Trois mois après le précédent n°, Justice Society of America revient enfin. Pour ce cinquième épisode (rappelons qu'il en reste sept !), Geoff Johns est en grande forme, si grande qu'il devrait s'arrêter là (ou à la rigueur au prochain chapitre, histoire de régler le problème d'un personnage). Mikel Janin dessine cette fois la quasi-intégralité des planches, n'en laissant qu'une à Jerry Ordway, tous deux impeccables.
C'est l'heure du face-à-face entre la JSA et Per Degaton - ou plutôt Per Degaton et ses variants issus du passé, du présent, du futur. La clé pour les héros tient dans la boule à neige quantique de Huntress et une relique de leur ennemi.
C'est, sans problème, le meilleur épisode qu'a écrit Geoff Johns pour ce retour de Justice Society of America. Il n'est d'ailleurs pas difficile de faire son choix puisque, jusqu'à présent, son retour sur le titre n'a guère été étincelant, tant le rythme manquait et l'inspiration patinait.
Bien des scénaristes n'aiment pas revenir sur des séries avec lesquelles ils ont connu la gloire, c'est un peu comme remettre les pieds sur le lieu du crime et s'exposer aux critiques qui ne manqueront pas d'épingler un défaut d'imagination. Geoff Johns, qui, à deux reprises, a écrit des runs consistants de Justice Society of America auraient dû se méfier.
Sauf que le scénariste, autrefois grand architecte en chef du DCU, a fait de ce troisième passage sur le titre une suite à d'autres projets comme Flashpoint et Flashpoint Beyond dont il reprend des éléments fétiches et qu'il vaut mieux avoir lu auparavant.
La boule à neige quantique est un de ces fétiches et devient la clé de ce cinquième épisode puisqu'elle représente une arme dans les mains de la JSA contre Per Degaton. On avait quitté les héros sur un cliffhanger puisque Huntress faussait compagnie à la Justice Society of America pour se rendre à Gotham voir son père, Batman.
L'épisode s'ouvre sur leurs retrouvailles et Geoff Johns utilise la voix-off de Huntress pour résumer leur échange dans lequel elle explique d'où elle vient, comment Batman va trouver la mort, comment Catwoman s'est sacrifiée pour elle. Toujours plus pragmatique que sentimental, Batman considère d'abord le paradoxe temporel créé par sa "fille" en lui racontant tout cela.
Sur ces entrefaites, la JSA débarque, accompagnée de Madame Xanadu, le Detective Chimp et Deadman. Puis c'est au tour de Per Degaton et ses variants d'entrer en scène pour affronter ses ennemis réunis au même endroit. La bataille qui suit tient toutes ses promesses.
En premier lieu parce que Mikel Janin la met en scène remarquablement. L'artiste, jusqu'ici un peu emprunté dans ce récit tortueux, donne tout ce qu'il a et se rappelle à notre bon souvenir quand il mettait en images Grayson puis Batman sous la direction de Tom King. Depuis son étoile a pali, errant de série en série sans jamais s'installer durablement, comme s'il peinait à trouver son second souffle ou que DC ne lui accordait plus sa confiance.
Geoff Johns, lui, remet au goût du jour un vieux projet abandonné en faisant apparaître au milieu du combat ce qu'on pourrait appeler la Justice Society Infinity. Recontextualisons : à la fin de son deuxième run sur Justice Society of America, Johns évoquait le projet d'une série très ambitieuse avec un casting digne de Avengers de Jonathan Hickman, affichant les membres des JSA d'hier, d'aujourd'hui et de demain, une sorte de culmination de la notion d'héritage au centre de ses histoires.
Finalement, cela ne verra jamais le jour et Johns passera le relais à Bill Willingham et Matthew Sturges pour deux titres (qui découlaient de son run), Justice Society of America et JSA All-Stars. Nul n'a jamais su pourquoi Johns, alors au sommet de sa gloire, abandonna sa grande idée et n'y revint jamais, s'en privant même complètement quand il lança les New 52 (où la JSA n'exista jamais avec une chronologie revisitée).
L'issue de la bataille entre la JSA et Per Degaton est plus que satisfaisante : elle est à la fois spectaculaire et maline. Janin déploie tout son talent pour l'illustrer et le lecteur jubile. Mission accomplie. Normalement, après ça, un auteur raisonnable et aussi expérimenté que Johns comprendrait qu'il faut mieux s'en tenir là.
Mais il reste un personnage dans une situation compliquée et on peut comprendre qu'un épisode supplémentaire soit nécessaire à régler ça. Justice Society of America #6 doit sortir début Septembre, mais qui est assez naïf pour croire qu'une série, qui connait des retards depuis le début de sa parution (sans qu'on sache si cela est imputable à son auteur ou ses artistes - sans doute les deux), respectera cette date. Pas moi.
Et surtout rien n'indique que Johns et DC ne raccourcissent la série de douze à six numéros. Pourtant, ce serait approprié parce que je ne vois vraiment pas ce qui va être raconté de passionnant pendant encore sept épisodes, et surtout combien de temps cela va prendre (à ce train-là, on y sera encore en 2025). J'hésite franchement à continuer et à le procurer le prochain n° (quand il sortira). J'ai déjà précédemment hésité à poursuivre tant je trouvais le déroulement laborieux et le projet incertain, mais si encore la qualité était au rendez-vous, je composerai avec cette attente.
Là, en l'état, je ne retire pas assez de plaisir, de satisfaction à lire cette histoire pour dépenser de l'argent à acheter chaque issue et me replonger dedans en devant me rappeler où ça en était plusieurs mois auparavant. Déjà Flashpoint Beyond ne m'avait pas franchement emballé et j'étais allé jusqu'au bout par curiosité. Mais ma patience est épuisée. Peut-être (je dis bien : peut-être, je ne promets rien) écrirai-je une critique sur les sept derniers épisodes quand la série sera achevée.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire