samedi 31 juillet 2021

ETERNALS #6, de Kieron Gillen et Esad Ribic


Avec ce sixième épisode se conclut le premier arc de Eternals, écrit par Kieron Gillen et dessiné par Esad Ribic. Un final qui ne déçoit pas, au contraire car ce qu'on y apprend nous cueille complètement. Pour une relance, c'est un coup de maître, qui redéfinit les personnages et leur nature même. Maintenant, il faudra s'armer de patience pour la suite car on ne connaît pas la date de sortie du prochain numéro.


Ikaris, Gilgamesh, Thena, Kingo et Sersi gagnent le coeur de la Machine pour appréhender Phastos qu'ils savent désormais responsable de son sabotage. Mais ils sont attendus apr Thanos qui engage le combat. Sersi use alors de ses pouvoirs sur la matière pour raisonner le titan fou.


Phastos tente, lui, de reprendre le contrôle de la Machine mais il en est incapable, elle est en train de s'auto-détruire, menaçant la Terre toute entière. Dans un parc, Sprite marche aux côtés de Toby Robson lorsque des éclairs déchirent le sol.


Ikaris vient en aide à Phastos pour tenter de maîtriser la Machine et n'hésite pas à se sacrifier pour empêcher sa destruction. Phastos est maîtrisé par les autres Eternels et explique alors les raisons de ses actes récents, tandis que Thanos est fait prisonnier dans une boucle.


Il a découvert, après sa dernière résurrection, que pour chacune de leur renaissance un humain mourait. Ikaris revient en même temps que Toby Robson s'éteint. Devant Zuras, lui aussi revenu, le groupe renonce à invoquer le Grand Esprit pour corriger cela car il leur laverait le cerveau pour qu'ils oublient.

C'est une étrange impression qui reste à la fin de la lecture de Eternals #6 : en effet, à l'heure qu'il est, Marvel n'a toujours pas communiqué sur la date de sortie du septième numéro, le titre est absent des sollicitations de Novembre comme avant cela de Octobre (si on excepte le fait que sera publié ce mosi-ci un one-shot, sous titré Celestia, où Ajak et Makkari rencontreront les Avengers préhistoriques de Jason Aaron, sur une scénario de Kieron Gillen et des dessins de Kei Zaima).

Pourtant, la série va continuer car le film de Chloe Zhao sera en salles le 5 Novembre 2021 (en France) et on imagine mal Marvel tout arrêter alors que long métrage va redonner un coup de projecteur sur le comic-book.

Mais il est aussi certain que ce premier arc s'impose comme un jalon, la volonté de son scénariste est claire : il a voulu frapper un grand coup et redéfinir la nature même des personnages avec une révélation choc. Avant d'en arriver là, l'épisode nous gratifie d'une belle bagarre entre Thanos et quelques Eternels - Kingo, Gilgamesh, Thena, Ikaris et Sersi.

A cette occasion, Esad Ribic lâche les chevaux : la technique toujours impressionnante de ce dessinateur classique confère une vraie puissance à cette bataille. Chacun y va à fond, et quand Sersi sort son joker, inspirée par un souvenir avec She-Hulk, l'effet est saisissant. On voit alors Thanos en proie à un assaut effrayant, après l'avoir vu, dans les deux premières pages, sur une table d'opération dans les mains de Phastos. Attention ! Âmes sensibles s'abstenir.

Kieron Gillen imprime un rythme soutenu à l'épisode et une démesure à chaque scène : les manipulations de Phastos sur la Machine mettent en danger la Terre entière et si on peut regretter que le script n'ait pas développé davantage cet aspect (quitte à rajouter un épisode de plus à l'arc), visuellement là encore, Ribic et Matt Wilson, pour les couleurs, en mettent plein la vue. Le sauvetage sacrificiel d'Ikaris a une vraie beauté tragique dans la fournaise de cette ingénierie affolante.

Et puis, enfin, Gillen conclut son premier récit et là, il nous cloue le bec avec un twist aussi imprévisible que déchirant et tragique. Pourquoi Phastos a-t-il oeuvré avec Thanos pour saboter la Machine et tuer des Eternels ? Le personnage n'est pas un meurtrier, c'est d'ailleurs pour cela qu'il a utilisé Thanos pour accomplir le sale boulot. Mais quel était son mobile ? Et quelles seront les conséquences de ses actes ?

La réponse est une leçon de narration car Gillen résoud non seulment ce mystère mais aussi celui qui entourait le cas de Toby Robson, ce jeune garçon ordinaire qui préoccupait tant Ikaris sans que lui ou le lecteur sachent pourquoi. Le fait de lier les résurrections des Eternels à la mort des humains est une astuce bouleversante car elle ébranle autant les héros que le lecteur. Le procédé tranche avec, par exemple, les résurrections actuelles des mutants sur Krakoa grâce aux efforts conjugés des Cinq et de Cerebro : elle est beaucoup plus organique et accablante.

Mais Gillen ne s'arrête pas là car les Eternels, parmi leurs pouvoirs, ont celui de communier pour invoquer le Grand Esprit (Uni-Mind en vo). Lui seul pourrait remédier à cette aberration. Mais Sersi sait que cela serait vain car le Grand Esprit ne corrigera rien, sinon laver le cerveau des Eternels pour qu'ils oublient leur requête et le fait que, pour qu'ils renaissent, des humains doivent mourir. C'est la voie des Eternels, leur destink leur malédiction.

L'intensité expressive des dessins de Ribic dans ces moments est aussi impressionnante que lors des scènes d'action et de grand spectacle. La façon dont il découpe la scène de la résurrection d'Ikaris et celle, aussitôt après, du décès de Toby Robson est redoutablement efficace. Tout comme quand il aligne sur un strip les visages ahuris par la révélation de Phastos ou la case occupant toute la largeur de la bande pour cadrer l'abattement de Thena après l'explication de Sersi sur ce que ferait le Grand Esprit.

On termine ce premier arc et ce sixième épisode un peu sans dessus-dessous. Il est rare qu'on soit cueilli par un comic-book de cette manière, sans avoir rien vu venir. Mais cela prouve que Marvel a eu raison de faire confiance à Kieron Gillen et Esad Ribic, de leur laisser aussi du temps pour produire leurs épisodes, quitte à ne pas coller à une périodicité mensuelle. Quand la série reviendra, espérons que l'éditeur sera toujours dans ses bonnes dispositions, et que ses auteurs seront toujours aussi inspirés (mais sur ce second point, je suis confiant). 

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