samedi 10 juillet 2021

AMERICA CHAVEZ : MADE IN THE U.S.A. #4, de Kalinda Vazquez et Carlos Gomez


Après deux mois d'absence, America Chavez : Made in the USA revient pour son pénultième numéro. Kalinda Vazquez a entrepris une retcon pour l'ex-membre des Young Avengers dont on peut douter de la nécessité, mais l'histoire est bien conduite. Et superbement dessinée par Carlos Gomez, qui s'impose comme la vraie révélation de cette mini-série.


America Chavez a découvert que sa soeur Catalina a repris les expériences menées autrefois par leurs mères sur l'île du milliardaire excentrique Gales. Pour gagner du temps, elle la téléporte et libère les juenes filles détenues comme cobayes. Puis elle s'injecte une drogue pour se rappeler du passé...


Quinze ans auparavant, Amalia et Elena Chavez s'inquiètent que Gales souhaite utiliser leurs filles au service de projets militaires. Elles décident de quitter l'île et Amalia fait diversion en attirant l'attention de la sécurité pendant que Elena s'occupe de America et Catalina.


Amalia se sacrifie en faisant exploser la chambre où sont menées les expériences. Mais Gales abat Elena. America et Catalina tentent alors de se téléporter mais Gales retient Catalina. America quitte l'île, seule, et gagne le rivage où elle sera trouvée par ses parents adoptifs.


America revient à elle et Catalina est aussi de retour. Furieuse que sa soeur contrarie ses projets, elle dispose d'un moyen de pression pour la neutraliser car elle a pris en otage Berto, son demi-frère...

Marvel n'ayant (comme d'habitude ) pas communiqué sur le sujet, j'ignore pour quelle raison ce quatrième épisode n'est pas sorti le mois dernier. Mais là n'est pas plus important : je l'ai lu et il est très bon, confirmant la qualité de mini-série.

Une nouvelle fois, Kalinda Vazquez découpe son récit en deux parties, avec un grand flashback encadré par deux scènes au temps présent. Nous avions quitté America Chavez alors qu'elle venait de comprendre qu'elle avait une soeur, Catalina, et que toutes deux ne venaient pas d'un univers parallèle mais avaient grandi sur une île où leurs mères, Amalia et Elena, pratiquaient des expériences sur de jeunes filles atteintes d'un mal mystérieux. Ces recherches étaient financées par un riche mécène, Gales.

Mais pourquoi America a-t-elle oublié tout cela, sa soeur, l'île, Gales, les expériences ? En tout cas, elle désapprouve le fait que Catalina ait repris les expériences de leurs mères et elle doit gagner du temps pour empêcher qu'elle les poursuive. Une fois Catalina éloignée, America se drogue pour plonger dans ses souvenirs.

Kalinda Vazquez a donc procédé à une retcon (pour contruinité rétroactive, qui consiste à modifier des éléments du passé, les origines d'un personnage). C'est toujours périlleux car rarement concluant. America Chavez étant un personnage récent, on peut également s'interroger sur la nécessité de corriger son origin story. A moins que cela ne doive préparer le lecteur/spectateur à la version de l'héroïne telle qu'elle sera introduite dans le MCU via le film Dr. Strange and the Multiverse of Madness...

Pour ma part, je ne trouve pas l'idée très originale : on a souvent lu des histoires pareilles avec des cobayes humains qu'on dote de pouvoirs pour les guérir d'un mal mystérieux tandis que celui qui finance le projet a des objectifs déplaisants. Il suffit pour cela de penser à l'Arme X et tout ce qui peut s'y rattacher (mais dont Marvel n'a bizarrement jamais fait grand-chose : entre Wolverine, Captain America, Spider-Woman, Sentry, Luke Cage, ça ne manque pas, les super-héros qui ont été les produits d'expériences limites et qui sont devenus des super-soldats).

De fait, ce quatrième et avant-dernier épisode laisse une impression mitigée. Sans doute aurai-je préféré que, jusqu'au bout, le scénario joue sur l'ambiguïté en ne redéfinissant pas complètement la provenance de America Chavez. De toute manière, elle n'avait rien à gagner à passer d'un avatar de Supeman (originaire d'un monde disparu) à celui d'un super-soldat (créée sur une île à la suite d'expériences). Il y a là-dedans une sorte de rationalisation scientifique inutile, comme s'il fallait rendre le personnage plus réaliste, un peu comme ce qui se faisait dans l'univers Ultimate. Bof.

Reste que Kalinda Vazquez mène son affaire efficacement et surtout qu'elle peut compter sur un super dessinateur. Carlos Gomez est la vraie révélation de la mini-série, et une nouvelle fois, j'espère que Marvel se rendra compte de la qualité de cet artiste pour lui confier rapidement de nouveaux projets, plus exposés, à sa mesure.

Gomez excelle dans les deux registres du récit, qu'il s'agisse d'animer America Chavez adulte ou enfant, et ce n'est pas rien car c'est toujours très ingrat de bien représenter les enfants. Le flashback sur l'île permet d'apprécier aussi le soin que Gomez met à créer un décor imposant et crédible. La séparation des deux soeurs devient un moment émouvant, source d'un terrible malentendu puisque Catalina en conserve le sentiment d'avoir été abandonnée, laissée derrière.

Lorsque les deux soeurs s'affrontent, Gomez n'a donc pas besoin de forcer le trait pour traduire l'intensité de leurs retrouvailles. Catalina incarne une sorte de méchante plus malheureuse que vraiment irrécupérable, mais aussi plus maline, plus retorse. Alors que America reste dominée par son instinct, son impulsivité, commettant une erreur stratégique en téléportant sa soeur, lui permettant ainsi de kidnapper Berto.

Le final promet d'être musclé, mais nul ne peut prédire ce qu'il adviendra des soeurs Chavez. Ce suspense compense la maladresse de cette réécriture des origines d'America.

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