Mise en ligne en Avril dernier, cette cinquième saison de The Marvelous Mrs. Maisel est aussi la dernière de la série. Amy Sherman-Palladino savait que conclure ce show serait sûrement encore plus dur que le lancer et elle a mis les petits plats dans les grands. Le plus souvent avec réussite, parfois en chargeant un peu trop la barque. Mais on regrettera de ne plus suivre les aventures de Midge, Susie et les autres.
Souffrant d'hypothermie après être rentrée chez elle dans le blizzrd, Midge reçoit la visite à son chevet de Susie à qui elle promet de ne plus refuser aucun des engagements qu'elle lui décrochera. Au dîner de Thanksgiving, Moishe et Shirley Maisel, les parents de Joel, annoncent qu'ils vont divorcer car Moishe refuse de prendre sa retraite, même après son infarctus. Joel accuse le coup d'autant qu'il avoue que Mei Lin l'a également quitté après avoir avorté pour suivre ses études de médecine à Chicago. Alors que Midge accompagne Alfie le magicien à l'aéroport, elle crois Lenny Bruce en partance pour Los Angeles. Le soir elle se produit au club Wolford où Gordon Ford la remarque et accepte de l'engager dans son équipe d'auteurs.
Entourés exclusivement d'hommes, Midge a du mal à trouver sa place au sein de l'équipe du Gordon Ford Show mais s'accroche pour honorer la promesse faite à Susie. Abe Weissman interviewe une comédienne qui le drague ouvertement. Les menaces des marieuses à l'égard de Rose se font de plus en plus insistantes. L'équipe du Show fête à la patinoire leurs excellents audiences qui en font l'émission n° 1 des Etats-Unis et Gordon Ford vole un baiser à Midge.
Midge réussit enfin à caser une blague pour le show. Rose fait appel à Susie pour intimider les marieuses et Frank et Nicky se chargent de les calmer. Moishe et Shirley se réconcilient pour apaiser Joel qui est excédé par le fait que leur brouille empiète sur son lieu de travail. Gordon Ford assiste à nouveau au numéro de Midge au Wolford mais elle repousse toujours ses avances.
Devant toujours de l'argent à Frank et Nicky, Susie convainc Midge de se produire dans une foire pendant deux soirées. Mais quand Midge apprend pourquoi, elle sabote sa prestation, ce qui fâche les deux gangsters et éveille les soupçons de Joel, qui craint pour la vie de son ex-femme et mère de ses enfants. Sophie Lennon est invitée au Gordon Ford Show tandis que Hedy, la femme de l'animateur, reconnaît en coulisses Susie et la poursuit jusqu'à l'extérieur du studio. Mais Susie refuse de boire un verre avec elle, contrariée par une vieille histoire entre elles.
Susie harcèle le producteur David Weston pour qu'il caste James Howard, son nouveau poulain, dans son prochain film. Midge accepte d'aider George Toledano, le producteur du Gordon Ford Show, à convaincre des sponsors de parrainer l'émission lors d'une soirée privée sur un yacht. Mais quand elle remarque que l'un d'eux s'en prend à une serveuse, elle le ridiculise et se fait débarquer.. Zelda, la bonne des Weissman, se marie et démissionne, laissant ses employeurs désemparés.
En 1985, Midge se produit sur scène et évoque sa relation avec Susie. En 1990, Susie est l'invitée d'honneur d'un dîner donnée par des collègues impresarios qui célèbrent sa carrière en racontant des anecdotes, comme celle où elle a eu la peau de George Toledano quand il a voulu virer Midge du Gordon Ford Show et que Mike Carr, son adjoint, lui a succédé. Pour conclure les festivités, une vidéo de Midge est diffusée où elle invite Susie à se revoir. En 1985, Midge vire Susie après avoir appris que si Joel croupit en prison, c'est parce qu'il avait conclu un arrangement avec Frank et Nicky pour qu'ils ne fassent plus d'argent sur le dos de Midge.
Abe est dévasté en découvrant que Ethan, le fils de Midge et Joel, n'affiche aucun talent particulier comme tous les mâles Weissman. Mais en surprenant Esther, sa petite-fille au piano, il est réconforté. Danny Stevens, star d'une sitcom, invité au Gordon Ford Show, remarque Midge et tente de la débaucher. Pour la conserver, Ford l'augmente mais elle préférerait qu'il la programme comme comique dans l'émission, ce qu'il a toujours refuser à ses auteurs. Susie décroche une audition à Midge pour le show de Jack Parr, concurrent de celui de Ford, mais elle n'est pas retenue et, une fois rentrée chez elle, abattue, elle craque et fond en larmes.
Convoqués par la directrice de l'école d'Ethan, Joel et midge l'écoutent d'une oreille distraite et se remémorent les temps forts de leur relation. Puis Midge rejoint ses trois meilleures amies de la fac au campus où elles firent leurs études et où elles comparent leurs parcours. La Princesse Margaret d'Angleterre va passer au Gordon Ford Show grâce à Hedy et Midge est chargée de lui écrire un sketch. Après l'émission, Hedy la félicite et évoque Susie avec qui elle a été à l'université et suggère avoir eu une liaison. Midge exige alors de Susie qu'elle parle à Hedy pour que Gordon la programme. Lors d'un dîner avec ses collègues du "Village Voice", Abe reconnaît le talent et la force de caractère de sa fille alors qu'il a toujours favorisé son fils Noah.
Lenny Bruce dîne avec Midge et lui prédit que dans les six mois à venir, elle sera plus célèbre que lui. Moishe et Shirley Maisel décident de se retirer en Floride. Susie et Midge apprennent que Ford ne fera que partager un numéro avec elle. Midge décide alors de forcer sa chance et improvise seule au micro. Elle fait un triomphe auprès de Ford, pourtant d'abord contrarié, et du public. En 2005, Midge appelle Susie, retirée sur la Côte Ouest, pour regarder en même temps qu'elle le jeu "Jeopardy" en échangeant des blagues.
On regarde ces neuf derniers épisodes avec une grande mélancolie, comme à chaque fois qu'il est temps de quitter des personnages avec lesquels on a passé de bons moments. Mais, même si c'est un peu triste, au moins a-t-on la satisfaction de savoir que cette saison 5 a été écrite comme une conclusion par sa créatrice et pas comme un épilogue forcée par le studio qui a annulé le show.
Ce qu'il faut retenir de ces neuf derniers épisodes, c'est que Amy Sherman-Palladino et ses équipes ont décidé de jouer un peu avec nos nerfs. En effet, il faut attendre pour savoir si Midge Maisel accèdera à la gloire qu'elle souhaite et mérite. Et plus précisément dans quelles conditions elle y arrivera.
Avant cela, toutefois, la série souffre de flashforwards pénibles (dans les épisodes 1, 2, 5, 6, 7 et 9) parce qu'ils tuent le suspense, n'apportent pas grand-chose (hormis pour l'épisode 6) et nous infligent le spectacle de personnages vieillissants. A ce sujet, on s'étonnera de la laideur des maquillages alors que la production design de la série a toujours été irréprochable. Mais là, honnêtement, ce n'est ni fait ni à faire.
Quand ce n'est pas cosmétique, ces flashforwards sont très dispensables. Ainsi, on découvre Esther Maisel en 1981 qui parle, en mal, de sa mère absente à un psy dans une sorte de piteux pastiche de Woody Allen. Puis c'est au tour d'Ethan qui, en 1984, vit dans un kibboutz avec sa future femme qui, évidemment, déteste sa future belle-mère qui le lui rend bien. En 1987, Midge rend visite à Joel en prison (on saura ensuite comment il y a atterri) pour une scène maladroite sur la concupiscence des compagnons de cellule de son ex-mari. Avant cela, en 1973, Midge finance à fonds perdus les activités déclinantes de marieuse de Rose, sans qu'on sache trop si Abe est encore de ce monde.
De toutes ces flashforwards, je n'en sauverai que trois. Il y a bien entendu celui situé en 1965 où Susie tente de sortir du trou un Lenny Bruce (Luke Kirby, comme d'habitude incroyable) en pleine déchéance, ruiné par des procès à répétitions et qui se produit dans un club miteux devant un public embarrassé. C'est poignant et ça renvoie au film Lenny de Bob Fosse avec Dustin Hoffman, qui détaille la descente aux enfers du comique : un chef d'oeuvre absolu que je vous conseille de voir. L'épilogue de la série, en 2005, avec Midge et Susie au téléphone est touchant et leurs éclats de rire consolent un peu le téléspectateur au moment de dire "adieu" à ces deux femmes merveilleuses.
Mais surtout, il y a cet épisode 6, entièrement consacré à Susie, qui se passe en 1990. Alex Borstein y est extraordinaire, le script est fabuleux. C'est là où on découvre comment Midge s'est séparée de Susie puis où elle renoue avec elle dans une scène bouleversante, qui, je l'avoue, m'a ému aux larmes.
Délestée de ces flashforwards, pour la plupart inutiles, cette saison 5 aurait été, comme la première, un chef d'oeuvre total. Mais il ne faut pas bouder son plaisir et reconnaître que cette ultime salve d'épisodes est d'un très haut niveau. Non, on y assiste pas à l'ascension de Midge, mais à sa laborieuse marche vers ce coup de force audacieux qu'elle tente dans le dernier chapitre. Ces quatre minutes pour l'éternité qui, même si elles auraient gagné à être filmées en un seul plan-séquence, auraient été le paroxysme de toute la série.
Avant cela, on suit Midge dans sa nouvelle fonction : elle devient une des plumes de Gordon Ford, animateur d'un talk show, pour qui elle doit écrire des blagues, des bons mots, entourée exclusivement d'hommes. Une école de la patience et de la persévérance, qui se trouve magnifiquement résumée par Abe (Tony Shalhoub vous met les poils dans cette scène) lors d'un dîner en compagnie de ses collègues de "Village Voice" sur le fossé générationnel entre parents et enfants. : le père de Midge reconnaît qu'il a toujours favorisé Noah, son fils, car, dans sa famille, les premiers nés masculins, suivant une éducation très stricts, devenaient des prodiges. Ayant négligé sa fille, il admire aujourd'hui sa force de caractère car, après son divorce, elle n'a pas sombré, après de multiples échecs pour être reconnue comme humoriste, elle n'a rien lâché, malgré ses devoirs de mère, elle n'a pas négligé ses enfants. Quelle déclaration !
Bien sûr, tout n'est pas de ce niveau et certains épisodes se développent sur un registre plus anecdotiques, mais on sent la volonté de Amy Sherman-Palladino de réserver une belle sortie à tout son casting. Parfois, c'est plus convaincant que d'autres, comme avec Joel (Michael Zegen, impeccable) dont on devine qu'il restera toujours amoureux de Midge mais qu'il regrettera éternellement de l'avoir trompée une fois. Rose (Marin Hinkle, dans une partition ingrate) est un peu moins bien traitée, comme si les scénaristes ne réussissaient pas à fendre son armure. Les parents Maisel sont très drôles jusqu'au bout (Kevin Pollack et Caroline Aaron sont irrésistibles). Je me serai plus facilement passé du temps accordé à Zelda, son mariage (même si la scène est hilarante) et ses difficultés à se détacher des Weissman.
Mais outre donc Alex Borstein, qui a eu droit à son épisode bien mérité, c'est encore et toujours Rachel Brosnahan qui illumine la série. Son charme, sa gouaille, son swing, son charisme sont uniques. L'actrice est étincelante de bout en bout, pendant cinq saisons elle aura dominé le monde et il est inconcevable qu'elle ne devienne pas une star comme Midge Maisel. Cette fille-là, mes amis, elle est terrible !
Merci, Mrs. Maisel ! Et chapeau !
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