lundi 25 juin 2018

DOCTOR STRANGE #2, de Mark Waid et Jesus Saiz


Alors que je pensais le titre mensuel, il semblerait qu'il soit ou bimensuel ou publié à raison de dix-huit numéros par an : en tout cas, Marvel mise gros sur cette relance de Doctor Strange par Mark Waid et Jesus Saiz. Et je ne vais pas m'en plaindre après avoir beaucoup apprécié le premier épisode. On avait laissé le sorcier sans pouvoir en périlleuse situation et celle-ci va progresser de manière inattendue et rapide...


Strange est incarcéré et soumis à des expériences sur la planète Grynda depuis 73 jours, après s'y être crashé. Mais, bientôt, il doit partager sa cellule avec une "arcanologiste" au nom imprononçable résumé en Kanna, qui a enfreint plusieurs lois locales.
  

Passionnée par les reliques magiques dans un monde régi par la science et la tehnologie, Kanna décrit à Strange l'objet qu'elle a été surprise en train de voler dans une grotte et il l'identifie comme l'Oeil de Basphorus, si puissant qu'il peut faire de son détenteur l'égal d'un dieu.


Par la ruse, en utilisant le traducteur universel implanté sur lui, Strange leurre un gardien et s'évade avec Kanna. Evitant les autorités lancés à leurs trousses, ils en profitent pour récupérer l'Oeil de Basphorus et gagner le vaisseau réparé de Strange.


En constatant que l'appareil a été retapé, Strange en déduit que les expériences qu'il a subies ont permis aux élites de Grynda d'apprendre l'existence de la Terre et de concevoir des vaisseaux pour l'envahir. Il doit empêcher cela alors que Kanna est déjà en train de décoller.


L'adrénaline permet à Strange d'activer la magie de l'Oeil de Basphorus et d'envelopper Grynda d'un voile qui empêchera tous ses vaisseaux de la quitter. Mais l'évasion n'est pas passée inaperçue : ailleurs, on la signale à quelqu'un qui ordonne des représailles contre les fugitifs...

Mark Waid ne cherche pas, c'est maintenant évident, à renouveler les thèmes associés aux aventures récentes de Dr. Strange - en effet, il a déjà plusieurs fois perdu ses pouvoirs et les a récupérés d'une manière ou d'une autre. En revanche, comme dans Daredevil ou Captain America, ce qui distingue l'effort du scénariste, c'est la manière dont il va mettre cela en scène.

Dans le premier épisode comme dans celui-ci (et donc, logiquement, dans la suite), la voix-off est très présente pour assurer la narration à la troisième personne du singulier et au passé. Strange est nommé "le magicien" et son périple conté comme une série d'obstacles, d'épreuves, d'étapes, au cours de laquelle il apprend davantage. On revient à l'idée d'un homme qui n'a jamais cessé d'être un étudiant, mais cette fois dans le cadre d'un voyage spatial.

Cette façon de raconter fait penser à un conte, presque un poème antique, et on imagine fort bien que les prochains numéros seront autant de couplets dans un long chant, à la manière de L'Odyssée d'Homère : ce n'est pas inapproprié puisque dans ces récits mythologiques, on trouve quantité de magiciens, de créatures étranges, de dangers surnaturels, semblables à ceux d'un trip sidéral.

La fluidité avec laquelle Waid applique ce procédé à la série est en tout cas séduisante et prenante, et compense donc le peu d'originalité du postulat.

Un des craintes que j'émettais dans ma précédente critique était de savoir, quel que soit le rythme de parution, si Jesus Saiz parviendrait à tenir les délais avec la technique d'illustration qu'il a choisie - des couleurs directes mais avec un dessin sur tablette. Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions mais ce deuxième épisode est aussi beau que le premier, avec un rendu des textures et des lumières saisissants.

Le découpage est sage, mais Saiz a compris que le script était suffisamment ouvragé pour ne pas en rajouter. Quand il s'autorise une pleine page, c'est pour un effet spectaculaire justifié (lorsque Strange libère le pouvoir de l'Oeil de Basphorus et enveloppe Grynda d'un voile qui empêche ses vaisseaux de guerre de quitter la planète). Surtout, le dessinateur espagnol insiste sur l'expressivité des personnages et même si ses extraterrestres sont humanoïdes, il soigne leur design pour les rendre assez exotiques.

Le sorcier n'a pas encore récupéré son titre, mais sa série est entre de bonnes mains et sa lecture est vraiment plaisante et accrocheuse. Une production qui ne fait peut-être pas de bruit mais qui gagne non seulement à être suivie mais recommandée.

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