C'est un généreux Annual d'une quarantaine de pages que Joshua Williamson a écrit. Et en ligne de mire, le scénariste annonce un event concernant Superman pour 2024. Entouré de pas moins de cinq artistes, il centre davantage son récit sur Lois Lane qui veut découvrir les secrets de Metropolis à la lumière des situations traversées par Superman récemment.
Ainsi, alors que Superman affronte Toyman, Lois Lane, pour apporter un regard neuf aux reportages du "Daily Planet", décide de confier à des journalistes des sujets qui ne sont pas leur spécialité habituelle. De la visite des locaux de SuperCorp à celle de la prison de Ryker's Island en passant par une patrouille avec le nouveau chef de la police... Sans oublier les nouvelles manigances du Dr. Pharma et de Mr. Graft.
Signe indéniable que la méthode Joshua Williamson fonctionne sur Superman, DC va centrer un event l'an prochain autour du kryptonien, ce qui n'a pas dû arriver depuis un bail. Pour le scénariste, ce sera une saga de plus, puisque, l'an dernier, il était aux commandes de Dark Crisis et cet été il pilote Knights Terror.
Dans la série Superman qu'il anime depuis le Printemps, Joshua Williamson s'est aligné sur le statu quo post-Dark Crisis qui veut montrer une image positive des héros. Superman y a scelle une alliance inattendue avec Lex Luthor qui a mis à sa disposition ses immenses moyens bien qu'il soit en prison.
Evidemment, ce deal a son revers : Lex a, grâce au sacrifice du magicien Manchester Black, effacé du souvenir de la population que Superman était Clark Kent. Seuls ses proches s'en souviennent, ceux qui se risqueraient à faire des recherches à ce sujet pourraient mourir.
Mais dans l'ombre deux nouveaux méchants conspirent pour reprendre le contrôle de Metropolis : Dr. Pharma et Mr. Graft ont affronté Lex quand il est arrivé en ville et qu'il en était l'unique justicier. Par ailleurs une mystérieuse nouvelle protectrice est apparue en la personne de Marilyn Moonlight, sans que nul ne sache si elle soutient Superman.
Lois Lane est piquée au vif par tous ces événements. Désormais rédactrice en chef du "Daily Planet", en l'absence de Perry White, elle va entreprendre une enquête. Mais ce jour-là, alors que Toyman affronte Superman, elle doit d'abord envoyer ses reporters sur le terrain et attribue à chacun d'eux une mission sans rapport avec sa spécialité, afin de trouver des angles neufs. Elle-même va retourner sur le terrain.
Joshua Williamson découpe donc cet Annual en plusieurs segments correspondant aux reportages des journalistes du "Daily Planet". On visite les locaux de SuperCorp en compagnie de Jimmy Olsen et Lisa Lombard pour découvrir que Parasite y a trouvé un emploi. On suit Cat Grant dans la voiture de patrouille du chef Kekoa, nouvellement promu à la tête de la police, et elle en profite pour décrocher une interview de Marilyn Moonlight qui arrête deux braqueurs.
Lois Lane va interroger Livewire mais Red Cloud tente de s'échapper au même moment. Ce passage fait plaisir à ceux qui, comme moi, avaient apprécié le run de Brian Michael Bendis sur Superman et Action Comics puisqu'elle était une de ses (meilleures) créations.
Mais le plus intéressant se trouve dans le dernier tiers de l'Annual. Superman découvre que les marionnettes de Toyman n'étaient pas sous le contrôle de Winslow Schott mais de Dr. Pharma et Mr. Graft, toujours à l'attaquer indirectement. Et ces deux-là détiennent Lobo dont le sang et le facteur régénérant les intriguent.
Mieux encore : Lois qui a envoyé deux de ses reporters fouiller les archives du journal découvre avec Clark Kent des secrets liant Perry White et Lex Luthor. Et On aperçoit même un vilain bien connu du Man of Steel dans les toutes dernières pages...
Pour ceux qui doutaient encore que Williamson avait un plan bien tracé pour Superman, après avoir lu cet Annual, on mesure à quel point le scénariste sait où il va. Malgré les révélations distribuées ici, il reste encore pas mal d'éléments à creuser. D'une certaine manière, Williamson explore Metropolis et ses figures emblématiques, anciennes et nouvelles, à la manière d'un Scott Snyder quand il était le pilote de Batman (durant les New 52). Toutefois ici, pas de Cour des Hiboux, mais quelque chose qui me paraît plus fluide et diversifié. Et une question : et si Superman/Clark Kent cachait aussi des choses, combien de temps avant qu'une investigatrice chevronnée comme Lois Lane ne le découvre ?
Visuellement, alors que les cinq artistes convoqués oeuvrent dans des styles très différents, ce qui fait la qualité de l'ouvrage, c'est la répartition des pages que chacun a illustrées. Mahmud Asrar ouvre et ferme la marche et il faut bien reconnaître qu'on l'a connu meilleur. Depuis son arrivée chez DC, le dessinateur turc ne fait pas vraiment d'étincelles, à l'image de la couverture, comme s'il avait du mal à s'approprier ces personnages et leur univers.
Le segment signé Edwin Galmon n'est guère plus concluant : je ne suis pas très fans de ce dessin numérisé à l'extrême. En revanche, les pages suivantes par Caitlin Yarsky sont superbes, notamment cette double page qui montre un plan en coupe de SuperCorp très détaillé.
Max Raynor est également très bon pour la scène à Ryker's Island et le combat qu'il met en scène entre Livewire et Red Cloud a une belle énergie. Jack Herbert lui succède pour le morceau incluant Marilyn Moonlight, dans une veine très réaliste : si donner le visage de Christopher Reeve à Superman est un clin d'oeil dont je me serai passé (n'étant pas fan de ce procédé qui consiste à donner des visages d'acteurs ou de vedettes à des héros de papier), Marilyn Moonlight possède toujours ce design magnifique créé par Jamal Campbell.
Ce serait une erreur de passer à côté de cet Annual, même s'il paraît un peu au mauvais moment, après le cliffhanger choc de Superman #5. 2023 a été jusque-là une très bonne année pour le kryptonien et 2024 promet aussi énormément.
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