Fin de cet arc (même si l'intrigue n'est pas dénouée et va donc se poursuivre) avec cet épisode, qui est également le dernier dessiné par Mike Henderson (remplacé le mois prochain par Phil Noto) : Charles Soule lâche (un peu trop) les chevaux mais confirme qu'avec lui, Daredevil part dans des directions imprévisibles.
Le Père Jordan guérit Matt du gaz empoisonné lâché par la Bête sur New York. Puis il lui explique appartenir à une très ancienne organisation secrète, l'Ordre du Dragon, dont les soldats se déploient actuellement en ville pour affronter les ninjas de la Main comme d'autres menaces jadis.
Matt se rend au poste de sécurité de la Mairie où le commissaire Karnik lui dresse un bilan de la situation. Elle a localisé le point d'émission du gaz, donc le repaire de la Bête. Matt décide d'y envoyer Daredevil.
Foggy couvre une nouvelle fois les arrières de Matt qui, accompagné d'une vingtaine de soldats de l'Ordre du Dragon, fond sur la planque de la Bête. Blindspot est resté à la Mairie avec Karnik tout en se tenant prêt à rejoindre Daredevil.
Daredevil attaque la Bête mais elle réussit à lui échapper pour mieux l'attirer dans un nouveau piège à l'extérieur. Entourée de sa garde rapprochée, la créature attend les membres de l'Ordre du Dragon dans le traquenard qu'elle leur a tendus. Les ninjas décochent une pluie de flèches enflammées sur leurs ennemis.
Cependant, à la Mairie, Foggy, dans l'attente de nouvelles du front, voit revenir de l'hôpital, encore mal en point mais combatif, Wilson Fisk qui réclame qu'on lui rende son fauteuil d'élu...
La qualité première de Charles Soule est aussi son premier défaut : il ose tout, même la plus énorme astuce de dernière minute pour relancer son récit et laisser entrevoir une issue à la situation infernale qu'il a développée. Encore que rien ne soit résolu quand on ferme ce nouvel épisode : au contraire même, Daredevil s'est jeté dans la gueule du loup et l'ogre Wilson Fisk revient quasiment d'entre les morts.
Mais il y a dans ce culot affiché et assumé quelque chose d'électrisant car on a rarement lu ça dans cette série. Bien entendu, ce n'est pas subtil et les ingrédients de la recette ne promettent pas un grand plat. Toutefois on ne s'ennuie vraiment pas entre un prêtre qui révèle être le membre d'une société secrète de soldats, des ninjas commandés par un monstre, et le Caïd qui resurgit encore transfusé dans son pyjama d'hôpital.
Soule semble se (nous) dire que plus c'est gros, plus ça passe, et pour que ça passe, il faut y aller à fin fond les grelots. Si on n'est pas trop exigeant, ça marche effectivement : c'est con mais c'est bon, ça ne ressemble ni à du Frank Miller, ni à du Ann Nocenti, ni à du Bendis, Brubaker, Waid. Daredevil a mué en une série d'aventures abracadabrantesques dont le principe même garantit que le lecteur y adhérera ou la rejettera totalement. Si vous voulez du divertissement et rien que ça, cette version de l'Homme sans Peur est faite pour vous. Personnellement, ça m'amuse, même si j'espère qu'après la fin de cette intrigue, Soule va quand même un peu lever le pied sur le délire.
Un qui lève le pied à partir de ce numéro, c'est le dessinateur Mike Henderson dont la prestation s'achève là et qui ne laissera pas un grand souvenir. Il assure gentiment sans avoir à rougir, mais sans avoir fait oublier ni Garney ni Sudzuka. Son successeur est nettement plus expérimenté puisque c'est Phil Noto qui officiera le mois prochain sur un personnage qu'il n'a jamais touché mais auquel son style devrait bien convenir (il a en tout cas prouvé sa compétence avec une héroïne proche de DD sur la série Black Widow quand Nathan Edmondson l'écrivait, juste avant Waid et Samnee).
Hirsute, inégal, mais dépaysant et imprévisible. Avec en prime, ne l'oublions pas, une nouvelle fantastique couverture de Chris Sprouse !
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