Il y a des semaines comme ça où on lit des comics qui vous plaisent beaucoup, qui sont effectivement très bons, très efficaces. Et puis il y en a un qui se détache lot, pas forcément parce que c'est le meilleur mais parce que c'est celui qui vous a procuré ce plaisir particulier : c'est le cas de Uncanny Spider-Man #2, de Si Spurrier et Lee Garbett.
A peine a-t-il retrouvé Mystique qui lui file entre les doigts que Kurt Wagner/Diablo est pourchassé par le Rhino puis le Wild Pack de Silver Sable qui le démasque et veut le livrer à Orchis. Mais le mutant a plus d'un tour dans son sac : il n'est jamais aisé de capturer un téléporteur !
Je vais me répéter un peu pour commencer mais je ne croyais guère à Uncanny Spider-Man : son postulat improbable, son scénariste qui me hérissait et qui avait maltraité mon mutant favori, la plus-value supposée à Fall of X... Et puis, après avoir lu le premier épisode...
... J'ai bien vu qu'il y avait quelque chose qui se passait avec cette mini-série. D'abord parce que Si Spurrier changeait complètement son fusil d'épaule et après avoir fait tant de misères à Diablo, se mettait à l'écrire tel qu'il devrait toujours l'être : charmeur, bondissant, comme Dave Cockrum l'avait imaginé.
Ensuite parce qu'au dessin Lee Garbett, en qui j'avais davantage confiance, s'emparait du personnage avec beaucoup de classe, lui aussi s'inscrivant dans les pas de Cockrum, respectant Diablo, produisant de superbes planches.
Toutes ces impressions sont confirmées dans ce deuxième épisode. Mieux même : ce deuxième épisode est encore supérieur au premier. On entre dans le vif du sujet après l'exposition et on assiste à une succession de scènes jubilatoires, il n'y a rien à jeter.
Pourtant, ça démarre de manière surprenante puisque Diablo vient de retrouver Mystique. Celle-ci n'a plus toute sa tête : elle a pris l'apparence d'une clocharde et ne le reconnaît pas, ses souvenirs du massacre lors du Hellfire Gala ont l'air de l'avoir considérablement perturbée. Et après avoir violemment écarté son fils, elle s'enfuit et le sème.
Tout aussi étonnante est la scène suivante où Diablo croise l'Epée (de Cloak & Dagger) qui lui explique s'être une nouvelle fois brouillée avec la Cape mais qui craint qu'il soit arrêté par Orchis en étant assimilé à un mutant. Diablo promet à l'Epée de veiller et de la prévenir s'il le rencontre.
C'est alors que, sans prévenir, tout s'emballe : le Rhino charge et c'est le début d'une longue séquence d'action qui va occuper le reste de l'épisode (qui donc se déroule en temps réel). Bientôt le Wild Pack se déploie puis Silver Sable piège Diablo, mais tout va dégénérer...
Si Spurrier ne laisse pas un instant de répit au lecteur, encore moins à son héros. Comme le Vautour dans l'épisode précédent, le Rhino travaille désormais pour Orchis mais il n'est pas maître de lui-même. Un dispositif piloté par le Dr. Travers est censé diriger ses attaques mais se dérègle et va sérieusement compliquer la tâche de Silver Sable et de sa bande de mercenaires.
Et en vérité, à partir de ce moment-là, la situation est au mieux résumé par cette image :
Variant cover de Lee Garbett.
Je n'ai rien contre la regular cover de Tony Daniel (voir début de l'article) mais pourquoi diable Marvel n'a-t-il pas utilisé directement celle-ci, par Lee Garbett, l'artiste de la série ? Sa composition est classe, le dessin est superbe, et elle concentre l'essentiel du propos de l'épisode.
Car oui, Kurt va charmer Silver Sable après l'avoir sauvée. Ou plus exactement elle tombe sous son charme sans qu'il l'ait cherché. Cela donne lieu à un moment suspendu où les deux antagonistes semblent ne pas en revenir de ce qui leur arrive. Il y a de quoi.
N'empêche, c'est ce qui m'a fait jubiler à la lecture car Diablo a, quand il est bien écrit, toujours été ce charmeur, presque malgré lui, mais souvent qui n'hésite pas à provoquer la chance. Parce qu'il ressemble à un démon, il fiche d'abord les chocottes, mais son bon coeur, son humour, font qu'on ne lui résiste pas longtemps. Et il a tombé quelques belles filles : Amanda Sefton, Tornade, Rachel Summers (et sur celle-ci, quelle connerie d'en avoir la maîtresse de Betsy Braddock ! D'où ça sort, ça ? Quelle mouche a piqué Tini Howard et Marvel ? Non seulement, Betsy et Rachel n'ont jamais été très proches mais surtout Rachel a toujours eu le béguin pour Kurt. C'est aussi stupide que d'avoir fait de Bobby Drake/Iceberg un gay.).
Alors que Kurt trouble Silver Sable, c'est à la fois drôle et logique. Et ça ouvre des portes pour la suite de cette mini-série. Lee Garbett produit des pages extras où le pouvoir de Diablo est impeccablement mis en valeur. Le découpage est très dynamique, varié, épousant l'action très présente tout au long du numéro.
Et Si Spurrier se rachète de toutes les absurdités qu'il a commises avec Kurt, comme s'il avait enfin compris que l'écrire contre-nature était un gâchis. Plus de dialogues ronflants, d'intrigues à la mords-moi-le-noeud. Même pas une référence à la religion (car là aussi, écrire Diablo comme le curé des X-Men, ce n'est pas ce que Coclrum voulait). Merci.
Ah, quel kif !
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