samedi 24 septembre 2022

JANE FOSTER &THE MIGHTY THOR, de Torunn Gronbekk et Michael Dowling

 

Ce pénultième épisode de Jane Foster & the Mighty Thor déçoit un peu. Torunn Gronbekk semble un peu embarrasée au moment de (presque) conclure, comme si elle mesurait la (trop ?) grande ambition de son histoire par rapport au nombre d'épisodes dont elle dispose. Michael Dowling livre de belles planches, mais s'en sort mieux.



Transpercé par deux flèches, Thor gît dans les bras de Jane Foster. Le désespoir l'étreint et autour d'elle, tout la renvoie aux moments douloureux de son passé.


Asgard est à feu et à sang. La cité des dieux subit les assauts des elfes noirs menés par Kurse. Lady Sif perçoit en outre la présence du traître Tyr Odinson et en avise Beta Ray Bill.


Tandis que Jane Foster tente de se ressaisir face aux cauchemars qui l'assaillent, Thor se rétablit. Il la rassure et l'amour qui les unit a raison de l'environnement hostile du royaume des rêves où ils sont.
 

Tyr fait face à Lady Sif et invoque les esprits des morts pour terrasser la résistance asgardienne. Puis il s'avance sur le Bifrost à la rencontre de celui qui a conduit cette bataille et s'en est nourri...

Le rideau va bientôt se baisser sur cette mini-série et comme souvent dans le cas de celles produites par Marvel, on retrouve cette impression de précipitation et de manque d'espace. Contrairement à DC qui s'engage dans des histoires en huit, dix, douze chapitres, même si ce n'est pas toujours un calcul gagnant, mais qui laissent aux auteurs le temps de développer leurs arguments.

L'ambition, ce n'est pas ce qui a manquée à Torunn Gronbekk et on ne peut que la féliciter de ne pas nous avoir servi une intrigue au rabais, juste pour meubler et/ou surfer sur la sortie d'un film (en l'occurrence le très discutable Thor : Love and Thunder). Mais la scénariste aurait certainement préféré avoir plus de temps et donc de lattitude pour écrire ce qu'elle avait à dire.

Comme depuis le début, l'épisode utilise une narration parallèle : d'un côté, la guerre sur Asgard lancée par Kurse, les elfes noirs et Tyr, missionnés par un énigmatique personnage dont on ignore toujours l'identité et le mobile ; de l'autre, les retrouvailles de Jane Foster et Thor.

La bataille sur Asgard est sans doute celle qui souffre le plus du format de cette mini-série. Gronbekk n'a pas eu froid aux yeux en se lançant dans une entreprise pareille parce qu'elle a voulu que cette attaque soit vraiment épique et que Lady Sif, Beta Ray Bill et les Valkyries soient en réelle difficulté face à leurs ennemis. Pourtant, on sent bien qu'en plusieurs occasions, depuis quatre épisodes, la scénariste aurait aimé mettre en scène ce conflit comme une pièce plus importante, en lui accordant plus de pages.

Au lieu de ça, elle doit aller d'un personnage à un autre, d'un duel à un autre : Ruña contre Kurse, Lady Sif contre Tyr, Beta Ray Bill et Tori contre les elfes, et d'autres guerriers emportés par les bombes trous noirs lancés sur la cité céleste. Cela donne l'impression d'assister à une zapping où tout est survolé mais rien n'est creusé. Par exemple, il y a une scène où Tyr invoque l'esprit des morts, parmi lesquels celui qui a maudit jadis les valkyries : à ce moment, Kurse et Ruña s'affrontent sur un bâteau volant et Ruña se jette dans le vide en entraînant avec elle Kurse, autant pour le tuer que pour échapper à l'esprit qui fond sur elle.

Le souci, c'est que cette action spectaculaire et dramatique est noyée dans un ensemble d'autres actions et la dimension sacrificielle du geste de Ruña manque alors d'intensité. Idem quand Lady Sif se jette contre Tyr sans l'affronter vraiment, du couo il a la voie libre pour atteindre le Bifrost où l'attend un personnage important. Quant à Beta Ray Bill, il fait juste de la figuration, ce qui est un comble pour le ministre de la défense d'Asgard.

L'autre partie du récit, avec Jane et Thor, est plus aboutie, simplement parce qu'elle s'éparpille moins. L'environnement du royaume des rêves et la façon dont il éprouve Jane donnent lieu à des scènes poignantes, où Jane revit les moments les plus douloureux de son passé, depuis la mort de sa mère jusqu'au cander qui faillit l'emporter elle-même.

Toutefois, ce qui est étrange dans cette histoire, c'est à quel point Thor en aura été absent. Quand il aura été recherché par Jane jusqu'au moment où elle le retrouve, le Mighty Thor du titre aura été transparent. Sans doute que son heure viendra dans le dernier épisode, mais c'est frustrant car j'avais imaginé quelque chose de plus tendu, axé autour du fait que Jane a été la Puissante Thor un temps et qu'elle semble regretter de ne plus l'être (même si elle a hérité de grands pouvoirs en sa qualité de Valkyrie).

Michael Dowling fait ce qu'il a à faire et ses planches conservent une belle allure. Ce n'est pas un artiste vraiment à l'aise avec l'action, le grand spectacle, son découpage manque cruellement de dynamisme. Mais son dessin est agréable à lire, toujours lisible, avec des compositions très étudiées.

Quand il doit mettre en images la bataille d'Asgard, il fait des efforts louables et là aussi, avec quelques pages supplémentaires, il aurait peut-être pu épater davantage. En tout cas, il y avait du potentiel. Il intègre par ailleurs bien les effets infographiques à ses planches et si son trait à quelque chose d'un peu froid, ce n'est pas trop dérangeant.

Mais on sent bien qu'il préfère les moments plus instropectifs comme en témoignent les pages dans le royaume des rêves. Car Dowling est inspiré par Jane Foster : il a du mal à la représenter diminuée, malade, il lui conserve une beauté même dans ses pires souvenirs, une sorte de noblesse, de dignité. Déjà, quand il dessinait des épisodes de Black Cat (écrits par Jed MacKay), il réussissait très bien à animer les personnages féminins, mieux que les masculins.

Les couleurs de Jesus Arbutov offrent des contrastes soignés, entre le bruit et la fureur asgardiens et la douceur du royaume des rêves. Son travail s'accorde très harmonieusement au trait de Dowling.

On va voir comment tout ça se termine, surtout en prenant en compte le personnage qui apparaît à la toute dernière page, qu'on n'a pas vu depuis longtemps (ce qui singifie peut-être que Marvel a des plans pour lui).

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