samedi 3 juillet 2021

ETERNALS #5, de Kieron Gillen et Esad Ribic


Après deux mois d'absence dans les bacs, Eternals revient pour un cinquième épisode. Mais ça valait la peine d'attendre, et peut-être même peut-on voir dans ce délai accordé à Kieron Gillen et Esad Ribic une forme de sagesse éditoriale de la part de Marvel. L'intrigue se déroule un peu sagement certes mais la fin de ce nouveau chapitre promet beaucoup.


Sersi tend un piège à Gilgamesh, suspect d'avoir saboté la Machine et d'être le complice de Thanos qui a assassiné Zuras, l'Eternel Prime. Avec Thena et Kingo, Ikaris vient à bout de Gilgamesh et Sersi peut l'interroger tranquillement.


Cependant, Thanos révèle à Druig, lé véritable traître au sein des Eternels, qu'il a tué Zuras pour payer sa dette à quelqu'un après avoir été lui-même éliminé. Druig offre au titan de se sortir de ce marché d'une autre manière.


Convaincus de l'innocence de Gilgamesh, Sersi, Ikaris, Thena et Kingo le suivent jusqu'à la Machine où il leur montre comment, lui, l'aurait saboté. Ce qui l'étonne et sidère les Eternels, c'est qu'il en avait parlé à Phastos auparavant.


Contacté, Phastos ne répond plus, attirant tous les soupçons sur lui. Sersi, Thena, Ikaris, Kingo et Gilgamesh partent le rejoindre sans se douter que Thanos les attend et que Phastos a détruit la Machine...

D'abord, un mot sur le retard pris dans la parution de la série. Le précédent numéro date de fin Avril, il y a donc plus de deux mois (ce #5 est sorti Mercredi 30 Juin). Esad Ribic a pris son temps et il rend une copie magistrale, ses planches sont encore une fois spectaculaires, un vrai plaisir pour les yeux. Mais qu'est-ce qui justifie que Marvel ait laissé passer huit semaines entre deux épisodes ?

Evidemment, pour l'éditeur, Eternals est une série particulière, parce qu'initialement elle devait sortir au même moment que le film, à l'Automne 2020. Marvel a préféré repousser le comic-book jusqu'à ce Printemps en sachant que le plan consistant à synchroniser série et film serait impossible. Désormais, le long métrage de Chloé Zhao arrivera dans les salles à l'Automne 2021 (le 5 Novembre).

A mes yeux, ce n'est pas plus mal car ça évite toute comparaison (il semble bien que le film et le comic-book actuel ne racontent pas du tout la même chose, n'ayant en commun que les personnages principaux). Ensuite, ça enlève à tous ceux qui adorent râler sur le fait que les comics ne servent que de storyboard aux films un argument (et ça, c'est toujours plaisant). Enfin, j'espère que ça indique que Marvel est prêt à accepter des retards dans la sortie d'un comic-book pour en conserver la qualité.

Oh, bien sûr, sur ce dernier point, je ne veux pas me risquer à des généralités : Marvel (pas plus que DC) ne va s'engager dans un mode de parution à la façon de Image Comics et laisser les bacs vides trop longtemps. En tout cas pour ses titres phares. Mais pour quelques BD, pourquoi pas ? Il doit quand même y avoir quelques personnes chez Marvel pour comprendre que remplacer Esad Ribic au milieu d'un arc serait stupide et contre-productif, décourageant les fans de poursuivre leur lecture de Eternals.

Mais c'est aussi peut-être une incidence des X-Men de Hickman car le scénariste a réussi à imposer à Marvel des épisodes plus longs et qui ne sortaient pas forcément chaque mois (même si, avec Gerry Duggan, tout ça va rentrer dans l'ordre). Du coup, Kieron Gillen profite certainement des privilèges acquis par Hickman.

Cela étant dit, il ne faut pas non plus tomber dans l'excès inverse et considérer le travail de Gillen comme équivalent à celui de Hickman. Au point où en est Eternals, on notera que l'intrigue se déroule désormais sur un rythme assez pépére, avec un nouveau suspect chaque mois dans l'enquête sur le meurtre de Zuras. Après avoir pensé à Sprite, à Thena, c'est donc au tour de Gilgamesh. Son innocence est vite acquise, mais de belle façon, grâce à une séquence d'interrogatoire musclée et qui ne manque pas de péripéties. La caractérisation du Forgotten One est savoureuse puisque Gillen en fait littéralement le Frank Castle/The Punisher des Eternels, à la tête d'une milice, et bien travaillé par les dérives possibles (avérées même) de la notion d'éternité.

Le design de Ribic pour Gilgamesh m'a fait penser à celui de Deadshot, le fameux membre de la Suicide Squad et des Secret Six. Mais il ne manque pas de charisme et existe sans mal face à Ikaris, Sersi, Thena, Kingo.

En parallèle, Gillen ne lâche pas Thanos et Druig, dont nous savons qu'il est le traître au sein des Eternels et complice du titan fou. A ce sujet, Thanos fait référence à ce qui lui est arrivé au début du run de Donny Cates sur Guardians of the Galaxy, quand il était mort et que Hela (la déesse de la mort asgardienne) a manoeuvré pour que le corps de Starfox, son frère, lui serve d'hôte. Entretemps, Thanos a récupéré son enveloppe charnelle et il fait allusion à quelqu'un qui l'a permis, mais sans dire de qui il s'agit. C'est pour payer cette dette qu'il a assassiné Zuras et oeuvré au sabotage de la Machine.

Druig offre à Thanos un moyen d'échapper à sa créance, mais on n'en saura pas plus pour l'instant. Gillen préfère nous ceuillir avec un cliffhanger explosif qui accable Phastos et réserve une méchante surprise au groupe formé par Sersi, Thena, Ikaris, Kingo et Gilgamesh. Le scénariste joue habilement sur le niveau de connaissance entre le lecteur et les héros, mais sans abattre toutes ses cartes (comme en témoigne le mystère intact concernant le jeune Toby Robson, protégé par Sprite, dont on ignore toujours ce qui le rend si précieux pour Ikaris).

Gillen n'a toujours pas introduit des Eternels importants, comme Ajak et (surtout) Makkari (entre autres). La série a perdu un peu de nerf mais conserve un fort potentiel, qui donne envie de continuer à la lire - même si en Septembre, à nouveau, la série fera une pause (au profit d'un n° spécial consacré au lien qui unit Thanos aux Eternels, et qui sera dessiné par Dustin Weaver). 

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