jeudi 1 juillet 2021

HELLFIRE GALA, CHAPITRE XII : X-FACTOR #10, de Leah Williams, David Baldeon, David Messina et Lucas Werneck


Le Hellfire Gala se termine avec le dixième (et dernier) numéro de X-Factor, écrit par Leah Williams et dessiné par David Baldeon, David Messina et Lucas Werneck.


Les membres de X-Factor arrivent au gala. Immédiatement, Prestige remarque la présence de Battlestar qui a survécu miraculeusement à son combat contre la déesse de la mort Morrigan pour le salut de Siryn. Elle se demande ce qu'il a dû lui céder pour cette victoire.


Cependant, Prodigy fausse compagnie à son équipe pour enquêter sur... Sa propre mort, survenu un an auparavant. Il remonte jusqu'à un producteur hollywoodien, serial-killer de jeunes hommes noirs et queers.Eye-Boy, Aurora et Daken le rejoignent pour récupérer son corps et livrer le tueur à la police.


De retour à l'île Mykines, Eye-Boy a une surprise pour Prodigy car il a invité Speed. Alors que les trois jeunes mutants traversent un pation ils tombent sur un cadavre : celui de la Sorcière Rouge ! Qui l'a tuée ?

Ainsi s'achève le Hellfire Gala. A l'image de l'event, cet épisode de X-Factor, qui est également le dernier de la série (annulée à cause de mauvaises ventes, malgré de bonnes critiques), paraît un peu de trop, fuyant la soirée organisée par Emma Frost pour y revenir après un gros détour n'ayant rien à voir avec les festivités, et se concluant par un énorme cliffhanger.

Leah Williams joue plutôt le jeu, en tout cas davantage que certains de ses collègues (comme Benjamin Percy ou Tini Howard ou Si Spurrier, qui on tout fait pour contourner l'event), mais le résultat est décousu, préférant souvent poursuivre des intrigues en cours dans la série X-Factor.

Pour qui, comme moi, n'a pas suivi ce titre, certains passages sont nébuleux comme lorsque Prestige évoque le combat mené par l'équipe contre Morrigan pour sauver Siryn et le sacrifice de Battlestar. Mais Leah Williams partait de toute façon avec un handicap : non seulement elle devait conclure l'event mais aussi sa série, ce qui était trop à l'évidence.

L'autre partie est un peu plus accrocheuse, même si là encore on manque d'informations. Prodigy enquête sur sa propre mort survenue un an plus tôt. Ressucité depuis mais sans souvenir de ce qui lui est exactement arrivé, il découvre qu'il a laissé des indices pour retrouver son assassin, sachant qu'il allait être ramené à la vie par les Cinq. C'est astucieux et rondement mené. De plus Leah Williams ne cède pas à la facilité avec des personnages comme Daken ou Aurora, prompts à exercer une justice expéditive contre les humains : le coupable sera remis aux autorités en bonne et due forme.

Quand l'épisode s'achève, l'introduction de Speed renvoie au run de Young Avengers de Kieron Gillen et Jamie McKelvie où il faisait équipe avec Prodigy. Dans la postface qu'écrit Williams et son dessinateur David Baldeon, on comprend que leur ambition était de composer une série avec de jeunes héros au ton léger mais abordant des thèmes parfois graves. Et c'est peut-être là, le vrai problème.

Car en voulant faire ceci, X-Factor doublonnait avec New Mutants, qui, sous la plume de Vita Ayala, est une des grandes réussites de la franchise X. Par ailleurs, comme pour Excalibur, qui n'a de vraiment commun avec la série originelle (de Chris Claremont et Alan Davis) que le nom, il y a un souci concernant l'incarnation de X-Factor. Même si elle n'avait pas non plus connu un succès fou en son temps, la version écrite par Peter David avec des mutants tels que Jamie Madrox, Malabar, Monet St. Croix, Siryn, Felina, Layla Miller (puis Longshot, Battlestar, Polaris, Havok, Darwin) est restée dans le coeur de nombre de fans comme la meilleure. Il s'agissait d'une série sur des détectives pris dans des enquêtes parfois dramatiques, parfois loufoques, où David brillait par son art de la caractérisation et de la dynamique de groupe. Son run, malgré des changements incessants de dessinateurs, conservait une qualité étonnante.

Vouloir relancer X-Factor sur un principe similaire (ici des mutants chargés de vérifier que leurs semblables étaient bien morts avant que les Cinq ne procédent à leur résurrection) n'était pas mauvaise, mais je pense que ça n'a pas fonctionné parce que les fans attendaient de retrouver les enquêteurs de la série écrite par Peter David, plus charismatiques, plus attachants. C'est d'autant plus un gâchis que Peter David n'a plus rien de vraiment excitant à écrire (après avoir, qui plus est, survécu à un AVC) et que son talent n'aurait pas gâché la vue dans cette refonte de la franchise. En l'état, qui pouvait bien vouloir suivre une série avec des mutants de seconde zone comme Daken, Aurora, Prodigy, Eye-Boy, malgré la présence de Prestige et Polaris (que Leah Williams avoue avoir laissé à la disposition de Gerry Duggan pour sa future série X-Men) ? Apparemment pas assez de monde.

L'épisode souffre aussi de son graphisme très inégal puisque pas moins de trois artistes se succèdent pour boucler l'affaire. David Baldeon a un style très cartoony, un peu à la façon de Humberto Ramos en plus rond. David Messina est un dessinateur de bon niveau et on lui doit les meilleurs planches (celles avec Prodigy). Enfin Lucas Werneck exécute le reste, histoire de se faire la main pour The Trial of Magneto, la mini-série en cinq n° écrite Par Williams, qui commencera en Août, et qui sera donc la suite directe de ce X-Factor #10.

Mais déjà le buzz autour de ce procès de Magneto me paraît bien maigre puisqu'on imagine mal, après la superbe dernière scène de S.W.O.R.D. #6, que Erik Lensherr ait assassiné Wanda Maximoff. Je ne sais toujours pas si je vais faire cette mini-série, qui m'excite beaucoup moins que Inferno et qui me semble donc déjà superflue.

Pour tirer un bilan plus global du Hellfire Gala, je dirai que l'idée de départ était séduisante avec son unité de lieu et de temps. Dommage cependant que tous les scénaristes n'aient pas joué le jeu, préférant ici poursuivre leur histoire en cours, là échapper à l'event. En comparaison X of Swords affichait une meilleure cohésion, peut-être parce que Hickman veillait davantage au grain. Sans doute aussi voit-on les limites de l'expansion qu'a connu la franchise depuis quelques mois, avec des séries qui s'arrêtent (volontairement comme Cable, ou faute de lecteurs comme X-Factor, Way of X et certainement Children of the Atom).

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