jeudi 14 juin 2018

MAN OF STEEL #3, de Brian Michael Bendis, Ryan Sook et Jason Fabok


A mi-chemin de cette mini-série en six épisodes, Brian Michael Bendis commence à abattre ses cartes en arrivant à ce qu'il présentait dans les pages d'Action Comics #1000. Mais il garde d'autres éléments en développement, dosant donc parfaitement son projet. Pour ce troisième volet de Man of Steel (desservi par une couverture vraiment laide), le scénariste est cette fois soutenu par Ryan Sook aux dessins et leur association fait des étincelles.


Rogol Zaar atterrit sur Terre tout près de la Forteresse de Solitude en Arctique. Il en force l'entrée mais le système de sécurité du bâtiment détecte aussitôt sa présence et tente de le neutraliser. En vain. Le guerrier repère alors la cloche de verre sous laquelle se trouve la capitale miniaturisée de Krypton, Kandor.


Pendant ce temps, à Metropolis, les pompiers viennent d'éteindre un nouvel incendie lorsque Superman arrive. Il n'est pas venu seul et présente Batman à la chef de brigade Melody Moore afin qu'ils enquêtent ensemble sur le pyromane à l'origine de ces feux criminels.


Mais soudain l'attention de Superman est distraite et il s'envole. Batman explique qu'il ne fait cela qu'en cas d'urgence. Le héros découvre en effet le saccage de sa Forteresse de Solitude et, vite rejoint par sa cousine Supergirl, la destruction de Kandor et de tous ses habitants.


Quiconque a pénétré dans cette antre et commis cet outrage sait qui est Superman et veut le défier. Il ordonne à Supergirl de mettre tous les êtres qu'elle aime à l'abri tandis qu'il part à la recherche du criminel. A Metropolis, il inspecte les endroits où il a ses habitudes lorsqu'il est frappé par un rayon d'énergie.
  

L'agression se répète, Superman comprend que son adversaire veut que le public assiste à la bataille qui s'engage. Supergirl revient en renfort et découvre avec son cousin, sur le toit d'un immeuble, Rogol Zaar.

Dans les pages que Brian Michael Bendis et Jim Lee avaient réalisé pour le n°1000 d'Action Comics, on assistait à la bataille de Superman contre Rogol Zaar (qui tournait en faveur de ce dernier). Man of Steel #3 se situe donc chronologiquement juste avant.

Mais avant d'arriver aux dernières pages de cet épisode et aux prémices de la bataille, le récit revient sur un des subplots de la mini-série avec la série d'incendies qui sévit à Metropolis. Comme dans le chapitre de la semaine dernière, un invité est au rendez-vous car Superman a sollicité l'aide de Batman pour résoudre cette affaire - mine de rien, c'est la première fois depuis un bail qu'on fait appel au Dark Knight pour ses qualités de détective car ni Tom King dans sa série ni James Tynion IV dans Detective Comics n'emploie le personnage en ce sens.

Mais le drame véritable, au coeur de cet épisode, se joue déjà ailleurs : Rogol Zaar arrive donc sur Terre et vandalise la Forteresse de Solitude, le sanctuaire de Superman. Fort logiquement, il s'en prend à une de ses plus précieuses reliques : Kandor, la capitale de Krypton autrefois miniaturisée par Brainiac et récupéré par l'homme d'acier en vue, un jour, de lui rendre sa taille et de trouver un monde qui accueillera ses habitants.

Plus que la participation de l'autre guest-star, Supergirl, c'est surtout la valeur symbolique et le traumatisme sur lequel insiste Bendis : Superman assiste littéralement à la fin de ses derniers semblables et sa réaction est un mélange de fureur et de chagrin, intensément restitué. De retour à Metropolis où Rogol Zaar l'agresse en s'employant à ce que tous les habitants assistent à ce qui va suivre, on arrive donc à ce qu'on a lu dans Action Comics #1000.

Ryan Sook dessine l'intégralité de l'épisode, encré par Wade Von Grawbadger (qui prouve une fois encore sa formidable capacité à s'adapter au style d'un artiste), et le résultat comblera tout le monde. En effet, il n'a pas fait les choses à moitié et le plaisir d'illustrer Superman est visible à chaque page : comme Reis, Shaner et Rude, il se l'approprie tout en lui conservant une majesté tranquille. Mais la partition de l'épisode lui permet aussi de représenter le surhomme dans des émotions plus vives, comme lorsqu'il découvre la destruction de Kandor.

Sook ne sera jamais un dessinateur capable de produire un comic-book mensuel, mais quand il nous gratifie d'une vingtaine de pages, la qualité de sa prestation est imparable. Surtout, il dispose d'une matière riche, avec une grande variété de décors (qu'il met en valeur dans des doubles pages et des angles de vue variés) et force détails. Il met aussi en scène Batman, fugacement certes, mais avec une économie efficace (le Dark Knight sort de l'ombre et se met tout de suite au travail, impassible aussi bien vis-à-vis de l'autorité incarnée par Melody Moore que par rapport au départ subit de Superman). Puis il anime Supergirl avec une finesse épatante, traduisant toute la détresse qu'elle partage avec son cousin mais aussi la solidarité qu'elle manifeste à son égard quand elle le rejoint à Metropolis.

Jason Fabok ne signe qu'une page en relation avec l'autre intrigue secondaire de la mini-série, qui dévoile très lentement ce qui est arrivé à Lois Lane et Jon Kent. Le mystère reste entier à ce sujet, on n'aura pas de réponses avant le sixième épisode : c'est très frustrant mais aussi redoutablement intrigant et accrocheur.

Bendis est vraiment en train de s'imposer, en douceur mais sûrement, et il est bien entouré. La semaine prochaine, il retrouvera le fabuleux Kevin Maguire, avec lequel il avait signé quelques épisodes mémorables des Guardians of the Galaxy. On a déjà hâte de lire ça !

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