Ce quatrième épisode de Green Lantern ne se démarque, hélas ! pas des précédents, même s'il faut lui reconnaître d'être un peu plus mouvementé. Mais que la narration de Jeremy Adams est décompressée ! Heureusement qu'il y a le dessin de Xermanico pour nous tenir éveillé... Ce numéro accueille aussi une back-up story, Wayward Son, par Peter J. Tomasi et David Lafuente, qui suit le fils de Sinestro.
Sinestro exige de Hal Jordan qu'il lui remette sa bague mais quand il cherche à l'activer, il échoue. Il met alors sa menace à exécution en déclenchant le compte à rebours de plusieurs bombes dans Coast City. Pour empêcher une catastrophe, Green Lantern fait appel à Flash...
C'est malheureux à dire mais sans être mal écrite, cette série est décourageante, exaspérante même. Mois après mois, c'est le même constat qui s'impose : ça ne décolle pas. Un comble pour une série dont le héros est pilote d'essai dans le civil !
Entendons-nous bien : Jeremy Adams est plein de bonne volonté et il passe après d'excellents auteurs, dont Geoff Johns dont le run sur Green Lantern a remis le personnage au centre du DCU. Mais c'est comme si, depuis, tous ceux qui lui ont succédé vivaient dans son ombre, ne parvenant pas à rivaliser.
Le souci de Green Lantern, ce ne sont donc pas les histoires dans lesquelles les auteurs l'entraînent ni même la manière dont ils caractérisent le personnage, mais bien l'écart entre les ambitions affichées et le résultat fini. De fait, l'aura du héros a pâli inexorablement et alors que du temps de Johns, Hal Jordan était une des vedettes de DC, éclipsant sans mal Superman par exemple, aujourd'hui, il a du mal tenir son rang.
Entre temps, il faut aussi préciser que Scott Snyder qui a longtemps animé le titre Justice League lui a préféré John Stewart dans le rôle du Green Lantern de service, s'inspirant ouvertement du dessin animé La Ligue des Justiciers (qui devrait bientôt être visible sur Netflix) où Stewart occupait déjà la place.
De bonnes idées, Adams n'en manque pas et elles ont de quoi intriguer, accrocher le lecteur : d'abord le fait que Hal Jordan est coincé sur Terre, dépourvu de son anneau de puissance mais qu'ensuite il a réussi à en générer un dont il découvre les propriétés. Ce nouvel anneau est au coeur du début de cet épisode puisque Sinestro exige que Jordan le lui remettre afin qu'il puisse quitter la Terre et rejoindre sa planète Korugar, qui, elle, n'est pas mise en quarantaine par les Planètes Unies. Evidemment, rien ne va se passer comme prévu et Sinestro va se venger.
L'autre bonne idée de ce numéro est d'y mêler Flash (Barry Allen - qui, quoi qu'on me dise, reste "le" Flash. Je n'ai rien contre Wally West, mais Barry reste mon favori.). Comme la couverture l'indique, c'est un clin d'oeil à The Brave and the Bold puisque Barry Allen et Hal Jordan ont partagé nombre d'aventures dans cette revue. D'ailleurs, là encore, du temps de Johns, les deux héros incarnaient le temps (Flash) et l'espace (Green Lantern).
Mais le souci, c'est que de bonnes idées ne suffisent pas à faire un bon scénario et donc un bon comic-book. On en a la preuve cruelle ici : car tout est désespérément mou. Flash aide donc Green Lantern à désamorcer des bombes déclenchées par Sinestro et, en passant, ils mettent une dérouillée à Major Disaster. Mais Jeremy Adams échoue complètement à nous faire vibrer pour ces exploits. Et les scènes plus calmes ne disposent pas de situations et de dialogues assez brillants pour compenser. C'est fade.
Dans ce ce genre de configuration, le lecteur a tendance, naturellement, à se raccrocher à l'aspect esthétique de la série. De ce côté-ci, pas de déception : Xermanico livre de superbes planches, il anime les personnages avec élégance et efficacité, ne ménage pas ses efforts sur les décors. Son découpage est fluide et nerveux à la fois, avec une belle variété dans les angles de vue, les valeurs de plan.
Mais on reste sur un sentiment de gâchis. Un tel artiste mérite mieux que ça, mieux que ce récit sans tonus, sans singularité, que cette intrigue sans relief, qui peine à décoller. On se fiche au fond de ce que nous raconte la série et c'est ça le pire. Qu'y a-t-il de plus accablant que de lire une histoire dont l'issue manque à ce point de perspective et de suspense, de vie ?
Je me suis donné jusqu'au #6 pour donner sa chance au produit, donc jusqu'à Décembre. 2024 se fera-t-elle avec ou sans Green Lantern ?
- WAYWARD SON #1 (Ecrit par Peter J. Tomasi et dessiné par David Lafuente.) - Korg est le fils de Sinestro. Livré à lui-même, il doit rapporter de l'argent à Najaf, son protecteur. Mais las de cette situation, il veut prouver qu'il est le digne descendant de son père...
Pour tout vous dire et rapidement, cette back-up story réussit là où Green Lantern échoue lamentablement. En quelques pages, Peter J. Tomasi (ex-scénariste et editor de DC) prouve qu'il n'a pas perdu la main et nous régale avec un récit plein de pep's en suivant le rejeton de Sinestro, aussi enragé que ce dernier. Malgré le peu de place à sa disposition, le scénariste plante le décor sans perdre de temps, nous accroche, et son petit héros a un caractère percutant.
Graphiquement, c'est l'occasion de profiter du talent du trop rare David Lafuente, parfait pour ce genre d'exercice et de protagonistes. Les couleurs vives de Tamra Bonvillain lui vont à merveille. C'est un régal.
On se dit, un peu dépité, que si DC avait confié au vétéran Tomasi l'écriture de Green Lantern (qu'il connait bien pour avoir longtemps écrit le titre Green Lantern Corps), ç'aurait été parfait. Quant à Lafuente, ce serait vraiment cool qu'il bénéficie de plus de pages (même si on sait que ce n'est pas non plus un artiste capable d'assurer 20 pages mensuelles).
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