vendredi 20 octobre 2023

AVENGERS INC. #2, de Al Ewing et Leonard Kirk


Ce deuxième numéro de Avengers Inc. confirme tout le bien que j'avais pensé du précédent. Al Ewing, comme on dit, tient quelque chose d'original, pour ne pas dire d'inédit, quelque chose que je n'ai jamais lu auparavant et qui est très frais. Leonard Kirk apporte son expérience au dessin, une touche un peu old school qui convient parfaitement au projet.


Le Manoir des Avengers est désormais ouvert au public pour des visites guidées. Quand un touriste est trouvé mort dans l'ascenseur, le guide justement cherche à filer même il est fauché par un spectre. Avec Victor Shade et Vision, Janet Van Dyne collecte les indices pour résoudre ce mystère...


Tout dans cet épisode fait plaisir, de la première à la dernière page. C'est déjà très bien, mais il y a plus que cela. Avengers Inc. a ce côté improbable qui est aussi neuf, original et qui change vraiment de tout ce qu'on a pu lire avec le titre Avengers. Pas de doute : Al Ewing a trouvé un angle nouveau.


Et pour le résumer, aussi inattendu que ce soit, c'est bien à Scooby-Doo que ça fait penser. La référence semble évidente avec cette histoire de fantôme qui hante le manoir des Avengers, Janet Van Dyne dans un rôle proche de celui de Velma Dinkley. Si Gueule d'Or des Inhumains avait été là, ça aurait parfait.


Mais avant d'aller plus loin l'épisode s'ouvre par une rencontre inévitable entre Victor Shade qui occupe désormais le corps de la défunte Toupie et Vision, dont Victor Shade fut un des alias. L'androïde n'est guère ravi qu'on lui ait volé son pseudonyme et entend bien régler ce problème.

Janet calme les deux hommes juste avant, donc, qu'on découvre dans l'ascenseur la victime du fantôme. Al Ewing déroule alors l'enquête sur un rythme très soutenu. Tout l'épisode (sauf l'épilogue) se déroule en temps réel et on comprend pourquoi : il faut résoudre ce mystère avant que d'autres victimes n'apparaissent. Et aussi parce que les trois limiers comprennent vite qu'il n'y a aucune manifestation surnaturelle derrière tout ça.

L'action est donc un huis clos dans un lieu qui, pourtant, a de quoi abriter quelques fantômes. La réalité démontrera que la réponse à cette énigme est plus terre-à-terre. Le scénario comporte tout ce qui compose le savoir-faire de Ewing : une connaissance pointue de l'histoire Marvel mais aussi une façon de l'exploiter qui ne laisse aucun lecteur sur le bord du chemin, donc même si vous n'êtes pas aussi calé que Ewing, vous comprendrez quand même tout.

Moi qui n'apprécie guère les renvois de bas de page à des éléments obscurs de la continuité, pour laquelle j'ai du respect mais dont je ne souhaite pas être l'otage car j'estime que chaque comic-book doit rester accessible, voilà une manière d'écrire que je trouve élégante et efficace.

Par ailleurs, Ewing trouve quand même le temps de caser de la caractérisation dans un récit déjà bien fourni : la présence de Vision permet à la fois de confronter Victor Shade à celui dont il a pris l'alias mais aussi d'évoquer subrepticement le seul homme au courant des secrets de l'androïde mais qui est pourtant mort. Cela résonnera chez ceux qui ont pu lire le premier épisode et ses dernières pages... (Mais chut ! Pas de spoilers !)

Il y a indéniablement une vibe old school dans Avengers Inc. : on est dans le registre de la detective story, du whodunnit, autant d'aspects qui renvoient à la littérature policière plus qu'à celle des super héros. Et pourtant, l'équilibre est parfait : les pouvoirs de la Guêpe et de Vision sont utilisés à bon escient, non pour solutionner facilement l'enquête mais pour souligner les astuces des méchants. Vraiment malin.

Leonard Kirk participe au dessin à ce côté old school : ce n'est pas un artiste qui est là pour en mettre plein la vue. Son expérience est suffisamment complète pour qu'il n'ait plus à faire ses preuves, il a tout fait, du bon, du très bon comme du très mauvais, chez DC comme chez Marvel.

L'avantage de ce type de dessinateur, c'est qu'il peut s'adapter à n'importe quel auteur et n'importe quelle histoire. Donc le mélange des genres ici ne l'effraie pas : il sait sans forcer son talent mettre en scène les situations, les enchaîner avec fluidité, maintenir notre attention grâce à un découpage sobre mais captivant. Il y a chez Kirk une forme de sagesse propre aux vieux briscards, comme autrefois chez un Sal Buscema : chacune de ses cases, de ses planches vous entraîne là où il faut, comme lui et Ewing l'ont décidé. C'est simple et efficace, irrésistible.

Après vous avez le droit de penser que ce n'est pas le dessin le plus chiadé du monde, mais vous ne pouvez en tout cas pas dire que c'est ennuyeux à lire, que tout n'est pas fait pour vous faire passer un bon moment.

Visiblement, la série va enchaîner les affaires en un chapitre, dans des cadres déroutants, tout en semant des cailloux pour rappeler pourquoi la Toupie est devenue Victor Shade. Prochaine étape, dans un mois donc, en compagnie des Valkyries asgardiennes !

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