X-Men : Battle of the Atom est un crossover impliquant quatre séries mutantes. L'histoire est encadrée par un prologue, dessiné par Frank Cho (et Stuart Immonen sur les dernières pages), et un épilogue, dessiné par Esad Ribic (avec l'aide de Guiseppe Camuncoli et Stuart Immonen). Le scénario est co-écrit par Jason Aaron, Brian Michael Bendis et Brian Wood. Les autres artistes sont David Lopez et Chris Bachalo.
N.B. : Pour simplifier le résumé, j'ai décidé d'utiliser l'abréviation O5 (Original 5 : Young Cyclops, Marvel Girl, Young Iceberg, Young Angel, Young Beast) pour désigner les cinq premiers X-Men déplacés du passé au présent par le Fauve (dans sa version moderne).
Cerebro, à l'école Jean Grey, a détecté l'émergence d'un nouveau mutant et Kitty décide d'intervenir en emmenant les O5. Mais une fois sur place, après avoir raisonné la mutante, ils sont attaqués par des Sentinelles. Heureusement l'équipe des Uncanny X-Men intervient. Mais Young Cyclops est gravement blessé et Cyclope adulte disparaît alors comme s'il cessait d'exister. Triage guérit Young Cyclops et Cyclope adulte réapparaît. Cet incident convainc Kitty qu'il est temps que les O5 retournent dans le passé. C'est alors que surgissent des X-Men du futur menés par le fils de Charles Xavier.
Les X-Men du futur veulent également que les O5 repartent. Mais Marvel Girl et Young Cyclops flairent une embrouille et prennent la fuite pour trouver refuge et demander de l'aide auprès des Uncanny X-Men. Magik se téléporte sans dire où elle se rend.
Les X-Men du futur et l'équipe de Wolverine remontent la trace des deux fugitifs et tentent de les soustraire aux Uncanny X-Men. Une bagarre éclate et s'achève avec la défaite de l'équipe de Cyclope. Magik, elle, surgit à l'école Jean Grey et embarque Young Iceberg et Young Beast.
Magik transporte Young Iceberg et Young Beast dans le futur d'où viennent les X-Men menés par le fils du Pr. Xavier. Ils apprennent que ce groupe est en fait la dernière émanation de la Confrérie des Mauvais Mutants qui désirent renvoyer chez eux les O5 pour éviter un drame dans le futur.
La Confrérie et l'équipe de Wolverine rentrent à l'école Jean Grey pour renvoyer Young Cyclops et Marvel Girl dans le passé, mais Jubilé leur apprend que Magik a disparu avec Young Iceberg et Young Beast. La Confrérie neutralisent alors l'équipe de Wolverine à l'exception de Psylocke qui prend la fuite.
Revenus auprès des Uncanny X-Men avec Young Iceberg, Young Beast et les vrais X-Men du futur, Magik résume la situation et il est décidé de neutraliser la Confrérie. L'attaque qui est menée oblige la Confrérie à battre en retraite en prenant les O5 en otage. Ils filent direction de Cape Citadel mais leur fuite attire l'attention du SHIELD.
Les Uncanny X-Men, la bande à Wolverine et les X-Men du futur suivent la Confrérie et une nouvelle bataille éclate pour libérer les O5. Depuis l'héliporteur du SHIELD, Maria Hill observe la situation dégénérer et décide de prendre des mesures radicales.
La directrice du SHIELD lâche des Sentinelles en espérant faire cesser les hostilités. Mais la Confrérie, acculée, se déchaîne de plus belle. Xorn, sous le masque duquel se cachait la Jean Grey du futur, provoque une gigantesque explosion dans laquelle elle meurt mais détruit les Sentinelles. Une fois le calme revenu, la Confrérie a filé. Les Uncanny X-Men fuient pour ne pas être arrêtés. Mais de retour à l'école Jean Grey, Kitty Pryde exprime sa déception contre l'attitude de ses amis, qui n'ont pas su protéger les O5. Elle décide alors de rejoindre les Uncanny X-Men avec les O5 et Magik les téléporte.
X-Men : Battle of the Atom a dix ans (sa parution a débuté en Octobre 2013). Et dix ans après, je n'ai pas changé d'avis à son sujet : c'est un crossover pénible à lire et encore plus à résumer. Mais commençons par le commencement.
S'il est vrai que l'histoire a surtout impacté les deux séries pilotées par Brian Michael Bendis, avec le choix de Kitty Pryde et des O5 de changer de domicile, passant de l'école Jean Grey dirigée par Wolverine à l'école Charles Xavier refondée par Cyclope, l'idée de ce crossover vient pourtant de Jason Aaron.
Quelle était l'idée de Aaron ? Ce n'est que ma version, je peux donc me tromper, mais je pense que le scénariste de Wolverine and the X-Men n'appréciait pas le fait que les O5 soient dans l'école Jean Grey. Si j'avance cette hypothèse, c'est en m'appuyant sur un fait simple : Aaron n'a jamais montré les O5 dans Wolverine and the X-Man, hormis une très courte scène dans l'épisode 24 quand Quentin Quire surprend la jeune Jean Grey un soir dans la cour de l'école alors que les professeurs sont sortis se détendre.
C'est la seule et unique fois où il mentionne leurs présences dans les murs de l'établissement et par extension dans la série. Il ne fera pas non plus allusion au fait que Kitty Pryde, pourtant directrice de l'école et engagée dans une relation romantique avec Bobby Drake/Iceberg.
Il faut aussi rappeler une chose : l'écriture collégiale de l'event Avengers vs. X-Men a motivé les auteurs à exprimer leurs difficultés à se partager ce travail. Il est clair qu'à l'époque certains occupaient une position dominante et que les autres devaient se contenter de suivre les plans des premiers (Ed Brubaker expliqua qu'il devait rédiger le script d'un épisode puis on lui en confia un autre à la dernière minute). Et, là encore, je pense que Brian Michael Bendis et Jason Aaron se sont disputés implicitement la place du chef d'orchestre (à l'époque ni Jonathan Hickman, ni Matt Fraction, ni Ed Brubaker ne pouvaient prétendre avoir autant d'influence).
Bref, quand Battle of the Atom a été programmé éditorialement, Marvel a compris qu'il fallait changer de méthode et revenir à une écriture plus traditionnelle. Autrement dit, Aaron et Bendis se mettraient d'accord sur les termes mais ensuite chacun écrirait les épisodes correspondant à ses séries. On imagine que Brian Wood dans tout ça n'a pas eu son mot à dire.
D'ailleurs, le premier problème à la lecture de Battle of the Atom provient de l'implication de la série X-Men écrite par Wood. Lancée quatre mois auparavant, elle était fondée sur une idée gadget au possible, c'est-à-dire une formation exclusivement féminine des X-Men, prolongement du précédent volume du titre déjà écrit par Wood (mais qui comportait des personnages différents comme Domino, Pixie et Colossus en plus de Tornade). Marvel semblait pourtant y croire assez fort puisque Olivier Coipel accompagna Wood sur le premier arc de la série avant d'être remplacé par David Lopez (qui malgré tout son talent n'avait pas la popularité de son confrère français).
Objectivement, vous enlevez les deux chapitres de X-Men à Battle of the Atom et vous ne perdez rien. L'action qui s'y déroule aurait très pu être intégrée dans les pages de All-New X-Men et Uncanny X-Men de Bendis sans problème.
Ensuite, il y a ce qui se joue dans les pages de Wolverine and the X-Men. Les épisodes concernés sont les n° 36 et 37, on est donc à la fin du run de Aaron (qui s'est achevé au n° 42), et pour souligner à quel point Aaron s'est fichu de cet crossover, c'est qu'en lisant l'omnibus de Wolverine and the X-Men (ou la vf en Marvel Deluxe), ces épisodes n'y figurent pas. Et ça passe crème.
En réalité, Battle of the Atom est une initiative comme Marvel en raffole mais qui désole bien des fans : il s'agit de raconter en beaucoup (trop) d'épisodes une histoire qui n'en exigeait pas tant mais qui permet à l'éditeur d'obliger les lecteurs à se procurer trois séries et dix épisodes au total. Pour le coup, ça revient vraiment à prendre les fans pour des vaches à lait.
Logiquement, donc, c'est Bendis qui profite le plus de l'issue de cette intrigue puisqu'il procède au déménagement des O5 et de Kitty Pryde. Mais le procédé est grossier car il donne le sentiment que les O5 sont des personnages qu'on trimballe de série en série, des sortes de mutants S.D.F.. Ils continueront leurs aventures dans leur titre dédié, All-New X-Men, mais demeureront singulièrement absents des pages de Uncanny X-Men comme ils l'étaient de celles de Wolverine and the X-Men. Tout ça pour ça en somme.
A part la Confrérie des Mauvais Mutants du futur, qu'on reverra ensuite, tout le reste ne laissera guère de traces, si ce n'est le fait que le SHIELD possède des Sentinelles prêtes à l'emploi, qui préoccuperont aussi bien Cyclope que Wolverine.
Visuellement, c'est aussi très inégal. Frank Cho dessine le prologue mais, comme souvent, il a pris du retard et c'est Stuart Immonen qui jouera les pompiers de secours en le terminant. Immonen est celui qui va produire les épisodes les plus aboutis du crossover : le canadien est dans une forme olympique et ne ménage pas sa peine en animant un casting très fourni, des scènes d'action en pagaille, dans des décors très soignés.
Chris Bachalo tire un peu plus la langue sur Uncanny X-Men mais en grand professionnel s'acquitte de sa tâche bravement (même si on devine que tout cela ne l'inspire pas beaucoup). En revanche, Guiseppe Camuncoli, appelé pour s'occuper des épisodes de Wolverine and the X-Men, livre une copie médiocre, avec des pages mal fichues, souvent bâclées, où on sent qu'il n'a pas eu assez de temps. Et que dire de Esad Ribic sur l'épilogue où il doit recevoir le renfort de Camuncoli et (encore !) Immonen (qui paraît vraiment fatigué).
Bref, c'est pas bon. Mais heureusement, Wolverine and the X-Men enchaînera brillamment. Et All-New X-Men et Uncanny X-Men rebondiront efficacement. X-Men retrouvera sa routine, sans jamais décoller.
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