisager de se retirer dans le Connecticut en abandonnant son rôle de super-héros.
Contre toute attente, ce mystère est assez accrocheur, d'autant que Rowell l'enrobe d'une romance possible entre le Valet et She-Hulk. Ce couple potentiel improbable suscite notre curiosité, mais c'est surtout par la grâce d'une écriture précise, parfois drôle, en tout cas bien sentie, qu'on s'y attache. Déjà louée pour la qualité de sa reprise des Runaways, Rowell confirme son talent pour s'approprier des personnages qu'apparemment personne ne parvient à animer correctement (un peu comme Tom King chez DC, la gravité en moins).
Le seconds rôles sont soignés : Faire de Mallory Book la nouvelle patronne de Jen est une idée brillante car elle installe une tension immédiate entre les deux femmes qui furent rivales dans les cours de justice. Par ailleurs, Jen reçoit la consigne de ne pas défendre de surhumains (alors que Book a établi sa réputation sur ses plaidoiries en faveur de cette communauté). Evidemment, c'est un ordre impossible à respecter quand on connaît autant de super-héros et très vite Jen accepte de traiter un dossier mineur impliquant Ben Grimm, qui, pour la remercier, oriente des copains à son adresse.
Pourtant, en dehors de ça et de Handsome Andy (un androïde créé par le Penseur Fou, apparu pour la première fois dans un épisode de Fantastic Four des années 60), la série ne s'éparpille pas dans un défilé de guest-stars et reste focus sur Jen/She-Hulk et le Valet de Coeur. Tout le contraire de la série Disney+ qui a beaucoup (trop) aguiché avec des caméos (au final décevants).
D'abord dessinée par Rogé Antonio (jusqu'au début du n°3), la série prend vraiment son envol grâce à Luca Maresca qui achève donc le troisième épisode et remplace complètement Antonio ensuite. Ce dernier ne déméritait pourtant pas, avec un style très expressif et dynamique : j'ignore pourquoi il a cédé sa place.
Toutefois, il faut avouer que Maresca est meilleur. Jusqu'à présent peu connu, cet artiste italien trouve avec She-Hulk l'occasion de se faire remarquer. Auparavant, il avait signé la mini Phoenix Song : Echo (qui établissait Echo comme la nouvelle hôtesse de la force Phénix). Maresca a un trait très élégant, il soigne ses décors, son découpage est simple et fluide, il est à l'aise dans les scènes dialogués (majoritaires) comme dans l'action.
Surtout il s'acquitte avec brio d'animer She-Hulk à laquelle il donne beaucoup de charme, sans la rendre aussi sexy que Byrne toutefois. Idem avec le Valet de Coeur, qu'il affuble d'un tee-shirt pour masquer le design affreusement compliqué à reproduire et dont il restitue parfaitement le désarroi puis la quiétude retrouvée.
Le sixième épisode vient de sortir et je vous en parlerai très vite car tout àa m'a donné très envie de poursuivre cette série, surtout au moment où j'en abonne certaines. De votre côté, cochez la date de sortie du recueil (Panini le proposera avec le sous-titre Retour à la vie civile, avant le TPB US, dès le 22 Septembre), vous verrez, c'est très bon.
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