lundi 11 juin 2018

ASTONISHING X-MEN #12, de Charles Soule et Garardo Sandoval (FINALE)


Le run de Charles Soule s'achève avec un numéro d'une laideur sans nom et d'une médiocrité narrative équivalente : attention, ça pique les yeux dès la couverture (signée par l'inénarrable Greg Land) et l'intérieur est vraiment indigne de tout ce qui a précédé (pour une série qui a aligné de très bons artistes) puisque Marvel n'a rien trouvé de mieux que Gerardo Sandoval pour s'en occuper.


Le Roi d'Ombre n'était pas mort mais avait infiltré le corps de X et a resurgi de son cerveau pour s'incarner dans notre dimension. Il fait face aux X-Men qui se jettent sur lui mais qu'il repousse en libérant leurs plus grandes peurs. Seule Psylocke résiste à cette riposte.


Mais Betsy Braddock, la première, sait qu'elle n'est pas assez puissante pour vaincre Amahl Farouk. Bishop se remet doucement tout en ressentant l'emprise maléfique du Roi d'Ombre à travers le monde : la prophétie du "Mindkiller Apocalypse" qu'il avait formulée auparavant est en train de se concrétiser.


Mais personne ne meurt vraiment dans cette ultime combat : X se recompose mentalement et physiquement et refuse comme les X-Men la défaite. Il commence d'ailleurs par les délivrer de leurs phobies qui les paralysent et joint ses forces à celles de Psylocke.


En se connectant à tous les mutants possédant un pouvoir psychique dans le monde, ils acquièrent la puissance nécessaire pour dominer et (littéralement) écraser Amahl Farouk. Les X-Men doutent pourtant que X soit totalement purgé du Roi d'Ombre. Il choisit d'effacer leurs souvenirs en les apaisant des doutes existentiels qui les rongent.


A Psylocke seule il laisse la mémoire intacte pour que, le cas échéant, elle puisse l'éliminer s'il devait se montrer dangereux. Néanmoins, il ne va pas intégrer les rangs des X-Men car il a d'autres projets...

Je ne vais pas m'attarder sur la critique de cet épisode que je n'ai pas aimé : Charles Soule s'y montre calamiteux, résolvant son intrigue de manière si expéditive qu'on a le sentiment qu'il est lui-même soulagé de se débarrasser de la série. Dommage car le scénariste avait montré de belles dispositions et on pouvait espérer mieux de cette conclusion qui en quelque sorte bouclait la boucle en ramenant spectaculairement (bien qu'un peu artificiellement) le Roi d'Ombre.

Et que dire, franchement, du dessin ? Astonishing X-Men a permis en un an à quelques-uns des meilleurs dessinateurs Marvel de réaliser chacun un épisode, souvent avec une qualité remarquable, prouvant leur investissement. Mais l'éditeur n'a fait de cadeau ni au scénariste ni au lecteur en confiant l'ultime chapitre à un tâcheron comme Gerardo Sandoval, dont le style est d'une laideur rare.

Le bilan qu'il faut tirer de cette aventure en général est mitigé : narrativement, Soule a construit une histoire en deux actes de six épisodes chacun assez solide et prenante, mais à l'intensité très variable. Malgré tout, après un démarrage brillant, la série n'a brillé que par intermittence, tenant plus grâce au sens du cliffhanger de son auteur que par la solidité de son récit, accusant de sérieux flottements, échouant à maintenir la tension, et convoquant deux méchants sans les neutraliser efficacement alors que la sournoiserie du Roi d'Ombre et le trauma de Proteus méritaient mieux.

Le fait de confier à un artiste différent chaque épisode a également fini par se retourner contre le projet : d'abord parce que, si la majorité d'entre eux a joué le jeu avec brio, certains ont cruellement déçu (le pire ayant été la prestation de Ed McGuinness). Dans cette sélection, d'autres se sont fait remarquer par un réel investissement (Matteo Buffagni, Ramon Rosanas, Aco), et d'autres se sont contentés du strict minimum (Ron Garney, Mike Deodato).

La formule ne m'a déplu car elle présentait l'avantage de ne pas s'appuyer sur un dessinateur susceptible de se fatiguer trop vite et d'être remplacé par un fill-in moins inspiré. Par ailleurs, il est assez plaisant de découvrir comment untel (Mike del Mundo par exemple) parvient à se plier à l'exercice sans modifier ce qui le caractérise, quitte à trancher avec les standards d'un comic-book appartenant à une franchise où les canons graphiques sont rarement aussi audacieux. La lassitude ne risquait pas de toucher les lecteurs, visuellement parlant.

Mais il est évident que la limite du dispositif est atteinte quand on finit le run du scénariste par un script décevant et un dessinateur affreux comme c'est le cas ici. On a l'impression double que Marvel a épuisé sa réserve d'artistes qui n'ont pas de série régulière et sort un joker au talent très approximatif pour conclure. Enfin, on peut aussi comprendre ceux, parmi les lecteurs, qui auraient préféré un peu plus de cohérence esthétique.

Plus précisément encore, le véritable échec de cette version des Astonishing X-Men aura tenu à sa composition même : j'ignore si Soule a choisi seul les membres de son équipe ou si le staff éditorial lui en a imposé (ce qui paraît probable car les editors des titres "X" sont réputés pour leur interventionnisme), mais douze épisodes n'auront pas suffi à justifier la présence de Mystique, Bishop ou même Rogue. Si Psylocke est le personnage qui a le plus profité de l'exposition du titre, Fantomex a été exfiltré de manière curieuse sans que Charles Xavier ne revienne vraiment (comme, pourtant, Soule l'avait promis). Dès le premier chapitre, on a bien senti que ces héros étaient réunis par une providence bien pratique, mais sans que leurs pouvoirs servent à grand-chose compte tenus des menaces qu'ils ont affrontées et sans véritable dynamique de groupe, sans caractérisation originale.

Joss Whedon et John Cassaday peuvent continuer à dormir tranquille : leur run originel sur le titre n'est pas près d'être égalé, encore moins surpassé.      

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