mardi 20 juillet 2021

NIGHTWING #82, de Tom Taylor, Bruno Redondo, Rick Leonardi et Neil Edwards


Ce nouvel épisode de Nightwing est une déception. C'est le premier faux pas depuis la reprise de la série par Tom Taylor et Bruno Redondo - d'abord parce qu'il est à peine dessiné par ce dernier. En effet, Rick Leonardi et Neil Edwards (non crédités sur la couverture !) réalisent les 3/4 du chapitre et le résultat est des plus inégaux. Le scénario, lui, cale sur une origin story qui aurait pu (dû !) occuper moins de place.
 

Après que Melinda Zucco lui a affirmé qu'elle était sa soeur, Dick Grayson la suit dans une pièce où se trouve la mère de la nouvelle édile de Blüdhaven. Elle s'appelle Meili Lin et elle commence à raconter comment, enfant, elle a été vendue à Tony Zucco pour devenir son épouse.


Une fois qu'il l'a emmené au cirque, elle lui a échappé en se réfugiant dans la caravane des Grayson. Après avoir éconduit Zucco, John et Mary Grayson invitent Meili à intégrer la troupe du cirque dans lequel ils se produisent. John et Meili ont une brève liaison.


Mais Zucco retrouve Meili et la kidnappe. Elle met au monde Melinda que Zucco présente comme sa fille tout en sachant que ce n'est pas le cas. Lorsque Meili le quitte, il ne la retient pas. Mais elle renonce à présenter leur fille à John quand elle le voit avec Mary et leur fils, Dick.


Peu après, les Grayson meurent lors d'une représentation, laissant Dick orphelin. Melinda reconduit Nightwing et lui explique que leur mère ignore tout de leurs doubles vies. C'est alors que la police et Blockbuster arrivent au domicile de la maire de Blüdhaven...

A dire vrai, une fois cet épisode lu, c'est l'incompréhension qui domine. Comment Tom Taylor, si brillant jusque-là sur la série qu'il a si bien reprise en main, a-t-il pu produire un épisode aussi raté ? Et pourquoi a-t-il consacré un épisode entier pour une histoire qui n'en méritait pas tant (et alors que tant d'autres choses passionnent plus les fans) ? Mystère.

A vrai dire, le cliffhanger de l'épisode précédent m'avait déjà surpris. Melinda Zucco révélait à Nightwing qu'elle était sa soeur. On apprend ici qu'en vérité elle est sa demi-soeur - même père, mais mères différentes. Le passé de Meili Lin, la mère de Melinda Zucco, nous est narré par le menu ensuite.

C'est un récit sordide d'enfant vendu à un gangster violent, qui réussit à le fuir, qui est prise sous l'aîle des Grayson (avant que John et Mary ne soient un couple officiel). Elle a une brève liaison avec John Grayson, puis Zucco la retrouve et l'enlève. Elle accouche d'une fille, Melinda, fruit de ses amours avec John. Cependant, les Grayson meurent, laissant un orphelin, le futur Nightwing.

Tout ça est... Bof. Je ne comprends vraiment pas comment Tom Taylor a pu mettre son arc narratif en cours sur pause pour raconter ça. Une ou deux scènes auraient suffi, amplement, mais pas une vingtaine de pages comme ici. Evidemment, le fait que Meili explique tout cela directement à Dick donne une véracité indéniable à son récit, mais bon...

Les comics raffolent de ces twists avec des soeurs ou frères ou parents cachés. Le problème est que ça n'aboutit que rarement à des développements intéressants. Récemment, Peter Parker a découvert qu'il avait une soeur. Cyclope et Havok ont fait connaissance tardivement avec Vulcain. On pourrait aussi mentionner les kryptoniens qui ne sont pas morts avec la destruction de leur monde. Ou Mike Murdock qui a pris vie à cause d'un Inhumain. Maintenant, donc, Dick Grayson a une demi-soeur, qui se trouve être la maire de Blüdhaven, en affaires avec Blockbuster.

Je ne sais pas ce que Tom Taylor compte faire de cela, mais je suis dubitatif. Mais il n'y a pas que ça qui cloche dans cet épisode. Par exemple, au tout début, on a droit à une scène assez grotesque où Nightwing récupère son masque connecté à Oracle à laquelle il dit que tout va bien. Mais pendant qu'il était démasqué, tous ses amis se sont lancés à sa rescousse, absolument tous : les Titans, même Batman ! Je veux bien que depuis que KGBeast lui ait tiré dessus, le rendant amnésique durant de longs mois (durant le run pénible de Scott Lobdell, suite à un rebondissement dans le Batman de Tom King), et que donc tous les héros proches de Nightwing s'inquiètent dès qu'il ne répond plus, mais enfin, tout cette cavalerie qui vole en direction de Blüdhaven, c'est ridicule. Red Robin était encore en ville et pouvait intervenir si Dick était en danger.

Pour ne rien arranger, donc, l'épisode est à peine dessiné par Bruno Redondo. Que l'editor ait fait appel à un autre artiste pour le soulager, passe encore, surtout s'il s'agit comme ici d'illustrer un flashback. Mais deux dessinateurs, aux styles différents, ça gâche tout, ça ne ressemble à rien.

Rick Leonardi n'est plus, depuis longtemps, que l'ombre de lui-même. On a souvent l'impression qu'il accepte un job sans s'y investir, avec un trait à l'arrache. C'est encore le cas cette fois. Même une scène d'action comme celle où John et Mary Grayson infligent une correction acrobatique à Tony Zucco est très maladroitement découpée.

Puis, sans prévenir, Neil Edwards prend le relais et s'acquitte des pages restantes du flashback. A mon grand étonnement, il s'en sort un peu mieux. Longtemps doublure de Bryan Hitch dont il copiait pauvrement le style réaliste, Edwards est loin d'être un dessinateur qui brille. Mais ici, il signe des planches classiques et soignées, avec un encrage un peu gras qui lui convient bien. Ce n'est pas jojo, mais ça fait le boulot.

L'épisode se termine par un nouveau cliffhanger, qui, du coup, tombe un peu comme un cheveu sur la soupe, parce qu'il montre des personnages n'ayant rien à faire ensemble et que Dick est en train de considérer Melinda à la fois en tant que demi-soeur mais aussi en tant qu'ennemie car associée à des criminels.

Il faudra que Tom Taylor fasse preuve d'adresse pour se rattraper le mois prochain. Et souhaiter que Bruno Redondo l'aide vraiment dans cette manoeuvre. 

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