C'est sûrement le dernier numéro de cette série que je critique puisque le retour de la série Fantastic Four en Août prochain rend son propos caduc : à quoi bon en effet continuer à mettre en scène la quête de Ben Grimm et Johnny Storm pour retrouver le reste de leur équipe quand tout le monde sait qu'elle sera réunie pour de nouvelles aventures dans deux mois ? Par ailleurs, si je n'ai pas grand-chose à reprocher à l'écriture de Chip Zdarsky, le fait que Jim Cheung (et Valerio Schiti) ne soit plus au dessin achève de lui ôter tout attrait.
Les héros de la terre parallèle menacé par Doom-Galactus sont sur le pied de guerre mais le Dr. Doom de notre monde et le Reed Richards de celui-ci ont uni leurs forces pour élaborer un plan afin d'éviter que le dévoreur ne les tue.
Grâce aux particules Pym, la Chose grandit suffisamment pour affronter à mains nues le géant cosmique tandis que le Johnny Storm de cette Terre, alias Humanity Torch, appuie cette offensive.
Mais cette manoeuvre permet surtout de créer une diversion pour Emma Frost et le Dr. Doom qui a mis au point une sorte de canon grâce auquel la télépathe va pouvoir pénétrer l'esprit du géant distrait, et agir sur son point faible indiqué par Norrin Radd.
A la manière d'un cheval de Troie, Emma Frost prend possession de l'esprit du dévoreur de mondes et se sacrifie pour devenir son exact opposé, la restauratrice de cet univers. La situation est rétablie et le Dr. Doom, Ben Grimm, Johnny Storm et Norrin Radd se recueillent sur la tombe de Galen, dépossédé des pouvoirs de Galactus autrefois. Humanity Torch rend à Norrin Radd la puissance cosmique qui alimentait sa flamme afin qu'il redevienne le Surfeur d'Argent et guide Emma Frost pour reconstituer l'univers.
Reed Richards prend la Chose à part pour lui expliquer qu'en examinant le Multisect, il n'a trouvé aucune trace de ses co-équipiers, ce qui suggère qu'ils sont morts. Toutefois, il lui conseille de se méfier de Rachna Koul qui semble suivre un autre agenda...
Au terme de cet arc, on mesure vraiment à quel point Chip Zdarsky, même s'il a voulu bien faire en soulignant le deuil impossible de la Chose et de la Torche Humaine au début de son histoire, a perdu trop de temps pour engager son intrigue dans des voyages dimensionnels à la recherche de Mr. Fantastic, la Fille Invisible et leurs deux enfants quelque part dans le Multivers.
Cette narration décompressée a prouvé sa limite quand le lecteur a compris que ce premier acte ne réunirait pas les Fantastic Four en même temps qu'il apprenait la relance d'une série consacrée à la famille d'aventuriers en Août prochain, animée par Dan Slott et Sara Pichelli.
Tout ça ne fait pas des six épisodes de Marvel Two-in-One un mauvais arc, mais une entreprise mal fichue, mal éditée par Marvel qui aurait mieux fait de décider directement d'initier le retour des FF dans leur propre série plutôt que de jauger l'attente du lectorat avec un titre dont, désormais, on peut se demander s'il fera long feu (à moins de conserver la formule avec un autre duo de héros).
Par ailleurs, on remarquera qu'en fait de deux héros, le récit de Zdarsky en met plutôt trois en scènes puisque le Dr. Doom (dans son rôle de la série Infamous Iron Man, dont en vilain repenti voulant devenir un vrai héros) accompagne Ben Grimm et Johnny Storm dans leur périple. Mais, pour ne rien arranger, chronologiquement, la série semble se dérouler sans tenir compte du sort qu'a réservé Brian Michael Bendis à la fin de son run sur Invincible Iron Man (ou dans le dernier numéro, le #600, Doom semble retomber du côté obscur).
C'est dommage car la première Terre parallèle visitée offrait son lot de surprises (un SHIELD omniprésent, le couple Norrin Radd-Emma Frost...), et le dénouement de cet arc montre d'ailleurs une Emma Frost qui devient vraiment l'opposé non seulement de Doom-Galactus mais surtout de Jean Grey en mode Dark Phoenix, restaurant toute notre galaxie. Intéressant de voir "notre" Doom tenté de doubler tout le monde pour s'accaparer la puissance de son double en monde Galactus mais se ravisant car comprenant qu'alors cela reviendrait à tuer un autre lui-même. Autant de preuves de l'imagination astucieuse de Zdarsky, court-circuitée par le calendrier de Marvel (alors que si l'éditeur avait finalement - et légitimement - lui avait confié la série Fantastic Four, il aurait pu développer tout ce qu'il a mis en place ici).
On retiendra alors le plaisir visuel offert par cet épisode, le dernier produit par Jim Cheung pour la série mais aussi pour Marvel (puisqu'il a, lui aussi, fait ses bagages pour aller chez DC : on découvrira demain sa première prestation avec Justice League #1). Il n'a pas bâclé son ouvrage et même s'il s'est fait plaisir avec de grandes cases, occupant parfois les trois quarts de la planche, la précision de son trait, la puissance graphique qui s'en dégagent est saisissante.
On peut juste regretter que parfois le coloriste Frank Martin ait la main un peu lourde, "mangeant" l'encrage de Walden Wong (notamment dans la dernière scène). Cheung part en beauté. Il n'est pas sûr qu'il soit plus productif chez DC, même si c'est une belle prise, prestigieuse, avec une base de fans solide : l'avenir le dira.
Il n'en demeure pas moins que Marvel Two-in-One restera une expérience curieuse, pensée en dépit du bon sens, et à laquelle je ne prédis pas un grand avenir (même si je souhaite me tromper par sympathie pour Zdarsky, plus inspiré ici que sur Spectacular Spider-Man).
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