On m'aurait dit : "Iron Man par Dan Slott, tu vas adorer !" que j'aurai ri au nez de ce prescripteur... Sauf que j'aurai eu tort ! Car, figurez-vous que, non seulement, j'ai effectivement adoré ce premier épisode mais que c'est sans doute le relaunch de l'ère "Fresh Start" de Marvel que j'ai certainement préféré jusqu'à présent. Et comme Valerio Schiti est de la partie, ça ne gâche rien.
Il y a vingt-cinq ans, lors d'un concours de robotique, le jeune Tony Stark humilait un concurrent adulte, Andy Bhang. Aujourd'hui, ce dernier continue de concevoir des équipements, depuis son garage. Stark resurgit en lui annonçant qu'il vient de racheter sa petite entreprise et lui proposer un boulot au sein de Stark Unlimited.
Andy découvre, éberlué, la société et les laboratoires high-tech de Stark qui lui fait néanmoins passer un test pour que lui et Jocaste, l'androïde responsable des questions éthiques, estiment son niveau de compétence. L'essai n'est pas concluant mais une alerte retentit : Iron Man est sollicité.
Le lézard géant Fin Fang Foom surgit de l'Hudson River et s'apprête à dévaster New York. Iron Man a préparé une nouvelle armure pour ce genre de menace et il va la jauger en situation. Mais la créature est coriace et l'endommage vite. Le héros s'en extirpe rapidement et change de tactique.
Puisque l'attaque maximum directe n'a pas fonctionné, il injecte dans le corps de Fin Fang Foom des nano-Iron Man avec lesquels il atteint le cerveau de la bête. Mais des anti-corps veillent. Bhang a alors l'idée qui va permettre au héros de s'en sortir sans tuer son adversaire.
A l'infirmerie, Tony débriefe le combat en compagnie de ses amis James "Rhodey" Rhodes, qui a repris son poste dans l'armée, et Bethany Case, la chef de la sécurité de Stark Unlimited. Celle-ci lui signale que, durant la bataille, quelqu'un a tenté de pirater les données de l'immeuble. Stark lui confie l'enquête puis se rend à une conférence de presse où il présente Bhang mais surtout son nouveau concept en tant qu'Iron Man : plus qu'un héros, une idée, à partager pour le bien commun.
Variant cover (magnifique) par David Aja.
Je ne vais pas revenir sur les raisons qui ne me font pas apprécier en général les travaux et la personnalité de Dan Slott (je l'ai déjà fait en parlant de ses épisodes d'Amazing Spider-Man, dessinés par Stuart Immonen). Aussi n'attendais-je rien de sa reprise en main d'Iron Man après le run de Bendis (que j'ai zappé). Simplement, me disais-je, ce ne sera pas encore pour cette fois que je lirai les aventures de "Tête de fer".
Puis j'appris qu'il ferait équipe avec le dessinateur italien Valerio Schiti pour cette relance, et, là, j'étais plus embêté car j'adore cet artiste, qui s'est révélé avec les Guardians of the Galaxy de Bendis (encore). Pourquoi ne pas, au moins, alors, ne pas y jeter un oeil ?
Après, vous savez comment ça se passe, on lit une page, puis une autre... La lecture devient enthousiasmante au point que vous dévorez littéralement l'épisode, et vous refermez votre fascicule en constatant que vous avez trouvé ça jubilatoire. Tant pis pour moi, ou bien fait : Dan Slott a gagné la partie.
Tony Stark : Iron Man est un numéro 1 parfait : c'est drôle, c'est bourré d'action, l'histoire se tient toute seule comme un one-shot (même s'il y a une scène "post-générique de fin" avec un "à suivre"). Je vois mal comment on peut y résister. D'ailleurs, pourquoi y résister ?
En vérité, avec un peu de recul, on pourrait facilement affirmer que Slott était fait pour écrire cette série, ce personnage puisque, dans Amazing Spider-Man (particulièrement ses derniers épisodes), il avait fait de Peter Parker un chef d'entreprise à la tête d'un empire et un philanthrope. Mais, in fine, la situation avait tourné au cauchemar (durant les épisodes tie-in à Secret Empire) et Spider-Man était redevenu le "friendly neighbourhood" plus familier des lecteurs, prêt à être livré à Nick Spencer, le successeur de Slott après dix ans sur le titre (et un nombre record d'issues écrites puisque parues à un rythme majoritairement bimensuel).
Avec Tony Stark, Slott peut faire tout ce qu'il veut, sans devoir revenir au héros du quartier qu'est Spider-Man, et il ne s'en prive pas : c'est un milliardaire suffisant, sarcastique, mais qui l'assume tellement qu'il en devient presque cool. Démonstration grand format avec un combat contre Fin Fang Foom... Où Iron Man a la sagesse quand même de s'appuyer sur son équipe technique - Jocaste, Rhodey, Bethany Case, et Andy Bhang - , un petite révolution pour le playboy qui se la joue souvent en solo.
Valerio Schiti est parfait pour mettre en images le script lancé à toute allure par Slott : on pouvait craindre que dessiner un type en armure et masque intégral soit du gâchis pour un artiste qui se distingue par l'expressivité de ses personnages et le dynamisme de ses découpages, mais l'italien s'adapte magistralement à la commande et anime le héros avec une tonicité comme peu l'ont fait avant lui (depuis Romita Jr. ?).
Il apporte aussi sa touche, discrète, mais sympathique : Stark ne porte plus de bouc mais seulement une fine moustache comme à l'origine, ce qui lui rend cet air d'Erroll Flynn et ce charme de canaille irrésistible. Robert Downey Jr. n'a plus qu'à aller chez le barbier s'il veut continuer à incarner Iron Man en ayant l'air aussi classe. Et les seconds rôles sont tous bien campés, en particulier Jocaste à laquelle Schiti donne un côté sexy étonnant. Quant à Fin Fang Foom, il le représente comme un véritable hommage à Immonen dans Nextwave (Schiti a déclaré tout ce qu'il devait à son confrère canadien quand, récemment, ce dernier a annoncé se retirer pour un moment des comics).
Il n'est jamais difficile d'aimer et de parler d'une BD quand elle vous procure ce sentiment grisant d'être diverti avec les talents combinés d'un scénariste inspiré et d'un dessinateur remarquable. Il va falloir désormais maintenir ce niveau, mais un tel départ rend confiant.
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